Difficile de succéder à un jeu tel que
Deus Ex, premier du nom. Celui avait brillamment mélangé les genres du
FPS et du
RPG, en proposant de l'action à la première personne dans un univers riche au background travaillé, avec quêtes, inventaire et capacités à améliorer. Sa suite était probablement attendue comme le messie, devant garder les qualités du premier opus tout en corrigeant ses défauts (graphismes dépassés entre autres). Nous allons voir que le bilan est plutôt mitigé mais que Invisible War est malgré tout un titre de qualité, méritant l'attention des fans d'univers
Cyberpunk.
Terrorisme et Despotisme
Comme son prédécesseur, Deus Ex 2 pose d'entrée de jeu les bases d'un monde en proie à de graves troubles politiques, mêlant manœuvres crapuleuses, terrorisme, corruption et grand banditisme. L'histoire se passe 15 après le premier opus, où JC Denton avait sauvé le monde d'une nouvelle dictature mais provoqué un désastre économique nommé "La Crise". Vous incarnez Alex D., élève brillant du Tarsus, une école formant des mercenaires d'élite, voués à travailler pour de grandes corporations en mal de protection. Vous apprendrez vite que votre corps et "bio-modifié" par une technologie de pointe, comme les quelques autres élèves du centre, et que ces modifications vous donnent des capacités hors-normes. La scène d'introduction illustre une attaque terroriste opérée par un homme inconnu, qui réduit Chicago et le Tarsus en poussière à l'aide d'une bombe futuriste. Vous êtes in extremis évacués du centre de formation et emmené avec les autres élèves à Seattle, où se trouve une autre école du Tarsus.
A peine le jeu commencé, après une personnalisation anecdotique d'Alex D. et une courte déambulation dans les couloirs de l'école, vous vous rendrez compte que celle-ci est attaquée. Un soldat meurt devant vos yeux et des secousses agitent le bâtiment. Malgré cela, vous êtes contacté par la directrice de l'école, qui tente de vous rassurer sur la situation. Une de vos amies et camarades vous contacte pour au contraire vous signaler que l'attaque est bien réelle et qu'il est temps de s'en aller en vitesse, en prenant soin de piller l'école de ses bio-modifications. Eh oui, la petite est du genre rebelle !
L'attaque est semble-t-il l'oeuvre de l'Ordre, un groupe religieux ayant pour but de protéger l'équilibre naturel des choses, et luttant contre l'OMC, forme évoluée de l'organisation mondiale du commerce, qui dirige l'économie mondiale. Apparemment, le Tarsus et ces groupes s'intéressent fortement à vous, et ils ne sont pas les seuls.
Que cache le Tarsus ? Pourquoi s'intéresse t-on tant à vous? Qui croire, à qui faire confiance ? Ces questions vous tarauderont longtemps, peut-être jusqu'à la fin du jeu...
Dans la vie, faut faire des choix !
Aussitôt réchappé de l'attaque de l'Ordre contre le Tarsus, vous serez contacté par l'un de ses plus hauts dirigeants, qui essaie de vous rallier à leur cause. Billie, votre camarade de formation, fera de même, séduite qu'elle est par les idées du groupe spirituel. A peine aurez vous eu le temps de vous décider, que l'OMC vous contactera pour vous rallier à leur cause, vous donnant au passage des missions aux objectifs incompatibles avec ceux de l'Ordre.
Écouter le Tarsus, obéir à l'OMC, rejoindre l'Ordre ? Ce sera à vous de faire votre choix, et ce ne sera pas le seul puis les Templiers, un groupe extrémiste recherchant la pureté de l'Homme, et se battant contre les modifications génétiques, cherchera aussi à se rapprocher de vous.
Autant dire qu'un nombre important de missions vous sera proposé. Surtout qu'à ces objectifs principaux s'ajouteront des quêtes secondaires, allant de l'aide à la veuve et l'orphelin, en passant par le mercenariat et le travail pour les Omars, sorte de guilde marchande composée de membres modifiés à l'extrême.
La richesse en terme de quêtes est donc un point fort du jeu, qui est malheureusement gâché par une limitation frustrante. En effet, durant le jeu, vous aurez l'occasion de vous rendre dans différentes villes aux quatre coins du globe, mais linéairement. C'est à dire que vous ne pourrez pas retourner en arrière. Les quêtes non réussies disparaitront donc de votre journal électronique.
Un jeu meilleur mais moins bien !
Deus Ex: Invisible War pèche donc par certains points alors que d'autres sont améliorés. Première amélioration notable, évidente étant donné les trois ans d'écart qui séparent les deux opus : les graphismes. Deus Ex a très mal vieilli de ce côté là, car même à sa sortie, il était déjà à la ramasse, autant être franc. Invisible War quand à lui est bien plus propre, les personnages ne sont plus des polygones sur pattes, malgré quelques erreurs de design sur certains. Le moteur physique a été quelque peu rajeuni, mais reste globalement le même. Les textures remplissent leur office, même si en 2007, elles accusent quand même une certaine pauvreté. Des effets d'anti-aliasing lissent le tout et les effets d'ombres et de lumières sont assez réussis.
Malgré tout, j'ai ressenti une ambiance moins immersive que dans le premier opus. La faute non seulement à un univers moins pesant, mais surtout à des temps de chargements d'une longueur inacceptable, et assez fréquents, car nous sommes dans un FPS où la mort arrive vite.
Là où le jeu pèche à nouveau, c'est dans son level-design, à la fois sa force et sa faiblesse. Comme dans Deus Ex 1, chaque zone peut-être parcourue de différentes manières. Une porte vous gène ? Soit vous la faites sauter, soit vous crochetez la serrure, soit vous passez par le conduit d'aération qui y mène tout droit. Une caméra vous repère dès que vous faites un pas, et une mitrailleuse vous met en bouillie ? Sortez la grenade électrique pour griller tout ça, balancez une roquette, piratez l'ordinateur qui contrôle le tout, ou encore mieux, passez tranquillement en mode camouflage thermique pour ne pas vous faire repérer.
Là, on a gardé la qualité de Deus Ex. Mais là où les level-designers se sont plantés, c'est qu'au lieu de zones immenses et aérées, comme la première de Deus Ex, vous serez constamment enfermé dans des couloirs étriqués !
Côté musique, la qualité est toujours au rendez-vous, même si les compositions se font plus discrètes et moins nombreuses, car le jeu possède aussi une durée de vie bien inférieure.
Et mes caracs elles sont où alors ?!
On ne pourra bien entendu pas faire l'impasse sur le système de caractéristiques, bien moins riche que dans le premier opus. Cette fois-ci, vous trouverez dans les zones du jeu (vous pourrez aussi les acheter ou les gagner en récompense de quête) des items qui vous permettront d'augmenter d'un niveau vos bio-modifications. Il y a 5 zones de bio-modifications augmentables, et sur chaque zone, vous devrez choisir entre 3 modifications. Certaines vous permettront par exemple de courir plus vite, d'être plus forts, de devenir invisibles aux yeux des robots ou des humains, de pirater un ordinateur...
Ajouté à cela, un système d'accessoires à placer sur les armes pour les améliorer, pour augmenter la cadence de tir, la distance parcourable par les munitions, le nombre de munitions par chargeur... Sachez aussi qu'il n'existe qu'un type de munitions, partagées entre vos différentes armes à feu (qui vont du pistolet au lance-roquettes), chaque arme utilisant un nombre de munitions différent et possédant une seconde fonction. Des armes blanches sont bien sûr disponibles, vous permettant d'assommer un adversaire discrètement d'un coup bien placé derrière la nuque (tonfa), ou bien de l'égorger et d'en mettre partout, pour au passage attirer tous les gardes aux alentours à cause des cris du mourant (couteau de combat). Existent aussi des matraques paralysantes, des sabres "presque laser"...
Encore une fois, cette diversité des armes et des bio-modifications vous permettra différentes approches pour parcourir les zones. Ainsi on pourra se la jouer Snake en ne se faisant voir par aucun garde, tous les assommer, les égorger, les abattre au fusil à lunette, et pour les moins fins faire le gros bourrin à la mitraillette ou au fusil à pompe.
Pour conclure, il est important d'insister sur les différences entre les deux Deux Ex. Invisible War est plus limité, avec ses niveaux étriqués mais malgré tout bien ficelés. L'impossibilité du retour en arrière est aussi très frustrante, ainsi que les chargements longs et fréquents. Mais les qualités de Deus Ex 2 restent incontestables, une ambiance en béton, un scénario infaillible et prenant, un background vraiment travaillé. Invisible War est un très bon jeu, qui plaira à coup sûr aux fans d'univers cyberpunk mais rebutera peut-être les autres.
04/08/2007
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- Une ambiance béton
- Un scénario passionnant
- Un background très travaillé
- Plusieurs fins possibles
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- Des niveaux étriqués
- Des chargements longs et fréquents
- Il n'y a plus les compétences !
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 4.5/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 4/5
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