Ce qu'on aime particulièrement à Merzblog, ce sont ces moment extravagants de game design qui rendent un jeu, pourtant partie de rien, démoniaque. Il y'a des jeux qui imposent au joueur de longues heures d'ennuis où il n'a le droit de ne rien faire sous peine de perdre la partie. Citons Takeshi no Chousenjou ou Earthbound (le test devrait arriver sous peu sur Legendra), qui imposent au joueur de laisser tomber la manette pendant un temps défini afin de pouvoir avancer dans le jeu. On aime expérimenter la frustration et l'ennuis de manière quasi scientifique. On se rend compte d'ailleurs que derrière ces mécanismes de jeu extravagantes se cachent en général des game designers étrangés à la scène du jeu vidéo. Takeshi Kitano, Shigesato Itoi, ou encore les deux magiciens exentriques et comiques américains Penn & Teller.
La compilation de mini jeux "Penn & Teller's Smoke and Mirrors" prévu à l'origine sur Sega CD et 3DO pendant les années 90 sera sabotté et ne sortira jamais officiellement. Récemment pourtant (il y'a de ça quelques années), "Penn & Teller's Smoke and Mirrors" refait surface sur le net grâce à un leak volontaire et permet enfin aux joueurs de découvrir cette compile de mini jeux, de vagabonder dans le pendant vidéoludique de ces 2 comiques illusionistes, et de savourer des extravagances de game design comme on en aura alors jamais vus. On a tendance à dire que les mini jeux sont pour les mini joueurs, mais le mini jeu dont on s'interresse dans ce sujet, à savoir Desert Bus, est plutôt pour les plus expérimentés de tous les joueurs. Car Desert Bus est le John Cage du jeu vidéo, il révolutionne (malgré l'élipse de 10 ans entre l'annonce et la sortie) la notion même de jeu et de fun dans le jeu video et se moque ingénuement de la recherche absolue de réalisme.
Battletoads (et par extension la version snes Battletoads in Battlemaniacs) entrerait facilement dans mon top 20 des tous meilleurs jeux video. Ce n'est pourtant ni son gameplay varié et nerveux, ni ses coups spéciaux marginaux, ni ses personnages satiriques et encore moins son mode coopération de qualité qui feront de Battletoads un jeu de légende. Battletoads est le jeu qui redéfinira à lui tout seul la notion de sadomasochisme dans l'industrie du jeu vidéo, tout particulièrement grâce à son fameux Turbo Tunnel, un stage qui nécessiteait un sens du rythme et de la précision hors norme, frustrant et pourtant addictif comme il faut. Le Turbo Tunnel, avec sa ligne de basse sautillante, servait de stage charnière.
Bien placé au milieu, le stage charnière sépare en deux parties un jeu et lui offre un pouvoir symétrique et mathématique ennivrant. Un délice de game design. Turbo Tunnel sépare donc Battletoads en deux drôles de faces. La première partie et les premiers stages forment un jeu d'action plateforme démoniaque où la variété et le fun sont de mise et où la rigueur n'est pas encore nécessaire. La première partie de Battletoads est ainsi un jeu éclatant que l'on pratiquera à 2 pendant des parties acharnées où l'on s'amusera sans se poser de questions. Battletoads part.1 est l'un des meilleurs jeux d'actions jamais conçus.