Dans le monde du modélisme nippon, Kenji Ando (安藤賢司) est peut être celui qui maitrise l'harmonie à son plus haut niveau. Kenji Ando est un mec bienconnus des amateurs de figurines de RPGs ou d'animés, l'homme squatte le Wonder Festival depuis la nuit des temps. Du coup, on retrouve régulièrement sa signature au cul de figurines dédiées à Final Fantasy, Poison Pink, Spiderman, Evangelion, Masked Rider, etc...
Même si certaines de ces commandes impressionnent, l'intérêt principal de Kenji Ando (et de tout autre artiste) reste évidemment son travail personnel. Et là, attention : luminosité extrême, débauche d'éléments mécaniquo-industriels, liberté hallucinante des proportions et mise à l'échelle totalement hors norme. Dans les sculptures de Kenji Ando, le personnage n'est jamais l'élément principal, car il est en général submergé par un décors monumental qui semble prendre toute la place. Pourtant le travail sur l'harmonie est sans commune mesures : le personnage réussit malgré tout à s'imposer par delà le temps et l'espace.
Son style néoréaliste et sa mise en scène impressionante marquera à coup sur vos esprits !
Keita Amemiya (雨宮慶太) est un artiste multigenre. On le connait surtout pour ses divers travaux de character designer ou directeur pour des films japonais goro-cyberpunk tels que Meatball Machine ou bien pour des jeux vidéos famous comme Baroque, Rudora no Hihou, Onimusha ou Clock Towers 3, mais son travail purement artistique reste relativement méconnus. Amemiya s'inscrit dans une vision de l'expressionisme abstrait proche d'un Robert Rauschenberg, façon manga. Ses tableaux à priori en 2 dimensions quand on les regarde de loin sont en vérité de véritables boites de quelques centimètres d'épaisseurs dans lesquelles s'entassent une combinaison d'éléments souvent surréalistes, afin de former une sculpture quand même très accessible et facile à interpréter. Il utilise les méthodes habituelles du collage en superposant des papiers de journaux, des timbres ou des découpages de magazines afin de révéler son message, tout en installant des personnages de sa création, souvent comiques et en tout cas toujours légés. Les amateurs du jeu saturn Nanatsu Kaze no Shima Monogatari (la légende de l'île des 7 vents) y retrouveront éventuellement ce gout pour le merveilleux et l'inspiration Ghilbi assez présente. Cela le change assurément de ses créations pour le cinéma gore dont il est friand, bien que le genre soit bien souvent totalement ironique et décalé.
Masahiro Ito (伊藤将大) est né à Saitama au Japon en 1972. Très vite surnommé Nobu (lecture littérale du premier Kanji de son prénom), le jeune homme fait ses études à l’université des beaux arts de Tama (d’où il sortira diplômé en 1997 du département de design) et y expose pour la première fois en 1995. Il arrive deuxième à un concourt d’art visuel la même année. Il rejoint Konami en 1997 et prend en charge la création des monstres de Silent Hill premier du nom en 1999. Il réitère le même travail en 2001 pour Silent Hill 2 avant de devenir en 2003 le directeur artistique de Silent Hill 3. Finalement, en avril 2006 il s’expatrie de Konami afin de devenir artiste indépendant et de travailler dans son home studio, même s’il continue à être fidèle à la série puisqu’il créa dix illustrations pour le roman Silent Hill et travailla sur le film de Christophe Gans. Aujourd’hui, il est de nouveau sur le devant de la scène puisqu’il a travaillé sur Metal Gear Solid 4 en apportant des images religieuses, une peinture incorporée dans une prisondu jeu, ainsi que des modèles d’architectures.
Le travail de Masahiro Ito sur les créatures de Silent Hill se déroule en 2 étapes :
- La création en tant que telle qui comprend le stade des croquis de recherche, puis il passe au tableau à l’huile et à l’acrylique qu’il retouchera sous Photoshop. En somme, il s’agit d’un mélange de technique traditionnelle et de retouche numérique, une méthode adopté par nombre de designers actuels.
- L’autre étape voit la création d’un modèle en trois dimensions ; il s’agit d’une sculpture en résine ou PVC détaillée au maximum que les programmeurs du jeu vont utiliser pour modéliser parfaitement le monstre dans le jeu.
Non content d'être le master de la tower, le jeune Kito Eisaku (鬼頭栄作) est aussi un modeleur de créatures très expérimenté. Son sens de l'absurde affirmé se propage dans chacune de ses oeuvres et l'esprit qui en ressort se veut sans doute possible très baroque. Kito Eisaku se dit influencé par l'époque dada, et ses influences ressortent clairement dans ses travaux. L'art primitif est également pour lui une source d'inspiration indispensable. Il est la véritable âme artistique derrière le RPG Baroque.
Ses travaux ont en général un esprit ubuesque exacerbé, où les formes se mélangent pour façonner un personnage surréaliste. Il maitrise à merveille l'utilisation de matériaux dits pauvres ou des pièces de métal, il est le roi du boulon et de la ferraille rouillée. Kito Eisaku recycle avec bonheur ce que les autres jettent à la poubelle et se décrit alors comme un neo dadaiste aux influences magré tout traditionelles japonaises. Souvent mécaniques, ses oeuvres possèdent en général des dimensions inhabituelles qui les rendent très dynamiques. Sa consécration viendra lorsque Nike, la célèbre marque de chaussure, le contactera pour créer l'avatar de leurs dunk vintages pour les besoins d'une publicité. Si j'aurais pus être un sculpteur digne de ce nom, j'aurais choisis de ressembler à Kito Eisaku, mon idole en la matière.
Takayuki Takeya (竹谷隆之) n’est rien d’autre que celui que l’on appel « The Zokeio » (le roi du modélisme) dans le milieu de la construction cyberpunk et torturée. Il est en effet le créateur de nombreux personnages ou créatures de qualité qu’il aura façonné dans son studio tels que, parmi ses œuvres les plus connues, l’Hakaider, Iria, Zeiram, Devil Man, ou encore les Guardian Force Nosferatu et Odin de Final Fantasy 8, de nombreuses architectures pour des RPGs (Wachenröder de Sega), pour le film FF7 Advent Children, etc... ; il travaillerait sur Final Fantasy XIII en ce moment même, notamment sur les designs (qui pour le coup ne font pas l’unanimité) de la nouvelle Shiva et d’Ifrit. L’une des particularités principales des créations de Takayuki Takeya, et qui explique leur grande précision, est le fait qu’il créé très souvent un squelette en résine quasiment parfait de chacune de ses créatures avant de se lancer dans la création des muscles et des textures qui reposeront sur ce squelette. Un procédé qui lui prend énormément de temps pour construire chaque œuvre, mais qui a fait ses preuves puisque l’homme est réputé pour son obsession pour l’anatomie et pour la symétrie. Comme preuve ultime de son bon goût, on peut trouver dans la discothèque de Takayuki Takeya quelques OSTs de RPGs et de films : Tengai Makyô Manjimaru, Mother 2 (Earthbound), ou la bande son du film Brazil (film de Terry Gilliam de 1985, essentiel pour les amateurs de cyberpunk).
Un bon lien : Gallery of Model Kits by Takayuki Takeya
Hobby Japan est une maison d’édition japonaise créée en 1969 et qui a distribué sur le pays divers magazines de qualités entre 1980 et 2000, tels que RPG Magazine dès 1990 et S.M.H. à partir de 1995. Spécialisé dans les jeux vidéo, Hobby Japan est aussi une influence majeure pour les jeunes artistes nippons dans les années 80-90 grâce à leurs nombreux magazines consacrés à des figurines et des modèles en résine impressionnants. Sensational Model & Hobby (S.M.H.) est le magazine phare de la scène du modélisme japonais et offre par exemple pour son premier numéro un spécial Takayuki Takeya. Takayuki Takeya n’est rien d’autre que celui que l’on appel « The Zokeio » (le roi du modélisme) dans le milieu de la construction cyberpunk et torturée. Mais le magazine SMH fait évidemment la part belle à tous les jeunes modéleurs nippons en manque de reconaissance, avec des créations dans un esprit toujours très sombre, débraillées et dada. Outre Takayuki Takeya, le magazine a proposé des gros plans sur Keita Amemiya, Shinya Tsukamoto, Kito Eisaku, ou encore Matic-Log, pour les plus fondateurs. Puisque je possède tous les numéros, cette rubrique de Merzblog sera l'occasion de revenir sur les travaux (plus ou moins) liés au jeu video de tous ces brillants artistes via de bien beaux scans.