Akira Yamaoka, le compositeur attitré de la série Silent Hill est depuis le troisième épisode également producteur. Il peut donc imposer sa vision de Silent Hill au-delà de la bande sonore, et transmet sa philosophie également dans les images. Si la musique de Silent Hill premier du nom était clairement bruitiste, composée de schémas répétitifs et d’expérimentations sonores (des enregistrements de pianos ou de batterie passés à l’envers, des percussions métalliques au rythme haché (I’ll Kill For You, My Heaven), un travail sur le larsen (My Justice For You, Not Tomorrow 2), etc...), les bandes sons qui suivront seront de plus en plus mélodiques et mélancolique ; Yamaoka parviendra à créer un univers musical propre et unique à Silent Hill.
Rotka : La première question est plutôt essentielle à mon avis. Il est connu que vous avez été influencé par les artistes surréalistes tels que Hans Bellmer et Francis Bacon, pourtant vos œuvres sont réellement uniques et dérangeantes à leur façon ; vous êtes parvenus à créer un monde qui vous est propre.
De quels artistes ou tendances artistiques vous sentez vous proche ? Pouvez vous nous parler de vos artistes préférés pour que l’on puisse les découvrir ?
Masahiro Ito : Premièrement, je n’apprécie pas Hans Bellmer. Il se trouve que la créature « Mannequin » (de Silent Hill 2) ressemble à l’une de ses œuvres les plus célèbres, mais je le regrette. Par contre j’adore les travaux de Francis Bacon ! Il a eu une grosse influence sur les créatures de SIlent Hill 2. J’affectionne aussi les travaux de Joel-Peter Witkin (photographe américain porté sur les images dérangées, entre érotisme et perversion). Spécialement l’oeuvre originale qui aura servit pour la scène de l’homme qui secoue sa tête à grande vitesse, dans le film L’Échelle de Jacob. Film que j’adore.
Rotka : Comment décririez vous vos créations ?
Masahiro Ito : J’utilise seulement mon imagination pour dessiner, peindre, créer des personnages ou des sculptures. Mon imagination est influencée par les expériences vécues pendant mon enfance : l’observation, certains films, etc. J’essais de dessiner les mondes étranges de la manière la plus réaliste possible. C’est vraiment agréable et c’est ma plus grande motivation.
Si Silent Hill est une œuvre complexe au niveau scénaristique, tirant ses influences du coté de l’Échelle de Jacob (d’Adrian Lyne), d’Alfred Hitchcock ou encore de Lovecraft, la série est tout aussi époustouflante du point de vue artistique. C’est à Masahiro Ito que l’on doit le design des créatures des deux premiers Silent Hill, avant que l’homme ne devienne ni plus ni moins que le directeur artistique du troisième opus. Si aujourd’hui les américains qui s’occupent de Silent Hill Homecoming (anciennement appelé Silent Hill 5) ne semblent se souvenir que des infirmières (seules vestiges du passé dans ce nouvel opus), le travail de Masahiro Ito ne se résume pas à ça et ses influences surréalistes restent présentes tout au long de son œuvre.
Pour les nouvaux venus, découvrez Masahiro Ito en profondeur dans ce billet ci, en sus de l'interview proposé par ce billet là.
Une créature typique de Masahiro Ito : Le corps se déforme et semble littéralement en train de fondre.