Ah, voilà un jeu qui m'a marqué au fer rouge.

Un de ces rare jeux qui nous transporte dès l'introduction dans un autre monde, une sorte de dimension parallèle complètement délabrée, dans laquelle on se sent mal à l'aise, agonisant avec les personnages. Un jeu d'une noirceur implacable, qui coupe littéralement le souffle. Tellement étrange dans son concept, comme dans son univers, qu'il vous laissera un souvenir exceptionnel, ou pas... mais ne vous laissera certainement pas indifférent.


Je vais maintenant expliquer pourquoi...

Premier choc, le scénario. Pour ceux qui ont suivis de près ou de loin la série des Breath of Fire [5 épisodes pour l'instant, celui-ci étant le cinquième], tout a changé!

Les 4 premiers se déroulaient dans un univers fantasy plus ou moins commun, avec fées, herbe verte dans les campagnes, beau soleil, ciel bleu, air frais, avec des zones diverses et variées.

Dans le cinquième épisode, rien de tout ça!

Je pose tout d'abord les bases en parlant du scénario.

Le monde tel que nous le connaissions n'existe plus, pour des raisons depuis longtemps oubliées. La surface de la planète a subit une catastrophe inconnue qui a bouleversé la vie extérieure à un point tel, que les habitants de ce monde n'ont eu qu'un moyen pour survivre, s'éloigner de la surface en creusant et se réfugiant sous terre à des milliers de mètres en dessous. De nombreuses générations ont survécues dans les entrailles de la Terre dans des conditions de vie terribles, des villes ont étés rebâties dans d'immenses crevasses souterraines artificielles, reliées entre elles par des centaines de galeries creusées dans la roche.

Dans un tel monde l'oxygène est rare et mystérieux personne ne sais d'où il provient, la lumière du soleil devenue une simple légende, le bleu du ciel n'est plus qu'une peinture de couleur posée sur le plafond d'une ville ensevelie à jamais. A partir de là, le but du jeu va être de guider un groupe jusqu'à la surface, pour découvrir si les légendes parlants d'air pur, de soleil aveuglant, et d'herbe verte, sont vraies ou pas... Je ne peux pas en dire plus, mais de nombreux éléments vont se dévoiler tout au long du jeu, un scénario vraiment terrible, complet, sanglant, poétique, sans concessions, qui choque parfois, j'ai trop adoré.

L'ambiance est tout aussi impressionnante, j'ai ressenti toute l'oppression qu'on s'imagine avoir dans un monde souterrain tel que celui de BOF V, le manque d'air et d'espace dû au confinement souterrain, la lumière crade et artificielle transmise sans aucune pause par des projecteurs, et même le manque de variété des couleurs dans ce monde gris/marron/rouille. Tout ce qui donne envie de se pendre ou presque semble réuni dans une seule galette. La musique est magistrale, envoutante, superbe, et signée Hitoshi Sakimoto [Final Fantasy Tactics...].

Bon déjà rien qu'avec tout ça, je pressentais que ce jeu deviendrais un de mes préférés, et je me suis pas trompé !

Le jeu est assez difficile, conceptuel de par son approche du gameplay il déroute. Pour venir à bout du jeu les concepteurs ont introduits quelques idées excellentes, qui pour moi sont des gros points positifs, mais pas pour d'autres...

Tout d'abord, à un moment du jeu, on obtiendra un pouvoir d'une puissance démesurée, celui de se transformer en dragon, un être doté d'une puissance infinie. Et qui pour une fois sert véritablement, un pouvoir qui permet de tuer n'importe quel boss du jeu en quelques secondes [oui même les plus puissants]. Revers de la médaille, se transformer en dragon s'avère mortel pour notre héros, tel un poison se propageant lentement dans son corps, jusqu'à le tuer définitivement si on se transforme trop souvent.

Oui, tout au long du jeu, il y'a un compteur qui apparait en haut de l'écran, avec un pourcentage. Il commence de zéro, et monte jusqu'à 100% maximum. Ce compteur monte à chaque pas que le héros fait [très lentement], ou dès que le héros se transforme en dragon [très rapidement]. Une fois les 100% atteints, la seule solution est la mort définitive de notre personnage car il ne peux plus contrôler le dragon qui sommeille en lui, il sombre dans la folie et détruit absolument toute la planète, nous voilà obligés de recommencer le jeu à Zéro!!! J'ai trouvé ça génial.

Détail encore plus génial, chaque fois qu'on recommence le jeu à zéro, de nombreuses parties du scénario sont rajoutées et dévoilées tout au long du jeu !
On garde aussi une partie de notre expérience, et certains de nos items et équipements. Chaque mort nous rend plus fort ce qui facilite un peu le jeu quasiment impossible à finir lors d'une première partie, ça nous permet d'aller de plus en plus loin. Perso, il m'a fallu le recommencer 3 fois pour en venir à bout [je suis pas très doué il faut le dire].

Voilà, je rajoute que le jeu est un D-Rpg, succession de donjons interminables mais excellents, qui de toute façon renforcent les thèmes du jeu [oppression, dépression, insalubrité]. Des personnages excellents, charismatiques, avec un super développement. Avec des combats trippants, une sorte de mix entre un tactical, et un rpg de la veine de Vagrant Story/Parasite Eve, au final un système de combos bien pensé. Les sauvegardes sont très très très rares et limitées [genre toutes les deux ou trois heures parfois, avec des boss quasi invincibles juste avant !], couplé à une difficulté assez explosive, la tension est permanente, il n'existe pas de détente dans ce jeu, j'ai trouvé ça génialissime!

J'ai mis 41 heures pour le terminer [en comptant les deux fois où j'ai du recommencer le jeu de zéro], ce qui est au final amplement suffisant.

Un jeu dans lequel "Espoir" n'est pas un mot couramment employé, ça court pas les rues [A part certains Shin Megami Tensei, j'en connais pas vraiment d'autres pour l'instant...].

Enfin un jeu pour tout ceux qui en ont pleins le cul des jeux aseptisés, beaux, sans âme, faciles, mainstream, qui sont malheureusement de plus en plus courant. Un jeu qui assume jusqu'au bout ces idées, qui prend le sentier inverse de la concurrence, et moi, c'est ça que j'aime. Encore une fois, c'est un jeu décrié par beaucoup de monde, mais qui pour moi, est juste ultime.

Une Œuvre d'art, underground tout simplement.

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