Coup Critique - Manga mars 2016
Par cKei, le 11/03/2016 à 09h07 (1017 vues)
Nouvel arrivage aujourd'hui pour le début de mois, mais seulement deux nouveautés. L'un est un seinen basique mais l'autre est beaucoup plus intéressant, je vais donc m'y pencher.
Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka
Ce one-shot autobiographique est assez spécial en ce sens qu'il ne raconte pas vraiment une histoire comme le font les mangas habituellement, avec une grande morale philosophique, mais se contente de raconter les soucis d'alors telles que les a vécu le gamin qu'était à l'époque l'auteur Syoichi Tanazono. Du coup, le décryptage du rapport à l'enfance du lecteur est beaucoup plus fort qu'avec un style plus direct.
C'est assez marrant car je me retrouve dans ce gamin fan de Dragon Ball (j'avais même des slips et chaussettes à l'effigie de Goku, et un costume avec la coupe SSJ, à l'époque) qui n'aime pas l'école. Encore que dans mon cas ça s'est limité à un sentiment, fort heureusement sans atteindre le niveau de malaise ressenti par l'auteur.
Je retire deux grands thèmes de ce bon manga :
D'abord, celui du harcèlement exercé par les Hommes et la société. Contrairement à
Silent Voice, il ne provient pas ici directement d'un handicap (le narrateur semble avoir quelques difficultés d'apprentissage mais sans plus) mais vraiment d'abus de la part des adultes, avant que le système mis en place par les enfants ne le broient vraiment. J'avais déjà évoqué ce harcèlement scolaire dont on a tous certainement eté victime, bourreau mais certainement les deux à un point, en parlant du Silent Voice. Je ne rééditerai pas ici mais le manga décrit des choses très justes.
L'autre chose, qui est assez peu décrite directement mais plutôt évoquée, c'est la propension de la société à se trouver des boucs émissaires dans les œuvres de fiction au lieu de se regarder en face. L'histoire débute en 1991 (le narrateur a 1-2 ans de plus que moi, ce qui explique que je m'y identifie autant) et court sur quelques années, je dirais jusqu'à 1998. L'époque (pas encore révolue malheureusement) où la japanime commençait en France à vraiment défrayer la chronique jusqu'au plus haut de l'état (Royal, c'est en 1997). On devine sous le crayon de l'auteur que le simple fait qu'il s’intéresse un peu plus que la moyenne aux univers de fiction en fait aux yeux des adultes un déséquilibré en puissance. Plus direct, un passage où deux "psys" s’intéressent plus que de raison à un mot de l'enfant sur un personnage de jeu vidéo appelé "le persécuteur", l'auteur nous faisant comprendre que les deux adultes n'iront pas chercher plus loin sur ses démons intérieurs. Ca me renvoie à des situations de non-dit ou des discussions (houleuses) que j'ai pu avoir à tous âges avec des gens qui ne connaissent ni manga ni JV, voir rejettent totalement l'idée de s'y pencher, mais se permettent d'avoir des idées préconçues sur leur dangerosité.
En définitive, ça m'a fait penser à plein d'instants de mon enfance, sans me chambouler non plus. Je pense qu'il appartiendra à chacun d'éprouver des sentiments qui lui sont propres selon son vécu.
Le
premier chapitre est consultable sur le site officiel.
Q (prononcer "Kou")
La formule classique de la jeune fille énigmatique (limite mascotte) qui se révèle être la seule chance de survie de l'humanité. Vu, revu et rerevu mais ça reste un seinen* honnête avec des persos attachants.
* un seinen très très soft je trouve, y'a rien de très adulte là dedans mais c'est présenté comme tel.