Biographie de joueur
Par cKei, le 27/03/2016 à 12h01 (1588 vues)
On se demande souvent ce qui différencie le "gamer" du ""casual". Pas facile d'y répondre sans tomber dans l'élitisme, d'autant plus que le terme
gamer est avant tout un état d'esprit, une représentation de sa propre relation au jeu par rapport aux autres, à la masse des joueurs. A titre personnel le joueur moyen de CoD ou FIFA 20XX (pour aller au plus simple) n'est pas plus
gamer que la mère de famille faisant une partie de Candy Crush dans son bus matinal. Non, la différence est pour moi limpide : en tant que
passionné je sais très exactement quelle - grande - place occupe le jeu vidéo dans ma vie et quels sont les jeux, quelles sont les
milestones, qui ont forgés ma passion au fil des années.
Biographie !
Difficile d'arrêter une date précise pour mon premier contact. Hormis de rares sessions de jeu sur un
game and watch ou au hasard d'une Atari 2600 que mon oncle avait laissé dans un placard, il aura lieu l'année de mes 6 ou 7 ans (plus probablement noël 1992) au travers d'une
Master System II. Deux jeux fournis avec la console,
Alex Kidd in Miracle World que je ne finirai jamais (faute à sa difficulté excessive et à l'absence de sauvegarde) et surtout
Sonic the Hedgehogg, que je mettrai un bon moment à terminer mais dont j'ai en tête l'exact moment qui a mené aux crédits. Si un nouveau monde s'ouvre à moi (et à ma soeur, co-propriétaire des consoles) je n'ai à l'époque pas plus d’intérêt pour le JV que les autres enfants. J'y joue "beaucoup" mais suis soumis à ce que l'on me fourni en terme de jeux, soit les titres grand public et les jeux à licence : Castle of Illusion, Asterix mais aussi des jeux fun ou multijoueurs comme Wimbleddon et Bubble Bobble sur lesquels je dispute des parties enflammées avec ma soeur ou les copains de classe. A l'époque la console est l'un des élément sociaux qui me marquent, je vais chez des potes
pour jouer - par ailleurs l'occasion de découvrir la partie grise du spectre (je parle de la NES) et les Tortues Ninja et autres Mario - et non pour faire du tricot.
Cette console n'aura finalement pas duré si longtemps, car nous (je rappelle que je partage encore avec ma soeur) nous faisons offrir une
Megadrive 2 en 1994. C'est l'époque où les pubs (télé ou magazines à l'approche des fêtes) commencent à vraiment me marquer, et j'avais probablement tanné mes parents pour ça. Arrive donc la console accompagnée de
Dragon Ball Z: l'Appel du destin (Buyuu Retsuden) et
Le Roi Lion, deux jeux superbes. Suivent d'autres jeux à licence tels
Aladdin,
Tintin au Tibet (argh) ou
NBA jam (super jeu de basket pour s'éclater). Mais c'est aussi
Sonic Compilation qui me permet de rejouer au premier dans une bien meilleure version, de faire le 2 aussi (premier "vrai sonic" en fait puisque la version master system était hyper lente) et également de me frotter à Dr Robotnik Mean Bean Machine (un clone de
Puyo Puyo). J'en ai disputé des parties sur celui-là, et j'ai très exactement en tête les putains de sound effect qui accompagnaient les attaques sur l'adversaire. C'est aussi la première fois que je me souviens avoir été handicapé par mon daltonisme dans un jeu vidéo (et c'est fort pratique pour excuser une défaite, oui). Premiers jeux de combats aussi avec les
Super Street Fighter 2 Turbo et
Mortal Kombat 3 auxquels je joue chez un pote. A l'époque ce sont donc les jeux de plateforme, de sport et de combat qui garnissent surtout ma ludothèque. Mine de rien, celle-ci me durera longtemps (relativement à ma courte existence à l'époque) car ma prochaine console de salon n'arrivera qu'en 1998.
Parallèlement, la maison se dote en 1996 (il me semble, au pire 97) d'un ordinateur. Premier vrai contact avec l'informatique mais aussi avec les jeux livrés avec la machine et notamment
Duke Nukem 3D (je rappelle que j'ai 10 piges, bravo les parents. Ceci dit la PEGI n'existe pas encore). Il contient également Ecco the Dolphin, Comic Zone mais surtout un jeu sur lequel je vais passer de très bons moments,
Civilisation. C'est mon premier jeu que je qualifierais "à valeur éducative" de par la stratégie et (il faut le dire vite) l'Histoire des civilisations qu'il permet d'effleurer. Un autre suivra,
Pyramide : le défi de Pharaon, à l'époque où je dévore des bouquins notamment de Christian Jacq.
1998 donc, et une Nintendo 64 trône devant la télé. Premier pas en "vraie" 3D avec
Mario 64 et beaucoup d'autres, mais arrive surtout
Zelda Ocarina of Time qui va durablement me marquer. Bon évidemment le jeu est superbe, fluide, et c'est mon premier Zelda mais c'est surtout la première fois que j'ai pris conscience qu'un jeu pouvait être intelligent et
réaliste, au travers d'une anecdote toute conne mais dont je me souviens encore 20 ans après. Bref, arbre Mojo, première salle du jeu, je me retrouve enfermé dans une salle avec une flamme et deux torches éteintes. Y'a pas d’interrupteur et bordel impossible de sortir par des moyens normaux de jeu vidéo. Et là, TILT ! je sors un baton mojo que j'enflamme et qui reste enflammé (c'est diablerie) et me permet d'allumer les deux torches. C'est là que j'ai compris le génie d'OoT et de la série pour l'époque. Qu'un jeu de ce style utilise une mécanique réaliste aussi logique que "le bois peut bruler" (et que nul tutoriel ne t'y aiguille) était étrangement révolutionnaire. Sisi, ne riez pas. Du coup c'est resté l'un de mes BGE, avec sa suite
Majora's Mask, qui est aussi parmi les premiers gros jeux que je me suis payé en travaillant.
Je me fais aussi offrir une Gameboy dans l’intervalle, près de 10 ans après tout le monde. J'avoue ne plus me souvenir en quelle année (1999 ?) mais si c'est important c'est qu'elle me permettra
ma première vraie incursion dans le RPG avec Pokémon Rouge. Sans savoir ce que c'est, ni d'ailleurs avoir jamais entendu le terme. Je rappelle qu'à l'époque le genre est plutôt timide et accessible surtout sur des consoles que je n'ai pas (et que Zelda n'est pas une série RPG, ça c'est pour le troll rapide). Donc les combats en tour par tour je ne connais pas et ça m'accroche bien, bien plus que mes camarades du même age (je devais être en 4eme-3eme, et ceux qui étaient à fond dans l'échange étaient plus jeunes) et bien plus que toute la mécanique mercantile qui accompagne la série. C'est un jeu que j'ai véritablement retourné, plus de 120h sur ma partie, sans toutefois compléter le pokédex puisque je ne pouvais pas échanger. Ceci dit ça reste une expérience plutôt isolée car mon prochain RPG n'arrivera qu'en 2001.
La fin d'une longue époque...Une petite parenthèse pour comprendre ce qui suit. Jusque ici, ma consommation en matière de JV est plutôt grand public. Au départ plutôt des jeux qu'on m'offre sur recommandation du constructeur de la machine (Sonic, Mario), de la pub à la mode, ou du vendeur pas spécialisé ; souvent des jeux dont la jaquette est accrocheuse ou montre un héros de BD ou de dessin animé. Pas vraiment de quoi me forger une vraie culture ou des gouts distincts de la masse. Et n'ayant pas de gros moyens (sans manquer de rien, juste que vu le prix des jeux à l'époque c'était surtout pour Noel et les anniversaires) je devais économiser un bon moment pour m'en payer un, je choisissais donc avec précaution des jeux que j'étais certain d'apprécier, généralement ceux qui font consensus.
Je n'ai pour ainsi dire jamais eu accès à une Playstation à part à l'occasion d'un séjour chez des amis éloignés dont le fils en avait une, le modèle grisâtre qu'il fallait faire tourner à l'envers (les fameux problèmes de lentille optique) et qui m'avait fait tâter de l'excellent Soul Blade, et brièvement montré un jeu étrange mais qui ne me marquera pas : je comprendrai bien plus tard qu'il s'agit de Final fantasy VII, comme quoi j'avais du flair... De la même manière, un camarade de classe m'avait parlé de FF8, mais je ne jurais que par Ocarina of Time et je ne voyais pas du tout comment un jeu pouvait être plus dense et étendu.
Question critique, Internet n'existe pour ainsi dire pas pour moi, et je n'ai jamais été un lecteur régulier de la presse spécialisée. Par conséquent les tests et compagnie ne peuvent pas me guider dans mes choix.
Il y a en revanche un type de presse que j'aimais acheter, ce sont les magazines de soluces. Ils me permettent alors de vivre par procuration des jeux que je ne ferai jamais grâce aux images -
c'est un peu les Let's Play de l'époque -, et de comprendre petit à petit les mécaniques en jeu dans tel ou tel titre.
Après avoir posé le décor, revenons à nos moutons. A l'été 2001, je pars en vacances loin de toute console et décide pour m'occuper de me prendre deux magazines de soluces, et notamment
la Bible des secrets , probablement le meilleur de ce style de presse.
A l'époque, c'est Final Fantasy IX qui fait la une des deux mags. J'en ai brièvement entendu parler au hasard d'une incursion sur internet et le Jeuxvideo.com de l'époque, mais encore une fois je ne connais pas et je n'ai pas la console, donc je m'en fout un peu. Et puis finalement en lisant la soluce, je découvre une aventure bien plus énorme que je n'aurais cru ; plusieurs personnages bien typés, avec chacun une utilité spécifique ; une vraie trame narrative qui semble s'étendre sur des dizaines d'heures ; apparemment de nombreux secrets à trouver. Je relis cette soluce plusieurs fois pendant ces deux semaines et ça me donne vraiment envie de faire ce jeu. En rentrant, je rassemble tout mon pognon, fais des travaux pour mes parents et des voisins pour gagner un pécule supplémentaire, et je me paye une PSOne et FFIX.
Et là, bim, l'explosion (prophétique, voir ci-dessous), j'ai beau connaitre le canevas de l'histoire pour l'avoir lu plusieurs fois je me retrouve complètement transporté, et fasciné par l'un des jeux les plus complets auxquels je n'ai jamais joué (et ça tient encore aujourd'hui). Je découvre vraiment un nouveau type de jeu un peu comme pour OoT et j'ai qu'une envie c'est que ça ne s'arrête pas. Sauf que bien sûr toutes les bonnes choses ont une fin, septembre arrive et je rentre en seconde donc théoriquement plus le temps de passer des heures sur du jeu vidéo.
... et le début d'une autrePrécision d'importance,
je vivais à Toulouse à l'époque. En septembre 2001. AZF, vous connaissez ?Je vous la fait courte, le 21 septembre à 10h20 environ la totalité des fenêtres de mon lycée vole en morceaux, le bâtiment principal est inutilisable, les annexes grandement détériorées. Sans parler des conséquences sur la façon de vivre, disons que le début d'année scolaire est amputé d'environ 2-3 semaines de cours, le temps de déblayer tout ça et d'installer des salles de classes en préfabriqués. Ce sont des longues semaines que j'ai mis à profit, vu que j'avais du temps libre, non pour réviser de mon côté mais pour me faire Final fantasy VII et VIII en suivant.
A partir de là j'étais accroché et ma consommation JV sera en grande partie du JRPG.
En mars 2002, j'apprends (quelques potes avaient les mêmes hobbies) la sortie imminente de Final fantasy VI, je connais pas mais comme je commence à devenir un fan inconditionnel/décérébré de la licence je sèche les cours pour aller me payer le jeu en ville (à ne pas refaire chez vous les enfants). Bon et sans me vanter (parce que ça m'a posé des problèmes l'année suivante, avant que je trouve un juste milieu et surtout une mentalité plus adulte) je réitère le séchage de cours pour m'adonner au RPG de nombreuses fois pendant tout mon lycée, quand on aime on ne compte pas (mais encore une fois j'en suis pas fier du tout). Seulement voilà, je n'avais pas vraiment prévu que le jeu était en anglais intégral et je suis une grosse brèle dans cette langue.
Je me décide finalement à y jouer avec un gros Harrap's sur les genoux. Long story short, ça a été galère au début mais je suis devenu pour ainsi dire bilingue grâce à ça, allant jusqu'à apprendre du vocabulaire à mes profs les années suivantes (
so proud of me !). Suivront les épisodes
Origins et Anthology et tout plein de jeux auxquels je peux jouer désormais sans béquille. Petit à petit je touche un peu à plein de JRPG puisque désormais je peux, grâce à la langue, à l'envie de m'y intéresser en profondeur et au fait que la ludothèque PSX est particulièrement bien remplie. Je découvre Vagrant Story et autres Grandia. Mais c'est par l'intermédiaire d'un camarade que je vais passer à la vitesse supérieure.
GamenivoreCelui-ci me prêta en effet un CD contenant
Valkyrie Profile ainsi qu'un émulateur psx bien connu. Ne connaissant pas grand chose à l'émulation, j'eus un mal fou à le faire fonctionner, et là encore le jeu était difficilement jouable, au point que j'ai fini par le remiser (avant de le reprendre quelques années plus tard). Par contre cette expérience m'avait au moins fait connaitre l'émulation et donc tout un pan de "nouveaux" jeux disponibles ; c'est ainsi que je me suis retrouvé devant Zsnes et toute la ludothèque Super Nintendo des RPG jamais sortis en France, ou auxquels je ne pouvais pas jouer. ce fut une période géniale en tout point de vue : pas besoin de payer pour jouer (je me rattrape maintenant en achetant ces jeux dans leurs version remaster), et plein de classiques à découvrir, avec en plus le sentiment d'être un archéologue du bit. Je me souviens notamment de
Chrono Trigger, Dragon Quest V et Tales of Phantasia, Secret of Mana et A Link to the Past, Mystic Quest et Star Ocean, Bahamut Lagoon etc.
Une période de bombance, limite trop et l'indigestion n'était pas loin. En parallèle, quelques travaux de récolte estivales les années suivantes me permirent de me payer une PS2, l'occasion d'élargir encore le spectre.
La console eut une ludothèque assez démente en matière de JRPG, avec FFX et autres grosses licence mais aussi d'autres plus confidentielles : C'est notamment mon premier contact avec le T-RPG grâce à Disgaea Hour of Darkness, genre et série pour laquelle j'éprouve un amour fou. Les Grandia 2, Legaia 2, Valkyrie profile Silmeria, Star ocean 3, Dark Chronicle ou Odin Sphere en firent aussi les frais (liste carrément non exhaustive). Idem pour la suivante la PS3 et la petite soeur PSP.
C'est probablement cette époque (on accélère un peu, ça couvre 2008 à 2012) où j'ai remarqué que ma consommation s'était vraiment diversifiée. J'étais capable de passer d'un AAA à un jeu dit "de niche" (comme ma première incursion avec Atelier Rorona) sans temps mort,
et surtout d'aller sciemment chercher les jeux méconnus (par exemple, Demon's Souls
before it was cool). Comme un besoin irrépressible d'ouvrir mon esprit a un panel vraiment large de types de jeux, de façon de jouer (très cérébrale avec les tacticals et les Ateliers par exemple), d'histoires et références (je pense que la pratique du jeu vidéo est directement responsable de ma bonne culture G, chose dont je me suis aperçu brutalement en 2006 en cours de BTS, justement dans un cours de culture générale et expression). En fait, pour faire mon autoanalyse, c'est une période qui correspond à la fin de mes études et à la recherche - infructueuse - d'un emploi. J'ai enchainé de longues périodes de chômage, entrecoupées de CDD, et
j'avais vraiment besoin d'un loisir intellectuellement stimulant, et plus simplement ludique.
C'est par ailleurs ce qui m'a amené à mettre des mots sur mes pensées en 2012, d'abord sur des forums puis sous forme de vraies critiques argumentées. Difficile de savoir pourquoi j'ai attendu si longtemps pour ça ; un manque de confiance en moi ? Le fait que l'écriture n'a jamais été mon fort en tant qu'élève, que j'avais des lacunes et que je rejetais tout outil littéraire ? Probablement un peu de tout ça. Toujours est-il que ma dernière période de chômage a été l'occasion de "trouver ma voie", pas professionnellement parlant mais sur le chemin que je voulais suivre quant à ma relation au Jeu Vidéo. En effet je suis un jour tombé sur la version PSP de
Trails in the Sky. En y jouant je l'ai trouvé très bon, mais me suis aussi aperçu que quasiment aucun site français n'en avait fait la critique, et que le gros des joueurs l'ignoraient superbement. Je me suis donc attelé à la tâche, en ayant beaucoup de mal au début à structurer tout ça (mes premiers tests étaient sur forum, assez décousus et tenaient plus de la présentation que de la critique en fait), et ait envoyé le tout chez JVC grâce au système des contributions. Évidemment
le résultat n'était pas parfait, surtout si je juge avec mes standards actuels, mais sur le coup j'étais plutôt content de moi, de voir que ma prose était suffisamment bonne pour présenter un jeu aussi obscur sur un site professionnel. J'ai donc continué sur un rythme d'environ un test tous les deux mois de JRPG inconnus, en trouvant mon rythme de croisière sur l'écriture. Je pense pouvoir dire aujourd'hui, avec le recul, que cela m'a beaucoup ouvert tant en terme d'écriture, de structuration de ma pensée, que dans la vie pour la confiance en moi.
Et après ?J'en suis donc là, consommant avidement un panel assez éclectique de JRPG sans hésiter à me frotter à des jeux d'apparence louche, parce que je sais que certains ont une vraie "âme" (sans tomber dans le cliché type Tokyo Toybox). Je continue à écrire parce que ça m'aide beaucoup et que j'ai toujours l'envie de faire découvrir des jeux moins exposés, et à donner mon ressenti sur ma passion. Alors certes les années passant on finit par poser un regard beaucoup plus critique sur la production, notamment sur l'incapacité (réelle ou effective) des développeurs à proposer du neuf, se contentant souvent de repomper des caractères ou des situations existantes bien avant (je rappelle que les
Clichés des RPG étaient déjà old il y a plus de 10 ans, et depuis ça continue). Mais être ouvert d'esprit c'est aussi l'assurance de trouver des concepts de jeu originaux ou des tentatives de proposer autre chose (je pense notamment au très hybride
Knights in the Nightmare). C'est peut-être ce qui explique que malgré les années ma passion pour le jeu vidéo va toujours croissante.