Nouveautés manga - mai 2016
Par cKei, le 13/05/2016 à 14h55 (1181 vues)
Encore un tetraptyque de nouveautés ou pseudo nouveautés à présenter ce mois-ci. Je passe directement aux choses sérieuses pour cause d'absence d'idée d'introduction rigolote.
ReLifeDécidément les collections de Ki-oon me plaisent de plus en plus. Non seulement ils trouvent des séries originales, mais en plus la forme est de bonne qualité. Découvert au hasard des étals de mon libraire, ReLife est un format poche mais massif, car tout en couleur. Le dessin est bon, bien colorisé, d'un style assez mignon, et ce manga a été une belle surprise à la lecture.
On y suit un
NEET de 27 ans dont les recherches d'emploi se soldent invariablement par un échec, du fait que son CV comporte un stigmate gênant : Arata a en effet quitté son premier job après seulement quelques mois, pour une raison restée globalement irrévélée. Il vivote de petits boulot mais ses parents menacent de lui couper les vivres s'il persiste à s’entêter à vivre en ville sans en avoir les moyens. Acculé financièrement et honteux de sa situation, il préfère mentir à ses rares amis que de leur avouer qu'il touche le fond. C'est pourtant en sortant d'une belle murge censée lui faire oublier ses soucis qu'il est accosté par un homme.
Celui qui se présente comme Ryo Yoake, cadre dans la société ReLife, se propose de lui trouver un travail s'il consent à une "petite" expérience : Il ne s'agit que de gober une pilule tendue par cet inconnu tout sourire qui semble tout connaitre de lui. Pas vraiment le mec louche donc. Cette pilule est supposée faire rajeunir notre héros d'une dizaine d'années, après quoi son travail consistera à mener une vie de banal lycéen durant un an, après quoi les souvenirs de ses camarades seront effacés tandis que lui bénéficiera d'un CDI. Un an aussi sans dire à personne ce qu'il est, sous peine de voir sa propre mémoire effacée.
Bon évidemment devant cette vision ressemblant fort à une
rencontre avec le diable à un coin de rue, Arata envoie chier son nouvel ami collant. Sauf qu'en se réveillant, il dévisage dans le miroir son lui d'autrefois ; gamberger sur l'utilisation ou non de la pilule en étant bourré n'était probablement pas l'idée lumineuse qui soit. Voilà donc notre héros contraint, contre son gré d'homme sobre, de se préparer pour la rentrée à venir pour s’infiltrer au mieux dans une salle de classe, avec l'espoir d'un effet positif sur sa vie.
Soyons clairs, le scénario n'est pas des plus originaux sur le principe : le concept est d'ailleurs assez proche d'Erased en un sens, le ton pesant en moins. Le personnage principal, lui, est le prototype même du loser à la
Keitaro, maladroit dans ses relations mais qui sait être responsable quand il le faut. En grand fan de Love Hina ça me va très bien, et à titre personnel je me retrouve pas mal dans cet anti-héros, je pense que le lecteur moyen s'y attachera bien. Le reste des personnage est du même tonneau, le genre qu'on retrouve dans la plupart des mangas lycéens : la ou les premières de la classe, des filles mignonnes, le beau gosse de la classe, la jeune prof cool mais ferme et ainsi de suite.
Cependant tout ce petit monde fonctionne bien et on s'y attache vite. Comme dit plus haut, on y retrouvera la problématique d'un adulte coincé dans un corps d'ado avec ce que ça comporte sur le plan comportemental et émotionnel. Revenir à une période de sa vie à la fois facile à vivre et compliquée à gérer quand on a des habitudes qui détonnent. Côtoyer de jeunes filles avec l'obligation morale de ne pas y toucher malgré les liens qui se créent.
L'histoire comporte également une part de mystère : n'y a-t-il pas parmi les élèves d'autres cobayes déguisés ? Quelle est la véritable finalité de l'expérience ? Comment Arata s'est-il vraiment retrouvé sans emploi ? Tant de questions qui trouveront surement une réponse dans les prochains volumes. En tout cas c'est un début qui promet.
CountroubleCelui-ci est à la fois plus ancien (sa sortie en France date de quelques mois) et mois notable. Un ado boutonneux amoureux de la "plus belle fille du lycée" (une beauté froide déléguée de classe) reçoit la visite d'une sorcière/ange qui va se charger de réunir les tourteaux avec ou sans leur assentiment. J'ai déjà lu ça quelque part, mais où...
La mécanique repose sur le fait que chaque sort de l'ange/loli envahissante est assorti d'une contrainte à satisfaire dix fois : tenir la main d'une fille 10 secondes pour savoir de qui elle est amoureuse, se faire remercier 10 fois pour provoquer des sentiments amoureux... Bon dans le genre c'est d'un classicisme certain (quiproquos, triangle amoureux voire plus et sorties scolaires etc.) mais efficace. Faut juste pas lui demander la lune.
My Hero AcademiaCe manga shonen, qui a subi une grosse campagne marketing le mois dernier, est l'exact opposé de
One Punch Man tout en ayant un sujet proche. Et proche à d'autres titres également parmi lesquels Ratman et co. Celui-ci est
formaté à l’extrême pour devenir un blockbuster à la Naruto, avec son héros naïf, impuissant et pleutre mais qui réussira à devenir exceptionnel à force d'efforts, et grâce à une aide extérieure.
Les super-héros donc. Un monde où l'extraordinaire est devenu la norme, où les enfants naissent généralement avec divers types de pouvoirs surnaturels. Sauf Izuku qui, fait rare, en est totalement et irrémédiablement dépourvu. En plus d'en faire la proie idéale pour les bullies du coin qui le victimisent sans vergogne (et avec l'assentiment tacite de tous les adultes environnants, vu que personne ne dit rien), cela l'a également doté d'une profonde admiration pour les héros populaires et notamment All Might, idole inébranlable internationale.
Bref celui qu'on appelle Deku (en gros, "loser") voudrait vraiment pouvoir intégrer l'institut pour héros Yuei malgré l'impossibilité de la tache.
Impossible ? On est dans un shonen. Long story short, il essaye de sauver quelqu'un, manque de se faire tuer mais est sauvé par All Might qui apprécie le geste et décide de le prendre sous son aile. Il l'entraine durement et lui transmet son pouvoir, trop puissant pour le fragile corps d'Izuku qui est tout cassé quand il l'utilise, mais qui pourra quand même réussir grâce à lui à entrer à l'institut au grand dam de son bourreau du lycée, l'orgueilleux Katsuki qui lui dispose d'un fort pouvoir. Le reste déroule un scénario convenu mais efficace.
Je récapitule : héros en devenir naïf mais au grand potentiel, puissance difficilement maitrisable mais qui devrait mui assurer la victoire au bout du compte, forte envie de devenir exceptionnel et reconnu malgré ses tares, une belle bande de copains, rivaux et
love interest.
Avec ça, peu de chance que My Hero Academia n'échoue à devenir une série à succès pour un certain public. Personnellement j'ai bien aimé le premier volume, je lirai le second sous peu, mais jusqu'ici ça manque cruellement de personnalité propre.
Anus Beauté
Last but not the least, terminons cette revue par la série qui a fait jaser petits et grands le mois dernier et déclenchée nombre de bons mots. Et pour cause, ça va parler de cul, littéralement. Hahaha, houhouhou, drôle, 'cule un mouton. Hum.
Anus Beauté donc, version française de
Kiss my Ass (キス マイ アス en VO), s'appesantit sur le difficile sujet des hémorroïdes, affliction honteuse et surtout douloureuse dont souffre le héros (lycéen amoureux transi, encore). Forcément prolapsus et fistules ne l'aident pas à se rapprocher de sa belle, surtout quand ça le titille au mauvais moment et qu'il doit faire un saut aux chiottes pour tout remettre en place. Sauf qu'une de ses camarades repère son petit manège et l'accoste : elle connait bien le sujet, veut devenir proctologue et décide pour ça de l'aider à vivre avec la maladie. Elle va devenir son intime, d'où quiproquos et triangle amoureux derechef.
Ce qui caractérise le Manga en tant que média, c'est sa capacité à parler d'à peu près tout bien plus librement que la BD occidentale. Celui-ci en est l'exemple parfait. On remarque vite que si le cadre et les protagonistes sont assez bateau, la série se démarque par son côté informatif et précis sur un sujet médical. Sa application également à en parler sans complexe ; il va falloir s'habituer à parler avec décontraction d'anus, de descente d'organe et plein d'autres termes peu ragoutants avec force schémas.
En bref, ça dédramatise, ça explique un sujet épineux dont souffre nombre de nos concitoyens. La préface signée de notre
Marina Carrère d'Encausse nationale va également dans ce sens, malgré la forme c'est tout à fait sérieux et même salutaire.
Seulement j'ai le regret de devoir avouer qu'en tant que série manga c'est très limité par son fond classique, ça va probablement garnir les rangs des curiosités plus que des bonnes séries.