Infidélité et Publicité. CLIQUE ABONNE-TOI ! (Majora's Mask)
Par cKei, le 07/10/2016 à 11h02 (771 vues)
J'écris parfois sur d'autres sites que Legendra selon ce que j'ai envie d'écrire, et vu que tout le monde ne suit pas forcément les réseaux sociaux je profite de mon blog pour faire éhontément de la pub. Et ça me servira de post-mortem pour expliquer en quoi cet article était important pour moi.
Cette fois, c'est un article non pas sur un RPG mais sur un jeu d'aventure : The Legend of Zelda Majora's Mask.
Ce n'est pas une critique mais une réflexion sous un angle précis. Merlanfrit organise régulièrement des thémas traitant d'un aspect ou de l'autre du Jeu Vidéo, ou d'un type particulier de sujet. Ici, c'est celui de l'adolescence qui a été choisi. Je n'avais pas forcément d'idée de jeu traitant de manière directe de l'adolescence (sorti des classiques Persona, déjà pris par d'autres) et dont j'aurais pu parler. En revanche ça fait longtemps que je souhaitais écrire sur Majora's Mask et ce prisme de l'adolescence est pour moi l'une des réflexions les plus intéressantes qu'on peut faire sur ce jeu ô combien énigmatique.
L'article est ici : A la Recherche du Temps Perdu. Chez Merlanfrit (site que je recommande au passage)En son temps, ce jeu m'a énormément marqué. A l'époque, mes moyens étaient limités et j'achetais assez peu de jeux, il valait donc mieux les choisir avec soin. Majora's Mask prenait la suite de Ocarina of Time, qui est la première grosse baffe dont je me souviens, et je pense qu'il s'agit là du premier jeu que j'ai "précommandé", j'aurais pu dormir devant le magasin tellement je l'attendais. J'avais choppé à prix d'or un Expansion Pack soit-disant obligatoire au lancement du jeu (je sais toujours pas si c'était de l'enfumage) et qui ne me resservira que pour Perfect Dark (si je ne dis pas de bêtises). J'étais allé le chercher religieusement dans un Difintel Micro en sortant du collège (ce qui me permet de remarquer avec surprise que cette marque existe toujours). J'avais potassé dans le bus le manuel qui accompagnait la cartouche dorée et, enfin chez moi, j'insérais cette dernière dans la machine.
J'ai assez vite été happé. Le gameplay était familier, puisqu'à 95% repris d'OoT, et je n'ai pas eu les mêmes moments d'épiphanie que dans ce dernier (par exemple, la première fois où j'ai embrasé un bâton de bois mojo pour allumer les torchères. Magique). Mais la façon très particulière de dérouler sa narration en faisait une expérience franchement badante (non je n'ai pas oublié le "n". Mais j'aurais pu.) Moins "entière" qu'OoT puisqu'elle repose en grande partie sur les quêtes annexes (plus tant que ça) répertoriées dans le journal des bombers, au détriment des donjons au nombre réduit (4 principaux plus une forteresse où repose le bouclier miroir), mais tout aussi marquante. Je n'avais pas d'accès privilégié à internet à cette époque, et boucler le jeu à 100% m'aura pris énormément de temps, entre les quarts de cœur, les problèmes des PNJ, tous ces masques à récupérer, les épreuves finales nécessaires à l'obtention du Masque de
Fierce Deity, sans parler des nombreux mystères qui émaillent le jeu (les pierres Sheikas musicales, les évènements étranges et easters eggs qui ne servent à rien mais font beaucoup pour l'ambiance). Mais le jeu en valait la chandelle, et je n'y ai pas vu le temps passer.
A analyser le jeu avec des yeux d'adultes, Majora's Mask est certainement LE Zelda le plus intelligemment construit en terme d'interactions avec les personnages non-joueurs et de transmission des sentiments. On ne peut occulter l'influence de son développement (lequel est grandement basé sur la récupération d'assets d'OoT, de concepts de donjons et d'un temps de développement relativement court) sur les aspects naturels du jeu de rôle ; typiquement, le fait que les PNJ soient presque tous le pendant Terminien d'un personnage d'Hyrule participe à faire ressembler MM à une version inversée de OoT, ce qui par voie de conséquence devrait garantir des dialogues et quêtes peu inspirées, d'où l'utilisation d'un filtre
trop dark pour en masquer le manque de profondeur. Or il n'en est rien ; bien moins candide qu'il n'y parait de prime abord, le jeu apporte un soin particulier à faire s’entremêler les problématiques personnelles des gens et l'imminence de la fin du monde qui s'insinue chaque jour un peu plus dans les conversations. A répercuter dramatiquement l'échec de Link à les sauver sur l'atmosphère (la détresse des filles de Romani suite à la disparition de leurs vaches n'est pas une vue des plus agréables). Et quand on parvient finalement à toucher une fin heureuse pour les habitants, c'est avec une joie naturelle. On le vit véritablement.
Majora's Mask est certainement un jeu dont on peut passer à côté. Pas tant à cause du temps limité qui semble refroidir plus d'un joueur que de sa bizarrerie, son étrangeté dans le paysage Zeldaien. Il possède une certaine profondeur dans son propos sous-jacent (à l'interprétation très personnelle) que n'ont pas ses frères, y compris les plus cosmétiquement sombres comme Twilight Princess. On se demande à quel objet vidéoludique on est en train de jouer, et je crois bien l'avoir moi-même sous-estimé pendant un long moment. Mais la force des grands jeux c'est qu'ils marquent sur la durée, et je n'ai cessé depuis 15 ans de refaire des parties rapides (dernièrement sur la version 3DS), et surtout de murir mes sentiments à son égard. Ce qu'il y a de formidable avec le net, c'est qu'on y retrouve d'
autres aficionados, des gens qui ont la même démarche, le même amour pour les jeux qui les poussent à les analyser. D'ailleurs beaucoup de choses que je développe dans l'article ont pu l'être ailleurs*, preuve que ces réflexions ne sont pas si aberrantes.
* En cherchant un peu,
cet article (anglophone) antérieur reprend beaucoup de ces idées et pousse même jusqu'à les appliquer à Link's Awakening. N'hésitez pas à y jeter un œil car si je ne partage pas toutes ses analyses, force est de constater qu'elles tiennent la route.
Si je dis tout ça, c'est que Majora's Mask est un jeu qui me renvoie à ma propre enfance (ou au début de l'adolescence). Ces quelques années où je cessais d'être passif dans le choix de mes jeux, où j'effectuais de menus travaux chez moi ou mes voisins - voire des emplois saisonniers par la suite - pour devenir indépendant pour leur achat. Où je n'avais pas encore découvert les RPGs mais que j'engrangeais un peu de culture vidéoludique. Une période de transition personnelle sur lequel ce jeu aura forcément influé à son échelle.