Si vous avez déjà jeté un œil à des reviews du jeu, particulièrement chez les anglo-saxons, vous serez probablement tombé sur des écrits outrés par la prétendue perversion du titre. D'autres se focalisent sur le fan-service qu'ils qualifient de lourd, de bas du front, ou préfèrent dénigrer ceux qui s'adonnent à ce genre de jeu. Et cette vaguelette médiatique n'est peut-être qu'un juste retour de bâton de la communication de l'éditeur. Le casting féminin a en effet été beaucoup mis en avant dans les trailers, et les classifications ESRB et PEGI donnent le ton : ce jeu contient du sexe, de la violence, des mots grossiers et l'utilisation d'alcool. Deal with it ! Et effectivement en lançant une partie, vous serez très vite mis dans le bain. Sur les premières heure de jeu, vous tomberez fréquemment sur des filles en petite tenue, ou assisterez à des scènes suggestives où la jeune soubrette sniffe gaîment la culotte de sa patronne. En somme, exactement les situations classiques que l'on retrouve dans les mangas humoristiques pour adolescents. Les détracteurs avaient-ils donc raison ?
Rincez-vous l'oeil 2 minutes, après on passe au jeu.
Male Gaze En fait de Démons, c'est vers le concept de Male Gaze que semble zieuter le titre du jeu. Le Male Gaze, ou Regard Masculin dans notre belle langue, c'est l'objectivation du corps féminin au travers des regards d'un public typiquement masculin (et souvent dans un sens lubrique, bien sûr). Si l'on peut difficilement nier que ces représentations sont très orientées au sein du jeu, il est toutefois bon de nuancer un peu la critique : les portraits des personnages féminins sont très dénudés et parfois placés dans des poses lascives, c'est un fait, mais ceux des personnages masculins le sont tout autant. Difficile bien sûr de croire un instant que le développeur tente ici de tenir un propos sérieux et engagé sur le sujet, tout au plus celui-ci restera-t'il à l'état de référence, contrebalançant l'utilisation massive de midinettes moe destinées à aguicher le public cible. |
Personnage "cool" ou aguichant, c'est à vous de voir |
Faisons nos emplettes en savatant du monstre.
Addictif en particulier dans son système de combat, qui semble tout droit sorti d'un Dragon Quest. Les combats au tour par tour sont aléatoires et vous mettent face à face avec des groupes de monstres disposés sur plusieurs rangées. A vous de choisir attaques frontales ou sorts de groupe pour tomber les ennemis un à un ou cramer des lignes entières, selon la disposition de votre équipe et les pouvoirs à votre disposition. Le Demon Gazer est également capable d'utiliser ses pouvoirs pour invoquer divers effets, comme une régénération de santé à chaque tour, une fortification de défense ou directement les Démons déjà récupérés qui viendront combattre à vos côtés. Ces démons peuvent en sus être enragés pour améliorer significativement leurs caractéristiques, une mécanique cruciale à maitriser pour venir à bout de certains ennemis sans faire durer le combat plus que de raison. D'autant plus que les pouvoirs du Gazer puisent dans ne jauge d’énergie démoniaque qui, une fois à sec, risquerait de retourner vos démons contre vous. En temps voulu, de gros boss bien énervés qui useront de tactiques bien vicieuses pour anéantir vos personnages surgiront sur votre route, des combats qui mettront à rude épreuve votre stratégie de combat et vos builds. Il n'est pas rare que ces démons invoquent tout au long du combat des hordes infinies de petits sous-fifres qui focaliseront les attaques, ou des pouvoirs capables de one-shoter le plus robuste de vos tanks.
Je l'ai vexé non ?
Heureusement que pour les contrer, le jeu met à votre disposition pléthore d'options de customisation. Et c'est là le vrai bonheur, le système est classique mais extrêmement complet. Sept classes de personnage au choix, ce n'est pas énorme, mais largement suffisant quand on sait à quel point l'agencement du point de stat obtenu à chaque niveau d'expérience joue sur la cohésion de votre build. On pourra ainsi engager entre autres des Samurais qui trancheront dans le vif des lignes entières d'ennemis ou se serviront de leur agilité pour cribler les boss jusqu'à ce que mort s'ensuive en évitant leurs contre-attaques, des Paladins véritablement sacs à PV ou tout en contre-attaque, des Archers qui sniperont les boss bien au chaud derrière ceux-ci, ou encore les Mages et Healers aussi bien capables de sorts de destruction de masse que de protection de votre petite équipe. Reste le héros, cantonné à son job de Gazer, une sorte de touche à tout manipulateur des démons vaincus (qui au final se révèle particulièrement bourrin). Tout cela à associer à une race au choix qui jouera sur les caractéristiques de base et maximales, un beau portrait pour illustrer et une petite voix en sus. Enfin, il est aussi possible de varier les plaisirs en équipant des artefacts qui adjoindront une attaque ou compétence de soutien à une classe d'ordinaire incapable de l'employer, les possibilités en devenant vite multiples.
Les personnages peuvent être largement customisés.
Et pour quelques dollars de plus
Cela dit, toutes les mécaniques du jeu ne sont pas aussi bien huilées. Certains gimmicks rajoutés sont au mieux inutiles, au pire trop envahissants. Le premier qui vous sera introduit d'entrée de jeu, c'est la rapacité de la tenancière. Non contente de vous faire payer une blinde pour pouvoir recruter un personnage supplémentaire (jusqu'à quatre en plus du héros), elle a surtout la désagréable habitude d'attendre l'équipe qui rentre bien fourbue sur le pas de la porte pour leur extorquer le loyer quotidien (qui augmente en fonction du niveau global) avant qu'ils ne puissent enfin aller se pieuter. Le problème, c'est que l'argent étant rare au début du jeu cela vous oblige à vraiment planifier vos sorties, voir à farmer du monstre pour éviter de perdre de la thune au fur et à mesure. Un pécule dont vous aurez grandement besoin au départ pour étoffer progressivement votre équipe. A côté de ça, au bout d'une dizaine d'heure la somme demandée devient dérisoire devant les monceaux de trésors récoltés et rend le système plus soulant qu'autre chose.
Attrapez-les tous. Mais faites gaffe aux griffures.
L'autre fausse bonne idée intervient en donjons. Si les démons dont vous disposez peuvent être équipés sur le personnage principal pour lui faire bénéficier de boosts de stats conséquent ou de protections en combat, ils ont aussi la capacité d'offrir des effets de terrain. Chronos par exemple permet de supprimer les dégâts en traversant lave, ronces et autres terrain accidentés, Comet visualise des portes cachées pouvant mener à des trésors, et ainsi de suite. Malheureusement on peut regretter certains choix. Ces portes cachées par exemple, mènent parfois sur le chemin principal vers la sortie du niveau, en conséquence de quoi le joueur qui n'aura pas équipé le démon adéquat pourra très bien tourner en rond des heures sans trouver son chemin. Choix oui, mais libre, pas toujours. On notera enfin une tentative d'instaurer un semblant de fonctions communautaires Demon-Soulesques, à base de messages à laisser au sol. Si certains joueurs plein de bonne volonté viennent vous indiquer l'emplacement de trésors cachés ou les faiblesses d'un boss, il est regrettable de constater que la plupart se bornent à troller ou s'amusent à créer des jeux de mots sur la base du démon Uranus (if you know what i mean).
Long, assez complet, techniquement et artistiquement inégal, parfois soûlant mais souvent efficace, Demon Gaze vient agréablement enrichir la ludothèque pour le moment trop aride en bons jeux de rôle de la PS Vita. Si vous n'êtes pas contre un gameplay un peu rétro et que vous n'abandonnez pas devant le fan-service bas-du-front du début d'aventure, vous ne serez probablement pas déçus.