J'étais censé sortir ce billet en avril mais j'ai un peu oublié. Donc sans transition on va parler des deux seules séries que j'ai essayé le mois dernier et que, bizarrement, je n'ai pas tellement apprécié.

Dragon Ball Super
(sous titré "les Guerriers de l'Univers 6")

J'avais distraitement suivi le drama causé par la série télé et son animation calamiteuse. La seule chose que ça m'évoquait, outre une détestation prononcée pour ce nom, c'est qu'ils feraient mieux de laisser crever la licence plutôt que de l'essorer et de systématiquement faire de la merde. Bref, je n'ai pas vu la version anime mais ça doit vendre du rêve. Parce que je viens de lire le premier tome du manga et franchement, sans que ça soit totalement nul j'ai eu l'impression de lire une fanfic bas de gamme.

Le pitch : exit la fin rushée du manga original, suite à la victoire sur Boo la Terre coule des jours heureux, Goku a pris un petit job d'agriculteur et se fait bien ch... à conduire son tracteur. Pendant ce temps là, dans l'espace, le dieu de la destruction s'amuse à éclater des planètes. Par un concours de circonstance, Goku et ses potes se retrouvent à devoir se battre dans un tournoi inter-dimensionnel contre les guerriers les plus puissants de l'univers 6, pour déterminer si la Terre qu'ils occupent restera dans l'univers 7 ou sera cédée.
Mon avis : osef/20

Alors, qu'est-ce qui cloche suffisamment pour passablement énerver un "fan" du matériau original tel que moi ?
*inspiration profonde*

Ça part très vite en live sans que la puissance des combattants ne veule plus dire quoique ce soit. Y'a des ellipses partout pour l'entrainement, les gars découvrent un nouveau degré de super saiyen (sobrement intitulé Super Saiyen God) et le débloquent en 2s sans aucun épique, juste par la force de la volonté, et ça ne leur sert strictement à rien. Y'a pas de vrai antagoniste au départ mais juste un énième tournoi entre des gens qui n'ont rien à gagner ni rien à perdre, et qui n'est qu'une excuse pour subvertir d'anciens personnages connus ou archétypes. Par exemple, le Freezer de l'univers 6 n'est pas mort, est bien plus puissant que l'original et surtout est une crème. Sans parler du traitement des personnages qui met la plupart des héros sur le banc de touche.

C'est comme si cette nouvelle "saison" était une déconstruction de tout ce qui a fait Dragon Ball et en particulier le post-Piccolo, ainsi qu'une tentative d'unification de The World ET du multivers dans un même manga - un peu comme à l'époque d'Arale, mais avec Jaco à la place. Ça reprend un peu l'humour Toriyamesque de quand il faisait du gag manga sauf que pour ma part, ça ne prend pas. Parce que même si certains arcs de la série étaient propices à la déconne (celui de Boo et ses fusions ratées par exemple), ça se prenait toujours un peu au sérieux quand il le fallait ; ici, rien (notez que ça peut changer sur la suite du récit, et je l'espère). Dragon Ball a évolué au fil des ans pour le meilleur et pour le pire, et j'ai l'impression qu'on essaye de faire rentrer un adulte dans un corps d'enfant. ça ne va pas.

Quant à l'intrigue, c'est un gloubi-boulga informe, on prend des persos pour les faire apparaitre et non pour la cohérence du récit, lui même déjà décousu à cause des ellipses ("y'a eu Freezer doré mais ils l'ont battu hors-screen, reportez-vous au flim". True Story), les nouveaux personnages sont à peine introduits auprès du lecteur qu'ils deviennent super potes avec nos deux héros (Goku et Vegeta). Et on t'invente des petits morceaux de lore bonus ("au fait y'avait des planètes sœurs à celle des guerriers de l'espace peuplés de saiyens qui ont été détruites à cause du dieu omnipotent que Végéta a étrangement effacé de sa mémoire"). Autant la chose était courante dans les vieux OAV, autant j'ai rarement vu ça dans un manga papier en fait. Je sens que ça va vite atteindre un nouveau niveau de n'importe quoi God.

Peut-être que si on est amateur du multivers et qu'on le prend comme un spin-off ça peut passer mais perso je vais faire comme pour GT et considérer que ça n'existe pas. (bon, je lirai peut-être le 2ème tome pour voir comment ça évolue.)

PS : pas grand chose à redire sur le dessin, qui émule bien celui du maitre.

Distopiary

Je râle souvent sur le manque d'originalité des mangas d'aujourd'hui qui se contentent de remettre au gout du jour des histoires racontées des centaines de fois déjà par les précédents mangakas. Distopiary me prouve que l'originalité n'est pas le gage d'un manga agréable à lire.

Original, il l'est. Bon en l'espèce le but de l'histoire est de buter le roi du mal qui s'apprête à naitre dans un monde où chaque personne est porteuse d'une classe fixe et d'un niveau, à la manière d'un RPG. Le héros va devoir rassembler son équipe pour faire la maille. Pas le summum de l'originalité donc, mais le traitement de cet univers l'est, par contre.

(Attention ce que je raconte plus bas c'est la base de l'intrigue et potentiellement spoiler ça enlève une grande partie de l'impact)

Tolza, car c'est le nom du héros, est un exterminateur. C'est cette classe qui est chargée d'achever le roi du mal, et que tout combattant rêve de rejoindre, surtout quand ledit héros est un bogoss taciturne charismatique. Ce que les quidams ignorent en revanche, c'est que la seule force des exterminateurs réside en leur capacité à absorber le niveau de leurs camarades morts au combat. Seuls, ils ne valent rien, mais la mort de leurs compagnons leur offre un surcroit de puissance. Une mort violente qui peut être accidentelle (aux mains de l'ennemi) comme provoquée, au besoin.

Tolza est tiraillé entre sa fonction irrépressible et la peine immense que cela lui inflige à force de pertes, ses lamentations contrastant avec son habituelle apparence froide. Cette figure de l'anti-héros est également contrebalancée par celle du mal à l'état pur, qui est désignée par une entité supérieure au sein même de la population, y compris quand celle-ci est au départ "gentille" et se retrouve quasiment contrainte au massacre.

Donc oui, il y a de vraies idées dans ce manga. Le truc c'est qu'on n'a, dans ce premier volume, pas le temps de s'habituer aux personnages tellement leur décès vient vite. Cueillis en pleine ascension dans des moments gores qui tranchent à nouveau dans un manga au demeurant traditionnel, avec des persos moe, héroiques, drôles.

Je vais être clair, j'ai aucun problème avec le seinen "mature" à la Gunnm mais ce type là, l'enchainement de morts violentes façon abattoir ça n'a jamais été ma came et c'est plutôt un repoussoir.
J'ajoute qu'étrangement je trouve le dessin assez peu dynamique, sans arriver à mettre le doigt sur à quoi ça tient. Les trames peut-être, ou le style graphique ? Ca donne l'impression de lire un manga incomplet.
Enfin bref ça ne m'a pas tellement donné envie de lire la suite.

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