Final Fantasy Lost Strangers
Les adaptations de FF hors-jeu vidéo c'est souvent tout naze ou osef, et au départ j'ai cru que celui-ci ne dérogerait pas à la règle. C'est - encore - un Isekai, ces mangas qui envoient un mec "de la réalité véritable" dans un monde inconnu souvent heroic fantasy, parfois avec des règles de rpg. Et donc là on a un mec et sa soeur, tous deux employés de Square Enix et fans de FF depuis leur enfance, qui se retrouvent j'ai oublié comment dans un univers Final Fantasy. Ils sont un peu paumés mais ils retombent assez vite sur leurs pieds quand ils s'aperçoivent que leurs connaissances de la série (notamment FFXIV) est applicable in universe et leur permet d'avoir des avantages indéniables sur les autochtones.
Maintenant que les bases sont posées, qu'est-ce qui rend ce manga remarquable par rapport à d'autres ? Et bien c'est qu'environ vers la moitié du premier volume, un évènement survient qui va radicalement rebattre les cartes, shifter l'ambiance de la série et de ses personnages depuis un côté "je me balade dans un univers JV en réalité augmentée" vers "bordel c'est la merde et un monde plein de monstres en fait ça craint". Donc ouais, le ton du manga est assez différent de la majorité des Isekai, de la majorité des FF aussi. Limite plus proche de ce qu'avait tenté Type-0.
L'autre vraie bonne idée c'est que ça bénéficie vraiment de connaitre la série, on a des concepts FF qui ne sont pas juste du name-dropping. C'est moins fan-service que prévu et ça fait du bien. C'est bien dessiné. Bref c'est plutôt coolos.
Cesare
La renaissance italienne arrive en force dans les fictions ces dernières années, et on en mange à toutes les sauces. En même temps c'est une période intéressante avec des personnages hauts en couleur, particulièrement quand on zieute du côté des Borgias. Cesare, donc, est un manga historique qui fait un focus sur Cesare Borgia. Un noble florentin souvent dépeint comme maléfique, incestueux, tout ce que vous voulez puisque c'est très romancé, et qu'on a pu voir notamment dans les Assassin's Creed.
Coïncidence (ou pas) j'ai commencé quelques mois en arrière la série franco-allemande Borgia. Que j'ai droppé vers le milieu de la première saison mais là n'est pas la question, le truc marrant c'est que ces deux versions de Cesare sont assez éloignées l'une de l'autre. D'un côté, un jeune impulsif à la limite de la folie, de l'autre (celui du manga) un jeune homme avec une part d'ombre qu'on devine mais qui garde son côté noble, réfléchi et intelligent. Des disparités de vision qui s'expliquent évidemment par l'angle choisi.
Comme beaucoup de mangas à vocation historiques (mais pas tous), Cesare essaye de s'en tenir aux faits en faisant appel à un historien et en choisissant une approche assez neutre. Le personnage principal d'ailleurs n'est pas Cesare mais Angelo da Canossa, noble aussi mais plus effacé, qui va permettre d'être les yeux du lecteur sur la grande figure historique sans trop la rendre héroïque. Le dessin également part sur un style plus réaliste avec des pointes shojo (hommes assez fins, limite androgynes) à mille lieux, par exemple, de celui de Reine d'Egypte (carrément shonen).
Je n'ai lu que le premier volume à l'heure actuelle mais ça s'annonce bien, je remercie d'ailleurs celle qui me l'a conseillé vu que je vais me les procurer petit à petit.
Un Pigeon à Paris
Il y a quelques années j'aimais bien lire des blogs d'expatriés (en général anglophones) qui venaient passer des mois, années ou carrément s'installer en France. Parce que ça me permettait de voir comment nous et notre culture sommes perçus par d'autres nations, et en plus de lire des trucs en anglais qui ne soient pas en rapport avec le JV ou les news internationales.
Un pigeon à Paris c'est littéralement ça, le blog d'une expat mais en version manga et avec une japonaise. Une japonaise qui se trouve être mangaka depuis peu (ça aide pour dessiner un manga, duh) et qui se croque comme un pigeon bien en chair, d'où le nom du truc. J'avais déjà critiqué A nous deux Paris de JP Nishi - aka "Monsieur Karyn Nishi-Poupée" ,c'est exactement dans la même veine : des situations habituelles de japonais qui débarquent dans une ville qu'ils ne connaissent pas, dans une culture dont ils ne connaissent rien que l'image d’Épinal, et sont logiquement un peu déphasés.
Je ne vous cache pas que j'aimerais bien voir des expats qui vont dans des coins un peu moins chiants que notre chère capitale mais bon, ça reste intéressant à lire pour voir le décalage, et souvent marrant.
Trace
Comme beaucoup de mangas du même style (polar réaliste avec pas mal de gore ou éléments perturbants), ça passe ou ça casse. Celui-ci n'est pas mauvais, il aborde la vie d'un laboratoire de police scientifique japonais (qui traite donc les preuves d'affaires judiciaires et criminelles) au travers de plusieurs affaires complexes, avec en toile de fond un personnage central hanté par le meurtre de ses parents.
Ceci dit ça reste un manga moyen, pas spécialement beau ni accrocheur, mais qui parle d'un sujet un peu absent de ce support (à la différence des séries américaines). Je sais pas si je continuerai au delà de 2-3 volumes mais sait-on jamais, si l'histoire prend un peu de vie...
We Never Learn
Je n'aurais probablement jamais ouvert ce manga si je m'étais basé sur la PLV de ma librairie habituelle qui le vendait comme "le nouveau Nisekoi", aka la série mouaif qui repompe totalement Love Hina avec de vrais bouts de ToLoveRu dedans (ça se voit que j'ai du mal avec la hype sur cette série ?).
Au final vu que ça fait des mois que je vois les amateurs d'animes sûrs qui me la vendent, j'ai pris le premier volume, pour voir.
Et bon, au final, c'est une série moyenne : rien de très original, rien de mauvais mais pas de quoi pavoiser. C'est un shonen vaguement harem, avec un peu d'ecchi comme il en sort des centaines tous les ans. Donc sur le principe j'ai déjà lu ça 1000 fois.
Dans l'application, par contre, ça se laisse lire grâce à des personnages sympas, et notamment notre héros qui m'était plutôt antipathique au départ et qui finalement s'améliore dès qu'on apprend ses motivations. Le pitch : un lycéen très assidu et sérieux fait partie des meilleures "têtes" de l'école grâce à sa grande ténacité. S'il subit ça, c'est moins par besoin d'être le meilleur que pour décrocher une place dans une bonne fac, qui lui permettrait de subvenir aux besoins de sa famille désargenté. Mais au moment où il va obtenir le précieux sésame, celui-ci se retrouve assorti d'une condition : donner du soutien scolaire aux deux génies du lycée, qui sont évidemment aussi "les plus belles filles". manque de bol, chacune vise une spécialisation à l'opposée totale de ses capacités. Bien sûr quelques autres persos féminin du même genre vont rejoindre le casting, comme l'inusable imouto ou la sportive de service.
Bon comme je disais plus haut le principe n'est pas du tout original, le mec se fait évidemment prendre en grippe par ses potes envieux, la proximité avec les filles va évidemment faire qu'elles vont plus ou moins tomber en amour devant le mec lambda, et je doute qu'au final ça s'accorde sur une résolution définitive du mec qui tranche sur celle qu'il préfère vu que ce genre de série a besoin de laisser shiper chaque perso à part égale. Mais en même temps si on ne lui en demande pas trop c'est un manga sympa à lire pour les amateurs du genre.
My Teen Romantic Comedy is Wrong as i Expected
aka "j'ai un titre beaucoup trop long"
Encore un que j'ai pris à l'aveugle, et pour le coup je regrette pas parce que c'est plus agréable à lire que le synopsis le laissait présager. Plus qu'une comédie romantique, c'est une comédie qui s'attarde sur les archétypes de comportement qu'on peut croiser dans les lycées (et pas que japonais) et par extension dans les mangas lycéens.
On suit un jeune Edgelord (ces ados qui s'isolent des groupes et se complaisent dans la solitude tout en dénigrant la totalité de ceux qui ne sont pas comme eux) qui n'arrive pas à s'intégrer dans sa classe, le type même du weirdo qui chochotte "Okamari no suzoki" pour avoir l'air mystérieux mais qui passe juste pour un con. (attention j'en ai l'air comme ça mais je ne critique pas les gens timides, esseulés ou introvertis, étant les trois moi-même. J'aime juste pas ceux qui en veulent à la Terre entière plutôt que de se remettre en question et de réfléchir sur leur propre comportement).
Sous l'impulsion de sa prof, il va rejoindre un club aux fonctions mal définies et qui ne compte qu'un membre, à savoir une fille superbe mais complètement solitaire parce qu'elle dit un peu tout ce qui lui passe par la tête sans se préoccuper des autres. Peu à peu les contours du club se définissent, il s'agit de venir en aide à des camarades qui ont des problèmes d'ados variés, comme une qui suit le mouvement des beautiful peoples de sa classe pour être bien vue au lieu de s'affirmer par elle même. Et par ce biais, les deux protagonistes vont évoluer dans leur comportement.
En fait c'est un peu Suzumiya Haruhi mais avec des persos dysfonctionnels et sans éléments fantastiques. Et c'est plutôt pas mal.
Space Brothers
Là on est dans du plus vieux, la VF datant de 2013. C'est pas un manga vers lequel je serais spontanément allé (notamment le dessin qui ne m'inspire pas, ça me fait penser à Beck) mais je voyais Akram en parler depuis quelques temps et je me suis dit pourquoi pas essayer.
Et franchement c'est cool. On s'attache vite à ce personnage de grand frère un peu paumé, qui ne croit plus en ses propres capacités au point qu'il a oublié son rêve d'aller dans l'espace alors que son petit frère a réussi à devenir astronaute, lui. Mutta, c'est un peu le mec qui a - manifestement - des possibilités mais manque de la motivation pour les exploiter. Une sorte de loser autoproclamé.
Le propos du manga (pour ce que j'en ai vu) c'est d'explorer cette relation fraternelle où chacun veut donner à l'autre l'impulsion pour avancer, même si ça signifie que le petit frère talentueux doit botter le derche du grand pour qu'il se rende compte qu'il passe à côté de son destin.
Et à côté de ça, on assiste à toutes les épreuves de Mutto pour être recruté par la Japan Space Agency, ses relations avec les autres candidats, ses bons côtés qui finissent par s'exprimer.
Je vais pas dire que c'est le manga du siècle mais j'avais pris les trois premiers pour voir, que je me suis enfilé une nuit d'insomnie, et j'ai commandé les 7 suivants le matin. C'est quand même un signe, c'est de la bonne.
Silent Voice : le film
Une fois n'est pas coutume, je me suis bougé pour aller voir un film d'animation dans une salle obscure.
J'avais bien aimé A Silent Voice, la version manga, notamment parce que je trouve important que les mangas sociétaux s'intéressent à des sujets divers et pas "juste" à des relations amoureuses difficiles à cause d'une différence d'âge ou de sexualité (par exemple Le Mari de mon Père, déjà chroniqué dans ces colonnes), ou encore le sujet des filles-mères, du viol etc.
En ce qui concerne le sujet du handicap, on avait déjà Real qui causait paralysie. A Silent Voice effleure plutôt le handicap auditif et les difficultés que rencontre l’héroïne (Shoko) dans sa relation aux autres, mais c'est surtout utilisé comme déclencheur pour parler du harcèlement (scolaire mais pas que). Et là oui, c'était un manga bien réussi qui amenait à réfléchir sur nos propres réactions par le biais du main character, tour à tour bourreau puis victime.
Pour me recentrer sur le film d'animation, je l'ai trouvé... moyen en fait. Le message est bien là, pas de problème, mais je lui ai trouvé d'autant plus de soucis que je connaissais l'histoire. Ma vision s'est surement recentrée sur l'objet filmique et ça a forcément perdu en impact, d'où mon point de vue critique (j'ai un pote assez émotif qui a adoré pour le coup). Mais au final ça se perd beaucoup en sentiments dégoulinants "c'est ma faute - non la mienne" quand la morale générale aurait gagnée a être étoffée, peut-être remaniée même. Je reste persuadé qu'au delà du happy end les réponses trouvées par les personnages sont les mauvaises, et c'est assez frustrant quand tu as toi-même fait ton introspection. Par exemple, l'un des personnages passe son temps à véritablement pourrir sa victime, sans jamais se remettre en question, jusqu'à la toute fin où elle accepte de serrer la main de Shoko et que celle-ci accepte en reconnaissant qu'elle aussi était en faute. Mais WHAT ?
Sur la forme, y'a à boire et à manger. Mettre My Generation des Who en ouverture, si personne dans la salle ne comprend le message, ça n'a pas l'impact que ça devrait. Le film arrive à être très beau - mais vraiment - dans certains cadres et les effets d'eau et de feux d'artifice particulièrement réussis, quand la majorité des scènes sont quand même assez ternes (ce sont les décors qui veulent ça, ok). Le coup des "croix" qui viennent masquer les visages des gens dont Shoya se détache est directement repris du manga et ça marche plutôt bien (même mieux en version animée) mais c'est surtout le sound design que j'ai apprécié. Pas forcément à la toute fin où on te balance un son qui "explose", mais surtout dans la scène du feu d'artifice où il est judicieusement utilisé pour te faire ressentir les vibrations causées par le hanabi comme Shoko les ressent, c'est assez touchant et je m'y attendais pas.
En ce qui concerne le doublage japonais, je l'ai trouvé correct. Connaitre un peu de vocabulaire jap peut aider à mieux comprendre certains "gags", malgré les sous-titres Fr qui ont fait leur job. Y'a des trucs qui forcément perdent en impact. Et je me demande si en ce qui concerne la voix de Shoko (qui est sourde, si vous avez suivis) voir le film en VF, avec une véritable sourde comme interprète (elle a l'air d'avoir fait du bon boulot), ne peut pas aider à mieux comprendre les réactions moqueuses des persos ou tout simplement mieux s'immerger.
Bref un bilan contrasté, j'ai bien senti que beaucoup de spectateurs avaient trouvé le temps long et la fin cucul (et elle l'est). Mais en même temps y'en a beaucoup qui l'ont apprécié, y compris chez les plus jeunes.