City Hunter Reborn
Si vous scrutez avec attention l'industrie du manga ces dernières années (voire du Jeu Vidéo japonais), vous aurez remarqué un canevas commun à beaucoup de séries, celui du protagoniste projeté dans un monde inconnu avec ses propres règles. Ce n'est pas totalement nouveau (Gantz date de 2000, Escaflowne de 1994 et n'était probablement pas les premiers) mais depuis quelques années le trope a pris en ampleur, devenant une véritable mode surannée : celle de l'Isekai. Oui, j'en avais déjà touché deux mots dans de précédents billets et pour cause, c'est un véritable raz de marée et personnellement ça a tendance à me gonfler.
La dernière mode pour se démarquer, c'est d'envoyer le héros non plus dans un monde inconnu mais dans celui d'une œuvre de fiction, dans laquelle il va pouvoir évoluer en connaissant déjà les règles en jeu. Par exemple le héros de Final Fantasy Lost Stranger est un gros fan de la série de RPG et sait à peu près comment réagir, c'est ce qui va lui donner l'avantage par rapport aux PNJ. On voit donc depuis 2 ans les premiers exemples de ce "spin-of de concept" arriver en France et début 2019, deux d'entre eux coup sur coup.
Le premier est donc City Hunter Reborn. Pour la faire courte, une salary-woman quarantenaire à la vie sentimentale inexistante cache un secret : son amour de Ryo Saeba, le héros de City Hunter (celui qui a dit "ah ui Nicky Larson" est prié de sortir). Elle l'adule depuis l'adolescence, envie Kaori, relit régulièrement l'intégrale de la série. Et puis un jour elle tombe sur les rails du métro et se réveille... à Shinjuku, dans l'univers de son manga favori. Ohbençaçatombebienalors. Et en plus elle a retrouvé son apparence de jeune fille, et en écrivant "XYZ" en désespoir de cause c'est carrément Ryo qui débarque devant elle en chair et en os.
Le concept du manga, ça va être de revivre certaines histoires iconiques de City Hunter par les yeux d'une fan (et parfois plan par plan), qui peut évidemment interférer mais va tout faire pour éviter de dévier l'histoire. Et en même temps ça lui permettra peut-être d'évoluer dans sa relation avec les hommes, mais après un volume on est un peu parti dans une autre ambition, celle de glorifier en partie une série culte. Ca a un côté très meta mais ça ne va pas non plus très loin. A voir comment ça évoluera.
Dragon Ball Yamcha Gaiden
Même concept, très exactement, même si celui-ci est un one-shot (et honnêtement y'a pas besoin de plus pour s’apercevoir que ça ne tient pas au delà d'un ou deux chapitres). Bon là c'est un lycéen otaku qui tombe dans l'escalier et se retrouve dans la peau de... Yamcha, à la période Dragon Ball. C'est con parce que quitte à s'incarner dans un perso de DB il a choisi l'un des moins développés et l'un des plus faibles, toute proportion gardée.
Du coup toute l'histoire va être pour lui de s'entrainer pour dévier l'histoire originale et éviter de mourir au moment de l'arrivée des Saiyens. Et dans un coin de sa tête, essayer de remporter l'amour de Bulma. Comme il connait le déroulement, il va user de tactiques qui lui permettront d'arriver à ses fins ; le manga a quelques twists que je ne spoilerai pas mais très franchement ça ne pisse pas bien loin, encore moins que la précédente présentation.
Black Clover
J'avais vaguement vu passer ce titre dans les sorties 2018, et m'étais empressé de le classe dans la pile "random nekketsu 471", que je lirai un de ces jours par désoeuvrement. C'est bête parce qu'au final c'est assez cool.
Sur le papier, c'est en effet du by-the-book. On coche les cases "shonen nekketsu", "orphelins", "rival sombre", "héros naif", "incapable notoire à gros potentiel", "tsundere", et je pourrais continuer un bon quart d'heure sur les poncifs enchainés par cette série fortement ressemblante aux Fairy Tail, Naruto, Blue Exorcist, dernièrement Fire Force avec un soupçon de Mx0 / My Hero Academia pour le gars sans pouvoirs qui va se révéler outsider.
Pour l'histoire, Asta (le blond flamboyant) rêve de devenir le meilleur mage du royaume, rêve qu'il partage avec Yuno (le brun glacial) depuis l'enfance (les deux ont été abandonné à un orphelinat. Manque de pot Asta n'est pas aussi capable que son camarade qui s'efforce de le dénigrer, et au moment où il est supposé recevoir le grimoire qui lui donnera des pouvoirs il ne reçoit finalement rien, tandis que son pote obtient le grimoire orné d'un trèfle à quatre feuilles kom le meilleur empereur mage du royaume. Magnifique. Du coup il est fort déçu mais c'est au moment où il va se faire buter par un ennemi sorti d'on ne sait où que son pouvoir latent se révèle sous la forme d'un grimoire totalement décrépit, noir et orné d'un trèfle à CINQ feuilles. Woah. Le concours de b*tes va pouvoir commencer.
La particularité d'Asta, tout comme le protagoniste d'Mx0, c'est que son pouvoir obscur qui prend la forme d'une épée permet de neutraliser tous les pouvoirs. Du coup il est toujours aussi nul en magie (même pas capable de faire voler un balais) mais il est aussi vachement puissant par rapport aux autres. Ce qui va lui permettre de rejoindre une "guilde/compagnie de mercenaires bigarrés" aux termes d'une sorte de mini-arc de tournoi qui introduit l'univers du manga.
Je force volontairement le trait, c'est pas original pour deux sous et comme souvent ça a un côté générique limite copier-coller mais c'est aussi sa force, pour ceux qui se mettent au manga en 2019 ça peut être un hit. Et ceux qui connaissent déjà le genre seront en terrain connu mais efficace.
Mon Ex
Après "Après la Pluie" le mois dernier, nouveau shojo sentimental. Je me fais l'effet d'une lycéenne midinette mais que voulez-vous, ce genre de sujets me parle en ce moment.
Donc là on a Momori dont la vie sentimentale est un champs de mines depuis que son ex petit copain du lycée l'a largué en étant un parfait connard ; depuis ce choc, elle n'en finit plus de se faire jarter pour des raisons futiles comme si une malédiction la poursuivait. Et puis au hasard d'un gokon elle retombe sur son ex, Eisaku, qui retente le contact. La fin de leur histoire était elle le fruit de conséquences malheureuses ?
Je trouve ce manga assez malaisant. D'un côté le style graphique est assez mignon, surtout pour les phases "humoristiques". Certains persos positifs comme la best friend de l’héroïne qui la soutient dans sa démarche sont bien cools aussi. Mais d'un autre côté ça a le réflexe habituel des shojos de présenter des personnages ténébreux et froids comme positifs, voire attractifs. Du coup, et sans mettre de côté que l'Eisaku en question se débat très probablement avec ses propres problèmes auxquels on peut s'identifier (recherche de l'approbation de l'autre, réticence à se dévoiler, etc.) on a quand même un type qui se comporte en bon gros con, blesse une fille et revient la bouche en coeur pour dire que "oui mais j'étais amoureux aussi", et ça marche. de même, un autre gars va faire du chantage affectif à la protagoniste avant de se comporter comme un prédateur violent, mais c'est bon du moment que le héros saves the day ben c'est oublié. Bien avant de prendre conscience des problématiques liées au féminisme et à la place de la femme dans les oeuvres de fiction comme dans la vie réelle, j'avais déjà beaucoup de mal avec ce trope (notamment dans Psychometrer Eiji ou GTO), je constate que 15 ans plus tard ça n'a pas évolué dans le bon sens.
C'est vraiment dommage parce que je maintiens qu'il y aurait beaucoup à écrire sur le deuil des relations et la reconstruction, mais ce n'est pas encore ce manga qui le fera vraiment bien. En dehors de ça c'est une série romantique courte (2 tomes il me semble) qui peut s'intercaler entre deux trucs plus conséquents.
Dr Stone
Celui-ci est un shonen qui fait grand bruit depuis pas mal de temps, j'ai voulu m'y essayer. Bon c'est dessiné par Boichi, dont j'avais essayé The Hunt for Energy qui m'avait laissé froid, surtout question style graphique. C'est un peu pareil ici, disons qu'il faut aimer.
Il nous introduit à deux personnages, l'un très cérébral, sorte de savant fou du lycée, l'autre son complet opposé tout en résistance physique et dont la principale préoccupation est d'essayer de confesser son amour à une camarade de classe. C'est au moment où il trouve le courage de se déclarer qu'un cataclysme planétaire se produit, transformant instantanément en pierre tout organisme vivant. Les statues se figent, la végétation reprend ses droits, les millénaires se succèdent sans que la race humaine ne puisse bouger.
Puis nos deux protagonistes reprennent conscience et sortent de leur coquille forcée. Apparemment seuls rescapés de l'humanité, ils vont devoir apprendre à se débrouiller dans la nature sauvage, recréer la civilisation et pourquoi pas trouver un moyen de guérir l'étrange maladie pétrifiante. Mais d'abord, enfiler des fourrures parce que à poil ça ferait mauvais genre.
Dr Stone c'est un shonen au rythme classique mais au fond original, avec un petit côté C'est pas Sorcier et aventure, un cadre post-apocalyptique croisé avec le jurassique. On a un groupe de héros bigarré qui s'agrandit peu à peu, avec chacun ses forces, et un antagoniste aux motivations diamétralement opposées. Schéma assez convenu mais d'un autre côté pas mal de scènes pédagogiques sur les évolutions technologiques depuis les débuts de l'humanité. C'est plutôt sympa et si le manga est assez frais (publié depuis à peine 2 ans) l'éditeur original a l'air de bien compter dessus.
Scan*ahem*trad
Depuis quelques mois j'écoute pas mal de podcasts, certains liés à la japanime (je recommande notamment Calweeb Ball et LOLJapon) et ça m'a donné envie de lire certaines séries qui, manque de bol, ne sont pas disponibles chez nous. Du coup ça fait plus de 10 ans que j'avais arrêté de lire des scans, et bien j'ai recommencé - avec parcimonie.
Helck
On m'avait vendu Helck comme, je cite, "un One Punch Man en mieux". Alors pour ne pas relever que la personne en question voulait juste prendre la hype à rebours, je dirais que c'est surtout très différent. La seule similarité c'est que Helck, le personnage éponyme, semble quasiment invincible au début du manga mais ça s'arrêtera là.
L'univers de Helck est celui des démons, qui ont envahi le monde des hommes avec leurs pouvoirs hors-norme. Seul un héros pouvait stopper leur avancée et c'est justement Helck qui tua le roi-démon au cours d'un combat épique. Quelques temps plus tard, les démons organisent un grand tournoi pour décider qui succèdera à leur défunt souverain. Un tournoi dont l'un des participants n'est autre que... Helck, toujours aussi knight in shining armor et sourire émail diamant, qui prétend détester les humains et se fait d'ores et déjà chouchou du public du stade tellement il survole les épreuves. Ne voulant surtout pas d'un dirigeant humain - avec la perspective de se retrouver avec un agent double à la tête de l'état-, les organisateurs rusent : ils transforment les épreuves de bagarre© en défis intellectuels, de précision, ou même de hasard. Truquent éhontément le matériel en sa défaveur. Mais rien n'y fait, Helck remporte toujours tout avec une facilité déconcertante. La dernière idée sera une épreuve bien plus périlleuse, mais pas forcément pour celui qu'on croit...
Passé les 7-8 premiers chapitres, qui exposent les travaux d'Helck (assez proche d'un Hercules fantasmé) avec une forte idée d'en faire le "gag de la semaine", le manga a un revirement beaucoup plus aventure. Le personnage principal et son "antagoniste" Vamirio, tsundere démoniaque mais qu'on ne peut pas détester, se retrouvent isolés des autres (le cast secondaire est plutôt sympa aussi) et vont devoir faire face à un péril bien sombre pour le monde des démons. J'en suis encore assez tôt dans la vie du manga mais il semble clair que le côté léger des débuts va prendre peu à peu beaucoup moins d"importance au profit de secrets que cache le héros parfait.
Waifu is not amused
Qu'on aime ou pas, le point fort de One Punch Man c'est que sur une prémisse de pur gag manga ("que se passerait-il si un personnage était si fort qu'il atomiserait tout ennemi en un seul coup de poing") il parvient à ne jamais dévier de sa route (as of 14 volumes) tout en gardant intacts la tension et le suspense, notamment grâce à un casting fort de personnages secondaires. Helck, lui, parait beaucoup plus se chercher, comme si l'auteur ne savait pas trop où aller passé l'état initial. Ceci dit, et malgré un style graphique assez peu à mon gout (surtout pour le personnage principal), l'envie de subvertir pas mal de tropes du JRPG dans une sorte de grande déconstruction - voire de renversement des valeurs - est assez accrocheuse pour donner envie de continuer.
Miss Kobayashi's Dragon Maid
Depuis le temps que je vois des gens s'exciter sur l'anime, j'ai essayé le manga (on est un rebelle ou on ne l'est pas). En résumé, une jeune femme vient en aide à un dragon (oui oui) qui pour la remercier va emménager chez elle sous les traits d'une maid vaguement loli. Évidemment, un dragon n'étant pas forcément très au faite de la bienséance humaine ni le serviteur le plus fin, on va de quiproquos en gags. On va voir débarquer là dedans pas mal de congénères de Tôru, qui en plus a l'air assez "attachée" à sa désormais maitresse.
C'est donc une comédie, qui il faut bien le dire ne va pas bien loin. J'ai lu qu'un seul volume, ça se laisse lire mais j'ai l'impression que l'anime doit sublimer le matériau de base, autrement je ne vois pas d'où provient la hype.
A la prochaine ugu