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Gally, petite ange partie trop tôt - Alita Battle Angel
Par cKei, le 03/03/2019 à 15h37 (1520 vues)
Catégorie : Animation/manga
Aller voir l'adaptation cinématographique d'une de ses œuvres de cœur, c'est toujours un exercice schizophrénique. L'excitation de voir enfin un média "majeur" adouber son aimée, celle de voir des personnages jusqu'ici immobiles prendre vie devant ses yeux, sublimer l'existant.

D'un autre côté, on cède facilement à l'appréhension d'assister à une grande séance de condescendance, de rire moqueur des commentateurs indélicats pour lesquels vous restez de grands enfants amateurs de petits Mickeys. Pire encore, celle d'assister à une débâcle qui briserait nos illusions.

Cela s'explique facilement : par l'habitude déjà, les médias mainstream ayant rarement traité la japanimation ou le Jeu Vidéo avec bienveillance. Il est encore plus rare qu'une adaptation réussisse à s'approprier l'original sans le désacraliser, et par voie de conséquence parvienne à contenter le "fan". Alors on prend naturellement une posture de septique, de celui qui sait comment les médias traitent nos passions, comment une industrie aussi consensuelle qu'Hollywood ne s'embarrassera pas de la fidélité tant que l'argent sera son point de mire.


Il faut dire qu'à moins d'accepter d'être un de ces fans qui s'enthousiasment de tout jusqu'à être déçu suffisamment de fois pour atteindre leur point de rupture, le long parcours avant la sortie est pavé d'embuches. Pour recentrer le débat sur Gunnm, cela fait des années que ce projet est dans les tuyaux. Objet de convoitise pour plusieurs réalisateurs, plus ou moins pillé par James Cameron dans une série (Dark Angel) dont tout le monde disait que son interprète principale (Jessica Alba) ferait une Gally plus vraie que nature avec sa bouche pulpeuse et ses tenues très cuir, puis mis au placard pendant un temps qui ferait pâlir FFXV au profit de projets plus grand public comme Avatar.

Depuis qu'Alita est revenu sur les rails, la communication autour du film est une source inépuisable de déception. Une ligne directrice très tournée vers la romance, de l'aveu même de son réalisateur et des acteurs en interview, c'est déjà l'assurance de faire criser des dents les amateurs de Gunnm. Quelques choix de casting curieux, comme Rosa Salazar dans le rôle titre qui aurait pu (dû ?) échoir à une asiatique (ce qui pour moi ne coule pas de source, mais ça n'est pas le sujet ici). Mais ce qui cristallise la grogne c'est surtout l'aspect de l’héroïne. Pour coller au look du manga, le film choisit de modifier numériquement le visage de l'actrice, lui donnant un look plus cybernétique, et surtout de grands yeux. De trop grand yeux. Au moment de révéler le premier trailer, les réactions furent unanimes contre le résultat, ce qui aura poussé l'équipe à revoir sa copie. Pour quel rendu ?

Dans le manga, Gally est une cyborg, soit une humaine dont le corps a été modifié, remplacé morceau par morceaux par des parties mécaniques. Elle reste malgré tout humaine d'aspect et d'esprit, c'est d'ailleurs LE grand thème de l’œuvre (et du cyberpunk en général), disserter sur ce qui constitue l'humanité.

Son apparence est donc celle d'une fille d'une douzaine d'années, puis d'une jeune femme. C'est là une erreur commune avec les dessins manga, on confond souvent le style graphique avec la réalité physique des personnages. Donner à Gally (ou plutôt Alita) une apparence ou un rendu différent de celui des autres personnages (via notamment la grosseur de ses globes oculaires) est donc une erreur d'appréciation.
Je dois cependant admettre qu'une fois dans le film, on n'est plus tellement gêné par ce choix de design. Le rendu du visage d'Alita a retrouvé des proportions plus adéquates et s'il subsiste un léger malaise, il est surtout dû aux plans qui font apparaitre à la fois Alita et un acteur "en chair et en os", non retouché. Là l'Uncanny Valley ressort en comparaison parce qu'on a d'un côté un perso humain et de l'autre la version CG d'un dessin manga stylisé d'une cyborg humanoïde, ça ne va plus. Le film contourne en partie ce problème au travers des flashbacks de sa protagoniste, en en faisant une particularité physique des soldats martiens. Ça se tient, mais ce n'est pas l'idéal.

On finit par s'y faire, et je dirais même que la version "adulte" d'Alita, qu'elle adopte vers la moitié du film, ne souffre plus vraiment de ce problème et est plutôt réussie, fidèle au manga sans un côté trop factice et inhumain.

Et puis il y a son titre, Alita étant celui choisi par l'éditeur américain du manga pour lequel un mot valise comme Gunnm (de Gun - arme à feu, et mû - l'idée du "rêve" en japonais) ne devait pas être assez vendeur pour d'obscures raisons. Mettre en avant le titre inconnu hors-US alors ne peut être que le signe d'une production américano-centrée.

"Un bon film, MAIS..."

Me connaissant, je sais que j'aurai du mal à ne pas mettre en avant les défauts relevant de l'adaptation d'un de mes mangas préférés plutôt que les bons côtés du film. Évacuons d'emblée ce problème en scindant en deux cette critique, et en commençant par la partie "film à gros budget" : Alita: Battle Angel a une production value vraiment correcte, l'investissement technologique dans la Performance Capture (dont vous pouvez le fonctionnement chez e-penser) se voit à l'écran, c'est le cas de le dire. Le corps d'Alita est bien rendu et la séquence où elle reprend vie et teste son corps cybernétique fait très naturelle. Si la ville manque clairement de noirceur vis à vis de son modèle, les décors rendent plutôt bien et on retrouve des visuels bien connus comme ces éoliennes typiques de Kuzutetsu, ou plutôt Iron City.

Ce qui me permet de parler brièvement de la Version Française, que je qualifierai de "correcte". Les doubleurs ont fait le taf, sans génie mais sans grosse faute de gout non plus. Petite critique sur la voix du présentateur du Motorball, qui nous gratifie quand même d'un commentaire débridé à la Christian Jeanpierre sous acide et pête régulièrement des câbles, pour l'ambiance dramatique on repassera. Côté traduction, on a droit à des termes comme CHASSEUR-GUERRIER qui font un peu tache, j'aurais aimé que la localisation trouve des termes moins générique mais à y réfléchir le manga français utilisait Hunter-Warrior, ce qui est exactement pareil mais en anglais c'est toujours plus stylé. Bon à titre perso dire "La Décharge" me parait mieux coller à l'ambiance que Iron City qui est une traduction partielle de Kuzu(déchet)-tetsu(fer) mais oh, well.

J'aurai beaucoup de mal à bien critiquer la mise en scène générale, le cinéma n’étant pas mon objet d'étude habituel. Disons qu'elle n'use pas de procédés particulièrement couillus, c'est assez plan-plan et pas spécialement inventif. Choix de réal ou astuce de monteur pour cadrer à une diffusion tout public, on a parfois des coupes évitant de montrer un acte violent. Je tiens toutefois à prendre en défaut certains commentaires pointant du doigt l'absence de violence du film : je l'ai au contraire trouvé très gore pour ce type de métrage, ces coupes ne sont présentes que 2-3 fois en deux heures (et encore la première fois, lors du premier combat d'Alita, est un procédé de mise en scène qui se tient) et le reste du temps on vous montre des démembrements, cranes explosés et autres joyeusetés en full screen sans aucun problème. Maintenant on est d'accord, le film est très sage par rapport au manga, qui je le rappelle a fait limite scandale à l'époque.


Il est probable que pas mal de scènes bénéficient vraiment d'un visionnage en 3D

Visuellement les scènes d'action sont super fluides et lisibles malgré la vitesse des combats, bien chorégraphiées, on ressent parfaitement l'impact des coups. Pas mal d'emphase sur le bullet time pour reprendre des moments iconiques du manga, comme ce moment où Alita slalome entre les griffes rétractiles de son Némésis filmique : ça a parfaitement compris l'esprit de l’œuvre qui est que le mental de l’héroïne réagit instinctivement en mode combat, de manière très féline. J'aurais du mal à dégager un autre Money Shot précis mais mention spéciale à cette scène de flashback de 15 secondes qui m'a bien mis les poils au début du film, vu que je m'identifiais bien à Gally en repensant à des scènes du manga.

Quant au casting, à part une ou deux fautes de gout les acteurs jouent convenablement et sont bien dans leur personnage. Celui qui joue Zapan est peut-être le mauvais exemple, puisque s'il a une tête qui cale bien à l'image d'origine son maquillage fait plus skinhead que punk (notamment parce qu'il a les cheveux ras au lieu d'une tignasse blonde), et les scénaristes l'ont écrit comme un narcisse trop propre sur lui.

Ceci étant je trouve que le film souffre un peu d'un problème de rythme, dont je parlerai plus bas. Pour la faire courte et sans spoiler, les scénaristes ont voulu caser trop de moments du manga en un seul film de deux heures, tout en rajoutant des thèmes pas forcément inspirés. De fait, on s'attarde plus sur des relations très banales (fille/père de substitution, mari/ex-femme, sentiments naissants) que sur ce qui faisait la singularité de Gunnm, à savoir l'ambiance et la psyché fucked-up des personnages qui ici devient presque unidimensionnelle. C'est plus consensuel et surtout de nombreuses scènes ont été remaniées, leur ordre changé, de façon à tout faire tenir. Sauf que n'ayant qu'égratigné la surface de la richesse de cet univers, le réalisateur termine sur un final convenu qui appelle fortement à une suite. Suite qui, si elle se fait (le film peine un peu à convaincre le marché nord-américain), me poussera sans nul doute une nouvelle fois dans les salles obscures.

Pour conclure cette critique rapide, je dirais que Alita: Battle Angel est loin du ratage que j'anticipais voilà plusieurs mois. C'est un divertissement grand spectacle qui se tient, à éviter toutefois aux cœurs sensibles, et mérite largement votre temps et votre argent. Ce que j'en dirai plus bas est le point de vue d'un grand amateur du manga d'origine, je le répète, et je me dis que si ce film n'est pas parfait dans le traitement de l’œuvre il peut au moins constituer une bonne porte d'entrée vers l'univers de Gunnm.


Attention : je comptais au départ mettre des balises Spoiler aux endroits opportuns, avant de m’apercevoir qu'il en faudrait littéralement partout. Par conséquent si vous n'avez pas lu Gunnm, pas vu Alita, et tenez à découvrir par vous mêmes les tenants et aboutissants de cette série, éviter de continuer votre lecture. La rédaction décline toute responsabilité en cas de...

Une romance d'aujourd'hui

A Rome, fais comme les romains. Et ça se vérifie immanquablement devant le film, perclus de tics de cinéma à grand spectacle, de grammaire habituelle et peu inspirée des films US qui aura transformé un mythe comme Dragon ball en l'étron nanardesque que personne ne peut ignorer. Sans tomber aussi bas - dieu merci ! -, le script d'Alita: Battle Angel marche parfois sur le fil de l'épée. La relation entre Alita et Hugo est extrêmement mise en avant, l’héroïne ayant sur la première moitié du film des mimiques de fillette débarquée de sa cambrousse qui se retrouve éblouie par l'arrivée motorisée du quarterback plus âgé au sourire étincelant.

Dans le manga original, la relation de Gally et Yugo est une étape importante de son développement. Elle est alors comme une petite fille - le film est plutôt fidèle sur cet aspect - mais beaucoup moins énamourée par un Yugo lui aussi assez jeune, disons 13-14 ans max.

Yugo est un marginal qui vit de menus larcins, de récupération et vente de parties de robots aux cybernéticiens, et de crimes. On le verra arracher la colonne vertébrale d'un cyborg (qui va bien, merci) juste pour gagner quelques crédits. Il est présenté comme amoral, pas foncièrement mauvais mais tout de même un délinquant qui fera tout pour atteindre son but. Cette fréquentation est pour Gally un guide vers les concepts de la ville flottante, les relations troubles de la Décharge avec les Usines (représentées par Vector), sa prise d'émancipation progressive.

C'est la fin abrupte de leur relation qui signera son passage à l'age adulte et la fin de ses illusions et donc son arrivée dans le cercle du Motorball qui sera pour elle un moyen de se trouver comme humaine et comme guerrière.


Un gamin des rues on vous dit

A l'inverse, le Hugo du film est casté comme un jeune homme de 16-18 ans, donc plus âge et "mature" que l'état mental actuel d'Alita. Typique des séries et films américains, quoi. Il garde pas mal de ses attributs de "garçon des rues" mais a aussi toute une bande de copains, il est donc moins marginalisé.

On y perd énormément en profondeur de la psyché des personnages. Nulle mention du background d'Hugo (pourtant important : il est à l'origine orphelin et a perdu son frère, dont il a conservé le bras pour se le faire greffer), indiqué ici comme un simple esprit libre qui rêve de démarrer une nouvelle vie dans la ville flottante qu'il idéalise.

Gally était nommée à partir du chat d'Ido récemment décédé ? Ici c'est sa fille dont il se reproche la mort, pour plus d'emphase sur sa volonté de père et encore plus de scènes larmoyantes avec son ex-femme. La temporalité du film pose également question, mettant Hugo en prémices de l'histoire alors qu'il n'arrivait à l'origine que dans un second temps, après le scénario "hunter-warrior".



En comparant les deux sources, on se rend compte qu'au delà des divergences de traitement le film reprend bien à son compte les thèmes principaux de Gunnm. Le manga s'articulait en 3 grands arcs : d'abord la naissance et l'évolution rapide de Gally jusqu'à sa sortie de l'enfance. Ensuite, une période de deuil qui lui permettra de prendre conscience de ses capacités de guerrière, avec l'arrivée de la Lame de Damas qui sera son symbole. Enfin, un long arc "adulte" où elle attend son heure pour se confronter à Zalem.

En 2 heures, Alita tente de condenser un arc et demi, soit au bas mot trois tankôbons et demi, tout en y rajoutant des personnages et scènes il faut le dire un peu superflus, et en remaniant d'autres. Fatalement, si le film se tient il fait un peu pale figure devant le matériau de base et souffre de soucis de rythme, certains thèmes étant sous-exploités quand d'autres leur volent la vedette.

Symptomatique du revirement vers une histoire tournant autour de la romance naissante, on a la séquence où Alita offre à Hugo son cœur - littéralement - en lui disant qu'au pire il vaut un paquet de blé. J'ai entendu des ricanements dans la salle et en effet c'est entre le comique de situation et le fleur bleu "je ferai tout pour toi BB". Dans l'original, cette séquence était bien différente : Gally offrait son cœur à Jashugan, son ennemi, pour lui prouver sa détermination. Elle le mettait (encore une fois littéralement) sur la table comme gage de leur futur combat. Ce qui dénote tout de même de la différence d'axe de narration, l'amour d'un côté, le combat jusqu’au-boutiste qui vise à se surpasser de l'autre.

Un méchant, deux ambiances


Et pour cause, le script du film se base non sur le manga mais en majeure partie sur l'OAV Battle Angel de 1993. Esthétiquement très proche de l'original, il instaurait tout de même pas mal de changements scénaristiques pour tout faire tenir en format court : la réorganisation des arcs, l'introduction de Chiren (l'ex-femme d'Ido), le renaming de certains termes comme Zalem (heureusement absents du film) et la transformation de certains personnages en d'autres archétypes moins intéressants, en particulier le principal antagoniste du premier arc et donc du film.

Le principal adversaire d'Alita est Grewishka, une sorte de gros boeuf entièrement cybernétisé aux ordre de Nova, éminence grise derrière pas mal d'évènements néfastes. Le personnage est unidimensionnel, il n'est mû que par son désir de vengeance à l'encontre d'Alita qui l'a humilié lors de leur premier combat. En se faisant greffer des membres plus puissants, il a l'impression d'évoluer mais se fait tuer comme une merde sans qu'on en apprenne plus sur lui. Un méchant de film d'action Hollywoodien banal en somme.


Ce qui est idiot car le film contient des reliques inexploitées du personnage sur lequel il se base : Makaku.

Makaku est présenté initialement de la même manière que Grewishka, à ceci près que son enveloppe est celui d'un lombric capable de prendre possession des corps : c'est comme cela qu'il gagne ses "griffes", sur un champion du Colisée local (contrairement au film qui balance tout en même temps, la temporalité du manga n'a alors pas introduit le Motorball ni Yugo).


Bien moins lisse que son homologue diégétique, Makaku est un cinglé qui bouffe les cerveaux des guerriers puissants. Élevé dans les égouts en marge de la société, laissé pour mort avant d'être sauvé par Nova qui voit en lui un cobaye parfait pour ses expériences sur l'auto-détermination de l'individu, il n'aura de cesse de se venger de n'avoir pas eu sa chance. Sa première défaite contre Gally lui donne un vrai but, un être à chérir aussi (à sa façon du moins), et sa fin pleine de symbolique montre un vrai non-manichéisme : c'est la société inégalitaire qui a fait d'un enfant innocent un monstre.

Ce personnage est l'exemple typique de l'expurgation du film de tous thèmes trop sombres pour le grand public, et pourtant totalement cyberpunks dans l'esprit. Un méchant se doit de ne pas posséder une once de valeur histoire d'éviter l'empathie. On gomme le body-horror, les sentiments paradoxaux. Mais le vrai étonnement vient de ce que le film contient bien certains traits physiques et moraux du personnage manga : lors de sa reconstruction, on remarque que la tête de Grewishka est bien posée à la base d'un - petit - corps de ver de terre. Lors du combat dans les égouts (qui démarre d'une scène suivant fidèlement la bataille du bar Kansas), il s'enfuit dans les profondeurs en hurlant que ces lieux son son royaume... Deux choses jamais expliquées ni exploitées dans le film. Alors rémanences oubliées d'une version du script qui étoffait le personnage, ou simple fan-service ? Difficile à dire.

Le Motorball, symbole d'un objet filmique gavé

Question fan-service, on trouve également une jeune fille du groupe de Hugo nommée "Koyomi", qui n'a qu'un rôle mineur et dont le personnage semble plus proche de Shumira, absente du film. Shumira, c'etait un peu l'introduction du Motorball, sport à sensations et à grand spectacle pratiqué avec des "rollers" sur un anneau de vitesse truffé de piège, et où tous les coups sont permis. Un sport absent de l'OAV, mais très présent dans les différents trailers du film. Et pour cause, c'est une vitrine technologique assez évidente. En revanche, ajouter à nouveau un ingrédient dans ce plat bondé semblait un peu casse-gueule. Cet arc utilise de nombreux personnages, est fort en symbolique et évolution de Gally. Comment les créateurs du film s'est-elle donc débrouillé ?

En fait, en évitant d'y aller à fond. L'introduction du Motorball se fait progressivement, d'abord avec les "enfants des rues" d'Hugo, ce qui permet à Alita de prendre conscience de ses capacités enfouies. Plus tard Hugo l’emmène à un match, ce qui permet d'introduire de potentiels adversaires puissants et surtout Jashugan, le champion charismatique... qui apparait environ 3 secondes à l'écran sous les traits d'un bogoss lisse, et qu'on ne reverra plus du tout par la suite. Enfin, les grands débuts d'Alita et de son nouveau corps dans l'arène, où elle prend son numéro 99 et va enfin pouvoir exploiter son panzer Kunst.

En vérité cette séquence est impressionnante, jouissive même. Exception faite du speaker drogué dont je parlais dans la première partie, qui dédramatise pas mal les débats, on serre les fesses pour Alita. Typiquement le genre de séquence qui doit bien rendre en 3D, dans un cinéma normal ça fait un peu factice (genre "cinématique JV") sur les plans larges, mais ça passe mieux en plan serré avec une bonne sensation de vitesse. Non, le problème c'est que si vous avez visionné le teaser ci-dessus, ben... vous avez tout vu. Ça doit durer 3 minutes montre en main, après quoi Alita se barre en plein milieu pour aller aider son copain.

Au final le sport semble sous-exploité à l'écran. Important pour l'action et le développement d'Alita, le scénario coupe court à l'action comme un coït prématurément terminé. Dans le manga ce premier essai n'allait pas jusqu'au bout non plus, Gally n'ayant pas encore retrouvé toutes ses sensations de guerrière ; elle y revient vite et ça doit durer de mémoire bien un tome et demi, parmi les meilleurs de la série.


Agrougrou, j'ai qu'une expression faciale monolithique de tout le film

Maintenant, est-ce un problème ? C'est frustrant mais c'est justement le moment du film où le connaisseur se dit "non mais y'a aucune chance qu'il ait le temps de boucler le film s'il continue sur le Motorball". Perso j'ai regardé ma montre, il restait max 20 minutes sur les 2h. Difficile d'en mettre plus, et on sentait bien que le réalisateur frustré compte sur un deuxième film pour développer cet arc et son personnage : c'est même évident, vu la fin du film, convenue mais galvanisante et qui désigne Nova, qu'on a quasiment pas vu, en grand méchant de la franchise.

Et très franchement je le redis, un second film ne me gênerait pas. On sent que c'est une volonté de l'équipe d'en faire un gros projet en duologie voire plus, la franchise se développe avec un roman chez Pika... J'ai beau critiquer les démarches d'adaptation pas toujours à la hauteur de mon œuvre culte (mais je vois pas comment ils pourraient s'y hisser vu les contraintes), ce serait dommage qu'au vu de la petite forme du film aux US tout le monde soit privé d'une Alita qui prendrait son véritable envol.



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