[Manga] Cat Street (Kamio Yoko) + Cherish (Wataru Yoshizumi)
Par Shadow, le 21/09/2010 à 19h40 (1995 vues)
KAMIO Yoko est bien connue du monde du shôjo manga pour sa (relativement) longue série Hana Yori Dango. Pour ma part, je n'ai pas eu l'occasion de découvrir cette oeuvre (adaptée en film et série TV), mais l'auteur semblant être très appréciée dans le milieu, j'ai décidé, en découvrant sa dernière série, de m'y essayer. Cat Street est terminée en 8 volumes au Japon, ce qui est un bon argument pour celles et ceux qui n'aiment pas qu'une série s'éternise...
Keito est ce qu'on appelle une baby star, elle a débuté une carrière d'actrice dès son plus jeune âge, ce qui fait qu'elle s'est toujours sentie à part. Trop, justement. Isolée par les autres et à commencer par sa mère, qui lui dit qu'elle est "spéciale", Keito n'arrive pas à se faire d'amis ; et pour cause, elle ne peut même pas avoir une scolarité régulière. Elle est souvent amenée à quitter les cours pour aller "travailler", et cela ne l'enchante pas vraiment. Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Nako, une jeune débutante pas très douée en tant qu'actrice. Celle-ci est fan de la petite Keito, et lui demande en conséquence de lui apprendre tout ce qu'elle sait. Très vite les jeunes filles se lient d'amitié, et Keito retrouve du plaisir à faire son travail. Malheureusement, le jour d'une représentation importante, Nako va trahir son amie...
Comme le dit Keito, sa vie s'est arrêtée ce jour-là. En effet, la jeune fille est depuis devenue une hikikomori, terme désignant au Japon les personnes restant enfermées dans un lieu jugé sécurisant (leur chambre ou un appartement, par exemple), limitant tout contact avec l'extérieur au strict minimum. Les proches ne sont pas épargnés, et il existe un malaise certain à parler de ce phénomène... Cat Street a donc choisi de briser ce tabou et ceci, sans faire de concession. Certes on est dans un shôjo, mais la vie qu'a menée Keito jusqu'à présent s'en ressent grandement sur sa personnalité ; elle s'est enfermée pendant 7 ans de sa vie, et pour cette raison, elle fait vraiment penser à une petite... écolière. L'héroïne a en effet arrêté d'aller à l'école après ses 9 ans, et sa carrière a tourné court.
C'est par un jeu du destin qu'elle fait un jour la connaissance d'un homme un peu bizarre, a priori peu recommandable, et pourtant : celui-ci l'invite à la suivre pour lui montrer quelque chose. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne s'agit pas d'un motel, mais bien d'une école... active. Active pourquoi, me direz-vous ? Eh bien cet établissement, El Liston, est un petit peu particulier. Il agit comme une sorte de passerelle pour les élèves qui, pour une raison ou une autre, ne s'insèrent pas dans la société comme les autres. El Liston doit leur permettre de s'épanouir dans la vie, ceci en vue d'une réinsertion dans la société.
À partir de là, notre héroïne va rencontrer toutes sortes de personnages plus ou moins farfelus, extravertis, renfermés, etc. Elle se liera avec 3 jeunes qui fréquentent cette école : Koîchi le surdoué geek, Rei le garçon mystérieux, et Momiji, qui a pour art de vivre de ne faire que ce qui lui plaît. Keito retrouvera également un ancien camarade de classe, qui a semble-t-il une affection particulière pour elle...
Cat Street alterne entre le rire et des scènes d'une certaine gravité, tout cela permettant de mettre en place une profonde amitié entre les 4 personnages principaux. L'aspect graphique comporte juste ce qu'il faut de SD pour que les situations restent crédible, tout en nous décrochant des petits sourires de temps en temps. Malgré ce qu'on pourrait penser, Cat Street ne semble pas s'engager franchement sur le côté 'récit amoureux', caractéristique du genre. En tout cas il n'en est fait aucune mention dans le premier tome, et le deuxième l'aborde de façon très rapide. Aucune niaiserie n'est donc à déplorer sur les débuts de cette série, qui annonce 2 facettes. Si l'on retrouve quelques situations assez graves, le manga semble surtout être porteur d'un message d'espoir, un peu à la façon de X-Day (ce one shot traitant d'un sujet tout aussi problématique que celui des hikikomori, le suicide des jeunes japonais). Le deuxième volume se termine avec une petite chute, annonçant une suite des évènements peu radieuse a priori... L'intrigue s'annonce donc assez riche et prenante.
Du côté de l'édition, on note une explication très précise sur le phénomène des hikikomori au Japon en fin de premier volume. Kana a également pris l'initiative de sortir simultanément les deux premiers tomes, ce qui permet de se faire une bonne idée de ce qui nous attend. Très bon départ donc pour cette série shôjo, en attendant de voir ce que nous réserve la suite.
Passons à présent à YOSHIZUMI Wataru, avec
Cherish, un recueil constitué de deux histoires indépendantes.
Ce recueil a été ajouté dans la collection Shôjo de Glénat, il est toutefois bon de préciser que les personnages sont soit à l'université, soit entrés dans la vie active, donc rien à voir avec des titres "classiques" du genre. Néanmoins, on retrouve l'héroïne de Cherish à différentes époques de sa vie, allant de sa petite enfance à l'université.
Ce qui est un peu dommage avec ce manga, c'est qu'il est extrêmement court (enfin, il fait quand même 190 pages), et par conséquent il possède un rythme assez soutenu par rapport à la moyenne des shôjos. Les protagonistes et leur background ne sont pourtant pas bâclés ; comprenez juste que l'auteur ne s'attarde jamais trop sur une scène, comme pour laisser un peu d'intimité à certains de ses personnages... Pour autant, on peut regretter que ces deux histoires n'aient pas donné lieu à des séries, qui auraient davantage élaboré chacune des intrigues. La deuxième histoire est dans la veine de la première, l'humour est bien présent, et côtoie des passages plus sérieux, rendant les deux oeuvres assez réalistes, malgré l'amère impression de survoler un peu trop les évènements. Achat recommandé à tous les amateurs de ce genre d'histoire : la lecture est très agréable, et pour ce prix-là il serait dommage de se priver.