[Couples Du RPG] Yuri et Alice (Shadow Hearts)
Par Shadow, le 09/10/2010 à 17h55 (3104 vues)
Petit retour sur ce jeu de Sacnoth/Aruze sorti aux débuts de la PS2, et ayant bien failli voler la vedette à Final Fantasy X, à l'époque de sa sortie... Que dites-vous, vous n'aviez jamais entendu parler d'un Shadow Hearts... ?
Cette histoire ne fait pas dans la dentelle lors de son introduction, puisqu'en l'espace de quelques minutes, nous assistons au sauvage assassinat de plusieurs officiers de l'armée japonaise ! Il faut dire que ces derniers avaient mis la main sur une personne très convoitée ; une certaine Soeur prénommée Alice, et qui serait la clé pour entraîner la destruction de toute l'Asie... Mais ce n'est pas la tentative du gentleman Roger Bacon de s'accaparer cette jeune fille qui fait peur à notre Rude Héros (copyright VF du jeu), un garçon pas tout à fait... comme les autres. Ayant en outre la capacité de régénérer des membres qui lui ont été arrachés (!), ce jeune homme possède la capacité de fusionner avec des créatures maléfiques. Pourtant, il semble lui-même agir sous une certaine contrainte, qui se manifeste sous la forme de voix dans sa tête. Je vous arrête tout de suite ! Le dénommé Yuri n'est pas fou, il reconnaît lui-même être quelque peu dérangé dans sa tête. Il laisse même libre cours à ses pulsions, lorsqu'il fait la rencontre d'une belle ecclésiastique... Il est conscient de son état, et l'a accepté depuis des années. Il ne peut donc être fou.
Et il vaut mieux avoir toute sa tête, lorsqu'on arrive après quelques heures de marche dans un village d'apparence tout à fait banale, mais étant en fait peuplé... de cannibales ! Yuri et Alice devront trouver un moyen de s'échapper, et pourront pour cela compter sur l'aide d'un prête taoïste de grande renommée, Zhuzen. Par la suite ils retrouveront la civilisation le temps de quelques instants, avant d'être poursuivis par une armée japonaise prête à en découdre. Et l'on tient ainsi une histoire somme toute classique, quoique déjantée dans sa présentation, qui nous occupera une vingtaine d'heures.
L'originalité du jeu est qu'il se situe dans un contexte d'avant-guerre, dans une année 1913 fictive. De plus ce jeu, étant une suite spirituelle à Koudelka (un Survival RPG sorti sur PS1), il ne propose la plupart du temps que des environnements assez sombres. Même dans les villages, la nuit est quasi-perpétuelle, et il ne faut pas se laisser avoir par une ost particulièrement schizophrène : le danger peut frapper à tout moment. Dès lors, on s'aperçoit bien vite de ce qui rend le jeu unique. À commencer par son héros qui, si vous ne l'aviez pas compris, est l'un des plus cyniques qu'il ait été donné de voir dans le genre. Néanmoins, cette apparente toute puissance est expliquée au joueur, dès le début de l'aventure. Et cette absence de temps mort est ce qu'il y a de plus plaisant dans l'intrigue. On s'attache aux personnages, de prime abord de parfaits archétypes des héros de RPG, mais possédant tous un petit je-ne-sais-quoi qui les rend surprenants, étranges, voire carrément effrayants.
L'amour est également un des thèmes abordé dans ce RPG, comme dans beaucoup d'autres a-t-on envie de dire, mais c'est ici le traitement qui est digne de louanges. On constate très vite qu'il n'existe pas un Yuri infaillible et une frêle Alice toujours en détresse, ce besoin que l'un a de l'autre fonctionne dans les deux sens. C'est peut-être ce qui rend ce couple si attachant aux yeux de beaucoup de fans, tant on a rarement vu une relation d'une telle force dans un RPG. Le jeu implique d'ailleurs le joueur de la plus belle des manière, en lui "proposant" de choisir son destin (i.e. bonne ou mauvaise fin), ce qui ne fait que renforcer l'émotion de certaines scènes. Sachez par ailleurs qu'avec l'une de ces fins, l'intrigue se poursuit dans Shadow Hearts II, et il sera ainsi possible de savoir ce qu'il est advenu de nos héros, suite à l'éclatement de la Grande Guerre.
Je ne souhaite pas ici m'attarder sur le gameplay de Shadow Hearts, au demeurant assez innovant dans la forme grâce à son Anneau du Jugement. On notera toutefois que la schizophrénie du jeu se ressent jusque dans ses combats : bien loin de proposer un bestiaire classique, le soft dispose de monstres aux inspirations lovecraftiennes ; et pour cette raison, chaque personnage en mène plus ou moins large face à ces êtres difformes, avant de "craquer" psychologiquement... Une idée de gameplay géniale.
En définitive, je préférais plutôt revenir, au travers de ce billet, sur un couple qui a marqué l'histoire du RPG à jamais. J'espère que cela vous aura donné envie, vous aussi, de découvrir Yuri, Alice et leurs compagnons. Je vous propose de nous quitter sur le thème de l'ending, 100% spoiler free, il y a juste la très belle chanson. Enjoy !