[Manga] Limited Lovers (Vol. 1), de Keiko Yamada
Par Shadow, le 10/11/2010 à 13h45 (1913 vues)
Édité en France par 12bis (quel drôle de nom quand même) sous une couverture rose bonbon, Limited Lovers cache une histoire pas facile à traiter sur le handicap. On assiste aux déboires de Karin, lycéenne et fille de riche, qui vient d'avoir un accident la rendant paraplégique. Ayant mené jusque là une vie sans encombre, où rien ne lui était refusé, la jeune femme est plutôt en colère : c'est que son médecin, Okita Teppei voudrait la forcer à faire de la rééducation ! Karin se dit que c'est bien inutile, quelques jours de repos et ses jambes seront comme neuves...
Exprimé de façon subtile en raison du caractère difficile de l'héroïne, le déni d'une personne devenue handicapée reste assez frappant à la lecture. Ce n'est qu'après un caprice de plus l'ayant conduite à s'enfuir de l'hôpital que Karin va réaliser sa condition, lorsqu'elle se retrouvera seule et incapable de bouger. Nous sommes dans un shôjo, donc comme on peut s'en douter, Okita attend des heures que la furie se calme, puis il prend soin d'elle avant de la ramener à l'hôpital. Hop, un shôjo de plus qu'on aura vite lu, vite oublié !
Eh bien, pas vraiment. Alors bien sûr, l'héroïne a un caractère vraiment détestable au début (et on remercie l'auteur de nous l'introduire dans le milieu hospitalier, on ne pourrait pas s'attacher à la Karin "parfaite"), et elle va être amenée à changer. Comment ? Mais aux côtés d'Okita bien sûr ! Tout du moins est-ce possible au tout début du tome, lorsque la perfide Karin trouve un moyen pour faire du médecin son "esclave". Seulement, il se trouve que le jeune homme ne supporte pas ça longtemps, et remballe ses cliques et ses claques après un n-ième caprice de notre héroïne.
Deux choses font de Limited Lovers un manga à part. D'une part le rythme de l'intrigue, très bon, avec des rebondissements complètement inattendus. On découvre qu'Okita est vraiment bien loin de ce que l'on pouvait s'imaginer en ouvrant le livre, et ce serait vraiment dommage d'user d'adjectifs pour vous le décrire. De l'autre côté on suit essentiellement l'histoire de Karin, qui essaye de refaire sa vie au lycée. Difficile d'être devenue la fille dérangeante, à laquelle peu de personnes osent encore parler ou confier une tâche. Cependant, Karin demeure entourée de deux amis vraiment sympathiques (dont un bishônen qui apporte du piquant au manga par son côté extraverti !), et elle apprendra de ses erreurs, lui permettant d'évoluer de façon intéressante.
Le deuxième point marquant de l'oeuvre, c'est le dessin. On distingue clairement deux mondes différents : l'univers scolaire, avec la classe de Karin, et le milieu hospitalier dans lequel vit Okita. Comment fait-on pour distinguer cela rien qu'au dessin me demanderez-vous ?
C'est là que l'auteur fait fort, puisqu'en plus de proposer un graphisme purement shôjo (les yeux énormes des filles, les têtes rondes...), on retrouve des individus plus longilignes, les courbures du visages se modifiant également, les formes des yeux... En bref, un style joseï très proche de ce que fait Mari OKAZAKI ! C'est la première fois que je retrouve ce mélange des genres dans une même oeuvre, et ça ne fait qu'accroître la force du récit. Le personnage d'Okita, ni idéalisé ni mauvais, confirme qui plus est le sérieux du récit (indispensable vu le sujet traité). En définitive on se demande bien comment tout cela va évoluer, et on attend donc le troisième (et dernier) tome de la série, prévu fin novembre !
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