[Manga] Evil Heart, de Tomo Taketomi
Par Shadow, le 25/11/2010 à 23h10 (2325 vues)
Dernière lecture seinen : Evil Heart, terminé en 3 tomes. L'auteur est revenu, quelques mois plus tard, sur sa série avec Le Livre du Ki (Tome 4 en France). Et il semblerait que deux autres tomes soient sortis au Japon... Quelle ironie que la série soit en arrêt de commercialisation chez nous, la chance de voir débarquer "l'ultime conclusion" paraît bien mince... Nous verrons bien.
Umeo Masaki, collégien de première année, a une réputation peu reluisante : il ne cesse de chercher le conflit, et ne parle à personne dans sa classe. Sa soeur, Machiko, est en conséquence souvent obligée de s'excuser des gaffes de son frère : en effet, Umeo n'a que sa soeur sur qui compter. Suite à un drame familial dont on ignore de prime abord les tenants et les aboutissants, Umeo et Machiko vivent seuls. Umeo causant beaucoup de soucis à sa soeur, Machiko ne peut avancer, et la situation semble plus ou moins insoluble. Jusqu'au jour où Umeo voit des élèves pratiquer l'aïkido, un art martial japonais. Dès lors, il se dit que cela peut être un moyen de "s'améliorer en bagarre", selon ses propres mots, et avec l'aide d'un certain Daniel qui deviendra son professeur, il forme un club d'aïkido dans son collège.
Ce qui frappe dès les premières pages, c'est le dessin : la violence y est abordée sans détour ni subterfuge. On ne nous épargne à vrai dire pas grand chose, et j'ai trouvé cela dans un premier temps assez rebutant. Le passé de notre héros étant inconnu, j'avais beaucoup de mal à trouver un intérêt dans ses actions, et j'ai failli m'arrêter à la lecture du premier volume. Cependant, on comprend bien vite que le graphisme est une des forces du récit, notamment pour renforcer le réalisme. D'autre part, les motivations des protagonistes principaux nous sont révélées en temps et en heure, et les quelques explications concernant l'aïkido rendent la lecture des plus prenante. Dès lors, on s'attache aux personnages ; les larmes ne coulent jamais par abondance sans raison. Le lecteur peut d'ailleurs se sentir impliqué dans les évènements, tant ceux-ci amènent une réflexion de sa part. Quels qu'ils soient, les actes trouvent leur justification dans le vécu des personnages.
En outre, si le héros s'est engagé à "apprendre" l'aïkido pour de mauvaises raisons, il va rapidement apprendre de ses erreurs. Ces actes commis le renseignent sur la personne qu'il pourrait devenir s'il continue, et cela le pousse à réfléchir sur ce qu'est l'aïkido, et sur lui-même. C'est vraiment intéressant de découvrir les bases de l'aïkido, et on comprend à la lecture de Evil Heart dont il tire son qualificatif "d'art". Dommage que Kana n'ait pas consacré quelques pages supplémentaires à la fin du premier volume sur cette spécificité de l'oeuvre.
Si vous êtes conquis dès le premier volume, attendez-vous à de grandes choses, tant les opus suivants transcendent l'original. On retiendra particulièrement le troisième tome, qui conclut la série principale, en faisant le pari osé d'introduire un personnage inédit, le temps de quelque 300 pages. Pari osé mais réussi : la petite Tsuru Wakamatsu apporte une vision différente du héros, en partageant avec le lecteur ses réflexions sur Umeo. On pourra ainsi retrouver, éventuellement, l'impression qu'Umeo nous avait faite au tout début. Mais surtout, Tsuru apporte un point de vue inédit sur l'aïkido : elle n'a pas le même rapport avec cet art, et ceci est vraiment très bien amené par l'auteur. Les péripéties du volume donnent un ton juste à l'évolution d'Umeo et Tsuru, et on regrette vraiment que ça se termine si vite !
Manga social traitant de la violence, Evil Heart est très crû de prime abord, et en fin de compte cela est assez logique. Cependant, il est appréciable de constater que tout se justifie, tout a un sens, et finalement même lorsque nos héros ne choisissent pas le bon chemin, au moins ils ont fait un choix et peuvent ainsi en tirer des conclusions. À lire de toute urgence.
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