[Bilan] Top 10 manga/anime pour l'année 2010 (2/2)
Par Shadow, le 26/12/2010 à 18h44 (3706 vues)
Suite et fin de ce bilan 2010 sur les manga/anime.
Pour l'occasion, je vous laisse en compagnie de Kaname Chidori, pendant que je prépare la prochaine review RPG...
3) Full Metal Panic ! (Intégrale – 2 saisons+Fumoffu)
Vous aimez les comédies scolaires mais ne supportez pas les méchas ? FMP est fait pour vous. L'intrigue est en effet assez caricaturale dès le départ : une lycéenne possède un pouvoir peu commun, et afin d'éviter qu'il ne tombe entre de mauvaises mains, une organisation secrète envoie des agents pour surveiller la jeune fille, Chidori. Le principal garde du corps, Sosûke, a pour mission de s'infiltrer... en tant que camarade de classe de la lycéenne ! Le comique est principalement assuré par le fait que Sosûke est un orphelin ayant grandi dans l'organisation militaire, et il ne connaît donc rien du monde "normal" dans lequel vit Chidori. Il prend ainsi son job très au sérieux, et n'hésite pas à faire exploser un casier pour protéger la jeune fille ! Quand on lui parle, il sorte généralement une réponse toute faite ou en tout cas à côté de la plaque. Le comique de situation est poussé à son paroxysme dans la spin-off Fumoffu, véritable ode à la comédie scolaire. De la démesure dans les comportements, une légère touche d'ecchi, FMP n'a aucun mal à se trouver un certain public (si un certain membre "M" lit ce billet... ^^). Pour autant, et surtout avec la deuxième saison The Second Raid, l'anime possède une forte dimension "shônen de combat", avec ses méchas qui pleuvent de partout.
Très franchement je n'ai pas aimé cette face-là de l'oeuvre dans la première saison, où les parties comiques me paraissent plus réussies. Les combats sont, en comparaison, longuets et parfois un peu brouillon. La fin est également bien trop rapide. Lorsqu'on regarde la seconde saison, en revanche, un changement s'est opéré. On a eu le temps de s'attacher à nos héros, on les retrouve un peu comme si c'était de vieux amis. De nouveaux adversaires se dressent sur leur chemin, ils sont à la hauteur de leur prédécesseur (notamment celui qui est complètement fou, rendant les joutes assez prenantes). Toute la saison TSR est prétexte à revoir des têtes connues, en découvrir de nouvelles. On ne regarde pas vers le passé, mais vers l'avenir. Ceci est particulièrement vraie pour la relation entre Sosûke et Chidori. Si celle-ci avait donné de faux espoirs d'évolution dans l'un des derniers épisodes de Fumoffu, elle s'affirme véritablement dans TSR. Beaucoup d'émotion en cette fin de saison, pour un final qui ne répond malheureusement pas à toutes les questions. Le manga (Full Metal Panic Sigma) étant en cours de parution, la série a visiblement eu suffisamment de succès pour mériter une conclusion digne de ce nom. Inutile de dire qu'on l'attend au tournant.
2) Utena, la fillette révolutionnaire
Si je ne devais retenir qu'un seul anime en 2010, ce serait Utena. Cette oeuvre est une espèce de grand n'importe quoi, l'univers est complètement bizarre et déjanté (cf les chansons scandées lors des duels). La richesse de l'intrigue incite sans problème à revoir l'anime, tant on peut être passé à côté de quelque chose la première fois. Pour les réfractaires, il est également bon de noter que les codes du shôjo sont complètement détournés avec Utena, hormis quelques épisodes sur la fin. C'est un anime plutôt parodique, avec quelques épisodes complètements tournés sur la dérision, tandis que d'autres font avancer l'histoire, petit à petit. Quoiqu'il en soit une fois la première moitié de la série passée, on ne peut plus s'arrêter de visionner avant l'ultime épisode ! Alors je n'aurai qu'une chose à dire pour conclure, c'est qu'il faut essayer de passer outre le graphisme assez médiocre : on s'y fait avec le temps, et cet anime est vraiment unique... Essayez-le !
1) Le Sablier
Je souhaitais revenir plus en détail sur ce shôjo manga qui m'aura marqué en cette année 2010. Le Sablier est l'histoire d'une jeune femme, An Uekusa. On la trouve avec sa petite soeur au début du manga, en plein déménagement. En tombant sur un petit sablier, An se remémore son enfance, quand elle est allée avec sa mère dans la ville de Nima. Elles y ont vu le plus grand sablier du monde, un sablier qui mettrait, selon les rumeurs, une année à s'écouler entièrement.
Suite au divorce de ses parents, An se retrouve obligée de vivre avec sa mère dans la campagne qui a vu naître celle-ci. Le changement est radical pour une fillette qui a toujours vécu dans Tokyo ; tout le monde est bien trop familier dans son nouveau foyer, et la jeune fille n'a plus aucune intimité.
Alors qu'elle sort se promener pour échapper tant bien que mal à tout ça, An fait la connaissance d'un jeune chasseur, Daigo. Elle s'oppose aux activités du jeune homme, attendrie par la proie de celui-ci, et elle désespère de le raisonner... Les deux enfants étant du même âge, ils finissent néanmoins par se comprendre après quelques chamailleries, et ainsi se noue une première amitié pour la citadine.
C'est bien connu, les opposés s'attirent, aussi cette amitié se transforme progressivement en amour. Mais ce sentiment est amené de façon à la fois douce, sincère et réaliste. Alors qu'An vient juste de s'habituer à sa nouvelle vie, sa mère se suicide, laissant sa fille seule avec ses grand-parents. Ne comprenant pas le geste de sa mère, An va beaucoup en souffrir, en se croyant responsable de ce qui est arrivé. Quand Daigo lui promet de la protéger, An fait le voeu de toujours rester auprès de lui...
L'oeuvre de Hinako Ashihara possède un ton assez mélancolique : le temps qui s'écoule dans le sablier nous échappe parfois, et l'on ne peut plus revenir en arrière. Néanmoins ce n'est pas une oeuvre fataliste, car il n'y a des regrets que si on a été passif devant les évènements. Et les différents personnages du Sablier ne manquent assurément pas de caractère ! Ainsi, malgré leurs erreurs passées ou celles de leurs aînés, ils s'efforcent toujours d'aller de l'avant. Cela peut mener à une impasse, et alors il faut peut-être se remettre en cause, pour essayer de changer et de continuer à vivre.
Mais Le Sablier ne se contente pas de quelques mots pour montrer l'écoulement du temps, il le présente de façon concrète ! Ainsi, chaque chapitre peut marquer le début d'une nouvelle saison, quitte à ce que l'ellipse narrative soit de plusieurs mois. Cela apporte une touche supplémentaire de réalisme à l'histoire, car outre le plaisir de voir le décor changer en fonction de la saison (très régulièrement), les personnages grandissent petit à petit. Les années collège/lycée représentent donc seulement une petite partie de l'ouvrage, qui va plus loin. Après avoir abordé la sexualité sans tabous, l'auteur nous présente ses personnages alors qu'ils s'épanouissent professionnellement parlant. Là encore ceci vient du fait qu'en dépit des épreuves traversées, chaque protagoniste a ses propres rêves, une ambition particulière, qui lui permettent de devenir un adulte. Dans tous les cas, l'auteur a su préparer ses transitions, de sorte que l'on n'est, heureusement, jamais perdu après un "saut temporel".
En abordant beaucoup de sujets, l'auteur offre un maximum de crédibilité à ses personnages. L'amitié est certes importante, mais la famille tient une place tout aussi grande, voire prédominante. An ayant perdu ses repères à la mort de sa mère, elle cherchera à tout prix à se rattacher à ce qui lui reste, quitte à écarter Daigo de l'équation. Le propos est très juste et amené avec beaucoup de finesse.
Un petit mot sur le graphisme de l'oeuvre, assez conventionnel pour le genre. Conventionnel au niveau du diamètre des yeux et de la mise en retrait du décor dans certaines cases. En revanche, l'auteur accorde le propos aux dessins : très peu de SD, les personnages sont plutôt bien proportionnés en général. Et surtout, leurs visages sont très expressifs, laissant facilement comprendre l'émotion qu'ils éprouvent. Un dessin de qualité donc, et qui se couple merveilleusement bien à l'excellente dynamique de la narration.
Il y aurait beaucoup à dire sur Le Sablier, un titre qui affiche une richesse émotionnelle forte, des personnages attachants, et un ton toujours très réaliste. L'auteur a trouvé une façon originale d'exploiter le concept du temps qui passe, dans un genre à la structure trop souvent figée sur l'écoulement d'une année (qui nécessite pourtant une quinzaine de tomes !). Et c'est là toute la force du récit : le facteur émotionnel n'est que renforcé par l'écoulement des années. En effet, aucun personnage n'est oublié, et le lecteur peut voir ce que il ou elle est devenu avec les années. Par ailleurs la beauté des décors change avec les saisons, et avec la qualité du trait de l'auteur, les amoureux de la nature se régaleront. Parfois mélancolique, mais jamais désespéré, Le Sablier s'écoule inlassablement. Il ne tient qu'à nous de prendre des décisions pour ne jamais avoir de regrets. Assurément mon shôjo manga préféré pour un petit bout de temps ^^