[Anime] Witchblade, de Gonzo
Par Shadow, le 19/03/2011 à 13h43 (3712 vues)
Witchblade est à la base un comicbook US (publié chez nous par Delcourt), dont les japonais se sont donc inspirés pour faire un anime de 24 épisodes. J'ai découvert celui-ci totalement par hasard et je dois dire que j'ai vraiment adoré. Explications.
Witchblade se déroule dans un Tokyo post-apocalyptique ayant été ravagé il y a quelques années par un séisme extrêmement violent. Beaucoup de gens ont perdu famille et logement du jour au lendemain. Deux victimes de ce séisme, Rihoko et sa maman Masane essayent depuis lors de survivre dans ce nouveau monde. Après le séisme, Masane fut retrouvée seule avec Rihoko. Elle ne possède aucun souvenir d'avant la catastrophe. Problème : dans ce monde en ruine les enfants représentent l'avenir et sont donc l'objet de beaucoup d'attention de la part du gouvernement. C'est pourquoi la mère de Rihoko, sans emploi, est traquée par une agence sociale qui souhaite lui retirer la garde de sa fille. Et à vrai dire on se rend très vite compte que la mère est très immature, sa fille devant régulièrement la rappeler à l'ordre (un peu comme une... mère). On se doute donc que tout cela va mal finir.
En l'espace du premier épisode, on assiste ainsi à la traque de ces deux personnages. Rihoko finit par être prise en charge par l'agence sociale, et sa mère est emprisonnée le temps de "retrouver ses esprits". Seulement son incarcération ne se déroule pas comme prévu, et elle se retrouve nez à nez avec un gigantesque monstre qui vient du tuer un policier. Tout aurait pu se finir ainsi pour la jeune femme, mais Masane déchaîne alors un pouvoir dont elle ignorait l'existence. Cet "éveil" lui permet de se transformer en une guerrière surpuissante et de réduire la créature au silence.
Je ne vous en dis pas plus sur le scénario, si ce n'est que Masane va vite se rendre compte des pouvoirs de sa Witchblade, et des responsabilités qui vont avec. Pour ce qui est de l'aspect visuel de l'anime c'est une franche réussite. Les combats sont assez peu nombreux mais l'animation ne faiblit pas, ce qui les rend vraiment prenants. Les guerriers étant le plus souvent des guerrières, il y a une part assez importante de fan service (les transformations, tout ça...). Mais cela ne nuit jamais vraiment à l'ambiance ; les personnages sont en majorité adultes donc ils ne se mettent pas à réagir toutes les cinq secondes sur une poitrine généreuse, et on les en remerciera. Il ne faut donc pas voir Witchblade comme un shônen, mais plutôt comme un seinen, notamment parce que les thématiques abordées n'ont rien à voir avec le manga pour adolescents. Un dernier petit mot sur les dessins : j'ai trouvé les personnages franchement classieux (Takayama et Segawa notamment), et puis il y a ceux au rôle comique, mais même ceux-là sont réussis à mon sens, parce qu'ils n'ont pas quelque chose d'extravagant, mais paraissent tout à fait banals. On s'attache mieux à eux ainsi, je trouve, même s'ils n'ont pas un rôle très important.
Concernant le contenu de l'anime en lui-même, on a un mélange de plusieurs genres : l'action shônenesque se mêle aux tranches de vie comiques. Et en prime on assiste à beaucoup de discussions d'hommes à la tête de grandes organisations, qui manigancent tous des trucs plus ou moins nets ! Ce qui fait qu'il y a beaucoup de mystère, qui force à suivre l'anime de manière assidue. D'ailleurs la trame de façon générale est très suivie, et aucun épisode ne semble rajouté ou indépendant du reste. On suit donc plusieurs individus de classes sociales différentes, mais qui s'intéressent de près ou de loin à la Witchblade.
Ce qui dynamise l'intrigue, en fin de compte, vient principalement du casting de personnages complètement génial, avec son lot d'humanistes, de manipulateurs, et de psychopathes. Certains personnages qui paraissaient de prime abord parfaitement sensés se révèlent en fait être de grands malades ! Et en général ça donne vraiment quelque chose d'unique, comme les derniers instants de Shiori dans l'épisode 8... Sinon le personnage de Reina est aussi assez atypique : une jeune femme accomplie qui considère tout ce qu'elle fait comme un sujet de recherche (cf un certain épisode...). Ce que j'ai bien aimé, c'est que tous les personnages restent fidèles à eux-mêmes jusqu'au bout, ça reste très cohérent et réaliste d'un point de vue psychologique (Tozawa remplit à merveille son rôle à la fin, après l'avoir mis en veilleuse pendant toute la série).
Enfin concernant les transitions entre épisodes, on dénombre deux openings/endings différents, bien représentatifs de la dualité de la série : une version "sérieuse" et une autre un peu... déstabilisante. C'est celle qui accompagne la deuxième saison, et j'avoue que j'ai nettement préféré la première (en vidéo dans ce billet). Les musiques sont quant à elles plutôt réussies et dynamisent bien les scènes d'action. On ressentirait presque "l'appel à tuer" qui envahit Masane à cause de la Witchblade. Et puis les fins d'épisodes sont vraiment originales : on nous présente brièvement l'opus suivant sous la forme d'une lettre que Rihoko et Masane s'échangent. C'est vraiment bien trouvé et cela renforce du même coup le lien unissant ces deux personnages.
Enfin je dirais que Witchblade est bien représentatif du fait qu'il ne faut jamais juger sur les apparences. Alors qu'on aurait pu s'attendre à un anime érotique bizarre, on se retrouve avec une intrigue vraiment sérieuse et porteuse d'un beau message d'humanité, sans aucune lourdeur. On pourra cependant regretter que certaines questions restent en suspens (le comics n'est pas fini après tout), même si la conclusion se suffit à elle-même. D'autre part il ne faut pas attendre de cet anime beaucoup d'action, même s'il y en a, les épisodes ne se focalisant en général pas dessus. Par contre les personnages sont tous fascinants et/ou calculateurs, ce qui fait qu'on accroche très vite. La série possède également un assez bon humour, avec la relation Rihoko-Masane vraiment adorable. C'est encore une fois à mettre dans un contexte assez terne de prime abord, mais qui n'est finalement pas de taille face à l'amour d'une mère pour son enfant.