[Review] Dangan Ronpa : Monokuma a une objection, votre honneur!
Par Shadow, le 18/12/2014 à 21h56 (1392 vues)
J'avais pensé écrire un petit test de Dangan Ronpa après l'avoir terminé, et puis je n'ai pas trop pris le temps avec la rentrée scolaire... Du coup je me suis motivé ce soir, vu que
certains s'y sont mis. J'espère que cet article vous plaira et qu'il vous fera découvrir un jeu intéressant, le cas échéant. Bonne lecture!
Introduction : Sorti à l'origine sur PSP, la série Dangan Ronpa (en deux opus) n'avait pas connu les joies d'une localisation en anglais. C'est chose faite avec son portage sur la Playstation Vita en 2013. Alors qu'est-ce exactement que ce jeu? S'il fallait trouver une expression à employer (dans un sens positif) pour le décrire, ce serait celle-ci : du grand n'importe quoi. Explications.
Le jeu nous plonge dans la vie d'un jeune étudiant, Makoto, ayant tout juste réussi à intégrer une prestigieuse école. Fait très étrange, le lycée est en principe réservé à l'élite de l'élite : chaque étudiant présente en effet le plus grand potentiel pour exceller dans un domaine bien particulier. Parmi les inscrits on retrouve ainsi « l'Ultime auteur », ou encore « l'Ultime programmeuse. » Et le talent de Makoto... n'existe pas, du moins pas à sa connaissance. Peut-être est-il donc comme on lui annonce, « l'Ultime chanceux », pour s'être retrouvé invité à rejoindre l'établissement...
Oui mais voilà, tout ne se passe pas comme prévu et, une fois sur place, Makoto n'a pas le temps de croiser quelqu'un, qu'il s'évanouit... pour se réveiller ensuite dans une salle de classe vide. Il s'aperçoit bien vite qu'avec une dizaine d'autres étudiants, il est coincé dans son nouveau lycée! Le chef d'établissement les contacte alors, pour se présenter à eux... sous l'apparence d'un ours en peluche, Monokuma.
Vous sentez déjà quelque étrangeté dans l'univers de Dangan Ronpa? Sachez que vous n'avez encore rien vu! Mais nous allons y revenir plus loin. En parlant de « voir » , l'identité visuelle de DR est fort singulière : les environnements en 3D sont assez sobres et lorsqu'on y regarde de plus près... Mais oui, certains éléments du décor et les personnages sont... en 2D! Cela n'est pas sans rappeler la série Paper Mario, puisqu'en entrant dans une pièce, on assiste à chaque fois à « l'installation » du décor! Le joueur ayant par ailleurs un certain contrôle sur la caméra, il pourra alors s'amuser à passer derrière les personnages... pour constater que ceux-ci n'ont aucune épaisseur. Ceci est une des quelques particularités du jeu, qui participe à l'étrangeté de son univers, avec Monokuma. Ce test ne saurait rendre justice au directeur de l'école, car il faudrait consacrer un article entier à sa personne pour cela. Sachez juste que l'ours est dôté d'un rôle qui a été étudié pour faire rire le joueur bien souvent, tout en le mettant extrêmement mal à l'aise à d'autres moments. C'est un mélange peu commun dans la sphère du jeu vidéo, et cela vaut le détour. Tenez, voici un petit bonus d'étrangeté pour la route : ne soyez pas surpris si dans le jeu vous voyez du sang... de couleur rose. Et oui, c'est comme ça dans DR.
Le jeu consiste en une grande aventure textuelle, avec quelques mini-jeux insérés de-ci de-là. Il faut donc avoir conscience qu'il ne ressemble pas à 999 ou à Virtue's Last Reward, puisqu'hormis un point-clé du jeu, il ne propose pas de route alternative dans son intrigue. Le but du jeu est de ressortir vivant du lycée. Problème : pour cela il faut tuer un des étudiants. En posant cette règle, Monokuma installe très vite un climat de méfiance entre les personnages, et c'est là une grande force du script. Le jeu est narré de telle façon qu'on est rarement sûr de pouvoir totalement faire confiance à un personnage. De même, un protagoniste qu'on aime bien peut être retrouvé mort à tout instant! Difficile dans ce contexte d'avoir des certitudes...
Mais que se passe-t-il une fois un cadavre découvert? Et bien le meurtrier ne peut s'échapper aussi facilement : les survivants doivent enquêter sur les circonstances du meurtre, avant de se réunir pour organiser le procès de « l'affaire. » À l'issur de ce procès, le coupable désigné par l'assemblée devra être le bon ; il sera alors « puni » comme il se doit par Monokuma. Dans le cas contraire (la personne désignée était innocente), le meurtrier peut partir et le reste de la classe est puni. Ai-je précisé que les punitions de Monokuma sont très souvent mortelles?
L'avancement de l'intrigue se déroule en fait en trois phases distinctes : une période de temps libre, un temps d'investigations, et le procès concluant chaque chapitre. La première phase suit le déroulement d'un visual novel : on peut aller retrouver la personne de son choix pour apprendre à mieux la connaître (en répondant parfois à une ou deux questions). Les séquences sont assez courtes, mais permettent de connaître un aspect des personnages qu'on n'aperçoit pas forcément dans la trame principale.
Le free time prend fin lorsqu'un corps a été trouvé ; il faut alors inspecter les moindres recoins de l'école, à la recherche d'indices ou de divers témoignages. On n'est jamais vraiment perdu, dans le sens où Makoto fait souvent une réflexion pour indiquer par où il devrait commencer, ou ce qu'il lui reste à faire. Et il est impossible de quitter une pièce où il reste des preuves vitales à examiner. Ce passage présente donc un bon rythme, secondé par une musique discrète mais efficace.
Et le coeur du jeu, c'est les phases de procès. Le titre du jeu prend alors tout son sens : oubliez les contre-interrogatoires d'un Phoenix Wright, ils sont dépassés. Dans DR, lorsque je ne suis pas d'accord avec quelqu'un, je « tire » littéralement sur son affirmation (sur l'écran tactile de la console donc). Ceci enclenche une série de dialogues entre Makoto et le reste du groupe, afin de déméler le vrai du faux du moindre détail. Bien entendu le meurtrier peut être le plus à même de raconter des mensonges, mais Makoto peut aussi attaquer un témoignage comportant une imprécision ou un oubli. Makoto devra aussi parfois répondre à une question pour vérifier le bien-fondé d'une théorie, ou encore présenter une preuve.
Ça, c'est la « partie classique » du gameplay de DR (si si je vous assure, tirer sur une phrase deviendra rapidement une seconde nature). Là où le jeu s'avère original, c'est dans les mini-jeux enclenchés avant certaines révélations. DR propose ainsi à plusieurs reprises son propre jeu du pendu, un mini-jeu de rythme, ou encore des affirmations parasites qui vont essayer de perturber votre « tir » lors du contre-interrogatoire. Implantés de façon quelque peu maladroite diront certains, les mini-jeux ne sont pas toujours très abordables dans leur première prise en main. En revanche ils donnent un petit coup de fouet aux séquences de procès, et offrent un peu de diversité dans le gameplay du jeu (assez minimaliste sinon). Pour finir sur les procès, les musiques sont très nombreuses et rythmées, elles s'adaptent à chaque nouvelle situation. Ce qui explique qu'on attende toujours avec impatience chaque nouveau procès...
Parlons des points qui fâchent pour terminer. Outre la linéarité mentionnée plus haut, il faut reconnaître que les premières affaires de DR ne sont guère surprenantes : le joueur attentif aura compris qui est le coupable avant le début des procès. Du coup les premières affaires font plus office de tutoriels (pour les mini-jeux entre autres), et on pourrait sentir une petite déception poindre le bout de son nez. Le jeu trouve en fait son rythme de croisière après le premier tiers de la partie (chapitre 3) et commence alors à proposer des intrigues plus tordues, les dernières étant les plus surprenantes à plusieurs égards. Enfin le jeu offre un contenu post game assez original (je vous laisse la surprise), mais une fois la découverte passée, cela se révèle assez anecdotique par rapport à la trame principale.
Conclusion : À qui s'adresse Dangan Ronpa? Aux fans de Phoenix Wright dans un premier temps, ils y trouveront une vision bien différente des procès, aussi passionnants que ceux menés par le célèbre avocat de Capcom. Mais DR se destine également à tout amateur de jeu vidéo qui n'a pas peur de suivre une histoire bien narrée, quoique très linéaire, avec (assez peu) de gameplay. Le jeu, à la fois comique et par moments malsain, dégage une ambiance particulière qui fascine du début à la fin. Tout simplement.
+ Des personnages aux personnalités plus originales qu'on ne penserait au premier abord+ Trois phases de jeu bien distinctes, ça permet de varier les plaisirs+ Bonne durée de vie : les derniers chapitres sont haletants+ OST superbe, très diversifiée et bien gérée in game+ Monokuma justifie à lui seul l'achat du jeu+ Un gameplay original (phases de procès)+ Voix originales en option- Les mini-jeux, pas toujours pertinents- Un contenu post game anecdotique, au final- Les premières affaires, vraiment trop prévisiblesNote indicative : 8/10.
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