[Now Reading] Six Half : amnésie et ses petits désagréments
Par Shadow, le 13/08/2018 à 23h30 (5877 vues)
Introduction : Six Half est la seconde oeuvre de la mangaka Ricaco Iketani, à qui l'on doit également Lollipop. Les deux oeuvres ont été publiées en France par l'éditeur Delcourt. Concernant le manga qui nous intéresse, il s'agit de l'histoire de Shiori, qu'on découvre alors qu'elle reprend connaissance suite à un accident en moto...
Notes : l'éditeur a publié la série en version ebook,
pour les intéressés. Si vous souhaitez partager l'article, voici
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La pauvre ne reconnaît plus personne : sa famille, ses amis ou son petit copain, c'est comme s'ils n'avaient jamais existé ! Il faut alors pour l'adolescente apprendre à vivre avec ces « étrangers » qui réagissent chacun à leur manière en découvrant la nouvelle Shiori.
La situation familiale de Shiori est particulière, puisqu'elle vit uniquement avec son frère et sa soeur. Leur mère est partie il y a longtemps des suites du divorce avec son mari, qui est décédé il y a peu de temps... Si l'atmosphère familiale est rendue très chaleureuse par le frère (Akio), Shiori découvre un autre monde lorsqu'elle décide de retourner au lycée...
Je dois avouer qu'après avoir lu Amnesia Memories (un otome sur PC/PS Vita), je partais un peu méfiant de l'entourage de Shiori, pensant qu'on allait essayer de la manipuler. En fait le récit prend assez vite une tournure surprenante, dans le sens que Shiori, du moins « l'ancienne », était bien loin des héroïnes de shôjo habituelles... Elle n'était pas effacée et en manque de confiance en elle. Et elle n'avait pas non plus une assurance pour la rendre attachante... Elle avait tout de l'anti-héroïne ! C'était ce qu'on appellera gentiment une peste... Si c'est assez déroutant dans un premier temps, on finit par trouver l'idée narrative séduisante.
Les doutes de Shiori n°2 sont exposés de façon très juste : comment vivre dans un monde « emprunté » à un autre que soi, dont on on doit assumer les actes ? Et comment ne pas craindre, également, que Shiori n°1 ne revienne un jour réclamer son corps et sa vie, effaçant du même coup la jeune fille qui a vécu après l'accident ? Shiori n°2 passera par de nombreux questionnements en côtoyant son entourage.
Les souvenirs revenant par petits bouts sont autant d'épreuves imposées à la nouvelle Shiori, qui devra se les approprier pour ne pas se laisser submerger et pouvoir affirmer sa différence avec son ancienne personnalité. Le manga se révèle très plaisant à lire, dans la mesure où il ne nous montre pas une héroïne, mais simplement une jeune fille forte par moment, et en proie aux doutes à d'autres occasions. Ses sautes d'humeurs sont fréquentes et marquées, sa tendresse se mêle régulièrement à sa tendresse. Un personnage sera particulièrement exposé à tout cela : le petit copain de Shiori n°1. Lui aussi affiche une volonté sans faille. Malgré ses défauts, il cherchera toujours à faire ce qu'il y a de mieux pour Shiori, car il l'aime sincèrement... L'incapacité de Shiori à formuler clairement des excuses quand elle est en tort, malgré ses sentiments pour le garçon, réserve un des plus beaux moments du manga.
Plus encore que dans Lollipop, s'il y a bien une chose qu'on remarque dans Six Half, c'est l'absence des adultes. Ou plus exactement, on est admiratif d'Akio, qui assume un rôle de patriarche sans faillir... Il y aura bien quelques adultes qui se manifesteront au cours de l'histoire, mais c'est davantage la relation de la fratrie qui brille, en définitive. Et comme dans Lollipop, avec la chambre où Madoka accueille Tomoyo pour partager des lectures, on constate que la demeure familiale dans Six Half est un personnage à part entière de l'intrigue. Elle est une sorte de refuge pour cette petite famille pas banale, et cette notion de refuge constitue le fil rouge de l'intrigue de Ricaco Iketani...
Conclusion : En dire plus gâcherait le plaisir de la découverte, aussi je vous invite vivement à lire cette histoire, même si d'habitude vous n'aimez pas trop le shôjo. Six Half est avant tout l'histoire d'une revanche sur la vie, dans laquelle on s’apitoie un peu sur son sort, on culpabilise beaucoup... mais on avance, surtout. À l'image de la couverture du dernier volume, la seule où Shiori est dessinée en mouvement.
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