[Review] Suikoden V, de Konami
Par Shadow, le 08/03/2009 à 22h16 (2662 vues)
Bonsoir à tous ! Je vais à partir de ce billet commencer à publier mes différentes reviews écrites ces dernières années. La suivante me tient particulièrement à cœur pour une raison bien simple : c'est par là que j'ai commencé. Suikoden V est en quelque sorte le premier jeu sur lequel j'ai réfléchi à ce qui me plaisait, ne me convenait pas...
Cet article (comme ceux qui suivront d'ailleurs) a fait l'objet d'une relecture détaillée afin de corriger d'éventuelles coquilles ou lourdeurs. J'espère que vous me pardonnerez mon noobisme de l'époque (et actuel : je n'ai toujours pas joué à beaucoup d'autres épisodes, à part le premier que j'ai terminé puis le deuxième que j'ai abandonné, et enfin le médiocre
Tactics), ainsi que cette "recherche de moi", un peu inévitable pour une première review. En tout cas je trouve tout cela fort à propos car après tout, la sortie de
Suikoden Tierkreis en occident approche à grand pas ! Ce sera sûrement pour moi l'occasion de découvrir un nouvel opus de la série. En attendant, place à un des grands jeux de la PS2, j'ai nommé
Suikoden V.
23 février 2006 (Japon)
21 mars 2006 (USA)
21 septembre 2006 (Europe)
Site officiel :
Cliquez ici !Introduction : La série des Suikoden de Konami est une « petite série » dans le monde du RPG qui, si elle n’arrive pas à percer face à des mastodontes comme Final Fantasy, est quand même loin d’être mauvaise. Suikoden V représente ma première expérience personnelle en la matière. Après une spin off nommée Rhapsodia (Tactics en PAL) et un épisode IV controversés, Konami se devait de revenir aux sources de la série, donner ce que beaucoup de fans veulent d’un Suikoden, avec cet épisode V. Pari tenu ? C’est la question à laquelle je vais tenter de répondre dans ce test.
Le jeu s’ouvre sur une séquence d’intro de toute beauté, avec le thème ~Wind of Phantom~ de Yugi Toriyama . On y découvre une brève présentation des différents protagonistes, on peut y voir les prémices d’un scénario… classique. Oui c’est le qualificatif exact du scénario qui nous est proposé, mais nous y reviendrons. Passé l’écran de départ, sobrement marqué d’un « Suikoden V » sur fond aquatique, on sélectionne nouvelle partie et on entend un petit bruit qui nous rappelle quelque peu celui de The legend of Zelda : The Wind Waker sur son même écran titre…
On peut choisir le nom de son héros, on confirme, et on se lance dans l’aventure ! On découvre tout de suite une deuxième ressemblance avec le titre sus-cité, le jeu est en cell shading, et le fan sceptique étant au courant de l’aspect grâce aux nombreux screens aperçus ça et là remarquera que c’est convaincant une fois en mouvement ! En effet, niveau animation le jeu ne souffre d’aucune lacune, et si techniquement ce n’est pas la dernière tuerie graphique, on ne peut néanmoins s’empêcher de constater que le rendu est très agréable à l’œil au final. On est donc directement embarqué dans le scénario… Qui est rendu très compréhensible grâce à une traduction intégrale des dialogues en français ! On sent que celle-ci a un peu été faite à la va-vite, étant donné les quelques erreurs notoires (vouvoiement puis tutoiement dans une même phrase, des mots oubliés, des personnages au comportement étrange par moment…). Néanmoins cette traduction permet à n’importe quel fan d’apprécier le jeu, qui n’est pas ralenti par un 50Hz démodé : l’option 60Hz est proposée en début de jeu.
Voici les grandes lignes du scénario pour ceux qui ne le connaîtraient pas. Le héros fait partie de la famille royale de Sol-Faléna, il est le prince « non héritier » du trône. En effet, à Sol-Faléna seules les reines ont le pouvoir, et le mari est Commandant des Chevaliers de la Reine. Bref, les femmes de la famille royale ont un rôle très important et doivent donc être protégées en conséquence. L’organisation de Jeux sacrés permet, en temps voulu, à la future Reine de se trouver un époux. Bien souvent ce sont des nobles qui y « participent » en engageant des gladiateurs qui lutteront dans l’arène en leur nom afin d’arriver à la victoire et obtenir ainsi la main de la Princesse ; ainsi se renouvelle la famille royale. On se retrouve au début du jeu avec une équipée de quatre personnages, dont le Prince, sa tante Sialeeds (sœur de l’actuelle Reine Arshtat), son garde du corps Lyon, jeune fille dévouée à sa tâche et très enthousiaste, ainsi que Sire Georg Prime, membre des chevaliers de la Reine. Nos quatre protagonistes reviennent d’un voyage long et exténuant, et s’en retournent chez eux.
On constatera dès lors et tout au long du jeu que le chara design est assez réussi dans l’ensemble (même s’il peut être très irrégulier) et on remarque tout de suite l’ambiance très asiatique. Pour en revenir à notre petit groupe, on s’aperçoit très vite que la malédiction dont sont atteints tous les héros de RPG (ou presque) a encore frappé ! Le héros ne dira pas un mot de l’aventure… Cependant, régulièrement vous seront demandé des choix entre plusieurs réponses (généralement deux). A terme, il apparaît que certains de ces choix se révèleront déterminants pour compléter entièrement la quête des 108 étoiles (marque de fabrique des Suikoden). Mais surtout, dans le jeu, on se sent du coup beaucoup plus investi dans le scénario, car on n’est pas simple spectateur !
Cependant, rares sont les choix qui modifieront le déroulement du jeu de façon fondamentale… Mais force est de reconnaître que c’est un facteur d’immersion. Et étant donné la fréquence de ces demandes, c’est l’Immersion avec un grand « I » ! D’ailleurs ça tombe plutôt bien, parce que les premières heures de jeu se résument en une succession de passages scénaristiques, à l’utilité douteuse par moment. Mais la plupart de ces dialogues seront doublés, ce qui est un bon point (on aurait aimé pouvoir sélectionner le doublage d’origine, ceci dit les doublages américains sont très bons). Alors on peut aimer ou ne pas aimer, mais on s’aperçoit finalement que lorsque le jeu nous « lâche », on a un savoir quasi parfait de la trame du jeu, ce qui est relativement rare dans les RPGs en général, quand on joue la première fois.
D’autant que le scénario, s’il est classique, n’en est pas moins complexe, et c’est là que l’on apprécie de saisir toutes les ficelles, y compris en tant que néophyte de la saga. Ceci est donc vraiment un point capital du jeu, et très réussi. Si l’on aborde maintenant l’aspect musical, nous dirons que les musiques contribuent « juste » à immerger le joueur, elles ne sont pas inexistantes, mais aucune ne nous marquera vraiment. Elles correspondent au moment où elles sont passées, c’est ce qu’on leur demande après tout.
Enchaînons à présent avec les combats. Classiques eux aussi, du moins de prime abord. On a le choix entre différentes options qui sont, dans l’ordre : Attaquer (définir un ordre stratégique membre par membre), Formation (réorganiser ses personnages sur le terrain), Retraite (fuir le combat), Soudoyer (tenter de faire partir l’ennemi en le payant), Auto (chaque personnage attaque l’ennemi de son choix, les paramètres du mode Auto pouvant être modifiés dans les options). On peut diriger jusqu’à six personnages dans un seul combat, ce qui constitue un retour en arrière que les fans apprécieront à sa juste valeur. Et même les néophytes, car un combat avec six membres engagés on n’en fait pas tous les jours. Dans le premier menu (Attaquer) on peut sélectionner une attaque simple, combinée (selon les affinités des membres), item, défense, changement de personnage (qui vous coûtera un tour), et l’utilisation des fameuses runes.
Ces dernières vous permettent en fait d’invoquer différents types de magies, allant de la simple altération d’état à la mort instantanée, en passant par les dégâts élémentaires… Bref du classique, mais du très bon. Les effets sont plutôt convaincants (la PS2 est en fin de vie) et l’on se laisse aller à des combats, qui interviennent à une fréquence relativement élevée, mais qui ont le mérite d’être dynamiques et parfois assez tactiques… En effet, la difficulté est dans l’ensemble plutôt bien gérée, mais il existe des moments où les ennemis semblent bien plus forts, et du coup on se retrouve à fuir la plupart du temps, pour arriver à un boss qui se révèle très largement destructible par rapport à tous les ennemis communs ! (voir Star Ocean 3…) Mais ceci ne concerne finalement que quelques moments de l’aventure ; le reste du temps, il faut s’équiper convenablement pour ne pas trépasser.
Ensuite, les formations : au cours du jeu, différentes formations sont obtenues à l’ouverture de certains coffres, permettant de varier son style de jeu, distribuant des attributs selon la place des personnages (par exemple, les personnages positionnés devant ont un bonus d’attaque, et ceux à l’arrière un bonus de défense). Là encore on voit donc que le système est plutôt riche et bien pensé. Les attaques combinées, à l’instar des magies, sont agréables à regarder puisqu’un gros plan est fait sur les personnages en action. Pour finir, si le doublage durant les cinématiques est réussi, les « cris de victoires » de vos combattants sont affreux !
Puisque l’on mène des combats, comme dans tout RPG qui se respecte Suikoden V propose son lot de donjons, relativement courts en général (on « excusera » ainsi l’absence de carte), plutôt linéaires (il y a très peu d’embranchements) et là encore très classiques (prison, forêt, montagne, glacier…). Le côté exploration flanche un peu là aussi, étant donné que ce RPG opte pour une vision assez éloignée… Seulement par moments, il est à noter que la caméra ne suit pas et que l’on se retrouve sans savoir où aller parce qu’on ne voit rien. Il est possible de zoomer à trois niveaux, ainsi on optera pour une vision éloignée ou plus proche selon l'envie.
Enfin au cours de vos pérégrinations, vous serez amené, entre combats, phases de dialogues et marches répétitives (on doit souvent faire des allers-retour), à profiter des bienfaits des bains (récurrents dans la série, les membres de l’équipe y conversent en se relaxant), ou encore à faire un petit duel, ou une campagne.
Les duels consistent en fait en un face à face durant lequel le joueur (face à l’ordinateur) joue à « pierre papier ciseau » avec trois possibilités donc : Spécial, Attaque, Défense (certains adversaires possèdent un Super Coup, dont les propriétés sont comparables à celles du Spécial), l’Attaque perce la Défense, la Défense pare le Spécial (ou Super Coup, les dégât occasionnés sont alors amplifiés), le Spécial brise l’Attaque. On dispose de quelques secondes avant l’apparition des choix de chacun, durant lesquelles l’adversaire vous renseigne, par le biais de son discours sur l’attitude qu’il va avoir, et le joueur doit prendre sa décision en conséquence. Les barres de vies diminuent à chaque coup encaissé (selon la règle énoncée plus haut) et le perdant est celui qui voit la sienne descendre à 0 le premier. L’air de rien, ces duels sont très intenses, et l’anxiété d’en connaître l’issue se fait sentir du début à la fin (d’autant que la plupart interviennent après de longs et nombreux passages scénaristiques…).
Un très bon point donc. Qui vient d’ailleurs rehausser le niveau des campagnes, qui sous des aspects stratégiques, pourraient faire penser à un simili de T-RPG, qui ne sont finalement que bien molles. Elles ne sont en aucun cas stratégiques (Suikoden Tactics l’était davantage) (bien souvent le rapport de force n’est pas en votre faveur, il faut donc atteindre un point précis pour terminer la carte sinon vous n’avez aucune chance…), et c’est dommage. Néanmoins il est indispensable d’en sortir victorieux et certaines contiennent des éléments cruciaux de scénario ; en conséquence on fait avec. Elles sont assez courtes (vingt minutes) donc on s’en accommode très bien. Enfin la durée de vie globale est très correcte, puisque le jeu franchit la barre des 40 heures, ce qui est de plus en plus rare aujourd’hui. Il est à signaler que sans guide vous n’obtiendrez probablement pas assez d’étoiles et que par conséquent vous obtiendrez la mauvaise fin ; il ne tient alors qu’à vous d’obtenir la bonne, et ainsi augmenter une durée de vie déjà acceptable. On ne sera par ailleurs jamais réellement bloqué, et au pire, le level up est très facile dans ce jeu.
Conclusion : Sous des aspects classiques dont il ne se cache à aucun moment, Suikoden V arrive à nous maintenir en haleine du début à la fin, notamment par une narration très bien faite qui emporte le joueur dès les premiers instants. On peut toujours souligner quelques défauts comme les problèmes de caméra, la linéarité globale du titre, une technique un peu à la traîne, ou encore une difficulté étrange et irrégulière ; on ne peut néanmoins qu’apprécier le jeu à sa juste valeur, si tant est qu’on se laisse emporter par l’ambiance très asiatique et résolument « mignonne » de cette histoire. Comme souvent dans les jeux de l’éditeur, on retrouve plusieurs fins différentes et sans guide, il y a des chances pour que vous ayez la « mauvaise fin » lorsque vous finirez votre première partie. Par conséquent vous y reviendrez probablement pour avoir les 108 étoiles et obtenir la bonne. De plus, je rappelle tout de même l’initiative de Konami de commercialiser la version PAL à 30€ et traduite en 5 langues, ce que l’on ne peut que saluer pour le RPG en Europe en général.
+ Un scénario complexe mais bien expliqué, on n’en rate rien
+ Un retour aux sources pour la série, 40h de jeu intenses
+ Pas indispensable d’avoir joué les précédents épisodes
+ L’ambiance asiatique très réussie
+ Mode 60Hz proposé, 30€ le jeu
+ Variété des phases de jeu
- Linéarité générale
- Technique à la traîne
- Une traduction un petit peu bâclée quand même
- Difficile de mener à bien la quête des 108 étoiles sans guide
Note Indicative : 14.5/20