[Review] Valkyrie Profile : Lenneth, de tri-Ace
Par Shadow, le 27/09/2009 à 19h40 (2122 vues)
C'est parti pour une nouvelle update ! Titre mythique pour beaucoup au programme ; testé dans sa version PSP, Valkyrie Profile : Lenneth est véritablement unique en son genre (même sa suite, Silmeria, fait les choses assez différemment), ce qui explique sans doute qu'il soit tant apprécié. Bizarrement, ma première approche avec ce jeu (sur PS1) ne fut pas concluante du tout ; et puis cette version, accessible d'un point de vue financier, est sortie, et je me suis dit que le jeu méritait une seconde chance...
Introduction : Doté d'une réputation qui l'a précédé en Europe, Valkyrie Profile fait partie des jeux inoubliables pour la majorité qui s'y est essayée. C'est donc avec une certaine fébrilité que sa réédition sur Playstation Portable est attendue, à une époque où la version originale se fait bien rare même en occasion, notamment en US. Si l'attente fut longue, aujourd'hui la patience des joueurs européens est récompensée, à commencer par la magnifique jaquette que voici, à défaut d'une localisation convenable (dans la langue de Molière) après tant de temps...
Il est conseillé de visionner le “prologue” avant de démarrer l'aventure. On y découvre la vie d'une petite fille, Platina, habitant avec sa mère dans un village, où la vie est assez difficile. Pour survivre, la marâtre va même essayer de vendre son enfant ! L'ami de cette dernière, Lucian, vient la prévenir du danger qu'elle court, et il décide de s'enfuir avec elle. Je vous laisse découvrir l'issue de cette introduction, ces quelques lignes n'étant là que pour donner une indication quant au ton du jeu, souvent triste et mélancolique.
Passée cette première scène, le jeu s'ouvre véritablement sur l'éveil de Lenneth. Il s'agit de l'une des trois Valkyries dont le seigneur Odin se sert pour localiser les morts au combat, afin de leur proposer de combattre pour les dieux, à l'approche de Ragnarok, la bataille de la fin du monde. Valkyrie Profile : Lenneth n'est donc définitivement pas un RPG comme les autres : l'intrigue est inspirée par la mythologie nordique, et son déroulement est assez atypique. L'ambiance est merveilleusement retranscrite par la combinaison des artworks Yoshinari et le fond sonore, en adéquation avec les différentes situations. Côté exploration, les musiques sont très rythmées, et la qualité est de rigueur dès le premier donjon. Seul le thème de combat pourra lasser par son emploi très fréquent. Les doublages déçoivent aussi par le choix un peu étrange de leur déclenchement : les cut-scènes sont partiellement doublées.
Le jeu se déroule en différentes phases se répétant jusqu'à la scène finale. Constitué de huit chapitres -divisés en périodes-, le temps s'écoule inexorablement jusqu'au Ragnarok. Lenneth doit survoler Midgard, le monde des hommes, et chacune de ses actions consomme une ou plusieurs période(s). Une fois ces dernières toutes écoulées, le chapitre s'achève et laisse place à la Sacred Phase, durant laquelle les accomplissements de la Valkyrie sont évalués et le cas échéant, récompensés.
Pour localiser chaque destination, la guerrière doit se concentrer, pour être à l'écoute du moindre appel, si lointain soit-il, et quelle que soit sa nature. Il peut en effet s'agir des cris d'agonie d'un Einherjar (guerrier mort au combat), ou bien encore des hurlements de fureurs de monstres déchaînés. La Valkyrie n'a ensuite plus qu'à se diriger vers la source des plaintes, afin de résoudre la situation. Dans le premier cas, le jeu présente la mort du combattant, une partie de son histoire, et celui-ci est ensuite recruté par Lenneth. Dans le second cas, il faut se préparer à combattre et résoudre diverses énigmes dans des donjons (souvent) alambiqués.
Le jeu est par conséquent caractérisé par un background extrêmement riche, avec ses personnages charismatiques. Il existe diverses classes (guerrier, mage, ou encore archer) et d'autres paramètres ont leur importance. D'une part, les traits de caractère : avec des Capacity Points (CP) acquis grâce aux niveaux, il est possible d'accentuer un aspect positif du personnage, ou à l'inverse, d'atténuer un mauvais côté. Ceci augmente sa Hero Value (nous y reviendrons). Dans la même idée, diverses compétences peuvent être attribuées pour renforcer l'efficacité en combat. On peut ainsi attribuer des Skills permettant la régénération d'un compagnon blessé, ou encore un qui ajoute des effets lors d'une contre-attaque. Enfin, certaines compétences augmentent les statistiques d'un protagoniste. La customisation comporte donc nombre de possibilités, et participe à la richesse du gameplay.
Bien gérer ses CP est ainsi indispensable, puisqu'il peut se révéler plus intéressant de monter une caractéristique plutôt qu'une autre. En effet, comme je l'ai mentionné plus haut notre Valkyrie a pour mission de recruter les Einherjars, mais aussi d'en envoyer un certain nombre au seigneur Odin, pour l'assister en combat. C'est Freya, lors des Sacred Phases, qui transmet les exigences d'Odin à Lenneth. Celles-ci doivent être satisfaites avec un maximum de deux Einherjars par chapitre. Ainsi, l'envoi des guerriers doit être mûrement réfléchi.
C'est ici que la gestion de vos CP entre en compte. D'une part, tout combattant doit posséder une Hero Value positive pour être transférable (c'est le minimum requis). Ceci dit les exigences d'Odin seront plus précises à ce sujet, avec une demande d'une certaine valeur, d'où l'intérêt d'augmenter celle-ci en premier lieu. Parfois une classe particulière peut être demandée, ou une compétence spécifique. Certaines pièces d'équipement peuvent même conférer à leur porteur une vertu particulière, leur permettant de remplir les conditions sans avoir le Skill nécessaire !
Les Einherjars que vous conservez demeurent à votre disposition pour vous assister en combat. Jusqu'à trois peuvent prendre part aux joutes aux côtés de Lenneth. La disposition des protagonistes se fait alors en « formation losange », où chacun est associé à un bouton de la console. L'enchaînement d'attaque peut se faire dans l'ordre désiré par le joueur, à condition de trouver comment briser la garde de l'ennemi (qui tentera régulièrement de se protéger de vos assauts). Le but d'une manière générale est de complètement remplir la jauge sur la gauche. Si les coups sont rapprochés dans le temps, elle se remplit en fonction de leur efficacité, et si le maximum de cent points est atteint, il y a possibilité d'effectuer une purification. Ceci consiste en fait en une suite d'attaques spéciales, propres à chaque personnage. On choisit donc comme en temps normal le bouton associé au coup que l'on veut déclencher, et la jauge se vide aors en partie. Si l'attaque suffit à la remettre au maximum, une autre attaque peut être effectuée, et ainsi de suite. Pour effectuer ce genre d'assaut, un personnage doit accumuler de petites gemmes, obtenues en frappant un ennemi au sol.
Mais le jeu n'est pas uniquement difficile pour la gestion et les combats ; l'exploration demande également un certaine réflexion. Les ennemis apparaissant sur la carte, Leneth a la possibilité de cristalliser leur enveloppe corporelle, la transformant ainsi en mini plate-forme improvisée. Ceci permet d'éviter l'affrontement, à condition de ne pas se trouver à proximité lorsque l'enchantement se dissipe. Il est également possible de former des cristaux contre une surface (le sol ou un mur, par exemple). Il faut donc utiliser cette aptitude à bien, avec d'autres utilisations dérivées, pour résoudre des énigmes ou encore atteindre des coffres inaccessibles d'un simple saut. Nombreuses et relativement variées, les énigmes permettent de diversifier l'action, la rendant ainsi un peu moins monotone. De plus certains évènements peuvent être déclenchés dans chaque donjon, et cela rapporte des points d'expérience bonus que l'on peut attribuer aux unités de son choix. De même en fin de niveau, après avoir vaincu le boss, on a accès à des artefacts ainsi que de nombreux points d'expérience.
Les artefacts sont des objets uniques, dont la rareté les destine en théorie à être rendus à Odin, leur possesseur. Cependant, il est possible de décider de les garder pour soi ; ceci fait alors diminuer le ratio d'évaluation de la Valkyrie. Ce paramètre est à prendre compte, car il peut déterminer la fin que vous obtiendrez. Attention donc, à ce qu'il ne descende pas de trop... La Seal Value, indépendante de ce score d'évaluation, voit sa valeur modifiée de même selon certaines actions entreprises (comme le recrutement d'un Einherjar), et fait aussi partie des paramètres à prendre en compte en fonction de la fin désirée.
C'est en cela que Valkyrie Profile : Lenneth se révèle complexe : il existe trois fins différentes, C, B et A. La dernière constitue la « véritable » fin du jeu, et les critères pour la débloquer sont très précis, rendant difficile l'obtention de cette fin sans soluce. En jouant normalement, on obtient la fin B (la fin C étant la pire des trois). Cependant, elle ne permet pas de saisir totalement l'intrigue du jeu... Un point un peu regrettable donc.
Ce qui est bon à savoir en revanche, c'est que le jeu dispose d'une durée de vie plus que correcte : vingt à trente heures minimum pour une partie en Normal, en visant la fin A. Se débloque ensuite la Seraphic Gate, donjon ultime pour tester ses aptitudes. Pour les passionnés qui veulent tout découvrir, le mode Hard révèlera les derniers secrets du jeu, en proposant notamment de nouveaux donjons/Einherjars. À réserver aux connaisseurs cependant, qui savent comment gérer leur temps. Le mode Easy est à éviter, car s'il est vrai que l'on y reçoit plus d'expérience, on n'a également accès qu'à un très faible nombre de donjons et d'Einherjars, et l'on rate ainsi bon nombre d'armes. De plus, la fin A n'est pas accessible dans ce mode.
Terminons sur les caractéristiques de cette édition Playstation Portable. Naturellement l'affichage se fait en 16:9, et pour avoir joué également à la version PS1, je trouve que ce changement s'effectue sans peine. Mieux encore, les graphismes, au rendu plutôt pixellisé sur PS1, sont ici plus lisses. L'action est toujours aussi fluide, malgré quelques temps de chargements supplémentaires. Pour représenter certains moments forts du jeu, une douzaine de cinématiques à l'esthétique proche de celle de Crisis Core -Final Fantasy VII- ont été ajoutées. Autrement le jeu est à peu près identique en tous points, à quelques subtilités près, puisqu'il se base sur la version originale japonaise (légèrement différente de la version PS1 US).
Conclusion : Valkyrie Profile : Lenneth est inoubliable à plus d'un titre. Le jeu est tellement réussi sur de nombreux points qu'il serait dommage de passer à côté, quelle qu'en soit la raison. Grâce à son histoire et à ses personnages parfaitement maîtrisés, mais aussi par son gameplay riche en possibilité, le jeu est destiné à un public assez large. Cependant, cela vient au prix d'un investissement conséquent (et ne raisonnez pas qu'à partir de la tranche d'heures donnée), car c'est ce que demande cette oeuvre pour s'apprécier.
+ Nouvelles CG de qualité, graphisme général de toute beauté
+ Durée de vie et replay value pour les hardcore gamers
+ Difficulté bien gérée dans l'ensemble (Mode Normal)
+ Système de combat original et prenant
+ Customisation riche en possibilités
+ Une ambiance unique
- Peut devenir répétitif
- Fin A difficile à avoir sans soluce
- Localisation longue et bâclée pour l'Europe
- Des doublages US peu judicieusement enregistrés
Note Indicative : 16/20