Ce qu'on aime particulièrement à Merzblog, ce sont ces moment extravagants de game design qui rendent un jeu, pourtant partie de rien, démoniaque. Il y'a des jeux qui imposent au joueur de longues heures d'ennuis où il n'a le droit de ne rien faire sous peine de perdre la partie. Citons Takeshi no Chousenjou ou Earthbound (le test devrait arriver sous peu sur Legendra), qui imposent au joueur de laisser tomber la manette pendant un temps défini afin de pouvoir avancer dans le jeu. On aime expérimenter la frustration et l'ennuis de manière quasi scientifique. On se rend compte d'ailleurs que derrière ces mécanismes de jeu extravagantes se cachent en général des game designers étrangés à la scène du jeu vidéo. Takeshi Kitano, Shigesato Itoi, ou encore les deux magiciens exentriques et comiques américains Penn & Teller.
La compilation de mini jeux "Penn & Teller's Smoke and Mirrors" prévu à l'origine sur Sega CD et 3DO pendant les années 90 sera sabotté et ne sortira jamais officiellement. Récemment pourtant (il y'a de ça quelques années), "Penn & Teller's Smoke and Mirrors" refait surface sur le net grâce à un leak volontaire et permet enfin aux joueurs de découvrir cette compile de mini jeux, de vagabonder dans le pendant vidéoludique de ces 2 comiques illusionistes, et de savourer des extravagances de game design comme on en aura alors jamais vus. On a tendance à dire que les mini jeux sont pour les mini joueurs, mais le mini jeu dont on s'interresse dans ce sujet, à savoir Desert Bus, est plutôt pour les plus expérimentés de tous les joueurs. Car Desert Bus est le John Cage du jeu vidéo, il révolutionne (malgré l'élipse de 10 ans entre l'annonce et la sortie) la notion même de jeu et de fun dans le jeu video et se moque ingénuement de la recherche absolue de réalisme.
Desert Bus est ennuyeux, c'est clair que ce n'est ni Ridge Racer Type 4 ni Outrun 2. Le but de Desert Bus est de conduire un bus de Tucson (Arizona) jusqu'à Las Vegas (Nevada) en temps réel et avec un véhicule bridé à 50 km/h. Le jeu ne pouvant pas être mis en pause, il faudra jouer 8h sans interruption pour rejoindre le Nevada et gagner 1 pauvre point. Les joueurs chevronés feront le retour du Nevada à Tucson afin de gagner un deuxième point avec comme seul et unique bonus la tombé de la nuit, et un jeu du coup encore plus fatigant.
Il ne se passe jamais rien sur la route, il n'ya pas de ville, pas de scènes, pas de personnages, ni même de virages. Pourtant il faudra bel et bien rester à l'affut devant sa console car le bus se décale petit à petit sur la droite et le joueur devra, de manière totalement répétitive, remettre le véhicule sur le droit chemin. Plus drôle encore, en cas de sortie de route, le bus sera rappatrié au point de départ là encore en temps réel. Desert Bus se montre alors comme un long cheminement, une route a priori vide de sens mais finalement sans aucun obstacle afin de permettre au joueur de transfigurer ses pensés et de s'ouvrir à une toute nouvelle philosophie. Car Desert Bus est une prise de conscience, un renversement du jeu vidéo, qui provoquera parfois un sentiment d'incompréhension aux yeux du grand public ennuyé alors que l'oeuvre est en vérité explicite ; si seulement on ose y plonger avec implication pendant une dizaine d'heure pendant lesquelles on tracera son chemin, lentement à bord d'un bus.
Ds108j le 18/09/2008 Edité le 00/00/0000 |
C'est trop bon comme jeu !!! Il me le faut !!! |
Ribo le 16/09/2008 Edité le 00/00/0000 |
J'aime l'effet de mouvement qui ressemble à... celui d'un catamaran qui tangue... |
mAxMiNo le 15/09/2008 Edité le 00/00/0000 |
Me dit pas que t'as tenté la traversé Tuscon / Las Vegas tout de même ? |