[Bouquins] Le Trône de Fer - A Game of Thrones - Georges R.R.Martin
Par Volke13, le 05/10/2010 à 22h39 (1876 vues)
A Game of Thrones est le premier tome de la saga A Song of Fire and Ice écrite par l'écrivain, scénariste et producteur américain Georges R.R Martin. La saga comporte actuellement quatre tomes. Renommée Le Trône de Fer en France, les différents tomes ont également été divisés pour être publié sous forme de livres moins volumineux mais plus nombreux. A Game of Thrones est ainsi paru en france sous forme de deux volumes : Le Trône de Fer et le Donjon Rouge.
L'intrigue se déroule principalement dans le royaume des Sept Couronnes. Celui-ci jadis dirigé par la Maison Targaryen, dite du dragon, est désormais entre les mains de Robert Baratheon (famille du Cerf), le meneur de l'armée rebelle qui destitua Aerys Targaryen le Fol ancien Roi des sept couronnes. Nommé Roi, il se maria avec Cersei Lannister (Maison du Lion) dont la famille s'est retourné contre Aerys au moment décisif. Eddard Stark (maison du Loup-Garou) ancien compagnon de campagne de Robert s'en retourna en son duché de Winterfel pour y retrouver sa femme Catelyn et ses fils. Il n'y revient cependant pas les mains vides puisque dans ses bras, il ramène Jon Snow, le fils bâtard qu'il a eu avec une femme inconnue lors de cette guerre.
Quelques années passent et le temps suis son court normal... Mais la mort de Jon Arryn, la Main du Roi (son second) entrainera la nomination d'Eddard Stark à ce poste. Lié d'amitié avec feu Jon Arryn, et convaincu que sa mort est due à un complot des Lannister, il accepte ce poste en dépit de sa difficulté : le Roi Robert est capricieux et ne rêve que de retourner guerroyer comme à sa belle époque. Cependant toutes ces intrigues politiques ne sont pas les seuls problèmes, d'étranges créatures rodent au delà du Mur (qui limite le royaume au Nord) où la Garde de Nuit, ordre chaste et solitaire qui renonce à tout droit d'une vie normale, au bénéfice du bien commun, se meurt.
Signalons que la Magie, même si elle est belle et bien présente dans la saga, reste un art qui a presque disparu, la rendant d'ailleurs bien moins banale et beaucoup plus impressionnante quand elle se manifeste (elle est mentionnée une fois dans le tome 1 et apparait une fois dans le tome 2). L'auteur semble à se tenir à cette rareté de la magie et tant mieux, car nombre sont les romans de fantasy où la magie, si rare soit elle, semble beaucoup plus commune quand la moitié des personnages principaux s'en sert.
"I think there is too much Magic in the World of Fantasy. I'm more interested in the people"
Ce sont les propres mots de l'auteur et en effet, l'oeuvre s'intéresse particulièrement aux personnages, est faite pour s'intéresser aux personnages. En effet ici, point de héros dont le nom pourrait immédiatement être associé au titre de l'œuvre, mais une pléthore de personnages et de points de vue. Chaque chapitre porte le nom d'un de ces personnages, et le récit se fera selon son point de vue.
La grande force de cette structure est de traiter tous les personnages avec une profondeur incomparable mais surtout de ne faire ressortir aucun personnage supérieur, aucun bien, aucun mal, mais juste des point de vues, des idées, des buts différents, dirigés par la haine, l'amour, l'honneur etc... Ainsi, "Manichéen" est un qualificatif qui ne peut être attribué à cette oeuvre.
L'autre point fort est la diversité des perceptions qui en ressort. Les personnages "point-de vue" sont d'âges, et d'origines très diverses : on trouvera Eddard Stark, le seigneur du nord pour qui l'honneur est chose primordiale; Tyrion Lannister (~la vingtaine) le fils d'une maison fière et guerrière qui a eu le malheur de naître nain, Jon Snow (14ans), le bâtard, à qui est refusé, par ce statut, toute place importante; Sansa Stark (11 ans) la fille noble et bien éduqué qui rêve de beaux chevaliers et de prince charmant etc...
Chacun verra le Monde d'une façon différente et apprendra, parfois à ses dépends que sa vision des chose était peut-être réductrice...
Malgré tout c'est un saga Fantasy, et le plus dur dans ce type de série se déroulant dans un monde imaginaire est l'entrée dans ce monde. Et toute excellente que soit la prose de Georges R.R.Martin, son premier tome souffre évidemment d'une certaine lenteur dû au développement du background et de la mise en situation des personnages. Cette longue introduction est cependant loin d'être inintéressante, mais combiné au style d'époque un peu chiadé, collant véritablement à l'ambiance un peu Arthurienne (Bordel, prostitués et insultes à part), de l'auteur, pourrait rebuter des lecteurs en quêtes d'une action plus intense.
Le Donjon Rouge, lui, est un véritable chamboulement : les bases sont posés et l'intrigue peut démarrer. C'est là la deuxième grande force de Martin qui apparait sur ce tome, il est maître de ses intrigues et des retournements de situations. Il les place de manière à ce que le lecteur ne s'y attende jamais tout en restant très cohérents et non-parachutés. Les personnages "point de vue" sont les acteurs de cette intrigue et la voient tous sous un angle différent.
Le début de cette saga est tout simplement brillant, Georges R.R.Martin est un maître du "Personnage", et de l'art de le faire évoluer, de le faire penser, de le faire vivre, à tel point qu'il est presque impossible pour le lecteur de dégager un personnage préféré. Soutenue également par des personnages secondaires maîtrisés à la perfection, l'intrigue est captivante, très bien menée et mise beaucoup plus sur les retords politiques que sur la profusion d'action. Mais ce n'est pas tout car ces volumes sont des merveilles de style malgré la difficulté que le lecteur a à adhérer à cette prose sur les 100 premières pages.