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Suikoden Tierkreis
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Suikoden TierkreisSurprise bénie
Trois ans que les fans de Suikoden attendaient ça. Trois ans, une longue attente depuis la sortie du fabuleux cinquième épisode, qui revenait avec bonheur aux sources ayant fait des deux premiers épisodes des RPG incontournables de l'ère Playstation. Mais après qu'il eut été annoncé que le jeu ne se déroulerait pas dans l'univers habituel, il y avait plus d'un sceptique, moi le premier.
Pourtant, si le jeu se permet en effet quelques libertés qui feront sûrement hurler les fans extrémistes de la série, il n'y a qu'un constat à faire, c'est une pure bombe, un vrai RPG ambitieux, et pas une licence sous-exploitée pour faire vendre sur la console la plus répandue du moment. Tierkreis, un nom étrange pour ce qui pourrait être un nouveau départ pour la saga. Le futur est-il déjà écrit ?Le jeu s'ouvre par une cinématique dans laquelle on peut voir un groupe de guerriers affronter un mystérieux adversaire. Derniers survivants parmi les 108 "étoiles de la destinée", ils semblent s'opposer à un ennemi clamant qu'il est futile de lutter, car le futur est prédéterminé.
Le jeu débute ensuite dans le petite village de Citro, paisible bourgade de campagne dans laquelle notre héros et ses trois principaux amis - Jale, Marica et Liu - apprennent le maniement des armes avec Dirk, leur mentor, qu'ils considèrent comme leur grand frère. Ce jour là, Dirk a décidé de les emmener avec lui pour accomplir une des requêtes du village, s'occuper des "Lagaart", petits monstres dangereux qui se sont installés sur la colline à l'est. Tout semble se dérouler normalement, nos jeunes apprentis font étalage de leur progrès à leur maître, et la mission se dirige vers une franche réussite. C'est alors que des monstres inconnus à la puissance incroyable font leur apparition, et la troupe se retrouve acculée au fond d'une ruine. Alors que tout espoir semble perdu, le héros découvre un livre ancien, et décide de s'en approcher. Un étrange phénomène se produit, et le héros, Jale et Marica entrevoient une vision (le combat ouvrant le jeu). Une fois revenus à eux, ils possèdent de puissants pouvoirs et réussissent à vaincre les monstres aisément. Mais, fait préoccupant, ils semblent être les seuls à croire qu'un bout de territoire vient d'apparaître au milieu de la forêt, alors que tout le monde possède la certitude qu'il a toujours été là. Désireux de faire la lumière sur cet étrange phénomène et sur la nature du livre, ils partent pour la capitale, Cynas, réputée pour la qualité de sa bibliothèque. C'est en chemin qu'ils feront connaissance avec l'"Order of the one true way", organisme qui gouverne la capitale et les villes alentours, proche d'une secte, qui asservit les gens en prônant que le futur est déjà déterminé, et imposant par la force sa vision. Le scénario intrigue dès le départ, accroche même, et va comme de coutume évoluer (à grand renfort de cinématiques, ici) pour finalement impliquer de nombreux royaumes, et des complots géopolitiques travaillés. Le jeu intègre même un système de mondes parallèles dont vont venir plusieurs autres personnages. Mais on ne visitera jamais ces mondes en revanche, grâce à un habile subterfuge scénaristique qui restera un peu confus au final et quelque peu inexpliqué. Par contre, l'ambiance sombre et tragique laisse place ici à une ambiance plus légère, qui évoque plus les Tales of que les autres épisodes de la série. Ce choix est sûrement dû à une volonté de toucher plus de joueurs et de populariser la série auprès du grand public, mais il faut bien reconnaître qu'il dénote quelque peu. Et que dire du héros, stéréotype du personnage de manga bon vivant de 15 ans, qui contraste avec les héros mélancoliques et "muets" des précédents épisodes, si l'on fait exception du troisième (à part avec son trio). D'ailleurs si l'on devait rapprocher le héros d'un autre au sein de la saga, ce serait Hugo. Mais cela étant dit, le scénario comporte quelques moments tragiques, des scènes émouvantes, et ce petit quelque chose qui fait qu'une fois que l'on est lancé, il est vraiment difficile de décrocher. Le Suikoden de la rupture...Pour tous les fans de la saga, une précision s'impose immédiatement : Suikoden Tierkreis ne s'intègre pas dans le grand univers créé par la saga. C'est en quelque sorte un épisode à part.
Certes, on avait déjà eu droit à deux Suikogaiden, un Suikoden Card Stories et Suikoden Rhapsodia (Tactics). Mais les trois premiers se déroulaient dans l'univers de Suikoden 2, tandis que le Tactics reprenait la confédération des îles introduite dans Suikoden 4. Ici, on repart de zéro, les 108 personnages sont nouveaux, et il n'y a aucun lien avec les anciens épisodes. Cela pourra dérouter les fans, car il faut bien reconnaître que l'un des grands attraits de la série est de proposer un univers qui se dévoile au fur et à mesure des épisodes, et qu'il reste bien des zones d'ombre à éclaircir (Jeanne, Viki...). Certaines rumeurs voudraient que ce soit le point de départ d'une nouvelle série au sein de la saga. Mais l'univers n'est pas le seul à avoir subi les grands remaniements de printemps. Trois points essentiels des Suikoden ont été allègrement modifiés (sacrilège !). Chaque Suikoden comportait jusque-là trois phases d'affrontement distinctes. Les combats normaux, les batailles stratégiques et les duels, qui ressemblaient à du "pierre-feuille-ciseau". Ici, les batailles stratégiques laissent leur place à des missions impliquant plusieurs groupes, et les duels atypiques deviennent de simples combats en un contre un. Les missions de groupe sont hélas souvent bien courtes, et les duels perdent un peu de leur saveur. Deuxième point, le système de rune laisse place à un système de magies classique appelées "Mark of the Stars", avec une encore plus classique barre de points de magie (MP). Ce changement n'est pas forcément dérangeant, d'autant qu'il est couplé avec un choix de plusieurs magies par personnage. Enfin, le système de forge d'armes a été supprimé, et l'on achète ici normalement l'équipement à la boutique. Des changements déroutants, qui auraient pu tuer toute envie de jouer par fanatisme aveugle, et pourtant... Ils ne nuisent en rien au plaisir de jeu, il faut bien le reconnaître, tout juste regrette-t-on les batailles stratégiques au départ, avant d'être happé littéralement. Le jeu ne renie pour autant pas tout, et après quelques heures, j'ai vraiment eu l'impression d'évoluer dans un Suikoden, retrouvant les sensations habituelles et tellement atypiques, mais tout bonnement géniales. ... En douceurPremière précision sur le gameplay, le jeu est entièrement jouable au stylet sans problème, il n'en utilise aucune spécificité, et l'on peut entièrement s'en passer (pour mon plus grand plaisir).
Comme dans tout Suikoden, les combats sont en classique tour par tour mais, à l'instar du quatrième volet, impliquent quatre personnages uniquement (et non six), que l'on répartit comme on veut sur une grille de deux lignes de trois. De façon surprenante ce changement ne m'a pas dérangé, et n'a pas nuit au plaisir de jeu, une nouvelle fois. On retrouve le système d'expérience si particulier de la saga. Inutile de chercher à faire du level-up à outrance, chaque lieu possède sa propre limite de niveau, que l'on atteint en quelques combats, avant de ne presque plus évoluer. Ce choix a toujours placé la série quelque peu en marge des autres productions, mais de par le nombre des personnages jouables et parfois nécessaire de faire monter, il est judicieux. A noter que lorsqu'un protagoniste monte de niveau, ses HP et MP sont régénérés, ce qui introduit quelques petite stratégies pour utiliser en priorité un personnage proche du niveau supérieur (stratégie bien connue des amateurs de Luminous Arc). Pour rester dans les rouages habituels, évoquons la présence des attaques multiples, accessibles lorsque plusieurs guerriers avec des affinités particulières sont présents dans l'équipe. Et comme dans tout Suikoden, le jeu est très facile, et on peut utiliser la commande d'attaque automatique sans trop de souci, hormis lors des derniers lieux et affrontements contre les boss. Les fans de challenge seront une nouvelle fois rebutés, mais de toute façon cette série n'est pas faite pour eux, tout est question d'ambiance, de ressenti. Pour se déplacer d'un lieu à un autre, on passe via une simple carte, qui évoque celle du troisième opus. Certes, quelques petits lieux contiennent une carte sur laquelle on se déplace et rendront nostalgiques les fans de la première heure, mais il y en a peu, et elles sont petites. Les villages ont aussi été modifiés, et sont maintenant découpés en sous-sections, à la manière d'un The Last Remnant. Mais on se déplace toujours avec plaisir dans chaque section, contenant son lot de dialogues intéressants ou drôles, et la variété de cultures habituelles est bien au rendez-vous, peut-être même encore plus, grâce à l'orientation du jeu (je ne précise pas plus, sous peine d'en dévoiler trop). Enfin les lieux eux-mêmes sont typiques des Suikoden, assez courts en moyenne (celui de fin est, en revanche, très long), sans réelle énigme, mais agréables à parcourir. Mark of the Stars of DestinyQue serait un Suikoden sans un quartier général pouvant accueillir les 108 étoiles de la destinée ?
Bien sûr, Tierkreis ne néglige pas ce véritable lieu de vie, qui d'une petite ruine anodine va devenir le symbole de la révolte, et le centre de toutes les opérations. Au fur et à mesure du recrutement des personnages, de nouvelles possibilités sont offertes et le château gagne en vie, grâce aux dialogues constamment mis à jour entre chaque passage scénaristique. Le recrutement, parlons-en. Dans un Suikoden, il est toujours difficile, voire impossible de récupérer l'ensemble des 108 personnages sans aide extérieure. Mais, selon l'épisode, s'approcher de ce chiffre est plus ou moins aisé. Tierkreis évoque le troisième épisode, qui donnait d'énormes indices au travers d'un détective, et permettait d'en récupérer un grand nombre sans peine. Ici, c'est par l'intermédiaire de quêtes que l'on récupère la majeure partie des personnages qui ne nous rejoignent pas automatiquement. Il suffira d'aller accepter la quête associée, et une fois celle-ci terminée (plus ou moins facilement), un nouveau personnage rejoindra la grande équipe. Pour la plupart d'entre eux, aucun pré-requis nécessaire, cela se fait très simplement, et l'on peut atteindre 80-90 étoiles sans forcer (à vue d'œil). Pour les autres, tout est question de timing, de recherche méticuleuse et de... chance. Le joueur lambda ne cherchera pas à obtenir ces personnages annexes, loin d'être indispensables, et bouclera le jeu en une petite trentaine d'heures. Pour les autres, il faudra retourner dans tous les lieux entre chaque séquence de scénario et prendre en compte le cycle des saisons (issue de Suikoden 4), déterminant pour certains recrutements. En fouillant de la sorte, on peut facilement dépasser les 100 étoiles, mais pour être honnête, malgré toute ma bonne volonté, il m'a fallu utiliser une aide de jeu pour récupérer les quatre qu'il me manquait, le tout en 50 heures de jeu. Nul doute que le fan qui voudra tout trouver seul par fierté pourra passer la barre des soixante heures sans grand souci. Les quêtes ne sont pas là uniquement pour le recrutement, cependant. Bien des quêtes ne débouchent sur aucun recrutement. Mais elles ne sont pas pour autant sans intérêt ! Le jeu abolit la récupération d'argent à chaque combat. À la place, on récupère des ressources, un système qui évoque quelque peu Tengai Makyo 4. Ces ressources peuvent être revendues dans les différents marchés du continent, le cours de chacune variant selon l'endroit, il faut donc être vigilant ! Quel rapport avec les quêtes ? J'y viens. Si les ressources permettent une bonne rentrée d'argent, ce sera néanmoins insuffisant pour couvrir tous les frais engendrés par vos troupes. Les quêtes permettent non seulement de faire rentrer de grosses sommes, mais également de récupérer des objets intéressants, qu'il ne sera plus nécessaire d'acheter. Enfin, certaines permettent d'en apprendre plus sur les relations entre les personnages et leur background. La réussite des quêtes pour lesquelles on envoie des troupes (qu'on ne joue pas, donc), dépend souvent fortement des statistiques des protagonistes envoyés. Pour attraper les animaux, de la chance et de l'agilité, pour labourer un champ, la force... Et chacune demande un certain nombre de jours pour être complétée. Mais cette durée est un artifice sommaire, car il suffit de se déplacer sur la carte pour faire écouler les jours, sans que cela ait une quelconque influence sur le reste du jeu. Le gameplay est donc riche, et promet de très nombreuses heures de jeu. On peut ajouter la présence d'un mode Wi-Fi, qui permet d'envoyer ses personnages réaliser des quêtes dans une partie d'un autre joueur, de recevoir des objets spéciaux, et propose même un combat inédit contre un boss. Sans rien révolutionner, le mode est bien pensé pour un RPG, et parachève un tableau presque idyllique, car... Suikoden RhapsodiqueIl faut bien le reconnaître, les Suikoden n'ont jamais été des monstres techniques sur leur support. Si Suikoden 2, 4 et 5 s'en sortaient honorablement en leur temps, sans faire d'éclat néanmoins, Suikoden et Suikoden 3 étaient eux vraiment légers et présentaient une technique qui faisaient peine à voir.
Avec Tierkreis Konami frappe fort, et propose l'un des plus beaux RPG de la machine, tout simplement. Les décors en 2D sont absolument somptueux avec des effets de lumière sublimes, et la 3D des personnages et ennemis est vraiment de bonne facture pour la DS, avec l'utilisation habituelle de modèles SD, pas forcément du meilleur goût mais semblant se poser en standard sur la console, sûrement à cause de ses limitations techniques. Les artworks sont vraiment très beaux (bien que le style soit bien plus conventionnel, évoquant les animes que l'on voit arriver par centaines du Japon, en petits bateaux), et pour la première fois dans la série les moments clés sont accompagnés de cinématiques, dont la qualité est plutôt bonne. À vrai dire le jeu serait presque parfait sur ce point si les effets des magies et attaques spéciales avaient été plus travaillés. Au final, ils sont assez fades et sans relief. Tierkreis brille par sa beauté c'est indéniable, mais que dire de sa bande-son ! Sur le papier, associer Norikazu Miura (Suikoden V), Yoshino Aoki (Breath of Fire 3 et 4) et Masaharu Iwata (FFT et les Ogre avec Sakimoto, Baroque...) promettait beaucoup. En pratique, c'est encore meilleur que ce que j'en attendais. Les compositions sont magnifiques, alternant le style traditionel et quelque peu oriental de la série (on retrouve d'ailleurs pas mal d'anciennes pistes) avec des compositions dans un style différent, mais toutes aussi réussies. Si Suikoden Tierkreis captive autant, il le doit autant à son scénario qu'à sa bande-son, qui présente de surcroit une qualité sonore remarquable pour la console. Les doublages sont eux plus décevants. Sans être mauvais, loin de là, ils sont par moment étranges et manquent un peu de conviction, mais rien de bien grave, même si j'aurais bien aimé pouvoir mettre ceux japonais, d'un bien meilleur niveau, comme toujours. Suikoden Tierkreis est à la fois un digne héritier de la série et un hérétique qui bafoue quelques-uns de ses fondements essentiels. Qu'importe, l'ambiance si atypique est bien là, et le plaisir de jeu plus qu'au rendez-vous, il est difficile de décrocher une fois la cartouche lancée. Après avoir dominé la Playstation et la Playstation 2, Suikoden s'impose sur DS avec ce qui est à mon sens sûrement le meilleur RPG de la console.
Des étoiles plein les yeux et plein le jeu, j'attends avec impatience et confiance l'éventuel prochain volet sur console de salon.
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