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Akalabeth: World of Doom
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Akalabeth: World of DoomAnd Then There Was RPG
Nous sommes en 1979. Richard Garriott, aka Lord British, est au lycée et occupe son temps libre à lire la collection complète des livres de Tolkien et faire des parties de Dungeons & Dragons avec ses amis. Cet été, Richard va développer en BASIC son 28ème jeu amateur basé sur l'univers D&D et décide de laisser tomber l'aventure textuelle pour un format plus proche du jeu de rôle papier. Une fois fini, il va lui-même distribuer son D&D28 dans le magasin d'informatique où il travaille pour l'été. Malheureusement, seule une dizaine de copies seront vendues. Sauf que le Destin a décidé d'intervenir et une de ces copies va arriver entre les mains de la California Pacific Computer Company qui va aussitôt le contacter pour publier le jeu. Renommé Akalabeth: World of Doom en hommage à Tolkien, le jeu se vendra à plus de 100 000 exemplaires, lancera la franchise Ultima qui aura le succès que l'on connait et introduira le RPG aux USA.
Nous sommes en 2010. Plus de 30 ans après, Akalabeth accuse forcément son âge très avancé et on peut se demander si cet ancêtre du RPG vaut encore la peine d'être joué aujourd'hui. Akalabeth n'est-il plus qu'un nom dans les archives du jeu vidéo ? Diner Mondain"Many years ago, the Dark Lord Mondain traversed the lands of Akalabeth spreading evil and death as he passed, and he opened countless dungeons to bend the world to his will. Lord British, a mighty mage and champion from a distant world, resolved to lead the people of the land in opposition to Mondain’s magical terrors, offering magical rewards to those brave enough to enter the dungeons and face the evils therein in combat. ‘Tis thy duty to help rid Akalabeth of the foul beasts which infest it, whilst trying to stay alive!"
Richard Garriott n'a jamais été très clair au sujet du scénario d'Akalabeth. L'extrait du manuel nous laisse penser que l'action se situe avant Ultima I, pendant l'une des nombreuses batailles opposant Lord British et le Dark Lord Mondain, mais par la suite, Richard Garriott a nié tout lien avec Ultima. Toujours est-il que le joueur arrive sur les lieux pendant la bataille. Ironiquement, l'un des premiers RPG jamais créé ne nous fera pas sauver le monde mais offrira au joueur le job de technicien de surface qui devra nettoyer les monstres restants après le conflit. Comme dans tout RPG occidental, le jeu commence par la création de son personnage. Ici, tout est extrêmement limité : on choisit un "lucky number" correspondant à une certaine disposition de la worldmap et des donjons, un niveau de difficulté entre 1 à 10, un jet de dés distribuant aléatoirement les stats et enfin le choix de la classe (guerrier ou mage). Premier choc : pas de différence de stats entre le guerrier et le mage car le choix se fait après. Le guerrier aura la possibilité d'utiliser des rapières pour faire un peu plus de dégâts et le mage pourra se servir des amulettes magiques permettant de se téléporter, d'attaquer, de se transformer en grenouille (+3 dans chaque stat) ou encore en homme lézard (+150% dans chaque stat). Autant dire que le guerrier est totalement inutile, à part pour les joueurs voulant encore plus de challenge. Il est intéressant de noter que l'on peut rentrer n'importe quelle chaine de caractères à la place du "lucky number" mais il est déconseillé de choisir autre chose que des chiffres. Par exemple, en tapant "ROTKA" comme "lucky number", le château de Lord British est inaccessible, entouré par les montagnes, vous ne pouvez donc pas recevoir de quêtes et le jeu ne peut pas être fini (ni même commencé). Soyez prudents ! Du papier ! J'ai faimUne fois le personnage créé, le jeu commence automatiquement à l'intérieur d'une ville. Dans Akalabeth, les villes ne sont en fait qu'une boutique contenant en tout et pour tout six objets : rapière (Rapier), hache (Axe), arc et flèche (Bow and arrows), bouclier (Shield), nourriture (Food) et amulette magique (Magic amulet). On achète un objet en pressant l'initiale sur le clavier : A pour hache, F pour nourriture, ... Les quatre premiers items sont des armes, l'arc et le bouclier étant inutiles au vu des faibles dégâts engendrés, seules la hache et la rapière (pour le guerrier) peuvent être utiles. Cependant, on trouve très aisément des dizaines de ces items dans les donjons donc il n'est pas nécessaire de gaspiller l'or, ressource rare et nécessaire au début du jeu pour acheter de la nourriture.
En effet, Akalabeth intègre l'une des pires idées de game design, certes réaliste mais tellement frustrante et inutile que nous sommes chanceux qu'elle ait été aussi vite abandonnée : chaque action hors-donjon coûte 1 unité de nourriture et chaque action dans un donjon coute 0.1 unité de nourriture. Par action, le jeu entend la pression d'une touche : avancer contre un mur ou simplement se tromper de touche vous fait perdre de la nourriture. Il va sans dire qu'il faut donc optimiser ses déplacements aussi bien dans un donjon qu'en dehors et ne jamais tenter le diable quand la nourriture vient à manquer. Car Akalabeth est sans pitié : 0 nourriture équivaut à un Game Over et le concept de sauvegarde n'existe pas ici. Une fois sorti de la "ville", le joueur se retrouve sur la worldmap. La vue est centrée à tout moment au-dessus du joueur, lui-même représenté par un simple point. Seuls les déplacements haut, bas, gauche et droite sont permis. Générée aléatoirement en fonction du "lucky number", la worldmap est un simple carré de 19x19 cases, chaque case pouvant être l'un des 6 éléments suivants : rien, une ville (un shop proposant les mêmes items partout), un donjon, un trou (il ne se passe rien si l'on ne descend pas dedans...), une montagne (pas de déplacement permis) ou le château de Lord British (unique sur la carte). Le joueur doit en premier lieu trouver le château de Lord British qui lui donnera les quêtes à effectuer. Ces quêtes consistent à éliminer un monstre particulier et, suivant le niveau de difficulté, il faudra en éliminer 6, 7 voire 10 pour finir le jeu. À l'acceptation d'une quête et après sa complétion, Lord British augmentera toutes les stats du joueur de 1. Akalabeth-likeComme tout bon RPG oldschool, Akalabeth est un dungeon crawler : on arpente des donjons en éliminant les monstres sur son passage tout en ramassant les trésors que l'on rencontre, chaque niveau étant plus difficile que le précédent. Quelques mois avant la sortie de Akalabeth, Rogue, qui a eu un succès considérable, pose les bases du genre et donne ainsi son nom au genre : "rogue-like". Akalabeth, bien qu'intégrant de nombreux éléments de RPG que Rogue n'a pas, ainsi qu'une vue à la première personne dans les donjons, ne sera pas retenu dans la conscience collective et c'est Rogue qui a donné son nom à ce type de jeu. "Akalabeth-like" aurait de toute façon été bien difficile à prononcer.
Tous les donjons d'Akalabeth sont générés aléatoirement mais ont le même aspect, ils contiennent les mêmes monstres et ont un nombre infini d'étages. Bien évidemment, plus le joueur descend, plus les ennemis sont puissants et nombreux. Le joueur croisera en tout et pour tout 10 types d'ennemis dans les donjons d'Akalabeth : le Rat, le Skeleton, le Thief (vole un objet aléatoirement), l'Orc, la Viper, le Mimic (déguisé en coffre), le Carrion Crawler, le Goblin (vole aléatoirement la moitié de votre nourriture), le Daemon et le Balrog. Certains d'entre eux sont particulièrement redoutables comme le Goblin, qui vous fera mourir de faim, ou le Balrog, qui vous fera mourir tout court. En plus des monstres, le joueur pourra découvrir des coffres, tomber dans des pièges (descente automatique d'un étage) et traverser des murs invisibles. Il est évident qu'il faudra dessiner soi-même les maps de chaque étage pour survivre et retrouver facilement un monstre pour une quête (ceux-ci restant au même endroit lorsque l'on sort et re-rentre dans un donjon). Tous les donjons contenant les mêmes monstres, il est bien plus pratique pour chaque partie de trouver un donjon et une ville très proche du château de Lord British et de ne parcourir que ce donjon durant tout le jeu. Une fois toutes les quêtes effectuées, le joueur devient Chevalier de Lord British et n'a plus rien à prouver. On peut tout de même continuer à arpenter les donjons du jeu après l'écran de fin si la motivation est au rendez-vous. Personne ne vous entend crierLes graphismes d'Akalabeth sont plus que sommaires. Les villes et le château de Lord British ne sont que des écrans de texte, la worldmap est composée d'icônes très simplistes (un donjon est une simple croix, un trou est un simple rond, ...) et les donjons sont représentés sous forme de fil de fer. Le rendu pseudo 3D des donjons étant néanmoins un exploit pour l'époque, l'Apple ][ est très lent à afficher la fenêtre de jeu à chaque déplacement et heureusement, les émulateurs peuvent accélérer la vitesse pour passer outre ce problème.
Akalabeth ne contient ni musique, ni son, ce qui contribue à la difficulté de se plonger dans le jeu. L'ambiance est par ailleurs quasi inexistante. Enfin, Akalabeth ne gère pas les sauvegardes. Certes, le jeu se termine très rapidement (3-4h) mais vous devrez recommencer plusieurs dizaines de fois vos parties avant d'en réussir une, la difficulté étant monumentale. Un portage a été effectué sous DOS pour la sortie de l'Ultima Collection, mais cette version est encore plus dure que la version Apple ][, les donjons étant réinitialisés à chaque sortie. Histoire de rester fidèle à l'original jusqu'au bout, une fonction de sauvegarde n'a pas été implémentée. Il y a 30 ans, Akalabeth était une révolution. Premier RPG PC et modèle des futurs jeux du genre, il va ouvrir le début d'une nouvelle ère pleine de RPG. Néanmoins, aussi exceptionnel que le jeu puisse avoir été en 1980, il est difficilement concevable que le joueur de 2010 ait un quelconque plaisir à jouer à cet antique du RPG oldschool. Graphismes simplistes et laids, gameplay basique et frustrant, aucun son et scénario quelconque desservent complètement Akalabeth, qui n'est plus aujourd'hui qu'un symbole du début de la révolution RPG plutôt qu'un jeu culte.
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