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Venetica
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VeneticaLes morts sont bien vivants
Venetica est de ces jeux développés un peu dans l'anonymat le plus total. Les raisons ? Peut être car Deck13, son développeur, est bien plus connu pour des jeux d'aventure en point'n'click et que le RPG semble bien loin de leurs compétences. Ensuite, car de bien diverses causes ne jouent pas en la faveur d'un tel produit, notamment un marché bien saturé par des blockbusters tel Elder Scrolls ou The Witcher. Qu'importe, le titre joue tout de même la carte de l'audace pour se faire une place, et ça mérite bien un petit détour.
Venise...A San Pasquale en l'été 1538, Scarlett et son amoureux Benedict semblent mener une vie des plus paisibles mais assez difficile et rudimentaire. C'est ainsi que Benedict doit parfaire son entraînement à l'épée pour espérer satisfaire les conditions de travaux périlleux effectués sur la grande cité de Venise. Scarlett, elle, va devoir attendre sagement son homme dans ce petit village perdu de montagne.
Une situation pas forcément enviable qui va basculer dans le drame. En effet, à la tombée de la nuit une horde de mystérieux assassins font irruption dans le village en massacrant et pillant tout sur leur passage. Dans cet assaut d'une violence inouïe, les tourtereaux sont séparés et Scarlett doit prendre les armes pour sa survie, du moins le temps que Benedict ne vole à son secours. Ce sera le cas, mais notre héroïne ne s'attendait pas à voir l'homme de sa vie se sacrifier si tôt pour elle. Éreintée par ses émotions, Scarlett n'est pas au bout de ses surprises. Au cours de son sommeil, la Mort en personne vient lui annoncer une destinée pour le moins tragique et liée aux événements du crépuscule de la veille. Elle doit libérer Venise de l'emprise d'un groupe de nécromanciens qui auraient déjoué les règles de la mort. Ne sachant pas trop quoi faire, Scarlett accepte la proposition et va en échange obtenir le pouvoir d'interagir avec le monde nébuleux. Première mission : récupérer une arme invisible par l’œil humain, le Croissant de Lune, où la seule lame au monde capable de tuer définitivement les êtres venant de l'au delà. Le sujet est quelque peu inhabituel et possède un petit côté hypnotique. Qui n'a jamais voulu déjouer la mort ? C'est dans ces conditions que l'on va suivre Scarlett, une héroïne charismatique sous de faux airs de Lara Croft vénitienne. Si l'histoire en elle-même n'est pas un monstre de narration et qu'elle ne réserve au final que peu de surprises, elle propose à la place un rythme assez efficace qui incite le joueur à progresser dans sa quête. Pas trop d'écarts ici, puisque toute l'aventure se passe à Venise ou presque, mais des quartiers variés qui représentent plus ou moins bien la vie de cette cité au XVIe siècle. La bonne inspiration vient du rapport avec les morts et la nécromancie, qui donne un côté fantastique pas du tout désagréable. ...prend l'eau...Ah Venise, ses gondoles, ses canaux, ses marchés, sa foule en délire,... Tout ça entre les mains de développeurs visiblement peu doués avec la 3D des environnements ouverts.
Le résultat est, n'ayons pas peur des mots, catastrophique ! Les modélisations sont approximatives, les collisions désastreuses, le nombre de bugs dépasse l'entendement, la caméra panique constamment et ça rame quasiment tout le temps. Ce constat prend parfois des allures involontairement comiques d'ailleurs : il suffit de suivre un pnj pour se rendre compte qu'il est autant perdu que vous, pire encore lorsque le décor lui donne sa direction, un peu comme l'angle d'un bon vieux casse-brique. Je pourrai aussi parler du nombre indécent d'objets en 2D ou 3D qui lévitent à droite ou à gauche, les oiseaux qui traversent les bâtiments, les ennemis qui marchent sur l'eau ou les valeureux citoyens à qui ils manquent une ou deux jambes, mais la liste serait trop longue. Je n'ai pas eu une seule session de jeu à peu près correcte, il y a toujours eu des trouvailles en matière de bugs même si, j'insiste, le jeu reste jouable. Maintenant il faut aussi rendre justice à ce qui surnage. Venise est assez grande (même si on aurait souhaité plus) et l'atmosphère qui s'en dégage est crédible. Le level-design est également un point positif, puisque les combats se déroulent la plupart du temps à même les rues et que vous êtes libre. Enfin, le chara design légèrement cartoon-réaliste fonctionne assez bien. De biens maigres consolations pour les amateurs de beaux jeux, mais nous dirons discrètement que l'intérêt est ailleurs. La bande-son, elle, aurait pu être là pour relever le niveau, mais elle s'avère un peu trop discrète sur la longueur. Les doublages, intégralement en français, restent dans le ton malgré quelques incohérences disgracieuses. Non, là encore le jeu souffre surtout de problèmes techniques récurrents : certaines phrases ne sont pas doublées (ce sera de l'anglais à la place), souvent le son disparaît tout simplement et les bruitages, au demeurant satisfaisants, sont rarement bien coordonnés. En fait, on se demande si ce jeu est passé par la phase bêta. ...mais pas les morts...Venise est une ville pleine de mystères, mais pas autant que notre héroïne qui va avoir du pain sur la planche dans les quartiers les plus sombres. Action-RPG à environnement ouvert, le jeu possède une structure assez classique pour ce genre "à l'occidental". Vous allez la plupart du temps devoir vous-même chercher les indices entre les missions du scénario et les missions secondaires. A ce titre les deux sont souvent liées : vous ne trouvez pas votre chemin ? Finissez les quêtes secondaires pour débloquer la situation.
La trame ne donnera accès aux quartiers que progressivement, ce qui est un bon choix pour se faire la main, car d'un côté la carte n'est pas très pratique, et que de l'autre votre personnage ne peut pas sauter, ce qui implique parfois de longs détours en passant par plusieurs maisons. Vous ne ferez pas le voyage pour rien rassurez-vous, de nombreux coffres ou autres portes sont l'occasion de grappiller quelques points d'expérience, avec l'aide de vos amis morts au début du jeu. Car c'est le point d'orgue du jeu. Scarlett peut faire appel au monde des morts pour obtenir des indices. Parfois ce sera les combinaisons des coffres, d'autres fois pour obtenir des objets ou trouver des pièces secrètes. Certains sorts permettent même de converser avec les fantômes ou d'invoquer temporairement un défunt, histoire qu'il vous prête main forte. L'avantage, c'est que ces situations se renouvellent suffisamment pour bien assimiler vos talents en nécromancie, tout comme vos talents d'assassin puisque personne ne peut vous voir lorsque vous voyagez dans l'autre monde. Et vous userez souvent de cet artifice croyez-moi, entre les ennemis en groupe et les monstres que seul le Croissant de Lune peut affecter, il faudra souvent ruser. Mais Scarlett a plus d'une corde à son arc, car au delà des jauges de hp/mp, il y a une jauge segmentée (qui évoluera avec l'expérience) qui permet de mourir plusieurs fois tant qu'il y a de la matière spirituelle. Ceci activera le sort nébuleux pour vous permettre de renverser la situation, tout en occasionnant des scènes cocasses, puisque notre Scarlett n'hésitera pas à mourir de temps à autre volontairement pour progresser, si vous en faites le choix. Les combats en temps réel seront l'autre alternative de Venetica. Via un système de raccourcis assez mal fichu qui nous rappelle que le jeu est pensé "PC" à la base, vous avez la possibilité de figer le temps pour accéder à un inventaire peu ergonomique et placer jusqu'à quatre raccourcis (plusieurs combinaisons sont possibles). Ces derniers contiendront skills et magies qui se rechargent automatiquement après utilisation et les objets ou les armes (plusieurs types) seront aussi dans cette interface. Pas déplaisant et assez bourrin, l'intérêt des combats vient surtout de la palette de magies perfides en notre possession. Évidemment, on retrouve aussi un certain nombre d'éléments inhérents au genre. Les questions à choix multiples d'abord, même si peu d'entre elles ont une réelle influence, ensuite le système de création d'objets ou encore l'expérience, qui permet de griller les points de compétence pour monter ses statistiques. Côté technique, un quota de points permettra d'apprendre le nécessaire auprès des nombreux maîtres d'armes de la ville. Hormis les facéties du monde des morts pas de grosses surprises donc, mais c'est aussi la force du jeu. L'alchimie d'ensemble est particulièrement efficace et surtout assez peu répétitive. Du coup on progresse sans vraiment s'en rendre compte et finalement on ne peste que sur les défauts techniques qui plombent trop une expérience qui de base était pourtant solide. ...qui nous hantent Entre 20 et 30h suffiront à boucler l'aventure, ce qui est honorable pour le genre. Quêtes optionnelles : il y a ce qu'il faut en quêtes optionnelles sans pour autant nous envahir. D'ailleurs il y a trois guildes dans le jeu qui permettront de pousser un peu le contenu annexe. En revanche vous ne pourrez pas tout faire dans une seule partie, puisque la guilde de votre choix s'impliquera dans une phase scénario. A vous après de découvrir les secrets de la cité. Deck13 y était presque, ai-je envie de dire. Avec son héroïne charismatique pour la forme et ses fragrances mortuaires pour le fond, Venetica possède assez d’arguments en sa faveur pour amuser les plus tolérants d’entre vous. Car malheureusement, l'expérience du jeu est noyée sous une légion de défauts techniques, d'autant plus consternant que le potentiel était bel et bien là pour faire de ce titre une valeur sûre. Finalement Venise n'a pas pris l'eau, ça manquait juste de gondoliers pour mener le joueur à bon port.
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