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Ys: Memories of Celceta
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Ys: Memories of CelcetaFolle jeunesse
On ne le dirait pas comme ça, mais Adol Christin est quand même un vieux de la vieille : ça fait plus de 25 ans que l'homme à la crinière rouge traverse les générations, de nouveaux épisodes en remakes, incarnant sans fléchir un certain idéal de l'aventurier intrépide. Il aura passé au fil de l'épée un nombre incalculable de créatures maléfiques, mis à mal nombre de plans destructeurs, aura fait du tabassage de divinités une habitude et en plus sa fougue et sa bonté naturelles lui auront permis de charmer toutes les demoiselles croisant son chemin. Pourtant après toutes ces années et le début de son épopée sur une plage d'Esteria, l'homme est resté un mystère : d'où vient-il ? A-t-il de la famille ? Est-ce vraiment le hasard qui le pousse à toujours tomber au mauvais endroit au mauvais moment ? Et bien Falcom a décidé d'apporter un début de réponse à ces questions avec Ys: Memories of Celceta, un "nouvel-ancien" épisode va trouver ses sources dans Ys IV pour construire son univers.
Pas sur une plage mais pas glorieux non plusLe jeu s'ouvre avec un Adol hagard, à bout de forces, qui erre dans la grande ville de Casnan. Chahuté par des mineurs et incapable de se relever, il doit alors son salut à l'aubergiste du coin qui lui offre le gîte et le repas. Et quand ledit aubergiste lui demande à qui adresser la note, le blanc absolu : il est amnésique. Qui est-il, que fait-il ici ? Il retrouvera son nom grâce à Duren, grand gaillard qui se présente comme son ami et se retrouvera un but après la découverte d'une étrange statue ailée dans les mines de Casnan : ses premiers souvenirs sont ravivés, souvenirs qui vont l'amener dans la grande forêt de Celceta, couvrant la quasi-intégralité du pays du même nom. Il y avait trouvé quelque chose de grande importance, mais quoi ? Il se lance alors à l'aventure, à la fois pour trouver les raisons de son amnésie et retrouver ses souvenirs, mais aussi en réalisant au passage un travail de cartographie fourni par le gouverneur Griselda, membre de l'empire Romun qui s'est installé en Celceta depuis un moment déjà. Et très vite, il va s’apercevoir que cette grande forêt cache de profonds mystères, des mystères que beaucoup semblent convoiter.
Memories of Celceta est un titre un peu particulier dans l'univers de Ys, et ça mérite bien un petit cours d'histoire : en 1993, trop occupé sur un autre projet (Kaze no Densetsu Xanadu, pour ne pas le citer), Falcom fourni une base pour Ys IV à deux studios. Tonkin House la reprendra fidèlement et sortira Mask of the Sun sur Super Nintendo, Hudson Soft prendra des libertés et sortira The Dawn of Ys sur PC-Engine-CD (on a même échappé à un troisième jeu sur Megadrive !); à ce moment l'épisode de Hudson Soft est unanimement défini comme le meilleur, mais c'est Mask of the Sun qui raflera le titre d'épisode canon, fidélité oblige. Mask of the Sun qui sera ensuite remaké sur PS2 avec Mask of the Sun -a new theory- en 2005, reprenant ladite base mais proposant une nouvelle vision du scénario. Ce n'est donc pas fini car Memories of Celceta va faire de même, Falcom insistant sur le fait qu'il faut considérer le jeu comme une nouvelle vision des évènements vécus par Adol, la disparition du IV dans le titre allant dans ce sens. Memories of Celceta reprend donc la base scénaristique de Ys IV, et tout ce qui va avec : les personnages majeurs, les noms des villes, le sens général du scénario. Il prend également des bouts à gauche à droite de Mask of the Sun et The Dawn of Ys, et mélange tout ça avec une bonne louche de nouveaux éléments. Bref, un sacré bazar, mais qui se tient : Memories of Celceta se suffit "scénaristiquement" à lui-même, pas besoin d'avoir fait les autres épisodes estampillés Ys IV. Bon point. Second point qui lui plaira aux fans, Falcom continue à s'appliquer à mieux construire le background de l'univers de Ys : chronologiquement parlant, ce quatrième volet se situe après Ys II et avant Ys III, et le studio ne s'est pas privé, dans cette version Vita, de glisser moult références aux aventures futures d'Adol à travers de simples anecdotes de NPCs ou d'éléments directement liés au scénario. On apprend par exemple que pendant les évènements de Celceta, l'empire Romun est actuellement en conflit avec un certain royaume du nom d'Altago, que Adol ne visitera que cinq ans plus tard, dans Ys Seven. Et pas que le futur, le passé également : une partie du jeu va consister à retrouver les fragments de mémoire d'Adol, disséminés à travers tout Celceta, et qui vont à la fois apporter des éclaircissements sur l'histoire, qui vont ressasser les évènements de Ys I & II et et vont également ouvrir une toute petite porte sur le passé d'Adol lui-même. Une manière simple et efficace de cimenter le background, qui mine de rien gagne en épaisseur épisode après épisode. Quand à l'histoire en elle-même, c'est Ys qui fait du Ys avec des personnages hauts en couleurs, des mystères et des révélations bien senties, une bonne louche d'humour et surtout un rythme de croisière soutenu dans lequel tout ça est brassé. Et malheureusement un petit aspect cliché permanent, un souffle épique qui peine à s'installer à cause de l'omniprésence du blabla qui coupe régulièrement l'action, une mise en scène pas bien folichonne et une fin "volontairement" ouverte et bien trop vite expédiée.
Ys Seven+1Pour le gameplay, Memories of Celceta reprend la base créée par Ys Seven et l'améliore. Adol ne combat donc pas seul, deux autres personnages contrôlés par l'IA sont à ses côtés avec toujours la possibilité de switcher le personnage contrôlé avec un seul bouton. Au total six personnages seront jouables, chacun ayant son propre style de combat et surtout une arme bien spécifique qui va définir son type d'attaque : Slash, Strike, Pierce. Ce qui tombe plutôt bien, c'est que les ennemis peuvent avoir une faiblesse liée à ces types d'attaques ; Duren par exemple, de type Strike, prendra un malin plaisir à abattre les ennemis à armures, faible contre ce type. Il s'agira donc de régulièrement prendre le bon personnage pour faire face à un bestiaire coriace et diversifié, surtout que abattre un ennemi avec une attaque face à laquelle il est faible va générer un Excellent Kill, qui se traduit par de l'or en plus et une augmentation des chances d'obtenir des objets rares. A noter que la composition de l'équipe influe aussi sur les combats, ça s'appelle le Party Ability. Par exemple avoir trois personnages précis augmentera l'argent gagné, avoir deux personnages du même type d'attaque augmentera la puissance de ce type. Il y a autant de bonus qu'ils y a de compositions possibles.
Pour le combat en lui même, Ys Seven formula toujours : les combats à trois sont un joyeux bordel, mais croire qu'avancer en massacrant sa touche X suffira est une grossière erreur. Premier point pour commencer, l'utilisation des techniques : elles ne sont plus associées aux armes, mais à la maîtrise des autres capacités / au level-up du personnage / à la progression dans l'histoire. Mais le fonctionnement reste le même : il faut obtenir des SP pour les utiliser, qu'on obtient en tuant des ennemis ou en effectuant des attaques chargées. Chaque personnage peut équiper jusqu'à 4 capacités. Nouveauté Celcetienne, chaque skill dispose d'un profil propre (puissance, étourdissement, portée, zone d'effet), profil qui évolue avec le level-up de la compétence. La technique Blade Rush de Adol, par exemple, génère une mini-tornade à la fin au niveau deux et gagne drastiquement en puissance au niveau trois, trois étant le maximum que peut atteindre une capacité. Il s'agit donc de bien connaître les talents de ses personnages pour combattre avec classe : lancer un ennemi en l'air et l'y frapper occasionnera un Aerial Combo, l'achever avec une technique génère un Skill Finisher (tous deux offrent plus d'or et une mini-récupération de HP/SP). Et la touche finale sera bien sûre l'Ex-Skill, super technique propre à chaque personnage qui peut se lancer quand la jauge liée est remplie. Le jeu propose même un accessoire faisant évoluer cette capacité, pour encore plus de bourrinisme. Attaquer c'est bien beau, mais il faut savoir se défendre également. On dispose toujours d'une touche pour se protéger, et d'une autre pour esquiver. Alterner entre les deux est la clé d'une survie réussie, et là aussi Falcom a procédé à quelques modifications bénéfiques : si on appuie sur la touche de garde au moment d'être touché, on enclenche un Flash Guard. Si on appuie sur la touche d'esquive au moment d'être touché, on enclenche un Flash Move. Le premier offre la possibilité d'infliger 100 % de coups critiques, tandis que le second va ralentir l'action des adversaires, tout ça pendant une petite poignée de secondes, il ne faut pas abuser non plus. Mais il faut réussir : ces techniques sont à double tranchant et demande une certaine maîtrise (obligatoire en mode Nightmare), la réussite offre un bonus non négligeable tandis que rater son coup offre la possibilité d'une mandale bien douloureuse. Et pour finir, l'IA aussi a également été améliorée, réagissant encore mieux aux assauts ennemis avec des réflexes qui feront pâlir d'envie le joueur. On peut même lui donner des ordres assez sommaires d'attaque / défense.
Bref, le gameplay de Memories of Celceta, c'est celui de Ys Seven mais en mieux, bien mieux. Les combats contre les boss, point fort du jeu, sont explosifs à souhait et tout va à 100 à l'heure, sans oublier les nombreux mini-boss cachés ou bien en évidence sur votre chemin qui eux aussi peuvent faire suer à grosses gouttes. Du moins si vous choisissez le mode Hard/Nightmare d'emblée, ou que vous vous imposez une règle pour ne pas prendre plus de 5 potions par combat ; le mode normal est relativement facile, la mort n'est pas punitive car on peut toujours remplacer un personnage KO par un en forme, et surtout l'inventaire fait sauter les limites de possession d'objets. Comprenez par là qu'on peut se balader avec 99 potions et 99 objets de résurrection. La forêt et ses secretsNiveau exploration, on prend les mêmes et on recommence : le passage au format trois personnage de Ys Seven avait mis au placard l'aspect plateforme et le côté seul contre tous des épisodes précédents pour une approche plus simple et "couloirisée", mais en avait gardé le côté aventure par la multiplicité des décors et des lieux. Celceta emboîte le pas à son aîné, et assure cette diversité de tous les instants tant la grande forêt de Celceta abrite moult lieux ne se ressemblant pas les uns les autres, qu'il faudra dénicher dans une exploration qui garde son aspect Zeldaesque, comprenez qu'il faut le bon objet pour passer le bon endroit, le tout à toute berzingue car les personnages sont très rapides pour se déplacer. A noter l'implantation d'un système jour/nuit, assez anecdotique au final. On retrouve logiquement un système de collecte d'objets, utilisés pour du craft ou pour améliorer son équipement, ainsi que de nombreuses quêtes rapportant argent et objets uniques. Quêtes qui seront l'objet de nombreux allez-retours dans la première partie de l'aventure, certaines étant urgentes et devant être faites avant la prochaine étape, chose qui s'additionne à un système de téléportation retors qui ne deviendra totalement libre... que dans la seconde partie, là ou les quêtes urgentes disparaissent. Troll ou maladresse de Falcom, allez savoir. L'OST quant à elle est plutôt bonne, un adjectif qui pourrait paraître péjoratif pour un travail de la Sound Team JDK : guitares et violons sont de sortie pour accompagner l'aventure, tout sonne bon aux oreilles des énergétiques pistes d'ambiances aux musiques survoltées rythmant les combats, mais on reste globalement un cran en dessous de ce que proposait Felghana/Seven, le dernier-né de chez Falcom ayant bien du mal à provoquer chez le joueur la "frénésie" habituelle accompagnant la progression du jeu, le manque de souffle épique de l'histoire en rajoute une couche. Techniquement, le jeu reste correct : c'est pas lui qui poussera la Vita dans ses derniers retranchements, les mini-temps de chargements parsemant l'intégralité du jeu peuvent agacer, et le jeu souffre d'un espèce de "bloom" constant pouvant agresser les yeux. Mais il reste suffisamment propre, détaillé et optimisé pour profiter pleinement de l'aventure avec en prime aucun ralentissement. Comptez une vingtaine d'heures pour faire le jeu "en ligne droite", facilement dix de plus si vous voulez en profiter pleinement : cartographier tout Celceta, trouver tous les objets/coffres, finir toutes les quêtes, et j'en passe. Les carottes ne manquent pas, Falcom ayant même pris un malin plaisir à implanter un journal traçant votre progression avec des compteurs et des pourcentages partout pour vous situer dans vos œuvres. Et quand vous allez arriver à 99.6 % de carte dévoilée ou 98.6% de coffres dénichés, croyez moi vous allez hurler ô joueurs complétionistes, rassurez-vous en vous disant qu'il est possible de revenir à tout moment dans n'importe quelle zone/quel donjon du jeu. Finir le jeu ouvrira l'accès un New Game+, ou l'on garde l'intégralité de son inventaire (exception des artefacts liés au scénario) et également au mode Boss Rush. En terme de rejouabilité l’intérêt est cependant quasi-nul, sauf si on désire refaire le jeu dans un mode de difficulté supérieur.
Avec Memories of Celceta, la série phare de Falcom continue sa mue avec brio, le studio s'imposant comme jamais comme un des boss nippons de l'Action RPG. Fun, nerveux et allant à 100 à l'heure, cette "ré-imagination" de Ys IV reprend et améliore les bases de Ys Seven et se permet un petit voyage dans le passé et le futur de la série pour mieux construire ses bases et le monde dans lequel évolue Adol Christin. Le plaisir de jeu est bien là dès les premières minutes aussi bien pour les nouveaux-venus que les vieux briscards, et ne partira pas avant la fin malgré quelques accrocs visibles tout le long, notamment un récit qui peine à convaincre (plus que d'habitude?).
Une valeur sûre pour la PS Vita, et un nouvel épisode qui fait honneur à la saga.
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