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Drakengard 3
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Drakengard 3Insanity is yours to fulfill
Yoko Taro, le cerveau derrière les Drakengard, a toujours considéré Nier comme le réel Drakengard 3. Après la dissolution de son studio de développement, Cavia, le réalisateur s’est concerté avec son producteur, Takamasa Shiba, afin de créer un titre qui devait donc se nommer Drakengard 4 et se dérouler dans un monde contemporain. Nécessités marketing et de compréhension faisant, on réduisit le numéro et on déplaçait l’atmosphère du jeu vers quelque chose de plus post-apocalyptique, afin de rester en accord avec la licence. Drakengard 3 s’extirpe alors des cendres de Cavia et s’appuie sur l’épaule d’Access Games pour tenter de tenir debout. Premier aperçu d’un nouveau-né bâtard et dérangé.
InsaneSanglante, crue, violente, la magnifique cinématique d’introduction démarre : pas de doute, c’est du Drakengard. En vérité, le court mais spectaculaire prologue tout entier est annonciateur de la teneur du titre. On se retrouve plongé dans une ambiance complètement dérangée, meurtrière et sombre. En cela, Drakengard 3 semble trancher avec son prédécesseur, Nier, et parait s’inscrire plus volontiers comme digne successeur de ses ainés directs. Cependant à y regarder de plus près, la touche Okabe hybride quelque peu l’ambiance et rajoute une tonalité mélancolique qui est la bienvenue dans ce que l’on présage être le rejeton traumatisé de Yoko Taro, fruit des deux courants qui s’opposent dans l’imaginaire du créateur. A savoir, un pôle centré autour de la fatalité et de la tristesse (Nier), le second organisé autour du malsain et du dénaturé (Drakengard).
On ressent constamment cette opposition, et ce dès les premières minutes de jeu. A chaque mission, en guise de prélude, on retrouve Zéro (l’héroïne) et sa cour assises autour d’un feu, bercées par quelques notes vaguement langoureuses. Difficile alors de se faire à l’idée que, pas moins de deux minutes plus tard, le sang jaillira du champ de bataille comme le pétrole du Moyen-Orient. L’humour est également le repère des antagonismes les plus frappants dans Drakengard 3. Loin de séparer les phases légères des plus sérieuses, Taro a choisi d’opter pour un humour très noir, voire sadique, tel qu’il le pratiquait dans les anciens opus. Il vient constamment désamorcer avec brio (perversion ?) des situations pourtant particulièrement tragiques, voire insoutenables pour les plus sensibles. A la manière d’un Happy Tree Friends inversé, on pourra se sentir coupable de rire, puis on passera très vite à autre chose, en l’occurrence massacrer du mob. En fin de compte, il est délicat de savoir avec certitude si la dualité présente dans Drakengard 3 est intentionnelle de la part d’Access Games. Probablement pas aurons-nous tendance à croire, Yoko Taro ayant toujours clamé ne pas comprendre réellement pourquoi il choisissait de telles thématiques dans ses scénarios. Ce qui est toutefois certain, c’est que comme l’a souhaité le producteur, Drakengard 3 parlera sans doute aux fans de Nier comme à ceux de Drakengard, aux néophytes comme aux aficionados de la première heure. Car si a priori l’on ne retrouve certes pas toute la gravité émotionnelle de Nier, des bribes de son ambiance nostalgique sont toujours présentes dans la bande-son ou les décors. Quant au scénario, bien qu’il me soit impossible de me prononcer strictement, la quête fratricide que mène l’anti-héroïne pour assassiner ses cinq sœurs relève plus d’une affiliation avec la perversité de Drakengard que de la très forte relation père-fille (ou frère-sœur) de Nier. Ce melting-pot d’influences risque fort de détonner une fois qu’il sera mis à la portée de notre compréhension. Pour le meilleur comme pour le pire. Syndrome GalapagosCertains parmi vous se demanderont sans doute ce que vient faire Access Games dans l’équation Drakengard. Et la question est légitime. En vérité, Shiba, qui est donc employé par Square Enix et a produit les Drakengard, a chapeauté les deux Monster Hunter-like commandés par sa boîte récemment, à savoir Lord of Arcana et Lord of Apocalypse, développés par Access Games. De ce fait il est bien naturel pour l’homme de conduire la suite de la série qui l’a fait connaitre au sein d’un studio qu’il a d’ores et déjà apprivoisé.
Néanmoins, le choix n’était pas forcément très judicieux. La campagne de promotion le laissait penser via les screenshots et les vidéos, l’expérience manette en main le confirme : Drakengard 3 est plutôt très faible techniquement. Rien d’étonnant lorsque l’on jette un coup d’œil à Deadly Premonition de la même boîte, lequel partage d’ailleurs avec Drakengard 3 une vision moins superficielle et plus mature du jeu vidéo. Donc effectivement, la caméra fait un peu la folle par moment, on n’échappe pas à un bon gros lag lorsque l’écran est trop chargé, les chargements sont longs, les textures ont parfois un temps de retard et les environnements ne sont pas des plus remplis, détaillés ou fins. Cela dit, on parvient à trouver une constante artistique identifiable dans les décors, un parti pris, celui du délabrement. Rien de particulièrement gai en somme, puisque le gris était de loin la couleur dominante jusqu’à ce que je m’arrête. On se consolera comme on peut avec la magnificence de la CG d’introduction, une perle de technique et de mise en scène. Maintenant, moches ou moins moches, il vous faudra impérativement déambuler dans de longs couloirs à peine interrompus par des salles un peu plus larges qui vous crient au visage « B.O.S.S. » en police 72, gras, souligné. Drakengard 3 reprend ici le rythme d’exploration de ses ainés : pas de ville en vue, seulement un menu entre les missions pour vous organiser. Cette configuration a certains avantages notoires, comme l’instauration d’un rythme très soutenu, mais également certains désavantages comme l’impossibilité de mettre en place de réels temps de décompression. Enfin, après cinq heures de jeu, pas le moindre n’était en vue. De fait, malgré quelques annexes assez triviales, on pressent Drakengard 3 comme une intense et gigantesque ligne droite. Dynasgard 3Et bien évidemment, il faudra batailler sec pour en voir le bout. Toujours très peu de surprises au menu, puisque le gameplay est sensiblement le même que celui de ses ancêtres. On part encore sur une base Dynasty Warrior avec du découpage en masse de soldats, en y ajoutant toujours la dimension Panzer Dragoon de shoot them up aérien. La quantité d’ennemis à descendre est toutefois devenue plus raisonnable et les effets sont bien plus travaillés. Encore heureux oserait-on. Niveau maniabilité, bien que la prise en main soit rapide et jouissive dans un premier temps, on déchante quelque peu quand il s’agit de gérer correctement le ciblage et de dompter la caméra.
Globalement, le plaisir du bourrinage qui répond à nos instincts les plus basiques est bel et bien présent, mais peut se voir entacher par moments par quelques soucis de jouabilité lorsque la situation échappe à notre contrôle. On soulèvera d’ailleurs ici un point très particulier. Dans Drakengard 3, les dialogues durant les phases de combat sont excessivement nombreux (presque tout le temps en fait) et bien qu’ils ne détournent pas l’attention de quelqu’un qui n’a pas l’intention de les comprendre, ils laissent présager la nécessité d’une attention doublée chez le joueur lorsque le soft sortira de par chez nous. The Last Story usait de ce procédé mais dans une bien moindre mesure, et les discussions ne faisaient guère avancer le scénario. Espérons que les phases les plus importantes soient conservées pour les moments de tranquillité. Son, I’m disappointUne fois le couloir terminé, vous n’échapperez pas au traditionnel boss. Que dire si ce n’est que pour le moment, le challenge et la teneur de ces affrontements sont globalement décevants. Tandis que Nier nous a éblouit avec ses joutes dantesques voire homériques quelque fois, Drakengard 3 ne m’a présenté qu’un seul combat de boss digne d’intérêt. En tout état de cause, mieux vaut laisser le bénéfice du doute pour la suite, mais la facilité des duels jusqu’ici laisse pantois. Fort heureusement, Okabe est au rendez-vous avec des pistes beaucoup plus rock que le reste de la BO - comme celles qu’il a pu composer pour Tekken 6 - afin de contrebalancer la tristesse de ces pugilats.
Du reste, la cuisine du gameplay est, encore et toujours, très classique. Au maximum, Zéro peut manier quatre styles d’armes différents. Pour chacun de ceux-là, on récupère des armes que l’on peut upgrader si l’on dispose de l’argent nécessaire (pas de système d’expérience de l’arme). Avant de partir en mission, il faut se décider sur une arme de chaque type à emporter avec soi. Durant un combo, il est possible de switcher d’arme rapidement via un petit effet de slow-motion sympathique. Cela permet de parer aux différentes situations de façon plutôt efficace si l’on décide de bien s’en servir. Toutefois, au stade où j’en suis, le changement d’arme n’est indispensable qu’en de rares occasions et fait plus gadget qu’autre chose. Difficile de se prononcer sur Drakengard 3 en l’état. On imagine aisément le poids dans l’appréciation et la portée du récit torturé et forcément pervers que veut nous livrer Yoko Taro. Donc si cet opus ressemble à s’y méprendre aux précédents et en cumule même certaines tares, les quelques indices de mise en scène et de situation laissent à penser que ce n’est que pour mieux surprendre. Notamment avec un mélange des ambiances et des influences entre Nier et Drakengard que l’on devine explosif et captivant ; mais également de par un Keiichi Okabe qui selon toute vraisemblance, ne fera pas que s’auto-plagier ; ou même encore de par les thématiques comme le handicap, le sexe et le fratricide. Une chose est sûre cependant, si vous êtes à la recherche de mécaniques de gameplay originales ou de subjugation par la technique ou la direction artistique, vous pouvez d’ores et déjà faire une croix sur Drakengard 3.
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