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One Piece: Unlimited World Red
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One Piece: Unlimited World RedLimited unlimited
Est-il encore nécessaire de présenter One Piece ? Débuté en 1997, le manga de Eichiiro Oda s'est rapidement imposé comme un monument incontournable de l'univers manganime, et comme tout monument incontournable une pétée de produits dérivés sont apparus au fil des ans dont bien sûr des jeux vidéo. Et comme toute licence bankable, One Piece n'a pas été épargné et a eu droit à son lot d'adaptations opportunistes et creuses, pour ne pas dire qu'il n'y a eu que ça. Donc quand Bandai Namco annonce la sortie, avec la forme et plein de trailers alléchants, d'un nouveau jeu multi-supports intitulé One Piece: Unlimited World R (Red lors de sa localisation), ça attire l'attention et bien plus encore avec une annonce de localisation derrière. Ganbarion semble décidé à mettre les petits plats dans les grands pour une adaptation aux petits oignons, va-t-on ENFIN avoir l'épisode qui mélange efficacement ludisme et fanservice ?
Unlimited World Zzzzzz....On trouve de tout dans les eaux de l'univers de One Piece, comme par exemple un tanuki à l'imperméable rose répondant au nom de Pato : secouru par Luffy et ses camarades alors qu'il dérivait, la petite créature se voit même offrir un voyage gratuit par ses sauveurs pour retrouver l’île dont il est originaire. L'équipage du Thousand Sunny débarque donc à Transtown, petite et unique ville côtière de ladite île, et voit d'office son capitaine partir à toute berzingue pour explorer ce nouvel endroit. Et quand il revient à son navire, c'est pour apprendre de la bouche de Pato que ses camarades ont été enlevés ! Ni-une ni-deux, Luffy part à leur recherche et doit affronter, à sa grande surprise, des personnages dont il a déjà croisé la route par le passé. De fil en aiguille il réussit à retrouver ses amis et découvre l'instigateur de ces apparitions : un certain Patrick Redfield, surnommé le comte Rouge, vieux pirate appartenant à la génération de Barbe Blanche et Gol D. Roger. Débute alors un jeu de chat et de la souris entre un vieux briscard cherchant quelque chose sur l’île et les jeunes loups qui aimeraient bien lui refaire la tête au carré, et par la même occasion comprendre pourquoi et comment l'homme arrive à matérialiser les souvenirs de l'équipage.
La première chose qui frappe quand on lance One Piece: Unlimited World Red, c'est la fidélité de Ganbarion au monde imaginé par Oda, avec notamment un très bon travail sur les personnages : ça gueule, ça se vanne, ça rigole dans le plus pur esprit de la série, on y retrouve tous les codes et les références pleuvent (Pandaman est même caché un peu partout, c'est dire). Les doubleurs de l'animé se sont même joints à la fête pour offrir au jeu un doublage intégral uniquement en japonais. Les 9 chapitres du jeu seront l'occasion de replonger dans des évènements marquants de la série et d'affronter le ou les personnages clés y étant rattachés, occasion de petits moments 'what if...' dans la manière de traiter ces évènements : le jeu se déroule après l'ellipse de deux ans (qui marque le début de la seconde partie du manga), et c'est donc un équipage power-uppé qui revit ces scènes clés et qui y apportent donc une petite variante. Bref il y a du fanservice dans tous les sens et il ne faut pas trop y chercher de logique, et il faut au moins ça pour compenser une trame qui dans sa globalité restera bien morne et sans intensité du début à la fin. Les histoires exclusives autour de One Piece n'ont jamais été très folichonnes et Unlimited World Red n'y fait pas exception, mais on reste quand même au dessus du niveau d'une OAV. Quand à la participation de Eiichiro Oda, elle se limite à la création des trois nouveaux personnages (et c'est pas moi qui le dit, mais les crédits du jeu). Very Limited World RedUnlimited World Red, ce sont deux jeux en un : le mode aventure d'un côté, le mode Colisée de l'autre. On va bien sûr s'attarder sur le premier, qui est le cœur du jeu et qui est basé sur une structure hub > cartes, Transtown étant la base d'opérations de nos héros. La ville ne paiera pas vraiment de mine au début, mais il sera possible au fil des chapitres de développer bâtiments et services qui seront bien utiles aux pirates du Chapeau de paille : une pharmacie pour les objets de soin, un bazar pour acheter des objets divers et variés, un atelier pour créer tout un tas d'objets, des restaurants dont la nourriture booste de manière définitive les statistiques des personnages, etc. Bien sûr, pour peu de réunir les matériaux nécessaires à ces constructions. Plus la ville sera développée et plus elle comptera d'habitants, lesquels ne manqueront pas de vadrouiller dans tous les sens, saluer Luffy (qui est le seul personnage contrôlable dans la ville) et lui donner des objets, donnant un petit sentiment de vie à ce hameau. Des mini-jeux et des trésors sont également dispersés partout dans Transtown, et l'élasticité de notre héros est la bienvenue pour s'élancer d'un bout à l'autre de la ville en une poignée de secondes. On peut même croiser les membres de l'équipage vaquer à des occupations diverses et variées. En l'état Transtown est donc très sympathique, c'est quand on en sort que ça commence à coincer.
Unlimited World RaidePour commencer, il faut oublier le caractère aventure et exploration vendu via la promotion du soft, car cet aspect n'est vraiment pas folichon. Le jeu va cumuler une dizaine d'environnements différents, tous séparés en deux à quatre sous-cartes à la construction minimaliste et dont on a vite fait le tour. Fanservice encore une fois, car ce sont des environnements vus à travers le manga. Il y aura bien quelques interactions qui seront possible sur le terrain en fonction des personnages dans l'équipe (Zoro peut couper les portes en métal, Robin lire des inscriptions anciennes), mais on aura vite fait de les ignorer. Premièrement car les gains sont bien trop peu intéressants et deuxièmement car il est impossible de changer son équipe de trois personnages pendant l'aventure (à noter qu'on peut partir avec juste un ou deux personnages), des éléments qu'on additionne au caractère plat de l'exploration et qui ne donne pas vraiment envie de se retaper trois cartes pour ouvrir un coffre qui récompensera par un objet facilement achetable ou craftable en magasin. Mieux encore, si l'on veut quitter une carte il faut se mettre à la recherche de points de sortie dont le placement stratégique porte à réflexion sur l'esprit logique des concepteurs du jeu. Il sera également possible de pêcher et chasser des bestioles, ce qui se traduira par des petits jeux de rythme qui eux aussi vont blaser très vite et auxquels on ne reviendra que par nécessité et surtout après avoir amélioré suffisamment la canne/le filet à papillon pour permettre la capture des gros monstres.
Le système de combat quant à lui sera le plus gros morceau. Comme dit précédemment chaque expédition se fera avec trois personnages, chacun adoptant un style de combat évidemment fidèle à sa version papier, et il est possible de switcher à tout moment le personnage contrôlé. On avoine l'ennemi à grand coups de combos eux aussi tirés du manga, occasion d'également entendre nos héros hurler le nom de leurs attaques à chaque fois. La cerise sur le gâteau étant une une barre de furie qui une fois remplie ou partiellement remplie permet de lâcher des coups spéciaux dévastateurs ! Mais la meilleure amie du joueur durant les combats restera probablement la touche rond, qui permet d'effectuer des actions contextuelles lorsque l’icône apparait à l'écran et qui permet d'esquiver ou de contrer les coups adverses, qui font mal. Très mal. On retrouve également le mode Rush des épisodes précédents, qui consiste à réaliser une série de mouvements indiqués à l'écran pour offrir temporairement à notre personnage un boost de vitesse et de puissance. Aspect RPG oblige, l'univers de One Piece a logiquement été adapté aux normes du genre quitte à créer quelques "incohérences" (comme Luffy craignant l'électricité et les balles) auxquelles on s'habitue vite. Le jeu se prend vite en main est les combos pleuvent, mais le plaisir de coller des mandales avec l'équipage du Thousand Sunny retombe cependant bien vite.
Comme tout jeu à tendance beat'em all, le jeu se veut répétitif mais les combos en quantité très limitée sans parler du bestiaire rachitique accélèrent la chose, très vite on va s'amuser à claquer sans cesse les mêmes coups du début à la fin et les combats aléatoires deviennent rapidement une purge qui agacent autant qu'ils font bailler. Réalité du RPG toujours, voir des ennemis lambda se relever après un combo Jet Gatling+Jet Stamp apporte un peu de frustration à l'ensemble. On accueille donc les combats de boss comme un moment de grâce, car ils offrent des moments de bravoure bienvenus là aussi en faisant preuve d'une grande fidélité au matériau de base, avec parfois un peu de mise en scène pour pimenter l'affrontement. Tout va très vite et on cogne et on esquive tout en apprenant le pattern de son adversaire, et l'apparition du mot 'Victoire' apporte une petite satisfaction. Du moins la première fois, car ré-affronter ces boss au fil des quêtes fait prendre conscience que l'aspect limité du système de combat s'applique également à eux, eux qui vont enchainer les 2-3 mêmes combinaisons, prévisibles à bien des égards, pendant tout le combat. Pire encore, c'est quand le jeu offre de contrôler lesdits boss que le constat devient encore plus triste, avec des combats virant parfois à la purge car certains personnages sont de véritables boulets sur pattes justement à cause d'une palette de mouvements encore plus limitée ! Un ensemble en demi-teinte, donc. Exploration pas folichonne et combats pas vraiment excitants, mais ce n'est pas tout : le jeu comporte également une partie annexe conséquente sous la forme de quêtes. Tuer X créatures, réunir X objets ou ré-affronter tel personnage, Ganbarion gonfle une durée de vie maigrichonne en ligne droite avec un joli lot de quêtes lambdas. L’intérêt premier de ces quêtes sera de récupérer les Mots de Puissance, qui vont être le système de personnalisation du jeu. Inspirés de citations célèbres de la série, ils vont fournir à nos héros une batterie de bonus et de capacités. C'est le premier moyen de booster durablement les performances des personnages, le second étant le restaurant qui permet d'augmenter de manière définitive les statistiques. Seulement l'un comme l'autre seront tributaires du farming, car tout dans le jeu passe par l'amélioration via objets : un Mot se récupère toujours au niveau 1, et obtenir un bonus de 1% d'attaque ou de PV n'est bien sûr pas vraiment intéressant, par exemple. Il ne faut pas trop compter sur les magasin pour fournir de quoi upgrader, donc les inventaires resteront maigrichons et en quantités limitées même avec une ville développée au maximum. C'est à presque se demander pourquoi ils existent. De la même manière, le leveling des personnages est longuet et aléatoire, et le manque d'informations sur les mécaniques RPG n'aide pas vraiment à savoir ce qui est bon et utile et ce qui ne l'est pas. Ces aspects peuvent largement être éclipsés si on se contente de faire l'histoire en ligne droite, mais sont indispensables pour celui qui cherchera à tacler tout le contenu du jeu car les combats seront de plus en plus difficiles et longuets. Du moins si l'ennui ne le terrasse pas avant. A noter qu'il est possible de jouer avec un ami, pour peu qu'il soit à côté de vous : le multijoueurs n'est accessible qu'en ad-hoc ou en local via écran splitté.
Enfin pour finir, il reste le mode Colisée. Inspiré de l'arc Dressrosa, c'est un lieu destiné au combat, et rien que le combat. Il offre plusieurs modes de jeu (duel contre un boss, mêlée contre un groupe de NPC, combat contre un boss et ses sbires, survie ou l'on affronte cinq boss de suite) et le but sera bien sûr d'être le dernier debout à la fin de chaque affrontement. Les stats et les capacités des personnages sont fixes et déterminées donc la sélection naturelle fait vite son boulot, encore plus quand on peut débloquer le contrôle des boss dont la puissance est monstrueusement abusée. Ce mode de jeu intègre un système d'achievements (battre 500 ennemis avec tel personnage, faire X fois un mode avec un autre, bref que du lourd... ingue) qui permet de débloquer de nouveaux personnages pour le mode Colisée, des quêtes pour le mode Aventure et ponctuellement des petits lots d'objets qui seront transférés en mode Aventure. Une corrélation bien trop légère entre les deux modes de jeux pour réellement justifier d'un intérêt à enchainer des combats à la redondance de tous les instants. Plus que flamboyante, la direction artistique du jeu à base de cel-shading fait honneur à l'univers de One Piece : c'est coloré, c'est fidèle, les décors sont très jolis et la myriade de détails ainsi que la qualité des animations donnent l'impression de véritablement être dans un épisode interactif de la série. Comme dit un peu plus haut le travail de doublage va de paire avec l'univers et on s'y croirait vraiment, dommage que la musique ne suive pas car des pistes tirées de la série auraient été le point d'orgue. A la place, il faut se taper une bande-son relativement quelconque. Il faut aussi compter sur l'aliasing, malédiction du cel-shading, pour entacher un peu la chose.
Comptez environ dix heures pour la trame principale, cinq pour le mode Colisée. Un chiffre qui peut exponentiellement gonfler pour tous ceux voulant saigner le jeu à 100%, avec un temps estimé à quarante-cinquante heures si on intègre tous les éléments pour y arriver. Véritable concentré de fanservice, One Piece Unlimited World Red est un soft qui se mettra sans problème dans la poche du fan pas trop exigeant. En revanche, le constat est un peu plus critique pour celui ne vouant pas un culte à l'univers de Luffy ou plus simplement celui qui espérait un soft faisant honneur à l'immense richesse de l’œuvre originale : avec son histoire anecdotique, son côté aventure/exploration plat, son système de combat bien trop limité et son maquillage composé de farming et d'activités insignifiantes, on est bien loin du caractère un peu fou-fou, épique et aventureux qui caractérise la saga. Unlimited World Red n'est pas une catastrophe non plus, juste encore un exemple d'adaptation opportuniste. Et vu le relatif succès du jeu au Japon et en dehors, pas sûr que ça change de si tôt...
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