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I Am Setsuna
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I Am SetsunaA Blaze In The Northern Sky
A contre-courant des productions actuelles, Square Enix et son tout nouveau studio Tokyo RPG factory tente d'apporter un petit vent de fraîcheur dans le petit monde des jeux de rôle, en revenant aux bases du genre. Pensé comme un retour à l'âge d'or des années 90 et principalement de l'ère des 16 bit, I am Setsuna se veut un jeu simple, épuré, très loin des canons contemporains auxquels nous sommes maintenant habitués depuis le début du 21ème siècle. Néanmoins, si le pari semble tout à fait louable et prometteur sur le papier, il n'est certainement pas forcément gagné pour autant.
Where Cold Winds BlowL'intrigue nous place au cœur d'un monde enneigé et infesté de monstres, où l'on suit les traces d'un mercenaire masqué, End, dont un contrat l'amènera à croiser la route de Setsuna, une jeune fille condamnée à partir en pèlerinage afin de se sacrifier pour sauver l'humanité. D'abord décidé à la tuer, il acceptera finalement de voyager avec elle et ses compagnons jusqu'au lieu du rituel et l'origine du mal qui ronge le monde.
Le jeu se veut donc comme le digne héritier d'une époque ou le jeu vidéo, le RPG en l'occurrence, tendait à plus de sobriété et de simplicité qu'à l'heure actuelle. De ce fait, le déroulement de l'aventure est on ne peut plus conventionnel, avec son histoire linéaire, son périple de village en donjon qui nous fait découvrir les différentes parties de la carte, ainsi que le sacro-saint vaisseau disponible vers la fin qui vous permettra d'errer où bon vous semble et de visiter des lieux alors inaccessibles. Les développeurs sont même allés jusqu'au bout de leur démarche en ne proposant aucun doublage à l'exception de quelques digits lors des combats, afin de proposer une expérience la plus old school possible. Mieux encore, aucune indication à l'écran ne vous sera donnée sur la prochaine étape à suivre, car tout ce que vous aurez besoin de savoir se verra écrit dans les dialogues avec les pnj, comme à l'époque. Une très bonne initiative ma foi, qui ne prend pas le joueur par la main en lui mâchant le travail comme dans 99% des jeux d'aujourd'hui. Cela dit, que les plus inquiets se rassurent, aucune énigme compliquée ou indice tordu ne viendront bloquer votre progression, tout reste clair et les objectifs vous seront bien rabâchés comme il faut par les villageois. Winter WarriorsLe système de combat s'inspire très largement de l'Active Time Battle des anciens Final Fantasy et de Chrono Trigger, avec également comme dans ce dernier la présence visibles des monstres dans les donjons, au détriment de rencontres aléatoires. Pas grand chose à dire sur le gameplay en lui-même, sobre et intuitif. Une première jauge d'ATB se remplit en temps réel et définit bien évidemment l'initiative de chacun, tandis qu'une seconde jauge appelée "Setsuna" permet via la pression du bouton carré au moment d'une attaque ou de l'utilisation d'une technique, d'en augmenter l'efficacité ou la zone d'effet. Les affrontements sont donc dynamiques et relativement vite expédiés, y compris contre la plupart des boss. A noter qu'une petite notion de mouvement sera à prendre en compte lors des combats, vos héros se déplaçant parfois selon leurs attaques, puisque certaines actions nécessiteront une position des alliés ou des ennemis bien précise pour fonctionner efficacement.
Mais le point le plus intéressant est que vos personnages n'apprennent pas de nouvelles techniques à mesure que leur niveau progresse. Ils ne peuvent en obtenir que par le biais de pierres à équiper, propres à chacun ou utilisables par tout le monde selon les cas, parmi une multitude disponible. Bien entendu, la plupart se débloqueront au fur et à mesure du jeu, ou pourront se fabriquer auprès d'un certain type de marchand grâce aux différents matériaux collectés sur les monstres. Ses techniques une fois acquises, de natures passives ou actives, pourront ensuite être placées sur les personnages mais dans un nombre malheureusement limité, la quantité de slots disponibles s'étoffera évidemment grâce à des accessoires spécifiques à équiper de plus en plus généreux au fil de l'aventure. Tout cela apporte une indéniable richesse au système de combat au vu de l'impressionnante diversité des compétences ou sorts existants, multipliant par la même occasion le nombre de stratégies possibles lors d'une bataille. Un point important à signaler est que vous ne gagnerez jamais d'argent en tuant des monstres, mais uniquement des objets ou matériaux. Le troc auprès des marchands sera la seule manière d'en obtenir pour vous acheter une nouvelle épée par exemple. Il est d'ailleurs à noter que, simplicité extrême quand tu nous tiens, aucune autre pièce d'équipement que les armes ne pourra être portée. Point d'armures ni de bottes, I am Setsuna fait décidément dans le minimalisme le plus total. In Sadness, Silence, and SolitudeUne fois le système brièvement présenté et le déroulement typique du jeu expliqué, il est temps de se poser la question de savoir si Setsuna est un bon RPG ou non, et surtout si son pari est réussi. L'ambiance générale du soft est agréable, la musique composée intégralement au piano et uniquement au piano est correcte bien qu'assez peu variée du fait de son instrument unique, et le système de combat ravira les anciens. De plus, même si les graphismes ne sont pas des plus éblouissants, ils font le boulot et restent toujours très plaisants à l'œil, d'autant plus que l'atmosphère calme et reposante des contrées enneigées donne une dimension relativement poétique à l'ensemble. Quant à ceux qui ne supportent ni les longues cinématiques ni les dialogues à rallonge, qu'ils soient rassurés, la mise en scène va droit au but et les protagonistes ne se perdent jamais dans d'interminables joutes verbales. Et pour en finir avec les points positifs, sachez que la version PS4 ne souffre d'aucun ralentissements ni de temps de chargements indigestes.
Maintenant, il faut bien admettre que malgré ces bonnes choses, la sauce a tout de même du mal à prendre. Le classicisme exacerbé du RPG de Square-Enix joue trop souvent en sa défaveur et ne provoque la plupart du temps qu'un désagréable sentiment de déjà-vu tout au long de l'aventure. Les situations, les personnages, et le scénario en lui-même bien sûr, restent beaucoup trop ancrés dans les codes basiques du genre et ne surprennent jamais. Pas qu'ils soient mauvais, mais juste peu inspirés et éculés. Bien entendu, nul doute qu'il s'agisse très probablement de la volonté des développeurs, et je peux le comprendre. Mais le fait est qu'en jouant à I am Setsuna, on a toujours cette impression de ne jouer qu'à l'hommage sympathique d'une époque, plutôt qu'à un vrai RPG pensé comme une œuvre à part entière. Et c'est bien là le plus gros point noir du soft en réalité. Je pourrais évidemment parler de la durée de vie famélique, d'une difficulté quasiment absente de la trame principale, ou encore du manque de diversité flagrant des donjons qui arborent (presque) toujours les mêmes textures, mais ce ne sont que des détails par rapport au vrai problème. Le jeu sonne creux, ne provoque que peu d'émotion, et l'illusion des premières heures de jeu s'estompent bien vite. Le vieux briscard du RPG s'en retournera, las, tandis que les plus jeunes lui préfèreront très certainement les grands classiques légitimes de l'époque. A trop vouloir jouer sur la fibre nostalgique et les codes qui ont fait la gloire de notre genre préféré, Square-Enix ne parvient pas à insuffler une personnalité à I am Setsuna, et n'accouche que d'un petit hommage un peu vide. Bien réalisé malgré son petit budget, doté d'un bon vieux gameplay au tour par tour très satisfaisant, et accompagné d'une sympathique OST entièrement composée au piano, le jeu n'en est cependant pas mauvais pour autant, qu'on se le dise. Il ne laissera simplement pas la même empreinte que les aînés dont il s'inspire.
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