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Eldorado Gate Volume 1
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Eldorado Gate Volume 1Terra Fortuna
Lorsqu'on doit citer les RPG emblématiques de la Dreamcast, les mêmes titres reviennent systématiquement en tête. Eternal Arcadia, Grandia 2 ou encore Sakura Taisen 3 représentent en effet généralement le podium du genre sur la dernière machine de Sega, de par leurs qualités bien sûr, mais aussi peut-être par le manque de concurrence. C'est un fait : peu de jeux de rôle furent développés pour la console à la spirale et encore moins eurent le privilège de passer les frontières japonaises. Pourtant, Capcom œuvra pour le succès de la Dreamcast d'une manière originale, en produisant un RPG épisodique sortant tous les deux mois, d'octobre 2000 à Octobre 2001. Passée complétement inaperçue en occident du fait qu'elle ne fut elle non plus jamais localisée, la saga en 7 volumes des Eldorado Gate mérite pourtant que l'on se penche sur son cas.
RedAccueilli par un narrateur étrange du nom de Bantross qui, s'adressant directement au joueur devant son écran, nous explique dans les grandes lignes la teneur de l'aventure d'Eldorado Gate. L'histoire suivra les traces de 12 personnages, tous représentant l'incarnation d'une partie du corps du grand Démon Razin, terrassé et dispersé en 12 morceaux par le Dieu tout puissant Dios. Orchestrée par bantross lui-même, votre quête, consistant à les réunir afin de ressusciter l'entité maléfique, sera alors divisée en plusieurs chapitres dans lesquels chaque protagoniste sera introduit et dont vous suivrez les histoires personnelles, jusqu'à ce qu'ils se rencontrent tous.
Concrètement, chaque volume se divisera en 3 actes, parfois seulement 2, chacun se concentrant sur un personnage à la fois, son background ainsi que sa quête personnelle, et ce pendant les 12 premiers chapitres, pour ensuite développer la conclusion de l'aventure dans les derniers épisodes. Eldorado Gate étant une seule et même grosse aventure divisée en plusieurs jeux, il est évident que les différents opus se doivent d'être tous fait dans l'ordre pour être pleinement appréciés. La formule n'est bien entendu pas nouvelle, et l'exemple le plus parlant sera probablement Shining Force 3 sorti entre 1997 et 1998, qui fonctionnait lui aussi en format épisodique. Néanmoins, la démarche reste tout de même assez originale pour être soulignée, au vu du nombre peu élevé de jeux vidéo utilisant ce procédé à l'époque. BlueLa première chose qui frappe lorsque l'on débute le premier scénario, c'est la beauté des graphismes. Une 2D très colorée aux tons pastels du plus bel effet, un véritable régal pour les yeux des amateurs de RPG à l'ancienne. Les artistes de Capcom ont effectué un travail remarquable pour rendre l'univers particulièrement chaleureux et agréable, certes pas au niveau de l'incroyable beauté d'un Legend of mana, mais qui possède tout de même un charme indéniable. L'animation des sprites n'est pas en reste et l'on retrouve la qualité habituelle du développeur japonais dans leur mouvements, toujours très bien dessinés et charismatiques. Eldorado Gate à beau être un projet à petit budget loin des magnifiques productions 3D de la Dreamcast, Il prouve encore une fois que le pixel art avait encore de beaux jours devant lui.
Mais la deuxième chose qui frappe n'est malheureusement pas aussi flatteuse, lorsque survient l'affrontement contre un adversaire. Les illustrations fixes auxquelles le joueur fait face à la manière d'un Dragon Quest sont absolument hideuses et contrastent énormément avec le reste du soft. Le chara-designer n'étant rien de moins que le célèbre Yoshitaka Amano, Capcom a jugé bon d'intégrer son travail tel quel dans le jeu, et le résultat est abominable. Loin de moi l'idée de critiquer l'œuvre du monsieur dont j'apprécie certains travaux, mais force est de constater que d'une part son style ne colle pas au reste et que, d'autre part il ne s'agit clairement pas là de son meilleur ouvrage. C'est dommage, car cela ruine en partie le plaisir de l'expérience et la cohérence visuelle du titre. Petite compensation malgré tout, certaines attaques magiques du plus bel effet viennent heureusement agrémenter la laideur des affrontements, c'est déjà ça. GreenLe système de combat opte pour un tour par tour classique avec des rencontres aléatoires au gré de vos pérégrinations dans les donjons, on est donc bien en terrain connu à ce niveau-là. Cependant, le jeu implémente une notion d'éléments, Feu, Eau, Végétal et Lumière, sur laquelle toute la stratégie repose, à la manière d'un Fire Emblem et de son triangle des armes. Le Feu est supérieur au Végétal, qui lui-même est supérieur à l'Eau, qui à son tour supplante le Feu. La Lumière quant à elle demeurant un ingrédient à part ne répondant à aucune règle. En ce qui concerne l'attaque physique il faudra donc bien veiller à être équipé de la couleur qui prévaut sur celle des ennemis pour leur infliger des dégâts conséquents, et se protéger d'une armure de la même teinte. Il est aussi à noter que la possibilité de fusionner des armes vous sera proposée dans les armureries, afin de maximiser vos chances de victoire. La magie quant à elle se présente sous la forme de cristaux à récolter sur les monstres, dans les coffres ou en boutiques, et qui fonctionne de la même manière que précédemment, toujours à base d'éléments de couleur.
Là où ça devient intéressant c'est qu'il est possible de combiner les cristaux entre eux pour obtenir des sorts plus puissants. Plus le niveau de magie du personnage est élevé, et plus celui-ci sera capable d'en faire fusionner pour augmenter les dommages d'une boule de feu par exemple, ou bien d'augmenter l'efficacité d'un soin. Un nouvel élément fait d'ailleurs son apparition uniquement sous forme de cristal pour tout ce qui touche à la guérison, la Vie. Le système de jeu est donc à la fois simple et permet également une multitude de combinaisons possibles pour découvrir de nouveaux sortilèges. Enfin, bien qu'étant un pur RPG dans son déroulement, vos personnages ne gagneront aucun point d'expérience au cours de l'aventure. L'augmentation de leurs statistiques ne pouvant se faire que de 2 manières : par l'équipement et par l'avancée de l'histoire à certains points clés du scénario, s'affranchissant ainsi du grind excessif propre à de nombreux jeux de rôle. LightEn terme de difficulté, Eldorado Gate se situe aisément dans la moyenne basse à partir du moment où le gameplay est parfaitement assimilé. Tout n'est qu'une question de bon élément contre mauvais élément et ne devrait pas poser beaucoup de problème à part peut-être 1 ou 2 adversaires plus retors comme le dernier boss par exemple. Un jeu plutôt accessible et linéaire donc, qui se focalise bien plus sur sa narration que sur un éventuel challenge. Un aspect un peu préoccupant au départ réside dans le fait que l'argent ne s'obtient que par la revente d'objet glanés ici et là, sur les monstres ou dans les donjons, qu'il vous faudra revendre ensuite. En effet les ennemis ne donnent pas d'argent à leur mort et il ne faudra donc pas trop compter dessus pour faire fortune, surtout que les prix des pièces d'équipement tendent à sévèrement augmenter au fil de l'aventure. Heureusement une option disponible dans les armureries vous permettra de changer l'élément de votre matériel pour 3 fois rien, ce qui vous évitera d'avoir à en racheter systématiquement à prix d'or à chaque fois que les monstres du coin ne seront pas de la bonne couleur.
Terra fortuna, votre quartier général où tous vos compagnons viendront vivre lorsque vous les enrôlerez, est accessible entre chaque scénario et à peu près tout le temps en cours de jeu par le biais d'un téléporteur sur la carte. Ici, vous pourrez y déambuler à loisir pour faire les magasins ou pour y déposer votre surplus de cristaux ou d'équipement tout en dialoguant avec les occupants, npc ou personnages. C'est également ici que vous pourrez constituer votre équipe en choisissant vos membres préférés, bien que très souvent certains vous soient imposés. Il est aussi possible d'échanger les précieuses et rares pierres Orga, cachées dans différents endroits tout au long de l'aventure, contre des objets intéressants à l'échoppe spécialisée, ou bien de rendre visite à la boutique en ligne… Évidemment fermée depuis un moment. LifeLa force d'Eldorado Gate, outre ses graphismes attrayants et son gameplay simple et efficace, reste probablement son rythme particulièrement bien dosé, du début à la fin. Aucun temps mort, aucune lassitude ne viendra plomber cette longue aventure durant ces 7 volumes, où les évènements s'enchainent rapidement et où le scénario nous emmène toujours à l'essentiel. L'action sait elle aussi varier de temps à autre, comme lorsqu'il faut par exemple s'infiltrer la nuit dans un couvent ou encore partir à la chasse aux monstres rares pour rembourser une dette. Quant aux donjons, ils ne sont ni trop longs, ni trop courts, jamais répétitifs, et se parcourent toujours avec plaisir, qui plus est accompagnés d'une ost plutôt réussie dans l'ensemble. Et puis l'univers donne toujours l'impression d'être vivant, à l'image de tous ces habitants dont les dialogues changent régulièrement, ou bien encore son humour omniprésent.
Si le scénario reste dans son ensemble plutôt classique, avec une intrigue malheureusement pas aussi ambitieuse que l'on aurait souhaité, c'est surtout la variété des personnages et leur petite histoire personnelle qui fait toute la différence. Chaque héros est intéressant et propose un passé plus ou moins tragique, mais toujours captivant. Le sacrifice de kanan pour sauver les membres de sa famille par exemple, ou encore Gigi la femme paladin en proie aux doutes face aux méfaits de l'organisation pour laquelle elle a vouée toute sa vie, et bien entendu le mystère qui plane autour de l'énigmatique Bantross. Les épisodes se succèdent donc à grande vitesse tant la progression est plaisante, d'autant plus que chaque volume est assez court et se termine généralement entre 5 et 10 heures environ. Joué tel qu'il doit l'être, c'est à dire du volume 1 au volume 7, Eldorado Gate possède finalement toutes les qualités requises pour être considéré parmi les RPG qui comptent sur Dreamcast. Malgré le chara-design raté de Yoshitaka Amano, les graphismes sont superbes, l'ambiance est excellente et par dessus tout, l'histoire est particulièrement bien rythmée grâce à la variété des personnages développés tout au long du jeu. On ne s'ennuie jamais et chaque épisode s'enchaine l'un après l'autre sans aucune lassitude. Certes, On peut déplorer un scénario de fond un brin trop convenu et dont on pouvait attendre plus pour une aventure étalée sur autant de CD, mais peu importe. Capcom signe là un jeu de rôle de qualité, certainement pas un chef d'œuvre mais un titre qui mérite au moins toute l'attention des fans de RPG et de la dernière console de Sega.
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