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13 Sentinels: Aegis Rim
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13 Sentinels: Aegis RimFly me to the Moon
On pourra dire que 13 sentinels se sera fait désirer tant les années ont passé depuis sa première annonce au TGS 2015. Longtemps resté mystérieux tant dans son gameplay que dans le genre auquel il appartient, il aura fallu attendre la sortie d'une démo payante, en début d'année 2019 au Japon pour commencer à se faire une idée plus précise. Fervent défenseur d'une 2D toujours plus belle à chaque création, le studio Vanillaware nous livre donc enfin sa dernière œuvre en date attendue de pied ferme par les fans d'action et de RPG, un mélange des genres qui a fait la réputation du développeur depuis ses débuts. Mais l'illusion ne dure pas bien longtemps et risque d'en décevoir beaucoup, car il s'agit bien ici d'un visual novel dont nous allons parler en ces lignes.
Read or DieEt les plus éclairés d'entre vous ne manqueront pas de se poser légitimement la question de savoir pourquoi ce titre a alors le privilège d'être abordé dans un site spécialisé dans le noble genre qu'est le RPG ? La réponse est qu'il propose tout de même bien des phases de combat et un système de level-up. En vérité, le jeu se découpe en 2 segments bien distincts, la partie aventure majoritairement textuelle d'une part, et les affrontements sous forme de simili RTS / Tower Defense d'autre part. Le choix vous appartient de jouer telle ou telle partie quand bon vous semble, car aucune ne vous sera imposée, dans une certaine mesure bien entendu. Il est par exemple tout à fait possible de passer plusieurs heures à avancer dans la partie aventure sans vous soucier des combats, et vice versa, du moins jusqu'à atteindre un certain palier. L'écran de présentation vous permettant ainsi de choisir littéralement dans laquelle des 2 vous souhaitez vous plonger.
L'histoire nous est contée à travers les yeux de 13 protagonistes, avec lesquels il faudra jongler régulièrement pour progresser et ce, de manière plus ou moins libre. Certains ne seront en effet pas tout de suite accessibles, tandis que différents événements devront être déclenchés pour débloquer les autres. L'action débute en 1985 au Japon, où l'on suit les destins croisés de plusieurs lycéens et lycéennes confrontés à une menace imminente sous la forme de monstres gigantesques attaquant la Terre, qu'ils leur faudra combattre en pilotant de puissants robot géants. Si le pitch de départ semble on ne peut plus classique et déjà-vu, l'histoire prend très vite une tournure beaucoup plus complexe qu'il n'y parait et brouille rapidement les pistes. En effet, la narration fragmentée par les différents personnages que l'on incarne participe à rendre l'intrigue complètement opaque, mystérieuse et bien entendu confuse lors des premières heures de jeu. Ce désordre scénaristique volontaire peut effectivement surprendre et fortement déstabiliser le joueur qui se posera beaucoup de questions et aura peut-être du mal à cerner le fil conducteur de l'intrigue. Mais n'en doutez pas, il s'agit bien là de la vraie force de 13 sentinels, un excellent scénario gorgé de révélations savamment dosées, rendant graduellement le récit toujours plus passionnant et ce, jusqu'à son dénouement. What a Wonderful WorldLe gameplay lors de cette phase aventure est on ne peut plus réduit. Seuls seront sollicités le stick analogique pour diriger les personnages et les boutons croix et triangle pour communiquer avec les différents PNJ. Ce dernier aura tout de même une fonction particulière car il vous permet également de revenir sur les informations importantes recueillies lors d'un dialogue. Pour être clair, lorsqu'un mot ou une phrase significatif pour l'intrigue apparaîtra lors d'une conversation, une simple pression sur le bouton triangle aura pour effet de voir votre héros réfléchir dessus en l'expliquant de son point de vue et parfois même de pouvoir rediriger ce mot vers votre interlocuteur pour engager le propos à ce sujet. Il s'agit tout simplement là de la principale manière d'avancer dans l'intrigue.
Que dire, si ce n'est que la direction artistique est encore une fois de très haute volée avec des graphismes tout simplement magnifiques, que ce soit au niveau des sprites que des nombreux décors. Les effets de profondeur ou de lumière lors de certaines scènes sont incroyables, et le traitement des robots en particulier est tel que l'on croirait presque avoir affaire à des modèles 3D tant le travail sur l'impression de relief est saisissant. Le souci du détail force également le respect dès lors que l'on s'attarde sur les arrière-plans extrêmement soignés des différents lieux que l'on est amené à arpenter. Les couloirs de l'école grouillent d'élèves vaquant à leurs occupations, lisant des mangas entre 2 cours ou assis à se raconter les derniers potins du lycée. Les rues de la mégalopole quant à elles sont encombrées de passants et de véhicules, de salarymen attendant leur bus ou de vieillards lisant leur journal tranquillement sur un banc. Le monde dans lequel évolue les personnages est réellement vivant, superbement animé, et garni d'une palette de couleurs somptueuses, telle une peinture en mouvement. Neon Genesis AegisViennent ensuite les phases de combat, à bord de vos fameux mechas, sous forme de jeu de stratégie en semi temps réel. Il s'agira dans 99 % des cas de défendre une position contre l'envahisseur dans un temps limité, avec une équipe de 6 personnages maximum sur les 13 héros. L'action se déroule donc en temps réel mais se pause dès lors que vous assignez une ordre à l'un des membres de votre équipe. Les robots étant divisés en 4 générations de types divers tels que spécialisés en mêlée ou en combat longue distance, les aptitudes de chacun varieront selon le personnage choisi et seront bien évidemment customisables dans le menu prévu à cet effet. Ainsi, les points obtenus lors de la phase aventure ou de batailles remportées vous permettront d'augmenter votre arsenal ou vos statistiques, et bien entendu d'acheter de nouvelles armes. Si les premiers affrontements, d'une relative facilité, donnent l'impression d'un système bourrin et sans intérêt, la difficulté accrue des dernières maps oblige réellement le joueur à un minimum de stratégie et d'optimisation de son groupe.
Cela étant dit, il est tout de même difficile d'y voir ici autre chose qu'un simple bouche trou de la part de Vanillaware pour contenter le plus grand nombre en manque d'action. D'une part par la redondance extrême des combats en eux-mêmes, avec finalement toujours les mêmes objectifs à boucler encore et encore. Et d'autre part par le manque de soin évident apporté visuellement à cette partie du jeu. Oubliez les somptueux graphismes du studio, car vous n'aurez ici qu'un champ de bataille en 3D, à quelque chose près toujours le même, représentant grossièrement la partie de la ville où vous affronterez vos ennemis, eux mêmes sous la formes de simples icônes. Seules les fenêtres de dialogue illustrées entre vos équipiers vous rappelleront le visuel du jeu, tandis que le reste apparaîtra bien morne et tristounet. Un bête Tower Defense en guise de système de combat est on ne peut plus décevant, qui plus est ne profitant pas de la direction artistique du titre. En résumé, bien que pas foncièrement inintéressant, on a surtout la sensation d'un rajout pensé à la dernière minute pour ne pas perdre les joueurs allergiques aux visual novels et amateurs de rpg, bref d'un mini jeu incorporé de façon maladroite. Dark SpaceCette fausse note, quoique dommageable, est heureusement largement compensée par la qualité de l'aventure et du scénario de 13 sentinels. En outre, l'aspect non linéaire de la progression, avec le choix du personnage à suivre dans l'ordre que l'on souhaite, est particulièrement appréciable et permet d'appréhender l'histoire sous différents points de vue. Les nombreux clins d'œil liés à la pop culture des années 80, le fait que l'intrigue nous fasse voyager à travers différentes époques passées ou futures, les protagonistes travaillés et attachants, ou encore tout simplement l'apparente complexité d'un scénario de SF nébuleux mais passionnant de bout en bout, suffisent à faire oublier la déception de la partie RTS. Qui plus est, un glossaire et des archives très bien fournies, à compléter au fur et à mesure, permettent de raccrocher les wagons et de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de l'histoire et de ces nombreux personnages.
Les compositions de Hitoshi Sakimoto et de son studio Basicscape font encore une fois des merveilles pour une production Vanillaware, l'ost est belle et toujours dans le ton, rappelant parfois l'excellente bande originale d'Odin Sphere du même auteur. Pour terminer, il faut signaler que quelques petits défauts viennent tout de même entacher l'expérience, rien de bien grave pour qui aime le genre cela dit. Le jeu a beau être superbe, certains personnages semblent avoir eu moins de soins sur leur sprite et leur animation, tandis que leurs histoires personnelles ne se valent pas toutes. Quelques héros sont donc un peu moins intéressants à suivre bien que cela reste évidemment subjectif. Enfin, l'intrigue vous oblige parfois à accomplir certaines tâches pour avancer et déclencher l'évènement suivant, sans que cela ne soit toujours très clair. Il arrive donc de déambuler au même endroit pendant de longues minutes sans trop savoir ce que le jeu demande au joueur, ce qui peut s'avérer frustrant par moment. Que cela soit parfaitement clair, 13 sentinels : Aegis Rim est avant tout un visual novel, et à ce titre une expérience textuelle marquante, grâce à un scénario de haute volée, captivant et ambitieux, sublimé par des graphismes impressionnants, comme toujours chez Vanillaware. Quel dommage que le studio l'ait maladroitement affublé d'un système de combat en simili RTS peu satisfaisant, répétitif et pourvu d'un visuel simpliste, indigne de la direction artistique du jeu. Qu'à cela ne tienne, le dernier né des développeurs de Dragon's Crown, s'il décevra à coup sûr les fans d'action-RPG, ravira les amateurs de science fiction, de romances, de robot géants et de références aux années 80.
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