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Final Fantasy XVI

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Final Fantasy XVI
Regardez droit devant
Après plus d'une décennie de vaches particulièrement maigres du côté des épisodes numérotés off-line, la franchise brillant telle une constellation dans le coeur de nombreux joueurs revient avec un seizième opus promettant action et réconciliation. Inscrite dans les pas du lointain Ivalice, mais aussi des canons de son époque, Valisthéa et ses cristaux parviendront-ils à marquer vos âmes ?

Une veste en lambeaux

Si tant est que nous excluions les épisodes on-line, il faut allègrement remonter à Final Fantasy X, c'est-à-dire plus de vingt ans en arrière, pour trouver la trace d'un épisode mis au monde dans les règles de l'art. Par ailleurs, Final Fantasy XV, ancien Final Fantasy XIII bis, avait couronné cette séquence crépusculaire - pour ne pas dire décadente - par une aventure bringuebalante, dont la fin seule laissait espérer, enfin, une renaissance de la Lumière. Comme l'âme cabossée du héros Clive, ce seizième épisode, qui ne cache pas sa filiation avec la symphonie inachevée (Final Fantasy XII), commence véritablement avec le retour à la vie du protecteur de Phénix, mais aussi avec la mort d'un personnage central.

Coupons donc court aux suspicions : oui, comme ses glorieux aînés, Final Fantasy XVI se tient et ne nécessite ni suite (malgré quelques sympathiques DLC), ni épisode miroir, ni OAV, afin qu'en soit dévorée la substantifique moelle !
Final Fantasy XVI
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Final Fantasy XVI

La résurrection du feu sacré

Dans le monde de Valisthéa, fleurant bon l'Ivalice (la fantaisie en moins), des cristaux remplis d'éther ont permis à diverses civilisations brillantes de s'établir et de se développer. Dans ce monde, aussi, certains sont en quelque manière élus (on dira "Emissaires") des Primordiaux, divinités tutélaires bien mises en valeur dès l'introduction, lesquelles leur accordent lorsque nécessaire des pouvoirs surhumains - quand elles n'interviennent pas tout bonnement au milieu du champ de bataille. Dans ce monde, cependant, se répandent la guerre et un mystérieux Fléau Noir qui assèche la nature.

Le monde se meurt et le rôle des cristaux magiques est au centre de l'intrigue. En ajoutant à cela une deuxième partie de scénario qui remet en cause le rôle des dieux, le caractère central de la figure de Cid (et de sa petite fille Mid, proprement extirpée de Final Fantasy V), nous tenons là le parfait héritier d'une série presque quarantenaire. Cerise sur le gâteau, Final Fantasy XVI parvient même à tirer de son prédécesseur un gimmick bien identifié : là où Noctis pratiquait l'attaque Eclipse, Clive dispose assez vite d'une "Eclipse de Phénix", confirmant que ce nouveau-né veut impérativement tirer le meilleur de ce qui existe déjà.

Ce feu sacré venu du fond des âges, Final Fantasy XVI l'incarne par le rôle central donné au Phénix. Après une longue nuit, le retour de la Lumière a lieu par le biais d'un trio de personnages associés à un Primordial (oui, ce sont bien les très attendues invocations) chacun, qui entretiennent de puissants liens affectifs. Les personnages secondaires ne seront pas en reste, y compris lorsque cela passe par des scènes déchirantes. Ces caractères, moins surprenants que franchement réussis, déploient leurs aventures dans un monde dont l'équilibre spatial mérite d'être salué : on peut y gambader, on peut s'y repérer, et l'on croise régulièrement de la vie, antipathique ou non. Valisthéa, par ailleurs, propose quelques environnements à l'esthétique remarquable. "quelques"... et nous y reviendrons.
Final Fantasy XVI
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Final Fantasy XVI

La baston : un pivot

Campée sur un tour-tour-tour terriblement dynamique et tactique lors de ses dixième et treizième opus (quoique dans des styles différents), la saga a en réalité accompli une mue vers l'action depuis le douzième épisode pour arriver ici à une formule ne laissant guère de place au doute. Bien loin des menus de plus en plus subtils au fil des années 1990, bien loin des tableaux de statistiques faisant intervenir de la part du joueur un organe appelé "cerveau", Final Fantasy XVI propose un vague statut où quelques statistiques fantômes tentent d'exister. La simplification très clairement amorcée dans Final Fantasy XIII trouve ici son aboutissement : les nombres sont devenus strictement décoratifs. En outre, en combat, le joueur aura l'oeil attiré par une barre de stun qui faiblit et par une barre de vie redoutable, tandis qu'il maltraite sa manette en attendant le moment de tout balancer.

Il faut reconnaître à ce "système" son caractère jouissif, très largement accessible (et plus encore grâce aux équipements facilitant les combos), mais aussi une très légère dimension tactique via les différentes compétences offertes par les Primordiaux. Finalement, durant ces combats bien dynamiques et joliment chorégraphiés, on ne peut pas faire tout le temps n'importe quoi.

Toutefois, le "système" de combat propose une standardisation qui peut devenir le deuxième axe de lecture de ce Final Fantasy XVI, réellement travaillé par l'envie de plaire, vraisemblablement tiraillé par le désir de s'affirmer et la peur d'être différent. Est-ce à dire que l'habitude prise par Yoshida de faire les poches mensuellement de ses abonnés l'a rendu particulièrement sensible à la satisfaction des plaisirs immédiats de ses joueurs ? On laissera la question ouverte. La pointe visible de ce puits de compromis incompréhensibles au bout de deux heures de jeu, c'est l'absence de dégâts élémentaires. Comme un symbole ! Passé le coté sympathique du recours à un Ifrit, à un Bahamut, Final Fantasy XVI est en réalité un jeu d'action/RPG/3PS/quêtes-annexes/QTE comme les autres, proposant la sempiternelle boucle "attaque-esquive(parfaite)-contre-stun-BAMBAMBAM-pouvoir". Et cette perte de singularité ne s'arrête pas là.
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Finie la Fantasy ?

Par-delà ses tout premiers opus engoncés dans des contraintes graphiques majeures, Final Fantasy s'est en réalité toujours évertué à proposer des univers variés, singuliers et baroques. Ainsi, ses caractéristiques furent moins de tenir une ligne que... de la donner ! Sur ce point, Final Fantasy XVI fait malheureusement tout beaucoup trop comme les autres, reléguant ses particularités au rang de petites étincelles ou de reprises tirées de ses prédécesseurs.

Le joueur sera donc invité à suivre l'habit sombre de son héros, vu de dos, pendant des dizaines d'heures durant lesquelles le groupe de héros est une notion jetée aux oubliettes, afin d'effectuer des combats qui ressemblent à tous ceux qu'il a disputés ces dix dernières années, contre un bestiaire pas franchement original. L'apparition des nuages dans le ciel de Valisthéa n'arrange pas l'affaire : que les cailloux et les brins d'herbe sont réalistes ! Mais on regrette la folie de Rabanastre ou les contrastes imposés par Pulse et Cocoon. Comment ne pas pointer du doigt le crafting intégré au chausse-pied, les tas de sous-quêtes, signifiant que plus personne ne parlerait à un PNJ s'il n'avait rien à offrir ? Avec son hub (idée géographique toujours douteuse justifiant toutes les paresses et toutes les redites), avec sa bande-son tout aussi pléthorique que discrète, avec ses scènes violentes explicites, Final Fantasy XVI donne surtout des gages de bienséance, et l'amer sentiment qu'il court après la reconnaissance tout en restant enfermé dans le dogme ludique de son époque.

Pour noircir le tableau, on résumera en disant qu'il ne dispose ni d'une direction artistique, ni d'une direction ludique et que cela finit par se voir.
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Des cristaux brillent à l'horizon

L'ultime séquence de Final Fantasy XV laissait de l'espoir; chez son successeur, malgré une obsession pour la norme qui confine au handicap, les espoirs se fraient un passage tout au long de l'aventure.

En premier lieu, le héros présente une belle épaisseur et s'écarte assez rapidement des clichés que son apparence pouvait faire redouter : Clive est un Homme dans toute sa splendeur et ne s'enferme pas le moins du monde dans une dureté à toute épreuve, laquelle aurait franchement flatté les héros de canapé. Il entraîne dans son sillage un scénario qui prend régulièrement de l'ampleur au fil des heures. Les scènes et les combats mémorables sont nombreux. En fait... l'aventure est tout bonnement passionnante. On est bien loin de la nullité des vacances de Noctis, de la bêtise crasse de ses compagnons, ou d'une Luna qui réussit à se faire apprécier seulement parce qu'elle n'est pas là. Sur ce point, d'ailleurs, quel dommage que les deux compagnons principaux de Clive ne soient pas davantage mis en avant par le gameplay tant ils rayonnent aussi d'humanité et de beauté !

De plus, quoique enserré dans les impératifs du jeu d'action, Final Fantasy XVI intègre de son mieux les invocations.

Enfin - et je ne pensais pas écrire cela un jour - les DLCs prennent un tout petit peu plus de risques au point de vue esthétique. On en vient à se demander pourquoi c'est à la Tour des Sages et à Mysidia, surtout, que l'équipe a réservé quelques-unes de ses meilleures inspirations.
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Pour conclure, on tiendra sur la critique concernant l'inquiétante normalisation constatée quant à l'esthétique et au gameplay. On n'omettra pas non plus que, dans cadre étriqué, Final Fantasy XVI n'est rien de moins qu'un superbe jeu. C'est aussi, probablement, le meilleur épisode numéroté depuis l'inoubliable Final Fantasy X. Alors que nous sommes invités, une nouvelle fois, à nous dresser contre des dieux cherchant à tracer notre destin, ne serait-il pas temps pour Square Enix de se libérer du démon que constitue l'envie d'être conforme aux attentes ? Si cette doctrine de le satisfaction du client fut nécessaire pour assurer la pérennité d'un modèle on-line fondé sur l'abonnement, ne faudrait-il pas renouer avec l'ambition, quant aux standards, de les instaurer plus que de les suivre ?

28/02/2025
  • Un univers riche pour un scénario passionant
  • Des personnages principaux consistants et touchants
  • Quelques environnements chatouillent la rétine, tout de même
  • Un épisode maîtrisé, terminé, ambitieux
  • Le meilleur FF depuis 20 ans ?
  • Une absence totale de direction artistique
  • Le gameplay n'est guère plus original
  • Clive voyage finalement bien seul
  • Une volonté de se normaliser envahissante
8

TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 5/5
GAMEPLAY 3/5
2 connectés
Utilisateurs en ligne: loadfire, Astram
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