Dans le monde si vaste du RPG, il est des jeux qui font rêver. Certains, avant même leur sortie. A chaque bande-annonce, à chaque image, on s'accroche de plus en plus à cet univers, brulant d'impatience de pouvoir toucher au soft ultime à nos yeux. Et quand vient enfin le moment tant attendu, on retient son souffle, le temps d'allumer la console, et d'y insérer la galette des rois.
Ce fut mon cas pour ce
Final Fantasy Crystal Chronicles: The Crystal Bearers, héritier de cette lignée à controverse qui, trop souvent, a du subir le poids de son nom. Le temps est venu de redorer le blason de cette série jugée trop enfantine.
Let's begin!
Crystal Bearer
A la Création, il y avait quatre cristaux, un pour chaque tribu. Ensemble, ils formaient le Principe qui régissait l'univers et dirigeait la manière de vivre des humains. Cependant, il y a 1000 ans, une guerre éclata entre les peuples Yuke et Lilty. A la fin de celle-ci, le cristal Yuke fut détruit, et la tribu envoyée dans un autre monde. Au fur et à mesure que les années passaient, le Principe se fragilisait de plus en plus, conséquence de l'absence de l'un des quatre grands cristaux. Jusqu'aux évènements de l'épisode "
The Crystal Bearers"...
Le héros, Layle, est ce que l'on appelle communément un porteur de cristal. Un être vivant qui possède une partie du corps cristallisée. Souvent rejetés de la société et craints par la foule, l'usage de leur pouvoir "magique" leur est prohibé par la loi. C'est dans ce monde, entre conflits d'intérêt et coups d'éclats, que prend place la bataille qui décidera de l'avenir des resplendissantes chroniques de cristal.
Malgré un départ sur les chapeaux de roues, riche en action, le scénario n'égale pas le niveau qu'avait réussi à atteindre celui de son ainé
Final Fantasy Crystal Chronicles: Ring of Fates. L'histoire se laisse cependant suivre sans peine, bien que quelques petites questions restent en suspens à la fin du jeu. Mais en vérité, la raison qui attise vraiment notre envie de découvrir la suite, c'est la façon dont le récit est servi à la perfection par la qualité époustouflante de la mise en scène. Cela donne alors lieu à des cinématiques, nombreuses et régulières, qui donnent un rythme effréné au jeu sans aucune perte de vitesse, entraînant le joueur au cœur d'une aventure placée sous le signe du standing à la
Square Enix. "La classe", justement, parlons-en.
Outre l'ambiance totalement détendue lors de l'exploration des zones, on assiste à une leçon sur l'art et la manière d'être charismatique lors des cut-scenes ou des events. Layle en étant le principal responsable de par ses répliques cinglantes ou bien ses affrontements hauts en couleurs et surtout en taille.
Il faut le dire,
The Crystal Bearers est un des plus beaux titres sur Wii. La réalisation est magnifique, les environnements riches et les paysages parfois grandioses. On sent que la machine est parfaitement exploitée et donne tout ce qu'elle a, le génie du développeur nippon a fait ses preuves une fois de plus. Mais on regrette tout de même que quelques passages en CG n'aient pas été incorporés, ce qui aurait pu donner encore plus d'intérêt au soft, ce dont il ne manque pas, pour sûr.
A ce propos, afin de pouvoir graver les images du jeu à tout jamais dans votre cœur et surtout sur votre ordinateur, les développeurs ont eu la grande idée d'inclure un outil permettant de prendre des screenshots in-game à tout moment. Ceux-ci iront donc directement alimenter la mémoire de votre carte SD.
L'évolution du Drag & Drop, le Grab & Throw
Le pouvoir de gravité de Layle se trouve être l'essence même du gameplay. Alors, coup de génie ou ratage complet ? En tout cas, l'originalité est de la partie.
Dès le départ, on le constate que l'interactivité avec le décor est poussée à son paroxysme. Tout semble pouvoir se plier aux désirs du pouvoir de notre beau blond. Il est juste nécessaire d'agiter sa manette et faire deux, trois mouvement qui n'ont rien de complexe afin de pouvoir agir sur l'environnement. Il suffit tout d'abord de valider sa cible et de faire un mouvement dans un des quatre sens et d'observer le résultat. Bien souvent, un coup de Wiimote enverra votre antagoniste dans la direction correspondante, excepté le coup vers le haut qui fera en premier lieu venir la dite cible vers Layle, puis dans un second temps la placera au-dessus de sa tête. A partir de ce moment, la façon de jouer se diversifie un peu. En effet, selon ce que vous contrôlez, lorsque vous appuierez sur la touche d'action plusieurs choses peuvent arriver. Soit une "attaque" propre à l'ennemi ou au PNJ ou tout autre chose (une vache par exemple) se produit, soit vous jetez simplement l'objet dans la direction dans laquelle vous êtes orientés. Et là, il faut savourer les situations que cela occasionne, toutes plus coquasses les unes que les autres. Vous aurez donc la possibilité de carrément déclencher une guerre entre vaches dans des champs, s'échangeant des tirs dévastateurs de lait à travers les pis, jouer les éboueurs en balançant des poubelles à la déchetterie.... ou bien pire, vous pourrez aisément semer des crottes de bisons à travers les plaines que vous parcourrez. Bref, trêve de plaisanteries.
L'exploration à proprement dite et les phases de combat sont séparées. Un peu comme un système de jour et nuit où vous auriez pendant le jour la phase où vous déambulez dans de grandes étendues peuplées de PNJ, au contraire de la nuit, véritable soirée dansante pour monstres. L'atmosphère y devient donc plus hostile, la musique change et vous avez un temps imparti pour éliminer tous les monstres vous barrant la route afin de récupérer la juste récompense du travail accompli. Subtil système de séparation qui empêche la prise de tête et surtout le capharnaüm qu'aurait représenté les zones si le mélange avait eut lieu. L'objet reçu augmentera le maximum de votre vie, et une quête semblable à celle des quarts de cœur des
Zelda peut alors être envisagée. Car en effet, ces objets ne sont pas indispensables pour finir le jeu mais aident grandement à parvenir à vos fins, vous n'aurez donc pas l'obligation de vider tous les secteurs. Mais dans le même temps cela permet d'exercer son talent à la Wiimote lorsqu'il s'agit d'exterminer la vermine rapidement avant que la période de paix ne revienne, seul moment où le challenge fait vraiment acte de présence.
C'est d'ailleurs ici que l'on touche au centre d'intérêt du système de jeu : la façon dont il faut tuer les adversaires. Chaque monstre ou presque possède une ou plusieurs particularités à découvrir en le faisant voltiger dans tous les sens. On peut par exemple former une boule de bowling en entrechoquant deux ennemis semi-sphériques et ainsi s'en servir comme arme dévastatrice pour décaniller les opposants, mettre un
Ekarissor en marche arrière ou pour finir, faire exploser les traditionnels
Bombos, voire s'en servir comme mine dissimulée dans la neige. La plupart du temps ces procédés astucieux demeurent les seuls moyens d'accélérer le carnage produit par vos larges mouvements de bras devant votre télévision. Révéler chaque spécialité devient alors une vraie partie de plaisir si tant soit peu que l'on soit curieux de voir le résultat complètement loufoque auquel cela peut aboutir, et que l'on sait s'émerveiller de choses insignifiantes.
Il est donc évident que le gameplay de
The Crystal Bearers fourmille de détails qui font toute la richesse du jeu... Absolument toute ? Non, il reste encore beaucoup de choses à découvrir.
La folie des mini-jeux
Tout au long du périple, une multitude d'events viendra égayer votre parcours, offrant de vraies bouffées d'air frais dans le déroulement du jeu, qui servent bien souvent de transition après des phases de scénario. De l'imitation de Dead or Alive Xtreme au combat dantesque contre un Bahamut au top de sa forme, tous les genres (ou presque) sont représentés. Ces mini-jeux débloquent occasionnellement (lorsque vous faites des scores honorables) des médailles sur un tableau.
Ce système, en tout point similaire à celui des succès sur Xbox 360, est une vraie petite mine de secrets. Il nous oriente afin que l'on puisse découvrir les mystères disséminés de par le monde. On prend ainsi un immense plaisir à le compléter une fois la trame principale bouclée, rallongeant de ce fait aisément la durée de vie du titre, qui hélas est vraiment très courte en ce qui concerne la quête principale (plus ou moins 15 heures).
Fort heureusement, les mini-jeux qui jalonnent l'aventure sont de nouveau disponibles une fois le scénario bien avancé afin de retenter sa chance pour améliorer son score.
Freedom
La liberté d'action que procure le soft occasionne parfois chez le joueur une telle jouissance que l'on pourrait se croire en train de jouer à un opus de la renommée série Granf Theft Auto. C'est dans ces moments là que l'on se rend compte que l'univers de The Crystal Bearers a été énormément travaillé, évoluant perpétuellement. Loin de se cantonner exclusivement aux environnements mis en place au départ du jeu, il serait presque possible d'explorer une seconde fois le soft dans sa totalité sans pour autant y voir les mêmes choses. D'ailleurs, un mog postier vous informera régulièrement des nouveautés qui se manifestent dans ces vastes contrées.
Ainsi, certaines zones accueilleront de nouveaux types d'ennemis, entièrement différents de ceux qu'il aurait été possible de croiser précédemment, de nouveaux mini-jeux apparaitront, etc.
Vous l'aurez donc compris, c'est un jeu qui se découvre. Un jeu où, chaque fois que l'on s'y investit et que l'on met la main sur une chose inconnue, on repousse encore plus la limite de son univers.
Mais tout n'est pas que réussite. Il arrive aussi que ce sentiment s'évanouisse du tout au tout lorsque certains défauts du jeu nous stoppent dans notre lancée. En effet, la quantité de PNJ est vraiment très appréciable mais trop peu sont sujets à la discussion, ce qui donne quelque fois l'impression que l'endroit où l'on se trouve est inhabité ou sans âme propre. Quelques problèmes de caméra viennent se faufiler ici et là, celle-ci n'étant pas extrêmement maniable. On dispose d'une carte pour le moins inutile, sans possibilité de déplacements du curseur afin de repérer les différents endroits. Et enfin, le système d'équipement peu développé pourra rebuter les plus collectionneurs des joueurs de RPG. Néanmoins, tout cela reste des détails que nous fera vite oublier la bande-son du jeu, très accrocheuse et parfaitement adaptée aux situations. Du rock pur et dur pour certaines scènes de combat aux thèmes mélancoliques à souhait lors des passages plus tristes, cette OST sait se diversifier et convaincre, notamment à l'aide de quelques pistes qui marqueront sans doute les esprits pour un temps. Le doublage US n'est pas non plus en reste, même s'il n'est pas extraordinaire, il reste tout de même correct et les voix sont convaincantes.
Un jeu grand public
Pour être clair et ne pas mâcher les mots, The Crystal Bearers a été développé dans l'optique de toucher un public de "casual". Wii oblige, oserais-je. Plusieurs choses vont donc dans ce sens. Tout d'abord le jeu est d'une simplicité effarante, aucune énigme ne viendra vous barrer la route et les duels/events sont répétables à l'infini si vous échouez (ce qui s'avère tout de même très rare). La simplicité du gameplay imaginé pour la Wiimote conviendra aux petits comme aux grands mais peut-être pas à ceux cherchant une approche plus fouillée, une expérience de jeu plus recherchée quant à l'utilisation des touches. Mais cela s'avère-t-il être vraiment un défaut en soi ? En vérité, tout dépend de l'approche du joueur vis à vis du jeu. A titre personnel, la partie casual du jeu ne me gène en rien et cela m'évite de nombreuses contrariétés qui auraient pu me gêner avec un gameplay de la sorte si la difficulté eut été plus élevée.
Hardcore gamers qui ne jurent que par le Classical RPG avec des systèmes de combats qui ont déjà fait leur preuve comme l'ATB, passez votre chemin. Quant aux amateurs d'idées nouvelles et d'originalité, The Crystal Bearers est sans aucun doute un investissement intéressant quel qu'en soit le résultat.
En rompant de nombreux schémas de la série Crystal Chronicles, The Crystal Bearers se démarque par son originalité et fait souffler un vent nouveau sur le long fleuve tranquille de la licence de Square Enix. A la fois jouissif, fun et rafraîchissant, cet opus ne se prend pas au sérieux et cherche tout simplement à faire vivre une expérience interactive de tous les instants. Mis en scène avec brio et en grande partie scénarisé, Final Fantasy Crystal Chronicles: The Crystal Bearers est un jeu qui sera sujet à polémique dans l'avenir, c'est certain.
05/01/2010
|
- Les events
- L'interaction avec l'environnement
- L'ambiance
- Les musiques
- Les cutscenes
- La beauté du jeu
- L'originalité...
|
- ... qui ne plaira pas à tout le monde car trop casual
- La durée de vie du scénario
- Peu de PNJ auxquels s'adresser
|
TECHNIQUE 4.5/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
|