Une chose est certaine, la saga des
Atelier a désormais élu domicile en occident, comme en témoigne la saga des
Arland sur Playstation 3 avec sa réalisation toute en 3D. Après un
Atelier Rorona qui posa l'univers mais qui n'était pas non plus exempt de tout reproche,
Gust alimente très rapidement le moteur avec une suite :
Atelier Totori. Nous allons scruter avec curiosité si le studio rempile pour le meilleur.
La petite aventure
Le royaume d'Arland n'est pas un endroit particulièrement sécurisé. Les chevaliers en charge de la garde nationale sont si peu fiables que les habitants décidèrent eux-mêmes d'explorer les recoins de leur pays et éventuellement d'en franchir les frontières. Suite à l'aide des volontaires, il fut installé un processus visant la création d'une fonction d'aventurier et de nombreux postulants tentent leur chance régulièrement, avec plus ou moins de réussite. Parmi ceux-là, on compte quelques très rares alchimistes, dont les compétences sont si précieuses qu'ils font un peu office de trésor national.
Peu de temps après les évènements d'Atelier Rorona, Rorolina Frixell (alias Rorona) continue ses voyages pour enseigner l'alchimie, bien qu'elle soit toujours un peu tête en l'air. Mais l'alchimie est une pratique très complexe et peu de personnes peuvent y prétendre. Par chance, la petite Totooria Helmold (Totori) s'avère être une disciple attentionnée, prometteuse et tient de Rorona les premiers rudiments de la discipline.
Totori n'a pas une vie facile depuis que sa mère, une aventurière, fut portée disparue alors qu'elle prenait le bateau vers de nouveaux horizons. C'est ainsi que Cecilia, la soeur de Totori, reprend le rôle maternel alors que le père est particulièrement effacé. Si la famille est plus ou moins persuadée que la mère est décédée, Totori garde toujours espoir et décide donc d'obtenir sa licence d'aventurière pour trouver des indices.
Le scénario du jeu est une fois de plus relativement léger. Arland n'a pas beaucoup changé et on se retrouve globalement dans le même contexte. Comme le jeu n'a pas vraiment de ligne directrice très claire, on se retrouve à enchaîner de façon maladroite des évènements dans l'ensemble inintéressants et trop prévisibles. L'humour, une force déjà perdue dans Atelier Rorona, est encore plus absent dans Totori avec une prédominance de clichés miséreux à se tirer une balle dans le pied. Ce n'est donc pas pour cette fois que l'histoire parviendra à captiver le joueur.
Totomoche
Comme d'habitude, un joli dessin animé en guise d'introduction et une interface plaisante sont les éléments qui frappent les premiers. Le character-design de
Kishida Mel conserve également son efficacité avec des personnages saillants (quoique les filles sont un poil trop clonées au niveau du visage) et des artworks en plein écran émaillent de temps à autres les différents évènements.
Mais c'est aussi l'arbre qui cache la forêt, car le passage en 3D intégrale qui était déjà bancal dans
Rorona n'a pas du tout évolué ici. On se retrouve avec le même moteur et par conséquent les mêmes soucis. Décors vides, textures grossières, modélisation et animation des personnages approximatives, ... La liste est longue et peu flatteuse. Pourtant, force est d'admettre que la cohérence artistique et la palette de couleur sauvent l'ensemble du naufrage en proposant un univers facilement identifiable au premier coup d’œil avec de plus quelques décors sympathiques vers la fin.
L'absence d'un réel effort pour une réalisation en hausse reste dommageable, surtout que le changement de level-design subit un lifting pas forcément heureux. En effet, là où nous progressions dans des phases à plusieurs zones, dans
Totori on retrouve cette structure mais où chaque zone est isolée, tenant sur un seul écran. Entrer dans une zone et en ressortir toutes les trente secondes à de quoi perturber la sensation d'exploration qui reste régie par une carte du monde en point'n click.
Avec un tableau si peu reluisant, on espérait beaucoup de la bande-son. Raté ! S'il y a bien quelques nouvelles pistes agréables et que l'ambiance d'ensemble est tout à fait correcte, difficile de pardonner la redite sous prétexte qu'on revisite des lieux de
Rorona. Les doublages ne sont pas non plus épargnés, que ce soit en anglais ou japonais (les deux langues sont disponibles) et les bruitages sont désopilants de redondance.
L'alchimie ça prend du temps
Atelier Totori est un jeu de rôle classique en 3D divisé en plusieurs phases de gameplay. La première concerne la partie découverte, la seconde la partie récolte, la troisième la partie alchimie et enfin les combats. Après l'obtention de votre licence d'aventurier vous aurez trois ans pour gravir les échelons et faire vos preuves. Ensuite, un prolongement de deux ans sera accordé pour résoudre le vrai problème de Totori.
C'est la force et la grande faiblesse du jeu : le temps. Se déplacer prend du temps, mais aussi faire de la récolte ou de l'alchimie au point de ponctionner à chaque fois des jours et des jours sur le calendrier. Alors oui ce système apporte une gestion intéressante mais de l'autre il va sérieusement énerver tous les joueurs qui aiment prendre leur temps. Car qu'on se le dise, vous avez toujours une épée de Damoclès au dessus de la tête avec des exigences à remplir en améliorant votre rang. Si au bout de trois ou cinq ans vous n'avez pas fini vos objectifs respectifs c'est la fin du jeu, abrupte et frustrante.
Il faudra donc bien assimiler les priorités. Pour ce faire le jeu propose très rapidement un système de quêtes à peu près similaire à Rorona, sachant que vous aurez deux lieux pour vous y atteler, le village de Totori et la guilde d'Arland. Vous allez donc avoir des quêtes qui demanderont plusieurs types de travaux : des objets précis, des objets d'alchimie mais aussi de la chasse au monstre. Les zones sont très nombreuses et plutôt très éloignées pour certaines, et vous dépendez d'un système aléatoire qui souffle rapidement le temps. Vous ramassez deux herbes ? Un jour en moins, et si on ajoute qu'il faut un jour pour entrer dans la zone et un de plus pour en sortir vous pouvez vous faire une idée de la chose. Une fois la collecte terminée, vous avez besoin de votre chaudron d'alchimie ce qui imposera systématiquement un voyage supplémentaire.
Une fois bien au chaud, il faut mélanger tout ce que vous avez sachant que la qualité des objets peut offrir des bonus intéressants pour les récompenses à venir (à un stade avancé, des aides de camp sous la forme d'homunculus viendront accélérer le processus). D'ailleurs tout travail d'alchimie fait grimper votre niveau dans le métier et il est indispensable de persévérer puisque les nombreux ouvrages de création demandent toujours plus de compétence (et de temps). Heureusement, la touche start permet de se téléporter rapidement entre l'atelier et la guilde, histoire d'enchaîner les quêtes. Tout ça c'est bien, mais la collecte nécessite aussi de savoir se défendre, et de nombreux ennemis se baladent dans les zones.
Combats
Il s'agit de tour par tour à trois personnages. Vous aurez plusieurs compagnons de voyage mais seul deux d'entre eux pourront vous accompagner. Plus ils sont avec vous, plus vous aurez de chance de débloquer des évènements et d'augmenter l'affinité.
Les combats font plus office de remplissage qu'autre chose. Sans trame scénaristique notable, vous êtes plutôt l'aventurier qui cherche des matériaux à ses risques et périls. Les commandes sont simples : attaquer, se défendre, objets, skills et fuite. Les skills apparaissent avec l'expérience et on notera qu'il n'y a pas de compétence de soin spécifique, il faudra donc recourir à l'alchimie la plupart du temps. Heureusement, notre frêle Totori bénéficiera de soutien offensif ou défensif par le biais d'une jauge qui grimpera plus ou moins vite en fonction du degré d'affinité, histoire de vaincre les ennemis rapidement.
Les phases d'exploration, l'alchimie, les combats, les découvertes et l'expérience acquise au grès de multiples collectes permettront d'obtenir des rapports qu'il faudra rendre à Cordelia au sein de la guilde. Et si les points sont suffisants vous pourrez upgrader votre licence. C'est là tout l'intérêt d'un jeu assez redondant au final. Il semblait plus judicieux de mettre en place un scénario avec de vrais travaux d'alchimie, de véritables objectifs pour donner de l'épaisseur au système. En l'état, on a trop souvent l'impression que le jeu est un immense recueil de quêtes annexes, où il n'y a que la fin qui donne du coffre. Pire encore, Totori propose une expérience de jeu quasiment similaire à Rorona, hormis quelques menus détails pour simplifier les activités. Un peu juste donc, pour une suite qui n'apportera pas grand chose de plus aussi bien aux fans qu'aux joueurs occasionnels.
Annexes
Une quinzaine d'heures en ligne droite, au moins le double pour tout faire sachant qu'il y a trois fins.
Quêtes : collecte, combat, alchimie sont les principales activités que vous ferez en boucle. L'exploration aux zones progressives marie à la fois votre niveau d'alchimiste et votre niveau d'aventurier. Les dernières zones sont souvent les plus intéressantes.
Endings : trois fins, qui dépendront en grande partie de votre gestion du temps, car malgré les efforts on demeure souvent en rade d'informations pour débloquer les évènements nécessaires à la progression. Si la majeure partie du contenu semble possible sur une partie, la présence d'un new game+ pourra finir le travail.
A part deux ou trois détails, Atelier Totori s'avère être une expérience de jeu strictement identique à Atelier Rorona, et peut-être même un peu moins intéressante. La ribambelle d'activités offre au jeu une sensation de liberté qui se retrouve bridée par une gestion du temps pas forcément instinctive. En ajoutant la fragilité de la réalisation et la pauvreté du scénario ou des évènements, il semble évident que seul le noyau dur de fans sera en mesure d'y trouver son compte, les autres y réfléchiront à deux fois.
24/02/2013
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- Quelques fonctions pour faciliter la navigation
- Ambiance mignonette
- Un concept intéressant...
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- ...mais mal exécuté
- Pas de ligne directrice claire
- Techniquement faiblard
- Exploration restreinte
- Des combats ennuyeux et inutiles
- Textes en anglais uniquement
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TECHNIQUE 2/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 1.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 2/5
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