Depuis ses débuts avec
Atelier Marie, la série
Atelier a bien évolué, accouchant finalement des superbes
Mana Khemia.
Gust profite des épisodes sur Nintendo DS pour faire un retour aux sources et proposer des épisodes dans la tradition des tout premiers de la série. Si l'idée est louable,
Atelier Annie débarque après un
Atelier Lise plutôt décevant.
La série a-t-elle su rebondir sur portable ?
Bienvenue sur l'île de Sera
La jeune Annie Eilenberg n'est pas une héroïne de RPG comme les autres. Elle ne rêve pas de sauver le monde, et encore moins de suivre la voie tracée par son grand père, alchimiste de renom. Et pour cause, elle n'y connait rien en alchimie. Non, tout ce à quoi elle aspire, c'est à rencontrer le prince charmant et à se marier, ce qui occupe toutes ses pensées.
Désemparés, les parents d'Annie décident d'utiliser leur dernier recours : le grand père. Après une longue réflexion de quelques secondes, celui-ci a alors l'idée lumineuse d'envoyer sa petite fille sur l'île de Sera, où un grand projet de développement va démarrer. Et voila comment le lit d'Annie, sur lequel la pauvre innocente sommeille innocemment, se retrouve transporté par-delà les montagnes, les rivières, et même l'océan, pour finalement achever son périple sur l'île de Sera, au nord du royaume d'Orde (ou O'ldor dans
Atelier Lise). Réveillée par la grande petite fée Pepe, Annie va vite comprendre qu'elle va devoir travailler sous ses ordres, dans la paisible ville de Lichterzehn.
Tout ceci est raconté au cours de l'introduction totalement déjantée qui pose le décor de façon claire :
Atelier Annie sera une vaste farce à prendre au troisième degré, qui s'éloignera grandement des clichés du RPG japonais.
Le but de l'aventure sera simple : Annie a trois ans pour faire ses preuves et contribuer du mieux possible au projet qui se déroule sur l'île. Nul besoin de chercher un scénario, il n'y en a pas vraiment. Le jeu avancera à grand renfort de petites scénettes la plupart du temps absurdes et drôles, impliquant un casting une nouvelle fois réussi, et se veut plus comme une succession de tranches de vie loufoques. Un peu à l'instar d'un
Legend of Mana (sans avoir néanmoins une ambition semblable), le jeu proposera de suivre quelques histoires continues au milieu d'un ensemble de petits récits indépendants, mettant en scène des personnages auxquels on s'attache bien vite. Mais il faut bien être conscient que ces scènes impliquent énormément de dialogues, ce qui pourra être rédhibitoire pour certains joueurs.
Pour ceux qui sont réceptifs à l'humour de
Gust, nul doute que le jeu fera mouche.
Atelier central
Les habitués de la série ne seront pas dépaysés, le jeu reprend les grands rouages habituels. Annie possède son charmant atelier, dans lequel elle peut synthétiser des objets grâce à l'alchimie qu'elle découvre peu à peu. En partant de l'atelier, Annie peut partir visiter les différents endroits de l'unique ville, ou aller explorer les différentes zones de l'île.
Bien sur, Annie est au départ une débutante, ses connaissances tant des livres d'alchimie que de l'île sont réduites, elle n'a ainsi accès qu'à peu d'objets à créer et d'endroits où aller chercher ses ingrédients. Mais, le temps aidant - et si le joueur le veut bien - Annie progressera et pourra finalement créer plus de 250 objets différents, grâce à des ressources récupérées aux quatre coins de l'île, auxquels elle pourra assigner divers traits (couleur, taille...). Le temps, justement, est une composante essentielle du jeu. Chaque synthèse, déplacement vers un lieu ou récupération d'objets consomme de ce précieux temps, et chaque jour écoulé rapproche un peu plus Annie de la date fatidique. Pour autant, le jeu n'est pas forcément exigeant, et chacun pourra jouer librement à sa façon et obtenir une fin en rapport avec son investissement.
Concrètement, le jeu fixe un objectif à réaliser tous les six mois - en général un objet particulier à réaliser et à rendre le plus vite possible - qui est sanctionné par une évaluation. Il arrivera également qu'on demande au joueur de vaincre un monstre précis, donnant lieu à un affrontement avec un boss, contre lequel il faut arriver bien préparé.
Les lieux sont réduits à leur plus simple expression : un seul écran sur lequel on trouve des points d'excavation contenant les ingrédients. Au cours de la fouille, des combats aléatoires s'enclenchent et ceux-ci sont également basiques : on se retrouve avec un bête tour par tour impliquant des troupes réparties sur deux lignes. Les seules finesses que l'on décèle sont la possibilité d'avoir des armes qui attaquent sur des zones variées (ligne de trois cases, triangles...), et la possibilité d'enchanter les armes avec un élément précis pour contrer celui inné des ennemis. À dire vrai, en dehors des boss, les combats sont très simples et ne sont jamais lourds. On peut emmener deux alliés en combat, à choisir parmi sept personnages, et combattre à leur coté augmentera l'affinité, débloquant de nouvelles scènes avec ceux-ci. À noter que Liese (ou Lise), l'héroïne du précédent Atelier sur DS, fait ici son retour en tant que membre à part entière !
Quand Annie s'ennuie entre deux objectifs, elle peut occuper son temps libre à remplir des quêtes de guilde afin d'augmenter son renom, mais surtout remplir ses poches ! Car les ennemis sont pauvres sur l'île de Sera, et ces quêtes seront indispensables pour pouvoir acheter les livres de recettes ou autres équipements de pointe. Il faudra donc synthétiser le nombre d'objets requis, avec le trait adéquat si possible, afin de maximiser le gain d'argent, et bien sur, de renommée. On pourra chercher à optimiser le nombre d'objets crées en utilisant les ustensiles adéquats, qui eux-mêmes gagneront des niveaux et réserveront bien souvent une heureuse surprise, comme un bonus de 50% sur le nombre d'objets synthétisés !
En dehors de l'alchimie une nouvelle fois parfaite, on retrouve donc un gameplay très simple, bien que toujours juste. Mais cette fois, Gust a innové, et intégré une nouveauté des plus réussies.
Sim Annie
Gust a ajouté une grosse couche de gestion à son bébé, qui permet de redonner un petit coup de fouet à la formule de base qui accuse maintenant ses 10 ans d'age. En réussissant les objectifs, Annie se voit attribuer des bourses qu'elle doit consacrer au développement de l'île. Comprenez par là qu'à son grand désarroi, les millions de coles (la monnaie locale) qu'Annie récoltera ne lui permettront pas d'acheter une robe de mariée d'un grand couturier ou d'assouvir l'une de ses grandes passions : manger. Non, elle devra les utiliser pour construire des places touristiques sur l'île, tel un hôtel, un parc ou encore un théâtre. Mais la construction n'est pas un but en soi, Annie sera surtout jugée à la fin des trois années sur sa capacité à faire tourner le commerce et ramener de l'argent. Il faut donc faire en sorte que chaque endroit soit rentable.
C'est là qu'un bon équilibre et une bonne balance sont indispensables. Chaque lieu dispose de sa propre renommée, et dispose de quêtes à accomplir. Chaque quête augmente la renommée, par là même le nombre de clients, et une fois un certain palier atteint, on peut améliorer le lieu en y mettant le prix (l'argent ne fait pas tout... mais beaucoup, sur l'île tout du moins). Qui dit travaux dit nouvelle clientèle, et ainsi de suite. La renommée passe aussi par le fait d'avoir des endroits propres ou par des campagnes de promotions, et c'est là qu'interviennent les mini-jeux classiques de la série. Totalement absurdes et jouables uniquement au stylet (contrairement au reste du jeu qui laisse le choix), il iront du nettoyage de bureau à la promotion sonore avec un interphone, en passant par le "Puni Pound", qui consiste à taper au marteau sur le plus de Punis - mascottes désormais célèbres de la série - possibles qui sortent des trous, tout en prenant soin d'éviter de taper les bombes. Des moments de détente déjantés, même si l'on finit par se lasser quelque peu sur la fin.
Toute la difficulté du jeu consiste donc à bien alterner les quêtes de guilde, la gestion de ses lieux de loisirs et bien sur, de terminer les objectifs principaux à temps. Si au départ, on est un peu perdu et l'ensemble parait contraignant et naturel, tout devient vite incroyablement addictif, et on se prend à attendre impatiemment les résultats financiers de la fin de mois.
De Lise à Annie, un fossé
Atelier Lise était assez laid, il faut bien le concéder. C'est ici un jeu bien plus fin et coloré qui nous est proposé, l'amélioration est vraiment notable. Les artworks des personnages sont très beaux, et chacun possède de nombreuses postures pour accompagner ses actions. Les divers décors respirent la fraîcheur et le bestiaire classique de la série fait à nouveau mouche. Sans faire d'étincelles, le jeu est assez joli pour de la DS... si l'on excepte les sprites des héros, en SD exagéré et pas terrible, avec des yeux étranges. Si un quelconque effet était recherché, le résultat est au final bien peu convaincant.
Ce qui marque également immédiatement, c'est le fait que l'ergonomie générale est incomparablement meilleure, que ce soit dans l'alchimie, les différents menus, ou la navigation dans la ville et sur l'ile.
La bande son est efficace, et l'on note avec plaisir la possibilité de changer celle de l'atelier où l'on passe tant de temps. Au menu, celle du premier épisode de la série,
Atelier Marie, ainsi que celle d'
Atelier Violet, le dernier
Atelier principal à l'ancienne sorti, tout un symbole qui ne manquera pas de réjouir les fans. Comme prévu,
NISA a conservé les doublages japonais, et ils sont bien dans le ton du jeu, comme les divers bruitages et musiques qui accompagnent toujours les situations avec une grande justesse.
Malheureusement, comme souvent avec
NISA, beaucoup de joueurs ont rapporté des bugs et freezes, même si je n'ai pour ma part pas été touché. Peut-être qu'Annie sait reconnaitre les fans de la première heure.
En somme,
Atelier Annie est un jeu qui ne paie pas de mine mais qu'il est difficile de lâcher pendant la dizaine à vingtaine d'heures que l'on passe dessus, selon sa façon de jouer. De plus, comme le jeu peut se jouer par petites sessions sans souci, il est idéal pour accompagner un petit voyage ou une envie pressante. Et nulle doute que certains reviendront dessus grâce au mode New Game+ qui permet de conserver son argent et la majorité de ses objets, afin d'obtenir une autre fin que celle concluant la première partie (7 en tout)... et reprendre quelques fous rires.
On pouvait craindre l'installation d'une certaine lassitude en s'essayant à cet énième
Atelier qui réutilise la classique recette de la série. Mais tout en continuant le retour aux sources entamé par
Atelier Lise - dont l'héroïne fait ici un come-back remarqué -
Atelier Annie propose quelques nouveautés de choix, dont un coté gestion de boutiques bien pensé. En résulte un petit RPG sans prétention mais diablement addictif, mignon et drôle, parfait pour se détendre entre deux mastodontes.
Indispensable pour les initiés, idéal pour les néophytes qui souhaitent découvrir la série, et surtout bien meilleur que son prédécesseur sur Nintendo DS,
Atelier Annie fait mouche.
09/11/2009
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- Humour
- Le petit coté gestion
- Clins d'oeil aux anciens opus
- Les mini-jeux
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- Les sprites SD peu réussis
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 3.5/5
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