Développé par
Arkane Studios,
Arx Fatalis est le premier jeu de ce studio français. Passé globalement inaperçu à sa sortie en 2002 (environ 6 mois après le désormais légendaire
The Elder Scrolls III: Morrowind), il avait pourtant tout pour plaire sur le papier : une grande liberté, un monde vaste, une vue subjective avec des combats typés
Morrowind. Il avait également eu un sacré succès critique, certains sites ne tarissent pas d'éloges sur ce petit "bijou français". Souvent comparé à son « prédécesseur » de chez
Bethesda Softworks,
Arx Fatalis a attiré mon attention, mais autant briser de suite le suspense, il ne m'a pas convaincu autant que je l'espérais.
Arx : utopie et catastrophe
Le soleil « se couche » sur Arx, définitivement... laissant place à un climat glacial, condamnant toutes les races à l'extinction sur le long terme. Vouées à disparaître, les différentes races d'Arx oublièrent leurs différents et, se serrant les coudes, elles se réfugièrent dans les souterrains des nains où elles s'installèrent chacune de leur côté. Cependant, elles continuèrent à s'entraider en réalisant des échanges commerciaux, par exemple. Cette utopie issue d'une catastrophe ne dura pas longtemps : les différents reprirent de plus belle alors que le temps passait.
Vous dirigez Am Shagar (celui qui n'a pas de nom), un homme capturé par les gobelins dès le début du jeu. Ayant perdu la mémoire, il s'échappera de sa geôle à moitié nu, avec pour seule arme un os. Ses pérégrinations dans les profondeurs du monde d'Arx seront pour lui comme une quête initiatique visant à retrouver ses souvenirs. Bien entendu, Am Shagar se verra impliqué dans une affaire qui dépasse l'entendement, et devra sauver le monde.
Tout le background d'Arx Fatalis se base sur la catastrophe climatique, le jeu se déroulera alors intégralement en intérieur. Am Shagar sera donc amené à rencontrer la plupart des races d'Arx s'étant confectionnées un petit coin de paradis dans ces anciennes mines naines.
Si le background est sympathique, on regrettera l'impression de facilité – non voulue par les développeur, bien sûr – de design qu'implique ce dernier. En effet, seuls des intérieurs nous seront proposés : grottes, donjons... mais je détaillerai ce problème plus loin.
Sans être d'une originalité marquante, l'histoire d'Arx Fatalis est plutôt intéressante et propose quelques petites surprises. Elle sera renforcée par les quatre fins bien différentes. Pour continuer sur la narration, sachez que celle-ci est excellente, les informations vous seront donnés par des dialogues très bien écrits, bien doublés et très sympathiques à écouter (on regrettera cependant le manque d'interaction).
Ambiance "underground"
Comme je l'ai précisé précédemment, le jeu se déroulera intégralement en intérieur pour des raisons de background et de cohérence avec l'univers. C'est là cependant que l'on retrouve le plus gros défaut du jeu. Si l'ambiance sombre et grinçante des donjons et des cavernes est bien présente et assez poignante, on souffre un peu de claustrophobie à force de déambuler dans des couloirs parfois très étriqués. Le level design est cependant correct, on ne se perd pas, on avance, on visite une pièce, on fait demi tour... comme dans les donjons de Morrowind par exemple. Sobres, ternes, les environnements d'Arx fatalis sont très réussis techniquement et esthétiquement : les textures sont sublimes pour un jeu sorti à cette époque et les personnages sont très bien modélisés. Côté technique, il n'y a presque rien à redire mis à part signaler les crashs réguliers de la version française (même une fois patchée) qui peuvent véritablement tuer tout plaisir de jeu. Pensez à sauvegarder souvent si vous voulez avancer !
Cette petite prouesse technique semble donc sous-exploitée tant on peut parfois ressentir de la lassitude par rapport à ces intérieurs pesants. On aurait eu besoin de grands espaces verts et ouverts pour apprécier pleinement le moteur graphique du soft.
En ce qui concerne la bande son, la qualité est au rendez-vous : la plupart des pistes ne sont que des bruitages d'ambiance mais admirablement réalisés, qui immergent encore plus le joueur dans cette atmosphère "underground". On ressent par contre le manque de thèmes et de mélodies, qui finit par peser au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu.
Gameplay fouillé
La création du personnage s'effectue de façon classique. Tout d'abord, il y a le choix d'un portrait parmi 4 (petite déception ici, il n'y a que peu de portraits et tous ont l'air idiots), puis la répartition des points de caractéristiques dans « Force » (qui augmentera vos points de compétences en armes de corps à corps, bouclier, et un peu en tir), « Intelligence » (qui augmentera les compétences liées à la magie), « Dextérité » (augmente votre précision et les compétences liées au combat à distance et un peu à l'épée), et « Vitalité » (qui augmentera surtout votre nombre de points de vie). Enfin vous répartirez des points de compétences dans les différentes disciplines (combat au corps à corps, magie, crochetage, tir, alchimie …) qui sont suffisamment nombreuses pour pouvoir bien spécialiser notre Am Shagar. A chaque montée de niveau , on gagnera 1 point de caractéristique et un petit paquet de point de compétence à répartir. Un évolution ma foi très classique mais efficace.
Le système de jeu d'Arx Fatalis se base sur différents modes (exploration, combat, magie, inventaire, discrétion) que l'on peut activer d'une simple pression sur une touche du clavier.
Mode Exploration : Lorsque ce mode est activé, le joueur peut interagir avec les objets du monde. C'est le mode « basique » dans lequel on ne peut ni combattre ni lancer des sorts.
Mode Combat : A l'attaque ! C'est dans ce mode que vous combattrez au corps à corps ou avec un arc une fois activé. Pour les attaques, le système est simple : lorsque vous armez un coup avec le bouton gauche de la souris, une jauge se remplira tant que vous maintenez ce bouton enfoncé, il suffira de relâcher la touche, une fois la jauge pleine, pour délivrer une frappe puissante. Des coups vifs peuvent également être effectués d'une simple pression. Attention cependant à la résistance de votre arme qui pourra se casser définitivement si celle-ci arrive à 0.
Sans être une révolution, on peut le dire, le système de corps à corps, simpliste à la manière d'un Elder Scrolls, se révèlera très agréable un temps, mais finir par lasser à cause de la difficulté de certains combats.
Mode Magie : Le gros point fort d'Arx Fatalis, c'est son système de magie. Lors de votre aventure, vous trouverez des runes et débloquerez des formules par combinaison de ces runes. En mode magie, le curseur basique est remplacé par le curseur magie qui permet de dessiner les runes à l'écran. Il faudra dessiner l'enchainement de runes adéquat pour lancer tel ou tel sort. Incroyablement immersif et réussi, ce système tire toute son ampleur du fait qu'il sera difficile de lancer un sort dans le feu de l'action. Classiquement, ces sorts consomment de la Mana lors de leur lancement. Il faudra donc bien prévoir comment vous aller vous y prendre : commencer par exemple, quand l'ennemi ne vous a pas remarqué, par lancer un sort nécessitant un enchainement important, puis utiliser des sort moins longs à préparer. On notera tout de même un léger défaut : certaines runes ne sont pas évidentes à tracer à l'écran et demanderont un minimum d'entrainement.
Mode Inventaire : C'est le mode activé pour l'utilisation d'objets comme les potions, les clés, la nourriture, ou pour équiper l'armement. Réduisant vos déplacements, il faudra faire très attention pendant le combat et cela amènera une difficulté supplémentaire.
Mode Discrétion : Mode classique, qui vous permet de passer plus ou moins inaperçu et de frapper les ennemis par derrière sans qu'ils ne vous voient pas pour des dégâts accrus.
Au final, le système de combat est très bien huilé, la difficulté est, de plus, au rendez-vous. Certains passages étant même crispants, il faudra bien vous préparer, mémoriser vos runes et maintenir vos ennemis à distance pour vous en tirer.
Possibilités ratées
Au début, on se rend compte très vite qu'à la manière de Morrowind, on peut presque tout faire, attaquer n'importe quel PNJ par exemple. Hélas, on déchante très vite en se rendant compte que cette possibilité n'est pas forcément bien exploitée. En effet, vous pouvez tuer une personne mais tous les gardes seront au courant, même si aucun ne patrouillait dans le coin, ils vous attaqueront immédiatement, même si vous avez pris la précaution de fermer la porte pour exécuter votre victime. On ne retrouve pas le système d'amendes, c'est directement la mise à mort, et ne pensez même pas à défier les gardes surtout au début du jeu.
Finalement, ce n'est qu'à la fin du jeu que vous pourrez exploiter un minimum ces possibilités puisque vous serez enfin de taille à lutter contre les gardes. Cependant, cela entraîne une foule de désagréments, comme des PNJ qui ne veulent plus forcément vous parler, certains indispensables à la quête principale... Tout un aspect du gameplay est, par là même, gâché.
Le jeu n'incite pas à exploiter les possibilités offertes par cette liberté totale et finalement, on préfèrera se concentrer sur la quête principale. Celle-ci étant relativement courte (une vingtaine d'heures) et, les quêtes annexes n'étant pas légion, on finira rapidement Arx Fatalis sans forcément avoir envie d'y replonger, dommage...
Arx Fatalis possède d'immenses qualités : un système de jeu bien huilé, un scénario sympathique, des graphismes vraiment au poil pour l'époque... Hélas, une foule de petits défauts vient se glisser dans ces atouts indéniables. Malgré tout, l'aventure étant courte, il sera toujours de bon ton de s'y attarder, d'autant plus que les défauts majeurs que j'évoque ne le seront pas forcément pour d'autres joueurs. Finalement à des lieues de Morrowind, il réussit quand même à implanter son style dans l'esprit du joueur pour laisser le souvenir d'un bon jeu, un poil atypique dans son background.
Cocorico ! Un peu de patriotisme que diable ! Pour un premier jeu, Arkane Studios, société de développement bien de chez nous, avait frappé juste à défaut d'avoir frappé très fort.
07/02/2010
|
- Système de combat efficace (surtout la magie, le corps à corps est plus pénible)
- Scénario et narration classiques mais sympathiques
- Ambiance réussie
- Background atypique
- Graphiquement exquis pour l'époque
- Du challenge !
|
- Liberté totale mal exploitée
- Les intérieurs deviennent lassants à force
- Les quelques crashs peuvent facilement tuer le plaisir de jeu
- Manque de thèmes musicaux dans la bande son
|
TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 4/5
|