On se demande ce qui est passé par la tête des anciens de
Capcom qui ont fondé le studio
Crafts & Meister lors de l'élaboration d'
Earth Seeker. Étaient-ils saouls ? Drogués ? Sous acide ? On ne le saura jamais. En tous cas, force est de constater que le
plot de départ de cet action-RPG a de quoi étonner. Voyez plutôt.
World Destruction
Un beau jour, dans un coin de la galaxie, un trou noir fait son apparition. Manque de chance, la Terre, foyer de l'humanité, s'avère être en plein dedans. Ni une, ni deux, on décide de faire monter des milliards de personnes dans des gigantesques vaisseaux qui formeront une flotte destinée à atteindre une autre planète où les humains pourraient s'établir. A cet effet, et parce qu'on ne fait jamais dans la demi-mesure quand on est terrien, des bribes de la culture et de la technologie mondiales sont embarquées à bord. On retrouve donc pêle-mêle le Louvre, la Statue de la Liberté, la Tour Eiffel, des immeubles, des quartiers entiers, bref, tout le petit attirail nécessaire à la reconstruction d'une nouvelle civilisation identique à la précédente sur un astre vierge, qui ne demande qu'à être colonisé. Au cœur de ce vaste projet, l'ordinateur central, qui a pour tâche de guider tout ce beau monde vers la terre promise. Mais le plus étonnant est à venir. Il sera également capable, une fois amarré à la planète, de recréer la Terre à l'identique, c'est dire la puissance phénoménale de l'engin. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu, tous les humains meurent en chemin, le vaisseau mère où se trouve l'ordinateur se crashe lamentablement sur la nouvelle Terre et par conséquent tout le patrimoine de l'humanité y est éparpillé. Puis pour conclure, dans la confusion, le terminal modifie l'ADN de moult espèces terrestres, leur donne ainsi une apparence de monstre et ceux-ci peuplent les étendues environnantes. Ce n'est pas suffisant ? Le meilleur reste à venir : des siècles après ce dramatique incident, des êtres humains voient le jour sur cette planète. Ils, ou plutôt elles, sont uniquement des femmes, créées à partir d'ovules gardées au frigo pendant tout ce temps. Elles sont malheureusement en proie à un virus qui sévit sur la surface du globe et qui les affaiblit à chaque fois qu'elles s'aventurent en dehors des limites du QG.
Mais trêve de racontars, venons en plutôt à votre job. Vous, Feles, avez pour mission de récupérer les trésors perdus de l'humanité. Mais pas seule, vous devrez composer avec une tribu d'autochtones aux pouvoirs magiques ahurissants, les Gardiens, sans quoi vous aurez beaucoup de mal à lutter contre la faune locale. Fort heureusement, vous n'avez pas égaré le plus précieux des héritages de la race humaine, j'ai bien sûr nommé :
l'alcool. Ce breuvage, dont raffole ces petites boules de poil, vous permettra de les avoir toutes à votre botte. J'en veux pour preuve qu'à l'aide d'un simple sifflet, Feles parvient à les rameuter comme des chiens dociles autour de sa petite personne. Les plus clairvoyants auront déjà fait le parallèle avec
Pikmin et ses bestioles serviables, prêtes à se sacrifier pour sauver le bon Olimar. Mais au final cela tient plus du clin d'œil que de la réelle inspiration.
Post-apocalyptique ?
La particularité de l'univers qui saute aux yeux dès les premiers pas effectués dans la zone de début de jeu, c'est cette façon singulière que possède
Earth Seeker de concevoir le post-apocalyptique. Tandis que dans un
Fallout ou dans un
Borderlands, ce sont la misère, la corruption et les radiations qui dominent, ici on assisterait plutôt à un reboot de la Terre, où la nature reprendrait ses droits. Ainsi, on croisera la tête de la Statue de la Liberté couverte de mousse au pied d'un arbre, ou bien on se retrouvera au cœur d'un gigantesque stade de baseball dans lequel on distingue les quatre bases qui semblent placées aléatoirement sur l'herbe verdoyante et désordonnée, laquelle a dorénavant pris le pas sur le rouge de la terre battue. Une autre caractéristique des décors du soft serait ce pseudo-gigantisme que le titre de
Crafts & Meister essaie d'instaurer, mais sans trop de réussite. On a bien quelques rares prises de vue plutôt bien senties, mais bien souvent l'effet tombe à l'eau, faute de moyens techniques. En parlant d'anti-prouesses, on pense à l'animation du visage et du corps, qui demeure somme toute assez pauvre. On reconnaitra toutefois que globalement, le titre est assez coloré et plutôt plaisant à regarder.
Cependant,
Earth Seeker se prend un carton rouge sur l'exploration. Alors qu'on est obligé de déambuler des heures durant dans les allées d'une zone pour atteindre son objectif, la seule distraction auditive sera celle des bruitages des combats. Autant dire l'horreur. Ce silence pesant et omniprésent dans ces phases nuit gravement à l'expérience de jeu. On aurait pourtant très bien vu quelques mélodies bucoliques, vouées à ambiancer nos pérégrinations, dans un cadre aussi léger. D'ailleurs, les quelques musiques que l'on a l'occasion d'entendre de-ci de-là sont pourtant d'assez bonne facture.
Phantasy Star, Monster Hunter, Final Fantasy XIII. WTF ?
Par où commencer dans ce gloubi-boulga d'idées ? Peut-être en précisant d'entrée que le soft se base sur un système exploité jusqu'à la moelle, particulièrement par
Phantasy Star Online et sa descendance, qui est celui des missions. Un QG où l'on se stuff et où l'on récupère les directives, puis un vaisseau volant nous emmène directement sur la zone correspondante. Premier hic, le tout manque cruellement de renouvellement. On est obligé de se farcir une seule et même zone pendant environ dix missions. Niveau dépaysement, on repassera, surtout quand le donjon est minuscule et qu'on en a fait le tour en moins de dix minutes. Deuxième souci, le bestiaire est incroyablement restreint. S'en dégage au final un aspect incommensurablement répétitif, et l'on envisage très vite de quitter le jeu pour cause de lassitude exacerbée. On ne jouera par conséquent qu'à très petite dose.
Vient le moment où il faut aborder le petit côté customisation façon
Monster Hunter du titre. Autrement dit chasser le naturel, il revient au galop.
Noritaka Funamizu et
Yoshihiro Sudo ont beau avoir voulu s'émanciper de
Capcom, il n'empêche que l'on retrouve les principaux rouages de la licence à succès du studio dans cet action-RPG. A commencer par la personnalisation de l'équipement via les matériaux récupérés sur les monstres qui incite au farm abusif.
Puis enfin, j'aborde le gameplay des phases de combat, sans doute le point fort du titre. Véritable mix entre un
Final Fantasy XIII et un
Monster Hunter, le système a de quoi surprendre, même s'il demeure très simple. Vous vous baladez en temps réel lorsque soudain un monstre se présente devant vous. Une cible apparaît sur sa petite frimousse et il ne tient qu'à vous d'ouvrir le menu de combat pour sélectionner les actions à entreprendre pour lui faire tâter du tranchant de votre lame. Agir ainsi mettra le jeu en pause, vous laissant tout le loisir de réfléchir à votre stratégie. Apparaît alors une succession de huit petites barres placées côte à côte au dessus de votre jauge de vie. Vous l'aurez compris, chaque action consomme tel ou tel nombre de barres. Et c'est en cela que le titre ressemble à
Final Fantasy XIII. Au final, ces barres se comportent comme des segments d'une jauge d'ATB, exactement de la même manière que dans la production de
Square Enix : elles se rechargent automatiquement et peuvent être utilisées avant même qu'elles ne soient toutes disponibles. Mais
Earth Seeker a plus d'audace et propose, lui, de contrôler également les actions des Gardiens, vos précieux alliés, qui ne connaissent principalement qu'un mode d'attaque : la magie (qui évolue au fur et à mesure que vous l'utiliserez), tandis que vous serez muni d'une épée. On a ici l'ATB et la pause d'un C-RPG, et d'autre part le placement et l'adresse requis pour un action-RPG. Un mélange étrange qui réussit tout de même à faire mouche et à amuser quelque temps.
Même s'il jouit d'un bon système de combat et de décors plutôt sympathiques, Earth Seeker pêche par son aspect répétitif qui gâche totalement le peu d'intérêt du jeu. Le but de l'entreprise n'est par ailleurs pas plus aguicheur (récolter tout le patrimoine humain perdu) et il ne fait pas de doute que vous préférerez ranger le titre dans votre placard, si bien sûr vous ne vous êtes pas déjà endormi sur la manette.
07/08/2011
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