Comme souvent, qui dit série animée dit adaptation en jeu vidéo. Mais comme souvent, la grande majorité d'entre eux ne franchissent pas les frontières du Japon, par manque de notoriété ou tout simplement d'ambition. C'est le cas de Gate Keepers, série du célèbre studio d'animation Gonzo. Alors que vaut vraiment cette adaptation vidéoludique?
David Vincent les a vu
1969, le Japon connaît une croissance économique fulgurante et tout semble aller pour le mieux, pourtant d'étranges phénomènes font leurs apparitions.
En effet, parmi le peuple il y aurait des extraterrestres, prenant possession du corps et de l'âme d'individu de nature discutable, ce sont les envahisseurs. Extrêmement nombreux, parfaitement cacher au sein de la population, ils peuvent apparaître au grand jour et semer le désordre, se transformant en diverses formes après fusion. Cette menace ne peut durer, le gouvernement met en place une unité indépendante pour éradiquer cet obstacle : AEGIS. Cette organisation cherche à réunir un maximum de jeunes gens qui possèderaient une force sans limite, une force capable d'ouvrir une porte dimensionnelle pour acquérir une puissance incommensurable, ces jeunes gens sont les Gate Keepers.
Le background Japon 1969 et l'ajout d'élément futuriste invraisemblable au sein de l'AEGIS, combiner aux pouvoirs des "Gates" forment un tout séduisant. C'est bourré d'anachronismes, de clichés et de délires fantasques. Pourtant, derrière, on note une histoire assez riche sur le comportement humain vis à vis de son évolution, des conséquences de l'industrie et des technologies sur la planète.
L'histoire de Gate Keepers le jeu mixe habilement la série animée et des éléments qui constitueront les OAV de Gate Keepers 21, qui sortiront quelques années plus tard. C'est frais, un peu trop délirant et décalé par moment, mais toujours agréable à suivre, grâce à des personnages intéressants dans l'ensemble.
Convenable
Gate Keepers propose un habillage très sobre, mais agrémenté de très nombreuses séquences animées, dont on regrettera qu'elles ne soient pas l'œuvre du designer de la série, mais de qualité cependant pour l'époque.
Le jeu est décomposé en deux parties, la première d'entre elle est la phase aventure. Nous avons des arts sur écrans fixes, assez peu variés avec pour seule animation le clignement des yeux. Le découpage n'est pas non plus ce que nous avons vu de mieux, mais ça reste acceptable.
La deuxième phase concerne les batailles, du Tactical-RPG. Des sprites 2D pour les personnages et ennemis et des décors en 3D pour les maps. Les sprites sont de rendus tout à fait correct, sauf lors de zooms sur quelques skills où la pixellisation atteint un degré d'horreur indécent, on s'en serait bien passé. Les maps offrent un panel de texture assez pauvre, monotone dans les couleurs mais qui tient la route dans l'ensemble, on a déjà vu pire sur Playstation. On notera que la caméra est amovible sur deux axes verticaux et quatre horizontaux, ce n'est pas toujours parfait mais ça vous aidera dans la majorité des situations.
Une réalisation somme toute un peu juste, mais correcte pour un Tactical sur PS.
Savoureuse
L'OST de Gate Keepers est la même que la série, mis à part que dans le jeu les compositions sont jouées au synthé et que du coup l'orchestration d'origine en prend un sérieux coup. Un peu dommage certes, mais ça n'enlève pas trop à la formidable ambiance offerte par le compositeur Tanaka Kouhei, bien connu pour ses travaux sur Sakura Taisen. D'ailleurs on retrouve un peu cet esprit de la saga de Red et Sega dans Gate Keepers.
Pour vous donnez une idée, deux battle theme de l'OST Gate Keepers TV par Tanaka Kouhei (
A.E.G.I.S. &
Up-15 ) :
Si les bruitages sont plutôt pauvres dans l'ensemble, on note en revanche un très bon travail sur les doublages. Oui, puisque la phase aventure est entièrement doublée, justifiant les 2 disques du jeu. On regrettera juste que ces doublages soient absents en combat.
L'Elite du Tactical, levez-vous !
Comme je le précisais plus haut, Gate Keepers est composé de deux phases dans son gameplay, la phase aventure et la phase combat tactique.
Aventure :
Réduit à sa plus simple expression, il ne faut cependant pas négliger cette phase. Le jeu reprend la découpe en épisode, phase aventure d'abord et combat sur la fin.
Ici, vous êtes au lycée, qui abrite aussi le QG de l'AEGIS. La journée est divisée en plusieurs moments où vous pourrez vous rendre dans une classe ou un lieu externe. Ces instants permettent de converser avec un membre (que des filles sauf vous, le héros) et de répondre au passage à quelques questions ci et là. A long terme ce paramètre aura une incidence sur la fin du jeu, dans l'absolu il permet de découvrir des arts inédits et des phases parfois cocasses. Mais surtout, cela va permettre de souffler un grand coup entre chaque maps, car sachez le tout de suite, Gate Keepers est probablement un des Tactical les plus hardcore qui est vu le jour, vous êtes prévenus !
Combats :
Le système est très simple, les cartes proposent un damier classique et la possibilité d'opérer deux actions par tour. Par contre vous n'aurez le droit de prendre que deux personnages parmi les huit du jeu avec le héros, ce qui fera trois personnages jouables par maps, un peu léger.
Les actions possibles sont comme suit : déplacement, attaquer, atteindre une surface haute, attendre et activer la gate. Le héros possède une commande supplémentaire qui permet de parachuter une trousse de secours sur un membre de l'équipe, remontant un quota de Hp précis (10, 100...).
Le seul point intéressant à traiter concerne la commande "open the gate". Vos personnages ont besoin d'une action pour l'activer, dès lors vous aurez accès à vos skills, qui augmentent avec l'expérience. Chaque personnage possède une gate spécifique, Ukiya Shun, le héros possède celle du vent par exemple, Ruriko possède celle de la vie (guérison)... Quand la gate est activée, vous avez une petite bulle au dessus de votre personnage avec un nombre dedans, qui correspond au nombre de tours pendant lesquels votre gate est opérationnelle, sachant que les skills consomment un certain nombre de tour, inutile de préciser qu'il faudra être méticuleux dans l'utilisation de vos techniques spéciales. A ceci, chaque ennemi vaincu laissera de temps en temps une petite sphère d'expérience derrière lui (1,3,5 ou 10 points), sachant que 10 fait monter d'un niveau et que vous récupérez tous vos Hp.
Maintenant que vous savez les rouages du système, il faut donc savoir que la difficulté, parfois, est indécente. A titre d'exemple vous aurez très tôt dans le jeu une map ou vos trois personnages de niveau 10 environ, seront confrontés à plus de 30 ennemis de level 7-15 et 3 boss du niveau 30. Votre personnage le plus faible peut mourir en deux coups, surtout que l'AI, particulièrement vicieuse, n'hésite pas à se jeter en masse sur le plus faible ou finir le premier perso qui vient de perdre un peu de vie, et si c'est le héros la partie est terminée, sans possibilité de sauvegarde ce qui est frustrant lorsque vous avez lutté pendant 70 tours ! bien évidemment, les sphères d'expérience seront d'un grand secours, puisqu'elles ne disparaissent pas, mais méfiez vous, les ennemis aiment bien venir dessus pour les supprimer. Il faut sans cesse garder à l’esprit que nous pouvons perdre en une poignée d’actions du même tour.
Vous l'aurez compris, c'est de la tactique sans pitié, d'autant plus que vous ne pouvez pas attaquer et guérir dans le même tour et que si votre gate arrive à zéro, vous n'avez plus vos skills de manière définitive. Cela étant dit, c'est faisable avec beaucoup de patience et de concentration. J'ajoute que les maps offriront de temps à autre quelques variations, comme vos personnages remplacés par des avions de chasse ou un mecha. Si le système ne change pas d'un pousse, cela apporte un plus dans la diversité.
Sous-quêtes
Comptez dans les 20h de souffrance si vous ne zappez pas les dialogues, mais la replay value est conséquente.
Endings : 8 fins possibles, soit 8 fois la nécessité de refaire le jeu depuis le début, et ré-affronter son challenge.
Juke-box : les arts spéciaux, les musiques, les scènes animées découvertes sont disponibles une fois le jeu fini. Vous aurez aussi une base de données avec diverses informations sur l’univers Gate Keepers.
Bonus : les pros les plus persévérants pourront également avoir l'honneur de diriger un personnage bonus.
Une bien bonne surprise que Gate Keepers, qui s'impose comme un des Tacticals de qualité les plus méconnus de la Playstation, même si il est loin d'être parfait. Malheureusement, seul les grands spécialistes de la discipline profiteront de son potentiel, les autres termineront peut être l'aventure une fois ou abandonneront en cours de route avant de refermer définitivement le boîtier du jeu.
20/08/2007
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- L'ambiance
- Les Gates
- La replay value
- Les scènes animées
- Le challenge...
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- ...mais parfois bien trop difficile
- Que trois personnages en combat
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3/5
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