Persona 3 parvenait à renouveler le genre du RPG japonais avec insolence : mélange de dating-sim et de Donjon RPG, Persona 3 nous transportait entre une vie étudiante typique (avec ses élèves fashion) et une cathédrale érotique (le Tartarus, bluffant et frustrant comme il faut). Pourtant, si Persona 3 se présentait déjà comme un jeu très complet, Atlus a trouvé judicieux de nous proposer une nouvelle version encore plus exhaustive, appelée FES pour Festival. Le jeu se découpe désormais en 2 parties : The Journey est une révision de l’aventure d’origine avec quelques ajouts, alors que The Answer est une nouvelle histoire totalement inédite qui promet de répondre aux questions laissées en suspens après le cliffhanger final de l’aventure principale. (Retrouvez ce test dans Gameplay RPG 15)
Our Gang Funky
De part la prise de risque et la réussite dont a fait preuve Persona 3, il est clair qu’il s’agissait là d’un RPG essentiel pour le genre, essentiel pour l’évolution du RPG et pour sa crédibilité artistique. Persona 3 a marqué son temps grâce à son interface funky, son déroulement assumé entre simulation de drague et Donjon RPG sans concessions, et son histoire relationnelle (typique de la saga Persona) très efficace. Tel un
Mother 2 (Earthbound) ou un
Final Fantasy IV, Persona 3 sera-t-il un jeu clé ? Le temps nous le dira, Atlus y croit et nous en ressert une part avec cette version FES, enrichie de divers bonus plutôt fan-services.
The Journey
Le jeu s’ouvre avec pour choix principal la possibilité de recommencer une partie entière via The Journey. Pourtant, pas question ici de charger sa vieille sauvegarde de Persona 3 afin de reprendre The Journey là où vous vous étiez arrêté, elle vous servira seulement à charger votre ancien Compendium, les magies combinées que vous avez déjà découvertes, vos classements en Academic, Charm, et Courage, ainsi que les objets gagnés grâce aux S-Links au niveau maximum. The Journey conserve évidemment tout le charme de Persona 3 puisqu’il ne s’agit que d’une version légèrement améliorée
Le jour, vous êtes un élève lambda dans le lycée Gekkoukan. Vous partagez votre emploi du temps entre vos cours, vos loisirs et vos relations sociales. Les relations que vous entretenez avec les divers habitants de la ville se répercuteront sur les Personae que vous pourrez créer ainsi que sur votre charisme. Ces « Social Links », qui constituent une majeure partie du jeu, sont intéressants à souhait. Parfois touchantes, pathétiques ou encore mystérieuses, ces relations se transformeront souvent en amourettes de passage pour notre adolescent en manque. Si la liberté semble particulièrement présente, ce côté simulation de vie reste accessible à quiconque et n’est jamais véritablement indispensable ; on peut tout autant vivre à l’arrache une vie d’étudiant associable. Dans cette version FES, on aura en plus la possibilité de séduire Elizabeth, la veuve noire de la Velvet Room ! Sexy !
La nuit, lorsque frappe la Shadow Hour, vous et les autres membres du SEES se regroupent afin de gravir le Tartarus. Toujours aussi imposant, le Tartarus dans FES ne changera pas des masses malgré la présence de nouveaux évènements, d’un nouveau Boss et surtout la possibilité d’acquérir des Personae inédites. De plus, nos héros trouveront de nouvelles armes (que l’on peut désormais fusionner comme des Personae) et de nouveaux costumes afin de s’habiller pour la saison : à vous le bikini pour l’été, ou les habits de soubrette coquette pour satisfaire les Otakus. Durant les combats, on retrouve le fameux Press Turn, le système de combat très bien pensé de tous les Megaten PS2, qui demande une compréhension particulière des points faibles de l’ennemi. Pour cette version FES, Atlus semble avoir amélioré l’intelligence artificielle de nos coéquipiers. Puisqu’on ne joue que le héros, on pourra cette fois ci réellement compter sur nos camarades qui agiront avec plus de soin qu’auparavant.
The Answer
Le gros atout de cette version FES reste indubitablement l’ajout de la fameuse partie The Answer, tentative de réponse inespérée qui vient expliquer le clifhanger final de The Journey. On joue désormais le psycho-robot Aigis, qui devra explorer l’Abyss of Time sous l’influence de sa sœur Metis. En l’absence du héros de The Journey, c’est Aigis qui devient le nouveau leader de SEES et le personnage principal de The Answer. Le scénario vire donc très logiquement du côté obscure de la force, puisque les thèmes génériques de l’animation japonaise et de nombreux autres RPG accompagneront Aigis à travers l’Abyss of Time : Aigis serait-elle plus humaine que les humains ? La relation qu’elle entretient avec sa sœur Metis serait-elle similaire aux relations humaines ? En somme, ce sont des thèmes résolument cyberpunk vus et revus qui ne nécessitent point de sous-titres pour être appréhendés. Metropolis,
Xenosaga ou Blade Runner sont déjà passés par là. Pourtant, tout cela reste efficace puisque The Answer ne nous assomme pas de dialogues typés Sentai, mais nous plonge carrément dans un Donjon RPG pur et dur, à l’instar d’un Tartarus sans la moindre activité extérieure. L’Abyss of Time est strictement composé de 7 portes à traverser, qui sont chacune un donjon aléatoire de plusieurs étages au style graphique particulier.
The Abyss of Time
L’Abyss of Time est le remplaçant du Tartarus dans The Answer. Il est constitué du Desert of Doors et de 7 portes à explorer afin de découvrir la fameuse réponse. Même si la première impression est similaire au Tartarus, il y a quelques petits changements dans le mécanisme du donjon : s'il y a bien la possibilité de sauvegarder avant chaque boss, on ne trouvera de téléporteur qu’une fois celui-ci vaincu pour retourner dans le Desert of Doors. L’architecture des donjons reste aléatoire mais l’esthétique y est souvent remarquable là ou ceux du Tartarus se révélaient parfois sommaires. Chacune des portes, parfois constituées de plusieurs parties et de plusieurs boss, révèlera un évènement passé que nos héros avaient oublié. Si chaque porte se conclut par sa petite scène scénaristique, le gros de cette partie sera l’exploration de donjons et les combats, car il n’y a aucune possibilité d’aller à l’extérieur de l’internat dans lequel on est enfermé : pas d’école, pas de Social-Links, pas de fusions d’armes, et encore moins de fatigue à gérer. La difficulté de l’Abyss of Time est toute relative, puisque si certains boss sans points faibles seront d’épouvantables cauchemars, la progression ne s’avèrera pas vraiment plus dure que celle du Tartarus. Cela reste globalement jouable avec un tantinet de persévérance.
Free Your Mind and Your Ass Will Follow
Si techniquement le tout reste assez simple (mais cohérent), le style est efficace. Le jeu date quand même de 2006 (pour sa première sortie au Japon), et il était déjà graphiquement rudimentaire mais d’une fraîcheur bienvenue. Persona 3 fait très fort esthétiquement parlant avec cette touche funky et ses couleurs vives. L’interface se révèle extrêmement dynamique.
On retrouve une fois de plus Shoji Meguro à la bande-son de FES, l’homme semble d’ailleurs avoir récolté le monopole des Megaten depuis le départ de Tsukasa Masuko. A la base influencé par des groupes de jazz fusion japonais tel que T-Square, Meguro nous livre ici un éventail de plusieurs genre : le funk se mélange à la Dance, à la Techno et au Rock, et l’ensemble psychédélique est absolument géant. Meguro signe une fois de plus une bande-son atypique pour le genre (même si les connaisseurs l’assimileront vite au travail d’Hidehito Aoki sur
Majin Tensei II), avec des nouvelles compositions aux rythmes sautillants et effrénés dans The Answer. Les bruitages sont solides, et même si les voix digits américaines ne sont pas toutes réussies, le travail est globalement potable.
Funkadelic !
Persona 3, s’il semble pourtant plus décousu et moins mature que Persona 2 (autant Innocent Sin qu’Eternal Punishment), fait montre d’une originalité et d’une identité qui faisait défaut à son aîné. Persona 2 c’était un script hallucinant porté par un déroulement et un gameplay traditionnel. Avec son habillage funky et psychédélique à la fois Persona 3 fait grave la différence : l’interface est un modèle du genre, tout reste simple à prendre en main malgré le gros cachet esthétique, et le gameplay varié est ultra-maîtrisé. Si FES apporte quelque petits bonus dans The Journey, c’est bien The Answer et ses 30 heures de donjons supplémentaires qui justifie son achat pour les heureux possesseurs de l’opus original. Mais il faut le dire et le redire, Persona 3 est un RPG marquant dont on parlera encore dans dix ans. La marque d’un grand !
Persona 3 FES en tant que tel constitue la version ultime de Persona 3, un jeu essentiel à découvrir si ce n’est pas déjà fait. Mais en tant que version remix d’un soft déjà très ambitieux (le Persona 3 normal, sorti chez nous grâce à KOEI), FES peut s’avérer plus anecdotique. Si vous n’êtes pas un fan acharné du jeu original, vous pouvez passez à côté de cette version améliorée et attendre sagement Persona 4. Pour les autres et pour ceux qui n’ont pas encore goûté à ce psyché délice, Atlus USA a fait un sacré effort afin de proposer le jeu à bas prix (pour 30 dollars, soit moins de 20 euros, c’est donné !). Quoiqu’il en soit, Persona 3 reste un indispensable, tant dans sa version normale que dans cette version ultime.
08/09/2008
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- Persona 3 est d’une fraîcheur incroyable
- Les ajouts de FES !
- The Answer, excellent bouche-trou en attendant Persona 4
- Un jeu long et ultra-complet
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- Racheter un jeu que l’on a déjà pour quelques bonus en plus, en vaut-il vraiment la peine ? A vous de voir.
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 5/5
GAMEPLAY 5/5
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