Il est des jeux comme ça, qui sortent d'on-ne-sait-où, et qui deviennent juste cultes. Parce que pour une fois, tout va bien, pas d’ombre au tableau. L’univers arrache sa mère, le gameplay frôle la perfection, la musique est inspirée, c’est beau, fluide, tout. Stellar Blade a la chance cette année de faire partie de ces bonnes surprises et de rejoindre le cercle très fermé des plus grands action-Rpg de tous les temps.
Corée rime avec looké
Le studio coréen Shift Up, ou plutôt son directeur Hyung-tae Kim, s’était déjà fait connaître des RPGistes pour son travail de design sur les excellents Magna Carta (PS2 puis XBOX360). Et c’est tout particulièrement le soin apporté au look de ses héroïnes qui avait marqué les joueurs à cette époque. On retrouvait cet acharnement graphique dans les titres PC et smartphone qu'a sorti le studio fraîchement créé par Hyung-tae Kim. Cela s'est poursuivi jusqu’au personnage principal de Stellar Blade, le dernier né de Shift Up, qui fait couler pas mal d’encre depuis son annonce en 2019. Intitulé d’abord "Project Eve", ce nouveau titre, annoncé en exclusivité sur PS5, fait effectivement la part belle à une héroïne aux formes généreuses, belle, sexy, puissante, dont les yeux vont difficilement pouvoir se détourner durant la cinquantaine d’heures proposées - le double si votre obsession vous pousse à retourner chaque millimètre du jeu, à récupérer toutes les tenues de l’héroïne, et, pourquoi pas, à platiner le jeu (ce qui constituerait une première pour moi).
Du sang et de la fesse
Il fallait pourtant que Sony gâche la fête, en imposant à la sortie du jeu, un patch 1.001 qui se proposait de rendre le soft plus présentable aux parents d’élèves. À l’instar de nombreux jeux sortis ces dernières années, le CERO japonais tente d’imposer ses régulations au monde concernant l’excès de violence dans les jeux. Et Sony ne crache pas dans la soupe. Car proposer le jeu à un plus large public permet aussi de vendre plus. Effectivement, malgré sa violence (et autres), le jeu arrive à obtenir au Japon un rang D, c’est à dire convenable à un public assez âgé, mais pas adulte non plus. Les pays occidentaux par contre ne peuvent s’empêcher de le classifier +18, mais sûrement pas à cause de la violence... Alors, oui, le sang coule à flot dans Stellar Blade, mais moins tout de même que ce à quoi nous avait préparé la démo. Et c’est bien dommage ! Des tenues de l’héroïne se trouvent également retouchées après la mise à jour, mais rien de bien grave si l’on considère que d’autres costumes bien plus sexys sont toujours présents dans le jeu, et qu’il est toujours possible de jouer en 1.000 avec le disque pour retrouver lesdites tenues dans leur version d’origine. Le patch 1.002 apporte par contre beaucoup d’améliorations dans le gameplay et surtout l’animation de l’héroïne. Car depuis cette mise à jour, lorsqu’Eve s’ennuie, elle commence à s’agiter, à bailler, à regarder le joueur. C’est vraiment trop mignon, et je préfère personnellement jouer cette version du jeu. Soit dit en passant, Stellar Blade propose sûrement l’un des plus beaux travaux d’animation des personnages et des monstres que l'on ait pu voir dans un jeu vidéo. C’est tellement vivant que l’on croit souvent jouer des scènes en images de synthèse alors que le tout est constitué de 3D en temps réel !
Un univers démentiel
Alors voila, venons-en à la grande question que se posent les RPGistes, je pense. Celle de savoir si Stellar Blade, en tant de « Nier-like », peut rivaliser avec celui-ci en termes de scénario et d’univers. Alors, pour ce qui est de l’histoire, sachez de Stellar Blade ne propose pas grand chose d’extraordinaire. Eve est une cyborg envoyée sur terre pour détruire des monstres qui menacent les humains. Mais elle se rend compte que les méchants ne sont pas vraiment ceux qu’on pense, etc, etc. Bref, c’est du vu et revu. C’est surtout assez mal traduit. Le français du jeu est tellement plat et sans logique que l’on se demande si le traducteur ne s’est pas contenté de faire le travail sur papier sans toucher au jeu. Alors, non, sur ce point, il faut le dire : Stellar Blade est loin d’égaler Nier. Par contre, il n'y a rien à dire concernant l’univers. Les décors sont justes superbes, variés, inspiré des meilleurs mangas de cyberpunk, comme Gunnm ou Blame. Cela sent bon les références de puristes, et j’avoue avoir eu souvent le souffle coupé par la grandeur et l’ambiance du jeu. Je conseille d’ailleurs aux joueurs le mode graphique équilibré, qui permet de profiter tout à la fois de la finesse de jeu et la fluidité en même temps. Car Stellar Blade est vraiment beau et fluide. Plus beau sûrement que tous les jeux semi-ouverts du genre.
Level design de fou
Le level design du jeu frôle également la perfection. Lorsque l’on débute l’aventure, on a l’impression d’avoir affaire à un vulgaire action-RPG en ligne droite. Puis, peu à peu, on se rend compte qu’il est possible d’explorer, par-ci par-là, d’entrer dans des zones entières que l’on pensait inaccessibles. On s’aperçoit que tout devient peu à peu extrêmement précis et les parcours de plus en plus funs. Le jeu s’ouvre sur des lieux complètement énormes que l’on pourrait qualifier de semi-ouverts. Ces décors, toujours bien dans le ton post-apocalyptique du jeu, ne tombent jamais dans la variété générique des RPG bas de gamme (forêt tropicale, volcan, mine, etc). La grandeur de ces zones ne tourne cependant jamais au remplissage et chaque rocher, chaque pont, chaque ruine a été consciencieusement et intelligemment placé pour susciter l’envie d’explorer. Il existe finalement des passages ultra linéaires dans des sous-sols glauques, qui relèvent presque du rail shooting RPG à la Parasite Eve 3rd Birthday qui sont hyper immersifs. C’est une marque des grands jeux, mais il faut le souligner : Stellar Blade commence tout doucement en termes de mise en scène et d’immersion. C’est seulement après une dizaine d’heures que l’on commence à s’apercevoir que l'on est face à un jeu culte. C'est dans les derniers moments de jeu que l’on vit vraiment la pleine puissance du soft. Mais wouah ! Quelle claque. Le dernier chapitre (je ne spoilerai pas), c’est juste un truc de ouf. On est complètement aux antipodes des productions médiocres actuelles qui mettent plein pot sur les cinq premières heures de jeu pour récolter de bonnes notes aux tests, puis qui oublient le joueur en cours de route. Là, non. Le joueur est respecté du début à la fin. Il est constamment récompensé pour sa progression.
Gameplay aux petits oignons
Ce travail méticuleux de Shift Up sur la progression se ressent donc aussi et surtout dans le gameplay. Au début, on a l’impression que l’héroïne répond assez mal aux commandes ou que l’on est peut-être trop mauvais pour la faire bouger correctement. Mais plus le jeu avance, plus on progresse avec l’héroïne et avec les compétences que l’on débloque pour elle. Et c’est peu à peu un fantastique sentiment de fusion avec Eve qui s’opère, lorsque sans ne plus devoir penser aux commandes, on arrive instinctivement à parer et enchaîner des mouvements vraiment impressionnants. Tout comme Nier Automata, on peut parer, esquiver les attaques pour infliger ensuite plus de dégâts aux ennemis avec son épée ou son drone. Nier était bien plus permissif, car même en mode Hard, on pouvait achever les boss sans trop suer. Ici, tout est plus exigeant, à commencer par une esquive peu efficace pour prendre l’avantage sur l’ennemi, par rapport à la garde effectuée avec un bon timing. Et Dieu sait qu’il est plus dur de parer que d’esquiver. Car une esquive ratée permet de s’éloigner de l’ennemi alors qu’après une garde mal effectuée, on s’en prend littéralement plein la tronche. Nier reste par contre un exemple de variété de gameplay, grâce aux missiles du drone et aux angles de camera qui transformaient le jeu en véritable shmup, domaine dans lequel Stellar Blade ne s’aventure pas. Le drone et les fusils d’Eve permettent par contre au jeu de se rapprocher parfois, comme je l’ai dit plus haut, du gameplay de Parasite Eve the 3rd Birthday, à travers des scènes de shoot vraiment immersives.
Monaca en force
Que serait Stellar Blade aussi sans sa bande-son magnifique. On est proche de ce que proposait encore Nier, avec cette fois des chanteuses coréennes. Le studio Monaca, créé par Keiichi Okabe, aurait ainsi composé à peu près la moitié de la bande sonore. Personnellement, je mets cette BO légèrement en dessous de celle de Nier, car moins chargée en émotion. Elle colle néanmoins parfaitement au monde de Stellar Blade, plus pop et visuel que celui de Nier. Finalement, et c’est une force pour le jeu, on peut noter que de nombreuses mini-quêtes permettent de s’immerger dans le monde de Stellar Blade parfois mieux que le scénario principal. Il faut par contre lire pas mal de kilomètres de textes plutôt mal écrits en français. Heureusement, les plus belles histoires sont doublées en coréen. Et il faut avouer que les voix sont vraiment magnifiques et qu’elles collent parfaitement aux personnages. Cela m’a donné envie d’étudier cette langue et de mieux connaître ce pays à l'influence culturelle grandissante. Bravo à Shift Up, et merci de nous avoir donné Stellar Blade, qui restera certainement dans les annales du RPG.
Mise à jour : Le studio a sorti dernièrement un patch 1.003. Avec à la clé, de nouveaux costumes, un boss rush, et des améliorations graphiques. Sachez entre autres, que deux de ces costumes sont des références explicites à deux modèles censurés, et mettent un gros tacle à Sony. La couleur et le nom changent certes, mais les tenues en question, tout en reprenant le design d’origine, dévoilent encore plus de chair et feront certainement hurler les mères de famille. Le jeu est très très suivi, et vous en aurez pour votre argent, sachant que la version 1.002 permettait déjà d’avoir accès a un new game +, avec un mode hard, et une trentaine de tenues de plus à débloquer pour l’héroïne.
Stellar Blade est le premier jeu sur console du développeur Shift Up connu pour ses jeux à gacha érotiques. Cet héritage se ressent dans ce titre où la plastique des héroines est érigé en élément de gameplay central (la collecte des costumes). Réduire le jeu aux courbes de ses héroines serait néanmoins réducteur car il propose un vrai gameplay recherché. Les combats font la part belle aux parades et esquives à la Sekiro mais suffisament distinct pour avoir sa propre identifié.
En dehors de cela, le jeu est cruellement fade faute à une bande son passe partout, des personnages lisses et une histoire sans relief à coup de recherche de mac guffins et enfin des régions érigés en open world sans intérêt qui dessert l'expérience qui aurait gagné à être plus courte et concentrée.
Stellar Blade est le premier jeu sur console du développeur Shift Up connu pour ses jeux à gacha érotiques. Cet héritage se ressent dans ce titre où la plastique des héroines est érigé en élément de gameplay central (la collecte des costumes). Réduire le jeu aux courbes de ses héroines serait néanmoins réducteur car il propose un vrai gameplay recherché. Les combats font la part belle aux parades et esquives à la Sekiro mais suffisament distinct pour avoir sa propre identifié.
En dehors de cela, le jeu est cruellement fade faute à une bande son passe partout, des personnages lisses et une histoire sans relief à coup de recherche de mac guffins et enfin des régions érigés en open world sans intérêt qui dessert l'expérience qui aurait gagné à être plus courte et concentrée.
Et bien une belle aventure remplie de hauts et de bas : + Des segments hors mondes ouverts très prenants avec un level design sympa + Des combats excitants avec une belle évolution des capacités/compétences + Des combats de boss souvent dantesques et exigeants. Un vrai bonheur ! + Quelques quêtes secondaires centrées sur des personnages vraiment intéressantes
+/- Des graphismes de très bon niveau avec une fluidité sans faille mais tout manque d'âme et tout fait trop vide et lisse +/- L'histoire que je trouve intéressante tout comme le lore mais qui est très mal racontée au final +/- L'héroine assez intéressante mais ce n'est pas Aloy non plus. Et oui l'ultra sexualisation de l’héroine est régulièrement gênante. Heureusement certaines tenues arrangent cela
- Les quelques zones ouvertes vraiment pas terribles avec un level design aux fraises. Pourquoi persister là-dedans en 2024 (hein FFXVI !!! ) - Une grande partie des quêtes secondaires nulles à la Fedex - Trop de sources d'inspiration évidente (Nier Automata en premier, les Souls, etc.) qui empêche le jeu d'avoir sa propre identité
Une bonne surprise, un très bon moment mais pas de quoi relancer une partie pour voir les autres fins
Et bien une belle aventure remplie de hauts et de bas : + Des segments hors mondes ouverts très prenants avec un level design sympa + Des combats excitants avec une belle évolution des capacités/compétences + Des combats de boss souvent dantesques et exigeants. Un vrai bonheur ! :boss: + Quelques quêtes secondaires centrées sur des personnages vraiment intéressantes
+/- Des graphismes de très bon niveau avec une fluidité sans faille mais tout manque d'âme et tout fait trop vide et lisse +/- L'histoire que je trouve intéressante tout comme le lore mais qui est très mal racontée au final +/- L'héroine assez intéressante mais ce n'est pas Aloy non plus. Et oui l'ultra sexualisation de l’héroine est régulièrement gênante. Heureusement certaines tenues arrangent cela
- Les quelques zones ouvertes vraiment pas terribles avec un level design aux fraises. Pourquoi persister là-dedans en 2024 (hein FFXVI !!! :-) - Une grande partie des quêtes secondaires nulles à la Fedex - Trop de sources d'inspiration évidente (Nier Automata en premier, les Souls, etc.) qui empêche le jeu d'avoir sa propre identité
Une bonne surprise, un très bon moment mais pas de quoi relancer une partie pour voir les autres fins