Parmi la cinquantaine de Tactical RPG Playstation, Ecsaform est l'un des rares à se démarquer grâce à un univers cyberpunk new age envahissant.
Longtemps oublié par ses compatriotes, un vieux scientifique décide de se venger en créant des mechas mi-robots mi-humains, les Ecsaforms. Il en créé ainsi 2 identiques pour détruire le monde. Mais son plan tourne au vinaigre lorsqu'il remarque que l'un des Ecsaform (le héros du jeu) n'a pas le désire de faire le mal et s'enfuit du laboratoire. C'est alors que commence cette grande aventure qui sert de base à une thématique relativement lambda, surexploitée dans le milieu de l'animation japonaise par Evangelion, Metropolis et consorts : Le robot dépasserait-t-il l'homme un jour et possèderait-il une âme concrète?
L'univers d'Ecsaform est donc intéressant. New age, il met en scène des personnages libérés et totalement habitués à la haute technologie. Les lieux visités sont donc relativement futuristes, froids mais intensément dépaysant. Le monde d'Ecsaform est chaotique, tout semble ravagés, impropres, pervers. Aucune pâquerette n'a survécus dans cet espace post-armageddon. Une ambiance assez unique se dégage de ce jeu et c'est de loin sa plus grande force. Ainsi les personnages eux aussi sont uniques, arborant un style a la fois fantasy et punk, un mix qui semble logique dans cet univers et qui ne dénature pas l'atmosphère. Par contre, si le look est réussi, leurs personnalités sont assez faiblardes et trop classiques, peu de travail a été apporté à ce niveau pour élever les héros au même rang d'intérêt que le monde très baroque du jeu. Néanmoins, le contrat est remplis car le monde est très bien représenté par les graphismes sexy d'Ecsaform. Le jeu est en 3d isométrique très détaillée et précise, sans grands défauts. C'est toujours très souple et très fluide.
Bref, visuellement c'est du tout bon, d'autant qu'on en prend aussi plein les oreilles car la bande-son est époustouflante. Grâce à l'aura machinale qui règne dans ce soft, Keiichi Yamamoto a pus laisser court à une certaine folie dans ses compositions. Les musiques d'Ecsaform sont assez bruiteuses, industrielles, souvent similaires à de la noise music (Chu Ishikawa, Der Eisenrost,...) ou à consonance rock, c'est aussi bon qu'une grosse bouteille de coca.
Ça s'annonce bien hein ? Mais en fait, ça ne l'est pas autant. Le gameplay qui parait alors lui aussi très intéressant déçoit beaucoup. Mélange de Wachenroder pour le système de combat, de War of Genesis 3 pour la mise en scène et de Shining Force pour le gameplay hors combat, ce cocktail aurait pu donner quelque chose de grand. Mais alors, qu'est-ce qui part en sucette dans ce soft à l'allure généreuse?
En tant que Tactical Rpg en 3D isométrique pure et dure, les batailles dans Wachenroder s'enchaînent et se ressemblent. Vous dirigez vos personnages à tour de rôle suivant leur agilité et vitesse d'action. Le menu vous propose alors de déplacer cases par cases votre perso, d'attaquer, de passer le tour ou de vous reposer. C'est là qu'entre la particularité du jeu, très similaire à Wachenroder sur Saturn : Les APs. Cette jauge placée en haut à gauche de l'écran représente votre capacité de déplacement ou du nombre d'attaques possibles. Lorsque vous bougez votre jauge d'EP baissera suivant le nombre de cases traversées. Il vous restera donc peu d'Aps si vous bougez beaucoup, vous laissant peu de choix pour l'action suivante. Avec peu d'Aps, au mieux vous pourrez attaquer une fois avec un coup normal. Si par contre vous êtes déjà bien placé au début de votre tour et que vous n'avez pas besoin de déplacer votre perso, cette jauge d'Ap restera pleine pour l'action d'attaque. Du coup vous pourrez soit taper plusieurs fois avec l'attaque normale ou utiliser les grosses magies ou skills attribués à votre perso. Mais ce n'est pas tout car cette jauge d'Ap régit quasiment tout le combat puisque c'est grâce à elle que vous pourrez activer la dernière option du menu qui permet à votre personnage de se reposer. Suivant votre nombre d'Aps restant lors du repos, votre perso rechargera son bouclier (symbolisée par la jauge d'Eps placée au dessus des Hps). Ce bouclier est très important car les ennemis frapperont d'abord dans ce bouclier avant d'entamer vos HPs (sauf si le sort à la possibilité d'attaquer directement les HPs). Il faut donc constamment garder un peu d'APs pour activer votre bouclier et subir peu de dommage par les ennemis. Il faut alors apprendre à bien gérer Aps et EPs.
L'autre donnée importante d'un Tactical RPG est la préparation pré-combat. Dans Ecsaform c'est évidemment d'une importance capitale. En allant dans le menu de statut de votre équipe, vous pouvez attribuer arme, armure et items à vos personnages. Chaque arme à ses propres attitudes et possède des slots pour y attribuer des skills. Certaines armes en ont plus que d'autres, bien évidemment. A partir de votre équipement vous gérer tous vos skills en les attachants aux armes et armures. En combat, ces skills utiliseront les TP, les points de magies, et useront plus ou moins de APs suivant leurs particularités. En bref, on tient là un gameplay assez profond mais vite répétitif car les diverses batailles nous contraignent à utiliser constamment les mêmes stratégies.
Du reste, le gameplay hors bataille typé Shining Force est ici assez inutile. En effet, on peux se déplacer dans les villages lorsque les batailles sont finies, mais cela reste très furtif car tout ce qu'il y a à faire, c'est visiter les boutiques pour s'équiper ou parler avec le nombre très faible d'habitants. L'univers à beau être fascinant, il y a vraiment peu de NPCs dans le jeu et on a une impression de vide constant. Le jeu mime donc un déroulement de Rpg classique avec des donjons dans lesquels on avances écran par écran. Mais chaque écran est interrompu par une bataille longue et pas toujours intéressante. Ce qui fait que le nombre de batailles dans le jeu est relativement grand, mais le nombre de belles batailles importantes se compte sur les doigts de la main. C'est bien souvent éprouvant pour le joueur et on a souvent envie d'abandonner (même si le jeu attire quand même grâce au background). Mais le plus absurde reste le système de sauvegarde. On ne peux sauvegarder qu'au début d'une bataille. Ce qui fait qu'une fois une bataille pénible terminée, il faut encore parfois se balader une heure dans un village et passer quelques scènes de scénario pour pouvoir sauvegarder. Pas franchement amusant lorsqu'on est impatient de sauvegarder après une bataille ardue...
Car le jeu devient assez complexe sur la fin et les combats demandent une stratégie rigoureuse lors des derniers combats. Il n'est pas rare de finir une bataille sur le fil avec un seul personnage encore en vie. Mais lorsqu'on sait que même les persos morts gagneront de l'expérience après le combat on relativise un peu. Cela dit, l'enchaînement répétitivité + frustration + système de sauvegarde pénible parvient à démotiver rapidement. Vraiment dommage!
Ecsaform est un Tactical RPG qui propose de vraies bonnes choses, mais la répétitivité et le manque d'intérêt des batailles prennent malheureusement le pas sur la grande qualité de l'univers du jeu et de l'enrobage graphismes/musiques brillant.
Ecsaform tient sur 2 CDs, mais en vérité seul le premier CD contient l'aventure. Une aventure qui dure environ 25 heures mais qui en parait 10 de plus à cause de la redondance. L'autre CD propose plusieurs bonus intéressants : Un sound test, un mode galerie pour voir beaucoup d'artworks, un mode vidéo ou event pour revoir les cinématiques, et d'autres surprises bienvenues.
08/07/2007
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- L'univers passionant
- Les graphismes plutôt bons
- Les musiques souvent sidérantes
- Certains éléments du gameplay sont intéressants
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- La répétitivité des batailles
- Le système de sauvegarde
- On n'en voit pas le bout car le scénario n'évolue pas
- Le gameplay hors bataille part d'une bonne idée mais se retrouve totalement inutile
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 3/5
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