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King's Field II
> Fiche complète du jeu
King's Field II
> Articles > Review
King's Field IIDragon Warrior
Durant les vingt dernières années, les jeux vidéos ont beaucoup évolué, simplifiant le gameplay tout en élargissant le public visé. Les jeux dits "hardcore", ennemis du joueur dans le sens punitif du terme ont cessé d'être ou dans le meilleur des cas se sont métamorphosés pour devenir plus acceptables par la nouvelle génération de joueurs. Même des titres récents comme Dark Souls qui se vante d'être hardcore, demeure très indulgent envers les joueurs comparé aux jeux de jadis. L'une des victimes de cette transformation est sans doute le genre des dungeon crawlers à la première personne, en particulier ceux qui se déroulent en temps réel.
Durant la première moitié des années 90, les joueurs PC avaient la chance de s'essayer à des perles comme Ultima Underworld ou The Elder Scrolls Arena. L'interface clavier/souris, séant parfaitement à ce type de gameplay, offrait un énorme avantage au PC face aux consoles. Pourtant et malgré cette limitation, une petite boite japonaise obscure nommée From Software faisant ses premiers pas dans le domaine du jeu vidéo, a réussi à concevoir un jeu nommé King's Field en 1994 sorti à peine quelques jours après le lancement de la Playstation au Japon. Le jeu était en 3D totale et se débrouillait plutôt bien malgré les limitations de la vieille manette Playstation qui, rappelons-le, n'avait pas les deux sticks analogiques à l'époque. Après l'énorme succès du premier épisode, King's Field II a pointé le bout de son nez moins d'un an plus tard. Analyse d'une perle injustement oubliée... Market-Based TitleKing's Field II est le premier opus de la série a avoir franchi les frontières du Japon. Il a été rebaptisé King's Field en Europe et aux États-Unis pour l'occasion, mais par soucis de clarté on va l'appeler King's Field II pour éviter la confusion.
L'histoire a lieu quelques années après les évènements du premier jeu. Le joueur incarne le prince Alexander, ami très proche de John Alfred Forester, le roi de Verdite et le héros du premier King's Field. Sa mission étant d'explorer l'ile Melanat afin de retrouver l'épée sacrée la "Moonlight Sword" et la ramener au roi Alfred. Le jeu démarre quand un unique navire se dirigea vers Melanat, l'ile maudite plongée dans les ténèbres que même l'aube n'arrive à dissiper. L'ile dégageait une aura certaine et les rumeurs disent qu'il y a des cristaux issus de cette ile qui donnent un immense pouvoir aux personnes qui ont un don magique. Cela expliquerait pourquoi dans le passé, l'ile de Melanat a toujours attiré des personnes qui possèdent des pouvoirs surnaturels. Il y a quelques milliers d'années, les Nobles Elfes ont choisi l'ile pour des raisons religieuses. Ils ont ainsi construit un Sanctuaire qui malheureusement a été attaqué et détruit par des démons malgré les vaillants efforts du légendaire guerrier Merril Ur qui possédait les pouvoirs du dragon divin Seath. Récemment un homme puissant et possédant des forces des ténèbres est devenu craint sur l'ile. Il s'est auto-proclamé le "Roi Sauveur" et a réussi à prendre le contrôle de l'ile entière. Il était capable de repousser n'importe quel intrus, y compris le bateau d'Alexander. En effet, au moment où son bateau s'approchait de l'ile, il a été ravagé par les vagues et les monstres qui sont contrôlés par cet être maléfique. Quand Alexander s'est réveillé, il s'est retrouvé échoué sur la côte de Melanat. Unique survivant de son équipage, son bateau complètement anéanti, il se retrouva seul à l'entrée de l'ile maudite. Alexander a tout perdu, y compris son équipement. Le voilà seul face aux dangers de l'ile, son unique arme étant sa dague. Malgré le fait que la vision d'horreur de l'ile pesait lourd sur sa conscience, son sens du devoir a fait qu'Alexander était déterminé à résoudre le mystère qui entoure l'ile de Melanat et retrouver l'épée sacrée. Bienvenue en enfer. Oversea Hate TingleLe maitre-mot de King's Field II est l'exploration. Le joueur est livré à lui-même dans un monde en full 3D où chaque recoin cache des surprises. On parcourt des lieux aussi variés que des Sanctuaires, cavernes sous-marines, plages, gros ponts, cascades, tours, villages et j'en passe. Le tout est très immersif et on a carrément l'impression de vivre une vraie aventure. Le jeu est blindé de passages secrets. En effet il faut examiner les murs pour voir s'ils cachent quelque chose. Les découvrir et apprendre à éviter les innombrables pièges devient un plaisir une fois que le joueur a bien assimilé le système du jeu et toute la logique qui est derrière. Doom a sans doute eu beaucoup d'influence là-dessus et ça se voit.
Le monde de King's Field II est assez ouvert. En effet le joueur peut aller où il veut quasiment, hormis les passages fermés à clé. Il n'y a aucune direction imposée et ceci dès le début de l'aventure. Du coup on peut se retrouver face à des ennemis très redoutables. Ce qui fait que le début est de loin le passage le plus difficile de tout le jeu. Le challenge étant de trouver la route la plus abordable, éviter les ennemis coriaces, trouver de l'équipement et surtout le premier point de sauvegarde. Le mystère est omniprésent. La moindre découverte d'objets est un gros évènement. On passe son temps à ramasser des items sans savoir à quoi ils servent. En effet un objet doit être identifié par un personnage mystérieux et pas facile à trouver pour voir sa description et donc savoir ce qu'il fait. Sinon, essayer chaque item trouvé pour deviner leur usage est une autre option. Idem pour chaque personnage et lieu rencontré. Même les cartes, qui sont censés aider le joueur pour ne pas se perdre, ont été dessinées par des explorateurs et contiennent parfois des erreurs. Chaque carte couvre ce qu'un explorateur a pu découvrir et ce n'est qu'en les réunissant toutes qu'il est possible de couvrir la majorité des lieux du jeu. Le reste, c'est au joueur de le découvrir. King's Field II aborde un thème médiéval très Dark Fantasy ce qui lui donne un aspect Survival Horror très réussi. On est loin des joyeux environnement colorés qu'on voit souvent dans les RPG japonais. Ici le joueur incarne un personnage adulte qui se fraye un chemin dans un monde sale plongé dans l'obscurité et habité de créatures sordides. Autant dire que tout le monde n’appréciera pas forcement. De plus, tout ce qui concerne l'histoire n'est pas servi sur un plateau. En effet c'est le joueur qui doit travailler pour obtenir les réponses à ses questions. Il faut parler aux PNJ dont le discours change selon la progression dans l'aventure, lire la description des objets et celle des personnages. Même les PNJ ne racontent pas toujours la vérité. Il faut donc se méfier et c'est au joueur de découvrir ce qui s'est vraiment passé. L'histoire est un vrai puzzle que le joueur assemble pour faire les liens et comprendre se qui se passe réellement. Ceux qui ont fait Demon's Souls ou Dark Souls ont l'habitude de cette manière de faire de From Software, mais dans King's Field II c'est encore plus subtil et vague, de plus il faut obtenir des objets spécifiques pour accéder à la description des personnages et des items. Sans compte qu'à part dans l'introduction et la fin de l'aventure, le jeu ne contient aucune cinématique. Cette sensation de mystère et la manière unique avec laquelle l'histoire est racontée est un élément très puissant dans King's Field II et contribue très fortement à l'expérience que délivre le titre. Death Is CheapEn ce qui concerne le jeu en lui-même, les commandes ne sont pas intuitives. Imaginez un jeu d'action à la première personne sans sticks analogiques. Aujourd'hui rien que l'idée parait inconcevable. Et pourtant les concepteurs du jeu sont arrivés à un résultat très satisfaisant. Un petit temps d'adaptation est requis mais une fois le gameplay assimilé, cela devient comme faire du vélo. Tout est une question d'habitude, rien de plus.
Comme dit plus haut, la première heure du jeu est de loin la plus difficile et le joueur mourra de diverses façons au début car non seulement il a besoin de ce temps d'adaptation, mais aussi parce que le personnage est faible et ne dispose pas encore de bonnes armes, équipement et potions. Passée cette première heure de souffrance, ça passe comme une lettre à la poste. En effet le jeu devient beaucoup plus abordable et même le dernier boss n'est pas difficile. Le titre a une courbe de progression assez impressionnante et c'est l'un de ses gros points forts. Du point de vue du gameplay pur, les combats se déroulent en temps réel et comme dans tout bon A-RPG qui se respecte, il y a une sorte de limitateur pour éviter le "button mashing" et favoriser la stratégie. Ici on est en présence de deux barres d'endurance : une pour les attaques physiques et l'autre pour les attaques magiques. Il faut donc toujours attendre que la barre se remplisse complètement avant de porter le prochain coup. Une bonne technique consiste à donner un coup, tourner autour de l'ennemi pour éviter ses attaques et une fois que la barre est remplie, donner un autre coup et ainsi de suite. Les boutons L1 et R1 permettent de faire des pas de coté, ce qui rend leur maitrise primordiale pour les combats. Les attaques demandent une très bonne précision sinon le joueur se retrouvera à souvent rater ses coups. Les boutons L2 et R2 permettent d'ajuster l'orientation verticale de la vue et donc des coups. Les mouvements d'Alexander sont très lents. Par contre cette lenteur a ses mérites. Cela permet en effet de bien doser ses actions avant de les effectuer et on s'y habitue rapidement. C'est ce qui rend les combats intéressants et très méthodiques. Le jeu n'aurait pas eu un système de combat aussi intéressant s'il était rapide. Les stats d'Alexander sont très simples. À chaque level up il augmente systématiquement ses points de vie et points de magie et éventuellement sa force physique et/ou magique. La force physique et magique augmentent aussi tous les 100 coups portés du type correspondant respectivement. Tout ce qui concerne les dégâts et défenses élémentaires sont gérés uniquement par l'équipement. Dans KFII le joueur rencontre non seulement des créatures monstrueuses mais aussi des soldats qui ont subi un lavage de cerveau. Dans tous les cas les ennemis demeurent simples à combattre une fois le système maitrisé, mais cela reste un grand plaisir de parvenir à les vaincre sans se faire toucher. La sauvegarde se fait à des endroits précis, souvent très bien choisis et ces points de sauvegarde ne sont jamais très éloignés les uns des autres. De plus un système de téléportation ingénieux a été mis en place, qui pourra énormément faciliter la vie au joueur s'il sait l'exploiter. Car des allers-retours il va en faire. Le jeu est loin d'être difficile. Il est par contre très intimidant. La peur de l'inconnu et le manque de confiance amplifient de manière artificielle une difficulté en réalité assez basse. Le joueur entend constamment les bruitages dérangeants faits par les monstres sans savoir où ils se situent. No Export for YouLes graphismes ont été améliorés par rapport au premier King's Field, mais les environnement en particulier à l'exception de certaines textures bien faites, restent très vaseux. Le joueur interagira avec des personnages sans visage dans des environnements souvent vides. C'est toute la magie de la première génération des jeux 3D Playstation. L'autre gros soucis technique du titre et probablement l'une des signatures From Software est sans doute les ralentissements. Dès que le joueur visite un endroit assez vaste et surtout avec beaucoup d'ennemis, le jeu se met à ramer, comme si la lenteur des rotations du personnage ne suffisait pas.
Mais vous savez quoi ? Malgré tous ces soucis techniques, le tout fonctionne à merveille. On s'habitue aux environnements sommaires et aux ralentissements et ça devient malgré tout un vrai plaisir à parcourir. Il y a une certaine magie à l’œuvre qui donne au titre tout son charme. Si le joueur est capable d'accepter ces défauts, il découvrira que derrière se cache pas mal de qualités. Premièrement, les animations en général, que ce soit celles des ennemis ou d'Alexander, sont toujours assez abouties et bien exécutées. Chaque arme a sa propre animation et le joueur sent l'impact de chaque coup. Ensuite, certaines textures des donjons sont vraiment jolies et les objets, armes et équipements sont bien modélisés à tel point que cela fait étrange au milieu du reste qui est souvent sommaire. Enfin, le dernier point mais pas des moindres, la direction artistique est assez remarquable et rend le jeu beaucoup plus acceptable visuellement qu'il ne l'est en réalité. Le joueur se retrouve donc dans la peau d'Alexander. Il voit ce qu'il y a dans son champ de vision et le moindre bruit qu'il ne peut pas voir devient une source d'inquiétude. La vue à la première personne y est pour beaucoup et renforce énormément l'ambiance et l'immersion dans le jeu. En effet, l'impact des effets sonores est bien amplifié par la limitation du champ de vision du personnage. Chaque monstre est reconnaissable grâce au bruit qu'il fait. On reconnait aussi les bruitages des environnements, souvent inquiétants et bien rendus. Il faut bien tendre l'oreille car chaque son et bruitage a une signification et cela s’avère particulièrement important dans certains passages. Bref, les effets sonores sont une réussite totale. Mais les musiques ne sont pas en reste. Malgré le petit nombre de pistes composées pour le jeu, elles font bien leur travail et contribuent brillamment à l'ambiance générale du titre. Coté durée de vie, le jeu est assez honnête pour quelqu'un qui ne se sert pas de guide pour le finir. Comptez environ 35 heures d'aventure mémorable. Un conseil pour les gens qui veulent essayer le titre : évitez à tout prix d'utiliser un guide. Le plaisir de la découverte prendra un coup, il est vraiment important et puissant dans ce jeu. Vous êtes prévenus. Maintenant comment quelqu'un en 2014 pourrait essayer King's Field II ? Il y a deux solutions principales. La plus simple étant de l'acheter sur le PS Store mais malheureusement il n'est disponible qu'au Japon. Il reste donc la seconde solution qui consiste à chercher la version PS1 qui est assez facile à trouver et pour pas cher, en particulier la version US. Ce serait vraiment bien si l’éditeur ASCII Entertainment décidait de sortir le titre sur le PS Store US/EURO un jour. On ne sait jamais... Ce fut une époque où les développeurs faisaient encore des expérimentations avec les jeux et du coup on voyait pas mal d'ovnis et des titres qui sortent des sentiers battus. King's Field II en fait certainement partie. Son système unique et hors du commun est un gros point fort qui manque dans les jeux modernes. King's Field II est un soft unique avec un design qu'on ne verra probablement plus jamais. Le jeu est injustement boudé, même par ses créateurs. Tout ce qu'il en reste, ce sont des références dans des titres comme Armored Core, Demon's Souls ou encore Dark Souls. Il incarne plusieurs de ces traits rétro hardcores qui sont solides comme le béton armé, mais la plupart des gens qui s'y essaieront aujourd'hui fuiront immédiatement dans la direction opposée en courant. King's Field II est austère et très intimidant à première vue. Toutefois peut-être aimez-vous la Dark Fantasy et les approches old school ? Où le jeu ne vous indique rien et vous laisse perdu dans des labyrinthes où chaque coin obscur cache un danger imminent ? Si tout ceci vous attire, alors foncez ! Vous découvrirez un titre saisissant et incroyablement accrocheur grâce à son gameplay et son ambiance pesante. From Software, ce jeune studio, a créé un jeu odieux qui a osé offrir une expérience unique sans pour autant céder à la facilité. Repoussant au premier abord, il montrera sa véritable identité aux joueurs courageux qui découvriront une perle rare. King's Field II a une forte identité. Il a réussi à mettre From Software sur les rails, et la réputation qu'on leur connait aujourd'hui me donne bien raison.
King's Field II
> PlayStation 3
> 1 info :
King's Field IIKing's Field II devient I ?King's Field II a été l'une des victimes de la numérotation "à l'américaine" : King's Field premier du nom n'ayant jamais été édité aux USA, l'arrivée de King's Field II a été l'occasion pour l'éditeur de commencer "sa" série : voilà comment King's Field II est devenu King's Field premier du nom en occident ! |