Après le succès grandissant des épisodes I à V, Squaresoft prend la délicieuse initiative (pour nous, joueurs) de ne pas s'arrêter en si bon chemin et de se lancer, après le succès de Final Fantasy V au Japon en 1992, dans le développement du sixième opus de sa saga mythique. Le staff mythique des premières heures de la saga (Uematsu - Amano - Sakaguchi) sera pour la dernière fois, vraiment réuni, mais ce FF marque cependant un tournant dans la série, malgré les dires de certains fans qui le rattachent aux premiers épisodes de la saga. L'ambiance heroïc-fantasy bien que toujours présente, ne le sera plus qu'en partie, pour laisser une part bien plus important au cyberpunk (ou plutôt steampunk, pour être précis) qui trouvera son apogée dans Final Fantasy VII. Mais Square est à l'époque encore bien loin des aspirations internationales du septième épisode. Adulé par de très nombreux fans qui le considèrent comme le meilleur épisode de la saga, Final Fantasy VI tire sa quintessence de sa grandeur baroque et de son aspect théâtral exacerbé. Comment ces quelques Mbits dans une cartouche SNES si petite, qui débarquèrent sur les étalages nippons un beau jour d'avril 1994 ont-elle pues déclencher tant de passions?
Une histoire inoubliable
L'histoire de Final Fantasy VI arbore un aspect très mythologique. L'introduction nous conte l'histoire des trois déesses Magi qui un jour décidèrent de créer la terre. Mais les déesses se mirent à se battre entre elles. Cet affrontement fut appelé "la guerre des Magi". Pendant cette affrontement, les trois déesses donnèrent naissance à des créatures aux pouvoirs gigantesques : les Espers. Les humains, créatures pleines de vices, utilisèrent eux-mêmes ces Espers en les transformant en Magicites dans un but de destruction. Les déesses, se rendant compte de leur folie, se changèrent mutuellement en Statue de pierre et se cachèrent. Les Espers, fatigué d'avoir été exploité, se retirèrent de la même façon. C'est ainsi que la magie disparu pour près de mille ans de la surface de la Terre. Mais aujourd'hui, tapie dans l'ombre, se dresse une nouvelle menace. L'Empire de Gesthal accompagné de son bras droit Kefka, se mettent en quête des Espers pour redonner naissance à la magie, la contrôler et pourquoi pas, dominer le monde. Vous débutez l'aventure aux commandes de Terra (Tina dans la version Jap), une jeune fille amnésique qui doit, accompagnée de deux soldats de l'Empire, partirent en quête d'un Esper signalé dans les montagnes qui surplombent la ville industrielle de Narshe, au nord du continent. Mais au contact de la créature, la jeune femme va ressentir de troublantes sensations... Cette histoire, bien connue de la communauté des fans de RPG, est finalement très originale, c'est l'une des grandes forces et peut être même LA grande force de ce sixième opus. Les personnages, quant à eux sont nombreux et presque tous intéressants. L'histoire, rondement menée, est passionnante, pleine de rebondissements, très riche, sans pour autant fourvoyer le joueur dans des détails complexes et inutiles. Une des meilleures histoires jamais contées dans un RPG sans aucun doute, un point fort de cet opus, assurément.
Un gameplay riche et solide
Côté Gameplay, Final Fantasy VI est un RPG tout ce qu'il y a de plus classique, avec combats aléatoires, bon vieux système d'expérience, etc. Mais après un Final Fantasy IV extrêmement classique et un Final Fantasy V à part puisqu'il reprend les bases de FF3 en les améliorants, on peut dire que c'est peut être le premier épisode qui innove autant dans son système de combat mais surtout d'évolution. La part la plus intéressante du système se trouve en fait dans les Espers, qui ne sont pas de simples invocations dans cet opus puisque, en les assignant à vos personnages, ils apprendront les magies associées à la nature de l'Esper (associer Ifrit vous permettra d'apprendre des sorts de feu, Shiva de glace, etc.). Le système sera complexifié (dans le mauvais sens du terme, selon moi) avec Final Fantasy VIII. Une autre originalité qui transpose la singularité des personnalités personnages dans le gameplay : les skills. Chaque personnage à une commande skill qui diffère selon ses aptitudes. Sabin (Mash en Jap) avec sa force brute à main nues, possède la commande "Blitz" qui vous oblige à rentrer une commande au pad différente selon le coup que vous voulez sortir ; son frère Edgar, utilise des "tools" : arbalète, perceuse, tronçonneuse et autres joyeusetés ; pour Cyan, ce sont des techniques de sabre, etc. L'attachement que l'on peut avoir à un personnage peut ainsi se traduire par son utilisation en combat. C'est l'une des caractéristiques de ce Final Fantasy 6 : tout est mis en œuvre pour que l'on s'attache aux personnages. Le système de ce sixième opus est donc simple et accessible, toujours supporté par le bon vieux ATB. J'oubliais également de vous parler des reliques : chaque personnage peut en porter deux, et elles permettent de vous octroyer des capacités spéciales tel qu'une augmentation de force, de magie ou même en fin d'aventure, la capacité d'attaque plusieurs fois dans un même tour ! Espers, skills et reliques, voilà les trois mots-clé du gameplay de ce FF6.
Graphismes honorables et mélodies sublimes
Parlons technique maintenant. Eh bien, Final Fantasy VI est un jeu de seconde génération de SNES. Il sort en 1994 et on verra certes bien plus beau par la suite (Seiken III, Tales of Phantasia ou encore Chrono Trigger sont incontestablement plus beaux), mais force est d'avouer que certains décors sont très détaillés (la ville de Narshe, le magnifique lac de la forêt hanté ou le lieu et le boss final me viennent en tête). Sans être une véritable faiblesse, les graphismes de FF6 ont bien plus vieillis que les trois titres précédemment cités, mais il faut savoir dépasser ce cap pour découvrir la quintessence d'un titre aux milles délices. Et puis si vous le trouvez moche, vous serez supportés par l'une des meilleures bande-son jamais créée pour un RPG. Malgré le processeur sonore de la SNES, les mélodies sont belles et bien là : le thème de la carte (le célèbre Terra's Theme), le thème de l'opéra ou le dancing mad final sont autant de compositions du maître Uematsu qui sauront, à leur écoute, vous replonger dans l'atmosphère unique de FF6. Le rôle de la musique était bien plus important sur SNES, du fait de l'aspect graphique qui prenait une importance bien plus réduite qu'aujourd'hui, et cela se ressent dans les compositions du jeu (pendant l'ère Playstation, Uematsu se tournera davantage vers des musiques d'ambiance). La bande-son de FF6 rajoute une pierre à l'édifice d'un jeu mythique, culte et inoubliable.
Pourquoi si culte ?
Mais pourquoi FF6 est-il si culte ? Pourquoi la réminiscence de certains passages fout à chaque fois une folle envie de se replonger dans le jeu ? Eh bien, je vais utiliser une approche un peu spéciale. Tout récemment, j'ai fait Shenmue que je n'avais jamais fait. Un jeu captivant et génial, je le reconnais. Mais qu'est-ce qui empêche ce jeu d'atteindre le même niveau de culte que FF6 ? Eh bien parce que l'aventure ne décolle jamais du plancher des vaches ! Prendre le bus, déplacer des caisses pour gagner de l'argent et aller venger Papa, voilà ce que l'on fait dans Shenmue. En clair, on est jamais transporté, happé dans une histoire surréaliste où l'on va devoir sauver le monde. Et ça, pour moi, FF6 y arrive de la plus belle des façons qui soit, plus qu'aucun RPG auxquels j'ai pu goûter. Après l'introduction qui nous narre une histoire millénaire, on est plongé dans l'histoire de Terra jeune fille qui se révèle être amnésique. Dès l'introduction, des milliers de questions se posent. On veut savoir pourquoi ! Et ce qui est admirable c'est que le plaisir que l'on a d'habitude dans tout bon RPG : le minuscule et innocent héros plongé dans des aspirations planétaires qui le dépasse (Grandia, les Star Ocean, les Tales, Lunar). Ce procédé hautement jouissif a été vu et revu dans des dizaines de RPG et cela, tout simplement parce qu'il fonctionne (quel plaisir de se retourner après le combat final et de se dire que il y a quelques dizaines d'heure, on allait faire les commissions pour Maman). Eh bien ça dans FF6 : NIET, QUE DALLE, NADA. Non, pas de héros sorti de son village natal et qui part à l'aventure et qui va sans s'en rendre compte, finir par sauver le monde. Rien de tout ça, immédiatement, Final Fantasy VI vous plonge dans une histoire aux proportions incroyables. Et c'est là qu'on ressent tout le génie des équipes de Square : FF6 ne sombre jamais, je ne dis bien jamais dans le ridicule (bien que certains joueurs montreront du doigt un Kefka extravagant mais que je trouve personnellement génial dans sa folie, car malgré son sérieux, Final Fantasy VI sait faire la part belle à la fantaisie). Les actions que vous entreprendrez dans FF6 revêtent un parfum unique car vous ressentez vraiment leur importance. On remarquera que ces émotions doivent beaucoup à la coupure à mi-jeu où l'on croit que tout est foutu, ou l'ambiance s'assombrit brutalement dans une atmosphère post-apocalyptique du plus bel effet et où l'on doit quasiment tout reprendre à zéro, en tout cas dans le principe : échoué sur une plage, vous prendrez le contrôle de Célès pour reconstituer l'équipe dispersée aux quatre coins du monde.
C'est aussi là l'une des particularités de FF6 : il n'y pas à proprement parler de héros. Certes, Terra est au centre de l'histoire, mais gravitent autour d'elles des personnages qui ont tous plus ou moins l'étoffe de héros. Et cela se matérialise littéralement in-game ou vous jonglerez allègrement entre les différents personnages selon le déroulement du scénario. Pour en revenir à cette sensation unique que nous évoquions, on sait que l'on a pas le droit à l'erreur et que notre quête est de la plus haute importance. Et ça beaucoup de RPG ont essayé de nous le faire ressentir, mais à mon sens, aucun autre ne l'a fait aussi bien Final Fantasy VI. Voilà pourquoi FF6 est un titre culte, qu'il n'usurpe en aucun cas sa réputation, même quand elle est donnée par des branleurs nourris, élevés et gavés à la troadé qui veulent se la jouer alors qu'ils leur est insupportable de supporter des graphismes SNES plus de cinq minutes.
Des défauts où ça ?
Autre chose à remarquer : FF6 ne possède pratiquement aucuns défauts. J’ai beau chercher sur tous les composantes du jeu : rien. Le gameplay est riche et agréable, les musiques superbes, la durée de vie honorable pour un RPG 16 bits, le scénario démentiel. Seul point noir : quoiqu’on en dise, Final Fantasy VI a bien vieillit graphiquement. Si les graphismes 2D auront toujours un charme qui opérera plus ou moins bien selon les individus, force est de reconnaître que pour les nouveaux, il peut être parfois bien difficile de se replonger pleinement dans l’aventure. Mais puisqu’il s’agit ici du test de la version SNES et qu’il faut donc considérer le jeu tel qu’il était à l’époque, au diable les nouveaux, au diable les mauvaises langues qui considèrent sa réputation comme usurpée : Final Fantasy VI, c’est culte, point.
Par son scénario unique qui nous fait vraiment ressentir le parfum d'une quête de la plus haute importance, sa galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, ses mélodies inoubliables, Final Fantasy VI est pour moi comme pour d'autres, le meilleur RPG de la création.
07/05/2005
|
- Le véritable goût d'une quête de la plus haute importance
- Des passages tous plus cultissimes les uns que les autres
- Une galerie de personnages (presque) tous intéressants
- Une alchimie indescriptible
|
- Des défauts? Pas ici, pas pour cette version SNES en tout cas!
|
TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 5/5
SCENARIO 5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
|