Editeur : Falcom Disponible uniquement en dématérialisé
15/08/2005
Editeur : Falcom Disponible uniquement en dématérialisé
Xanadu Next
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Xanadu Next
20 ans !
Xanadu Next est sorti le 27 octobre 2005 au Japon. Soit 20 ans jour pour jour après Dragon Slayer II: Xanadu, énorme succès sur les ordinateurs japonais. Que l'on soit nostalgique ou non de cette époque bénie, cet épisode à placer entre le reboot et le remake n'en arrive pas moins à point nommé pour fêter les 20 ans de la série. Le petit logo "Dragon Slayer", abandonné depuis fort longtemps refait même une timide apparition dans un coin de la boite... Néanmoins, il ne s'agissait pas de nous refaire le coup de l'épisode "revival" en fourrant une version émulée de l'originale dans un emballage identique à la première édition sur pc-88. Un bon dépoussiérage s’avérait nécessaire pour remettre la série au goût du jour...
Un illustre ancêtre...
Avant même de parler de Xanadu Next, il me parait évident de rappeler ce qu'était Xanadu. Second jeu entièrement développé par Falcom en 1985, après un Dragon Slayer plus proche du rogue-like que du véritable rpg, Xanadu insérait de nombreux mécanismes qui ont depuis largement fait date dans le J-RPG si ce n'est dans le jeu vidéo en général. Initiateur du principe du "je te rentre dans le lard" pour sa propre descendance, il apporte également tout un tas d'innovations pour la postérité. Son influence est des plus visibles dans des séries aujourd'hui cultes que sont les Zelda ou les Metroid mais aussi toute la première vague de J-RPG. D'un monde ouvert et non-linéaire en side-scrolling, on passe à des donjons labyrinthiques à traverser salle par salle, écran par écran. Le tout est lié à un gameplay novateur initiant une notion de moralité avec l'arrivée du karma ainsi qu'un système d'expérience individuelle pour chaque pièce d'équipement, celles-ci changeant l'apparence du personnage. Révolutionnaire, Xanadu a cependant été quelque peu oublié par la communauté, supplanté par les séries pré-citées d'une part, et les futures mastodontes du genre d'autre part. Pratiquement injouable aujourd'hui, il en reste tout de même un énorme héritage, à commencer par la série des Ys, vu à la base comme un Xanadu "light". Bien sûr, Xanadu Next reprend à son compte une grande partie de cet héritage, le modernisant tant que faire se peut, surtout lorsque l'on connait aujourd'hui la propension de Falcom à résister encore et toujours à l'innovation en matière de RPG.
Une histoire de château...
Techniquement, Xanadu Next n'est ni plus ni moins qu'un remake de Xanadu. Mais vu la teneur scénaristique de ce dernier, il est difficile de lui rester fidèle. Une véritable intrigue a donc été calquée sur l'original, lui donnant plus valeur de reboot qu'autre chose.
A la manière d'un Adol découvrant les secrets d'Esteria et de la céleste Ys, le héros sans nom (et pas plus bavard que son compère) de ce Xanadu Next débarque sur les terres de ce royaume mythique sans autre forme de procès qu'un bref résumé de son histoire. Harlech, petit village côtier et point de chute du héros est depuis quelque temps soumis à des rumeurs qui parleraient de l'apparition d'un mystérieux château répondant au doux nom de "Strange Rock Castle." Ces mêmes rumeurs vont également bon train sur une épée légendaire, DragonSlayer la bien-nommée, qui résiderait en son sein. Accompagnant une jeune archéologue dénommée Charlotte (Char pour les intimes), notre but sera alors de mettre au clair toutes ces rumeurs. Notre héros commence donc ses recherches dans des ruines, proches de Harlech, où il trouve une étrange couronne. Un moustachu du nom de Dvorzak arrive dans l'instant pour nous la réclamer par l'épée. Laissé pour mort, notre pauvre chevalier est sauvé par la prêtresse Liese qui lui implante alors un gardien. Le procédé devant normalement être fait à la naissance nous laisse dans une position délicate, pour ne pas dire entre la vie et la mort. C'est ainsi que notre aventurier part à la recherche des autres couronnes mais aussi de ce Dvorzak, bien décidé à lui tirer les vers du nez concernant toute cette histoire.
Le scénario est dans la moyenne de Falcom, pas inutilement compliqué et métaphysique, il se laisse néanmoins suivre et donne un léger souffle épique à l'aventure. De ce coté, la boite se laisse encore aller à quelques archaïsmes tel le héros muet et sans la moindre personnalité. Si c'est un peu ce qui fait le charme d'Adol aujourd'hui pour les Ys, ça n'a ici pas la moindre utilité. Un bon point cependant, l'aventure reste construite autour des mêmes lieux et personnages, donnant au tout un certain cachet au fur et à mesure que l'on progresse. A noter que le background du jeu, tout de même très développé, n'est étayé que par divers textes anciens que l'on peut consulter une fois rapportés à Char. Si cela a au moins le mérite d'exister, le background n'en est que plus détaché de l'aventure et la lecture de ces textes n'en est que plus fastidieuse.
Le hack'n'slash à la mode nippone
Vue façon 3D isométrique, maniabilité à la souris et rigide. Pas de doute, nous sommes bien dans un hack'n'slash dans la plus pure tradition du genre. N'étant pas le genre de prédilection des japonais, Falcom s'aventure ici sur un terrain glissant. Néanmoins, ce Xanadu Next possède une particularité. En effet, le gameplay consiste à prendre les ennemis par derrière (sans mauvais jeu de mot) de manière à effectuer des coups critiques. Très simple en apparence, ce système finit tout de même par demander un certain doigté. Le bourrinage est ici peu recommandé. Marteler la souris ne conduira généralement qu'à votre mort et cela se vérifie au fur et à mesure que l'on progresse. Les ennemis se font de plus en plus forts, vicieux, nombreux et puissants. Les coups se font alors de moins en moins efficaces et les potions de soin, particulièrement utiles, demeurent peu nombreuses car particulièrement coûteuses. Sur le papier, tout cela fonctionne très bien. Mais en pratique, c'est une autre histoire. La souris étant très mal adaptée à ces petites subtilités, on se rate très souvent et le timing devient bien plus difficile à gérer. Heureusement, Falcom a très vite proposé un patch permettant de jouer à la manette. Celui-ci a d'ailleurs l'avantage de pouvoir nous laisser utiliser la souris dans les menus. Cependant, la manette pose un autre problème, heureusement mineur. S'il n'y a pas de problème pour viser une cible à la souris, la manette utilise un système de lock qui est parfois un peu lent à réagir. Il arrivera parfois de couper les touffes d'herbes aux alentours plutôt que de frapper un ennemi.
Ici, ne vous attendez pas à droper des centaines d'armes différentes sur des montagnes de cadavres. Les pièces d'équipement ne se trouvent qu'en nombre limité et à la boutique d'Harlech pour la plupart. Elles ont néanmoins la particularité d'octroyer un pouvoir au héros qu'il pourra équiper indépendamment de l'arme une fois celle-ci maîtrisée à 100%. Par la suite, la puissance de l'arme augmente jusqu'à 200%. Le gameplay repose donc aussi sur quatre emplacements de compétences qui peuvent recevoir techniques, magies, ou compétences passives. Là encore, Xanadu Next se montre plus fin que beaucoup de hack'n'slash puisque de nombreux ennemis et boss ne seront réellement sensibles qu'à certains éléments. Ainsi, à moins d'utiliser une arme élémentaire, les mort-vivants se relèveront toujours une fois. Enfin, le jeu utilise un système de gardiens qui monteront également en niveaux et apporteront divers avantages au personnage.
Une des autres forces héritée de Xanadu est le level-design. Celui-ci se veut assez tortueux, notamment dans le dernier donjon et a Harlech pour point central. Mention spéciale au "Time Crevace" qui joue sur la nostalgie en reprenant la patte graphique des donjons du premier Xanadu. A la manière d'un Zelda ou d'un Metroid, qui ont entre temps bien davantage poussé le principe, toutes les zones sont reliées au village ou entre elles, permettant ainsi d’accéder à de nombreux raccourcis ou à de nouveaux passages dans des donjons déjà visités, au fur et à mesure que l'on acquiert de nouvelles compétences. C'est ici que les accessoires entrent en jeu. Assez nombreux, il permettent, entre autres, de respirer sous l'eau, de découvrir des ponts cachés, etc. Très classique, mais toujours aussi efficace.
Mais un Falcom ne serait pas un Falcom sans ses boss. Imposants, ceux-ci nécessitent également des techniques très particulières pour en venir à bout, demandant d'adapter notre personnage sur le long terme. Les vieux fans seront également heureux d'apprendre que la plupart des boss du premier opus sont de retour, après un léger lifting, évidemment. Malgré la rigidité du gameplay propre au genre, les boss-fights peuvent parfois devenir assez nerveux. Et encore une fois, le boss final est un exemple de maitrise du genre, tout simplement sublime. Malheureusement, celui-ci arrive assez vite. Même s'il y a moyen de flâner, il n'y a guère plus d'annexes que les passages secrets déjà évoqués. Comptez donc une dizaine d'heures pour en voir le bout. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le temps de jeu rentre dans la composante du score en écran de fin de jeu.
Une véritable ambiance
Ce n'est plus tellement une surprise de la part de Falcom, mais les musiques, omniprésentes, sont une des forces du jeu et de son ambiance. On est immédiatement pris aux tripes par le magnifique thème du menu principal. Mais ce n'est rien comparé à ce qui nous attend dès le premier donjon, après quelques minutes de jeu. Il s'agit ni plus ni moins de l'unique thème (et oui...) du premier Xanadu. A devenir fou dans l'illustre papy, il n'est évidemment pas le seul que l'on entendra dans Xanadu Next. Et fort heureusement, car ce serait louper ça :
Globalement, l'OST est donc une nouvelle fois d'excellente qualité, même si l'on retrouve pas mal de thèmes passe-partout. Les quelques thèmes orchestraux sont d'assez bon goût bien que les mauvaises langues pourront les trouver pompeux. Chaque lieu possède également son thème et je mets quiconque au défit de ne pas flâner (ou se perdre...) dans "The Treacherous Woods". Le jeu n'étant pas bien long, la bande-son n'a pas le temps de devenir rébarbatif et sait se renouveler d'une zone à l'autre. Ainsi, sous des airs de RPG on ne peut plus classique, Xanadu Next dispose d'une ambiance des plus magique.
Une technique un peu faiblarde.
Le jeu est globalement plutôt joli. Falcom s'aventure ici dans le tout 3D quand les Ys et les Legend of Heroes avaient préféré garder des personnages en 2D. Les décors sont quant à eux assez réussis. Très différents d'un environnement à l'autre, ils sont aussi très colorés, parfois un peu trop d'ailleurs... Ça n'aliase pas trop, ce n'est pas bourré d'effets de particules mal gérés. Bref, cela reste sobre mais bien achalandé. Il en est tout autrement des visages. Très anguleux, ils sont juste horribles dès que l'on s'approche d'un peu trop près. Les traits sont grossiers et flous et ne rendent jamais hommage aux personnages. Il est dommage de continuer à voir ça en 2005. Mais cela reste une habitude pour Falcom, le soft a au moins le mérite d'être peu gourmand...
Xanadu Next est donc un excellent hommage à son illustre ancêtre. Si 20 ans séparent les deux jeux, ce Next réussit tout de même l'exploit de garder bon nombre d'éléments du premier opus. Doté d'un gameplay plus fin qu'il n'y parait et d'une ambiance enchanteresse, il s'agit d'une véritable petite pépite qu'il est désormais possible de parcourir dans la langue de Shakespeare grâce à la traduction d'une communauté de fans toujours plus active.