Là où nous attendions un titre pleinement inscrit dans la saga, le voilà qu’il prend ses aises et s’en détache presque totalement ! Pas de Dr Wily, pas de Dr Light ni aucun maître robot. De même, ne vous attendez pas non plus à y retrouver les personnages connus de la saga. Seul Mega Man y est présent. Nouvelle licence, nouvel univers, nouveau méchant, nouveau gameplay. Une vraie-fausse nouvelle série pour Capcom, mais dynamique et rafraîchissante !
Une narration dynamique et plaisante
Sur Tera, une planète presque entièrement recouverte d’eau, l’aventurier Barrell Caskett découvrit un beau jour un jeune garçon abandonné. Il le prit sous son aile et le nomma Mega Man (Rock) Volnutt. Ce dernier apprit très vite de son père adoptif et commença alors à mener ses propres aventures et recherches. C’est alors qu’au retour d’une de leurs fouilles, Flutter, leur vaisseau, eut des dératés et s’écrasa sur Kattelox Island. Mega Man et Roll, sa sœur adoptive, doivent alors se mettre à la recherche de pièces permettant de réparer Flutter. C’est évidemment à ce moment précis qu’une bande de pirates décident de débarquer sur l’île dans l’unique but de retrouver d’anciens vestiges perdus ! Seul Mega Man peut encore se mettre en travers de leur route, ce qui l’amènera à creuser beaucoup plus loin que prévu et découvrir une ancienne vérité oubliée…
Ce Legends est narré selon tous les rouages classiques connus des animes japonais du moment. Un univers haut en couleur, des méchants loufoques et absurdes, de l’action et de l’humour à profusion ainsi qu’un rythme mené tambour battant. Une aventure courte, mais dense.
L’introduction du soft nous place directement dans cette ambiance et du coup, on aborde l’aventure de manière légère, sans réelle attente, comme si l’on regardait un dessin animé bon enfant un mercredi après-midi, un Prince de LU à la main. C’est frais, c’est plaisant et ça se déguste sans faim. Une impression confortée par le rendu des cinématiques, entièrement réalisées avec le moteur du jeu, jouant considérablement sur les faciès des différents personnages. Les mimiques sont souvent drôles, voire absurdes pour certains personnages (Teisel ou Juno pour ne citer qu’eux) et, les situations aidant, on savoure très vite ces scènes avec un large sourire aux lèvres.
Concernant ledit scénario, vous le savez déjà, mais Legends nous plonge dans une toute nouvelle mythologie de Mega Man. Il ne s’agira pas ici de défaire une armée de robot ou de repousser une nouvelle fois le vil Dr Wily. Bien au contraire, le monde de Tera se veut sympathique, plus accueillant et surtout moins artificiel. La naissance même de Mega Man y trouve une nouvelle genèse et nul doute que les fans du blue bomber auront du mal à y trouver leur compte.
Mais pour peu que l’on passe sur ce nouveau monde complètement iconoclaste, on découvre une sympathique petite aventure avec son lot de rebondissements, ses personnages attachants et un univers coloré plaisant à parcourir. Une jolie petite aventure, Mega Man ou non.
Mega Man passe à la 3D
La majorité des joueurs se souvient encore avec émotion le passage à la 3D de certaines licences. Si certains titres, comme Ocarina of Time avait totalement réussi leur transition, il faut avouer que d’autres se sont méchamment cassé les dents… comme Castlevania 64 ou Sonic R. La fin des années 90 était une période charnière dans le jeu vidéo et la plupart des éditeurs voulaient jouer leur carte et lançaient leur mascotte dans le moule de la troisième dimension. Mega Man y est passé avec ce Legends… avec un relatif brio.
Relatif parce qu’une première barrière viendra immédiatement calmer vos ardeurs : la maniabilité !
Monde en 3D, personnage à la troisième personne… On pense immédiatement à un contrôle aux sticks analogiques, comme pour la plupart des titres du genre, avec un stick droit dédié à la caméra ? Et bien non ! Mega Man Legends ne supporte tout simplement pas l’analogique. Il faut avouer que ça complique sacrément les choses. L’entrée en matière est, du coup, particulièrement rebutante.
La croix pour contrôler Mega Man, les touches gauche et droite pour strafer et les boutons L1 et R1 pour tourner sur soi. Hum. Si sur le papier, cela ne semble pas être une si mauvaise idée, une fois dans le jeu, c’est une tout autre histoire. La prise en main est très loin d’être intuitive et vous demandera quelques heures d’adaptation pour vraiment être domptée.
Mega Man et son bras bionique
Ici, il n'est nulle question de récupérer le pouvoir/arme d’un boss pour l’utiliser contre le prochain. Soit vous dénichez ces armes/armures dans un coffre, soit elles servent de récompense lors d’une quête annexe, soit vous le confectionnez avec diverses parties trouvées ici et là. Et c’est en ce point précis que Mega Man Legends s’inscrit dans un univers Action/Aventure à la limite de l’A-RPG.
Très loin de la linéarité des épisodes 2D, il vous laisse la possibilité de parcourir à loisir l’ensemble de l’île Kattelox histoire d’y faire avancer la trame principale et d’y dénicher nombre de quêtes annexes. A vous donc de remplir un maximum de ces missions pour augmenter votre jauge de vie, acheter des bursts supplémentaires et vous équiper de diverses armes (jusqu’à deux simultanément) pour débloquer le passage suivant et ainsi de suite.
La sœur adoptive de Rock, Roll, - Rock’n Roll, yeah ! - peut aussi intervenir dans le développement de votre personnage. La confection des armes, l’évolution de leurs statistiques et certains éléments de l’armure devront impérativement passer par elle. De plus, vous pourrez équiper quelques « accessoires » augmentant votre résistance ou votre puissance de plusieurs niveaux. Chose très importante, car c’est véritablement via ces accessoires que votre manière de jouer sera définie par la suite. Est-ce que vous préférez privilégier un tir rapide au détriment de la puissance ou l’inverse ? La défense ou l’attaque ? Ainsi de suite.
Tous ces éléments inscrivent donc le titre dans un univers presque A-RPG qui le différencie grandement de ses grands frères 2D orientés action/plateforme.
Toujours tout faire péter
Mega Man est donc bien équipé, place à l’action.
Au cœur du jeu, il vous faudra parcourir de vrais bons donjons bien sombres pour y récupérer le refractor (un cristal de couleur) utile au scénario. Peuplé de vils animaux robotiques et autres nuisances du style, c’est ici que le blue bomber utilisera le plus son bras bionique. On court, on lock le vil animal qui daigne pointer le bout de son nez, on le dézingue, on récupère alors ses zenny (monnaie du jeu), on fait un petit détour pour récupérer les trois cartes d’accès ouvrant le sas final, on met sa tatane au boss qui faisait semblant de garder le refractor et on récupère ce dernier. Facile.
Chose assez rare dans ce genre de jeux : tous les donjons (sauf le dernier) se voient connectés entre eux. Ainsi à force de voir votre petit Mega Man évoluer, vous débloquerez des compétences permettant d’ouvrir un ancien passage bloqué et ainsi, de passer d’une partie d’un donjon à une autre. Assez pratique d’autant que l’ensemble de ces souterrains est truffé de passages secrets et de coffres à récupérer. C’est d’ailleurs dans ces boyaux que l’on passera le plus de temps afin de récupérer un maximum de zenny pour s’offrir les dernières évolutions de nos armes.
Notons tout de même qu’aussi repoussant que ces donjons peuvent être, ils ne sont jamais trop longs, jamais trop durs et leur exploration se fait du coup assez rapidement. Un bon point, car les décors ont du mal à s’y renouveler. On s’en lasse très vite.
À côté de ces phases pour le moins monotones, vous aurez affaire à bon nombre de mini-jeux servant l’avancée du scénario. Nommés pour l’occasion "missions", ces passages bien particuliers de l’aventure renouvellent grandement l’intérêt du jeu. Du sauvetage de la ville en faisant exploser des tanks ennemis en approche, en passant par du rail-shooter sur un bateau ou sur un avion, jusqu'à un énorme boss-robot dans un site d’excavations, ces missions sont variées et sont un agréable plus. Bien placées, elles aident incontestablement au rythme de l’aventure.
On ne s’ennuie jamais dans Mega Man Legends. On fait toujours tout péter.
Durée de vie & difficulté
En résumé, l’exploration dans Mega Man Legends est assez libre. Si la ville s’ouvre au fur et à mesure de votre avancée, c’est tout de même à vous de décider de la manière dont vous allez la parcourir. Vous pouvez foncer remplir les différents objectifs pour en finir au plus vite, passant ainsi la majorité de votre temps de jeu dans les souterrains et en baver devant le boss final, ou bien vous adonner aux divers mini-jeux et quêtes annexes de l’île pour assurer votre survie.
Le jeu se termine en 7 à 8 heures en ligne droite sans réelle difficulté majeure hormis le fameux final qui demandera une dextérité bien plus grande de votre part. Si vous comptez explorer le titre dans son ensemble, booster votre personnage à fond et dénicher tous les secrets de l’île, comptez alors le double. Soit une quinzaine d’heures pour en faire le tour.
Une durée de vie relativement courte donc, mais qui pourra aisément se prolonger grâce au second opus sorti quelques années plus tard.
Graphismes & bande sonore
Visuellement, le titre est très agréable.
La 3D est réussie et très colorée. La distance d’affichage demeure correcte et la modélisation globale plutôt sympathique, avec quelques boss impressionnants. Cependant, les bugs graphiques sont légions et la gestion des collisions pas très heureuse. On retrouve très souvent notre petit Mega Man à moitié sur un mur ou flottant dans les airs, comme si de rien n’était. Cela reste très courant sur les titres 32bits, mais il faut néanmoins le noter. On passera sur le clipping et l’aliasing omniprésents, presque indissociables de la 3D de cette ère.
Niveau animation en revanche, rien à redire. Capcom a voulu jouer la carte du rendu cartoon et remplit très bien son objectif. Les personnages disposent d’une palette d’expressions correcte, sont plutôt bien animés, et l’ensemble du jeu reste toujours très fluide. La sensation d’être devant un dessin animé interactif est presque palpable (sentiment renforcé par la mise en scène et le découpage du jeu).
Au niveau de la bande sonore, cela varie du bon au totalement anecdotique. On est malheureusement très loin des thèmes marquants des opus NES voire SNES. Mais globalement, univers oblige, l’OST donne à moitié dans une ambiance métallique et industrielle, à l’instar d’un Final Fantasy VII, et à moitié dans de l’ambiance légère enfantine rappelant l’univers d’un Lunar.
Les plus accros à la japanimation aimeront particulièrement l’ouverture du jeu, avec une chanson somme toute réussie, Another Sun, ou la finale, Your Wind is Blowing, très rythmée, le clôturant parfaitement. Quelques pistes sortent du lot, jurant presque avec l’ensemble, comme Concert of Hapshi code, composition au clavecin, et The Bone Family burning with vengeful feelings, une mélodie juste absurde, mais délicieuse. Le reste de l’OST varie entre morceaux d’ambiance underground conventionnel pour les donjons et pistes plus légères, mais anecdotiques, pour la surface de l’île.
Une OST décente donc, mais loin d’être mémorable.
Notons tout de même que Legends dispose d’un doublage complet sur toutes les scènes du scénario et que ceux-ci se révèlent d’assez bonne facture. C’est toujours bon à prendre et relativement rare pour les jeux de cette époque.
Version PS1, N64, PC ou PSP ?
Mega Man Legends est avant tout un jeu Playstation. Développé pour cette console, les portages N64 et PC souffrent de la transition. Seule la version PSP reste fidèle trait pour trait à l'original. Mais si l’envie vous prend de vous lancer sur ces versions postérieures, voici les différences.
jeu en vrai 16:9 (pas d'étirement d'image, sauf pour l'interface 2D)
... copie conforme de la version PS1
Mega Man Legends est une jolie entrée en matière du blue bomber dans la 3D. Un gameplay réussi, varié et très bien rythmé pour une aventure haute en couleur, à l’humour bon enfant et aux situations aussi absurdes que cocasses. Visuellement agréable, accompagné d’une bande sonore faisant son office, on suit ses péripéties avec intérêt durant les quelques heures que nous offre le jeu. Seule la maniabilité, sans sticks analogiques, pourrait rebuter quelques joueurs, mais passé cette barrière, nul doute que ce premier épisode vous donnera envie d’enchaîner avec sa suite directe.
Mega Man Legends est avant tout un jeu Playstation. Développé pour cette console, les portages N64 et PC souffrent de la transition. Seule la version PSP reste fidèle trait pour trait à l'original. Mais si l’envie vous prend de vous lancer sur ces versions postérieures, voici les différences.