Suite d'un jeu d'Arcade exclusif à l'archipel de 1984, méconnu en occident, Dragon Buster II sort sur Famicom 5 ans plus tard, une nouvelle fois uniquement au Japon. Il restera d'ailleurs à ce jour le dernier épisode de cette courte série de Namco, malgré le spin-off Dragon Valor et quelques caméos disséminés dans de plus récentes productions, dont le fameux Tales of the Abyss. Dungeon Crawler classique au premier abord, ce titre hérite pourtant beaucoup de ses origines Arcade et améliore surtout le concept instauré par le premier opus, tout en gommant une grande partie de ses défauts.
Dragon Slayer
Avant de parler de Dragon Buster II, il est important de revenir sur le premier opus, qui eut tout de même l'honneur d'être porté sur quasiment tous les supports majeurs de l'époque au Japon, Famicom, MSX2, PC-88 et X68000. En effet il fut l'un des premiers jeux d'Arcade à inclure des éléments RPG et reste donc à ce titre une œuvre marquante de l'histoire du genre. Vous incarniez Clovis, un chevalier parti en quête de délivrer la princesse Celia des griffes d'un terrifiant dragon. Concrètement, chaque niveau correspondait à la carte d'une région dans laquelle il fallait traverser un certain nombre de donjons avant d'arriver au boss de la zone puis enchainer avec la contrée suivante.
La particularité du titre résidait dans le fait que les zones à parcourir se traversaient en vue de côté, comme le fera Zelda II quelques années plus tard, et fut le premier jeu de l'histoire à incorporer la technique du double saut. Malheureusement le gameplay extrêmement délicat, pour ne pas dire mauvais, de l'ensemble rendait l'expérience plus frustrante qu'autre chose. Même les remaniements du jeu lors des différents portages ne changèrent guère la donne, Dragon Buster restant alors un titre certes original, mais peu jouable. Sa suite arrive donc à point nommé en 1989, pour redresser la franchise et donner une nouvelle chance à la série, au crépuscule de l'ère 8 bits.
Namco opère cette fois-ci un bond dans le passé, où le joueur prendra le contrôle de Carl, un archer parti pourfendre l'infâme roi des dragons et mettre la main sur l'arme du futur héros Clovis. Le principe de base reste le même cependant, à savoir que la progression est divisée en plusieurs niveaux, 6 plus exactement, correspondant chacun à une région. Dans chacune de ces dernières, notre personnage principal aura à traverser toute la carte et ses nombreux donjons, pour arriver à la montagne finale où se trouve le boss de fin de zone. Tout comme dans le jeu original, ces labyrinthes à explorer seront de nature variées, telles que des grottes, des tours, des forêts ou des châteaux, dans lesquels vous affronterez la faune locale, parfois spécifique au lieu visité.
Presented by Cave
Mais la grande nouveauté par rapport à son ancêtre c'est que la vue en scrolling horizontal cède désormais sa place à une vue aérienne plus classique. Cela a pour effet d'éradiquer définitivement le problème des sauts calamiteux du premier épisode, et de rendre le jeu tout de suite bien plus agréable. Cette nouvelle perspective bouleverse donc complétement la manière d'aborder les différents donjons, renforçant l'aspect RPG du titre par la même occasion. Ainsi, quand notre héros pénètre à l'intérieur de l'un de ces dédales, on s'aperçoit que la lisibilité n'est au départ que partielle, dû à l'obscurité omniprésente que l'on efface au gré de nos déplacements, à la manière du brouillard de guerre d'un RTS par exemple.
La structure même des donjons diffère sensiblement entre 2 du même type, mais conserve un principe constant pour tous : ils sont élaborés de façon à se répéter à l'infini, donnant l'impression d'être immenses alors qu'il ne s'agit que d'un loop sans fin à partir de quelques pièces et couloirs. Déroutant au départ, on finit rapidement par prendre ses marques et se repérer plus aisément dans ce qui ressemble au départ à de gigantesques labyrinthes à l'architecture démesurée. Une fois leur exploration terminée, certains d'entre eux vous gratifieront parfois d'un objet, comme un bateau ou une hache, vous permettant de traverser la carte plus rapidement, en traversant un lac avec le premier ou bien en rasant une forêt avec le deuxième. Car bien entendu, plus l'on progresse dans le jeu et plus les régions s'agrandissent, proposant ainsi plusieurs manières d'appréhender les différentes maps en choisissant attentivement votre route.
En ce qui concerne le gameplay à proprement parler, le soft fait dans la simplicité la plus totale, aucune caractéristique, aucun équipement (à l'exception du nombre de flèches limité), et aucune barre de vie. En effet, dans cet épisode, cette dernière est remplacée par une colorisation du sprite du personnage qui change après avoir reçu des dégâts. Carl ne pouvant encaisser plus de 4 attaques, il vous faudra terminer chaque donjon en vous faisant toucher le moins possible ou espérer tomber sur quelques rares fées capables de vous soigner d'une blessure, voire même de gagner des vies supplémentaires si vous en récoltez suffisamment. Mais rassurez-vous, une fois sorti victorieux vous retrouverez votre santé intacte, prêt à en découdre dans la prochaine grotte.
Broken Arrow
Le système de combat simplissime fonctionne ici comme n'importe quel Action-RPG, l'attaque se fait en temps réel en appuyant sur le bouton A pour décocher des flèches, et ce sera à peu près tout. Mais il est à noter tout de même 2 choses très importantes qu'il ne faut pas négliger sous peine de voir votre héros mourir prématurément. Ces fameux projectiles tout d'abord possèdent une physique plus sophistiquée qu'il n'y parait puisqu'ils peuvent ricocher sur les murs. Cela aura évidemment comme conséquence de pouvoir atteindre un adversaire plus facilement tout en restant caché derrière un mur, ce qui peut s'avérer pratique. Néanmoins, il faut savoir que vos flèches peuvent également vous blesser si par malheur leur trajectoire se retournait contre vous, et qu'il faut donc tirer avec prudence lorsque vous vous trouvez près d'un mur.
La deuxième notion vitale à comprendre réside dans le fait que vous ne pourrez lancer qu'une seule flèche à la fois, et attendre que celle-ci ait terminé sa trajectoire avant de pouvoir enchainer avec une autre. Ca n'a l'air de rien dit comme ça, mais lorsqu'elle rate sa cible et que la paroi d'en face est assez éloigné, le temps de pouvoir frapper à nouveau votre ennemi vous paraitra particulièrement long et vous laissera sans défense pour quelques instants. Toute la difficulté des combats peut ainsi se résumer à votre capacité à bien viser pour mitrailler vos assaillants le plus vite possible, sans laisser de battement entre chaque volée.
Enfin, le bouton B vous permettra de récolter des objets sur les ennemis vaincus, ces derniers allant du simple carquois de munitions au bouclier de protection ou bien encore aux clés obligatoires afin de boucler le niveau. Le but ultime de ces donjons étant toujours de trouver la porte de sortie, votre objectif sera donc de les trouver le plus rapidement possible afin d'écourter au maximum votre séjour souterrain et ainsi diminuer vos chances de perdre l'une de vos précieuses vies. Bien entendu, la localistaion du monstre possesseur du fameux sésame et de la porte étant aléatoire, la durée de l'exploration d'un donjon sera évidemment très variable.
Firetop Mountain
Dragon Buster II propose un système de mot de passe entre chaque monde, que vous n'obtiendrez qu'une fois le dragon gardien de ladite région terrassé. Il faut donc traverser chaque contrée d'une traite afin de sauvegarder votre progression, la perte de toutes vos vies vous renvoyant systématiquement au début de la zone. Le jeu n'est pas d'une difficulté insurmontable, mais les dernières cartes, de plus en plus vastes, vous forceront à vous y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir espérer les traverser et éradiquer leur boss respectif le plus efficacement possible. La durée de vie se situe donc dans la moyenne, comptez environ une petite quinzaine d'heures au moins pour terminer le jeu la première fois.
Le scénario n'étant qu'un prétexte, n'attendez pas grand chose de ce côté-là, chaque passage à la zone suivante vous montrera une petite animation plein écran sympathique mais (presque) toujours identique, et la fin sera malheureusement tout aussi courte et sans surprise. Ses qualités ne se situant clairement pas là, il faut bien comprendre que tout l'intérêt du jeu réside dans le mélange à la fois Arcade et RPG du titre de Namco, un mix du premier opus pour sa simplicité et sa succession de niveaux, couplé avec l'aspect Dungeon Crawler en vue aérienne propre à la grande majorité jeux de rôle de cette époque. Le tout fonctionne d'ailleurs à merveille, malgré sa narration minimaliste, et se révèle finalement assez accrocheur grâce à une difficulté progressive et bien dosée.
Le jeu n'est bien entendu pas exempt de défauts et aurait mérité un peu plus de travail sur certains aspects comme la musique par exemple, quasi inexistante durant l'exploration des donjons, ou bien encore la répétitivité des graphismes. Car bien qu'il soit évidemment beaucoup plus beau que son prédécesseur, chaque type de labyrinthe propose peu ou prou le même visuel tout au long de l'aventure. Ainsi les forêts du début ressembleront à l'identique à celles de fin de jeu, et il en sera également de même pour les tours, les châteaux ou bien les grottes. Même constat pour le bestiaire qui n'évolue presque pas et souffre cruellement de diversité tout au long de l'aventure. Et pour terminer, on peut également regretter la disparition des objets magiques du premier opus qui auraient pourtant pu apporter un peu plus de variété dans les combats.
Dragon Buster II améliore donc sa propre formule tout en restant fidèle à ses origines Arcade, plus beau, plus jouable, et surtout plus accessible. Quelques défauts subsistent encore à l'image d'un scénario réduit à sa plus simple expression ou bien encore la regrettable monotonie des graphismes, qu'un hypothétique troisième épisode aurait pu éventuellement corriger. Il n'en sera rien, Namco ayant visiblement décidé d'enterrer définitivement la série avec le spin-off 3D Dragon Valor sorti 10 ans plus tard.
23/11/2019
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- Graphiquement agréable
- Physique des projectiles
- Difficulté bien dosée
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- Donjons visuellement peu variés
- Scénario inexistant
- Bande sonore en retrait
- Disparition des objets magiques
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 2/5
SCENARIO 0.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 3/5
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